Selon Mediapart, « le ministère de l’Intérieur a choisi ses drones »

Un article de Mediapart révèle que le ministère de l’Intérieur a choisi de s’équiper après de deux sociétés françaises. Il s’agit de la réponse à l’appel d’offres publié en avril 2020 (voir ici). Il portait sur l’acquisition de 565 « micro-drones du quotidien » pour un budget de 1,8 million d’euros, 66 « drones de capacité nationale » pour 1,58 million d’euros et 20 « nano-drones spécialisés » pour 175 000 euros. Les fournisseurs sont le spécialiste de la chasse et des outils pour sociétés de sécurité Rivolier, en partenariat avec Milton, fondée par des anciens des forces spéciales, et spécialiste des drones. Selon Mediapart, les drones retenus par l’Intérieur pourraient être des appareils de DJI. L’information reste à vérifier, puisque ni Rivolier ni Milton n’ont réagi.

Failles de sécurité ?

Mode « données locales » sur DJI Fly.

Mediapart rappelle que les drones de DJI ont été blacklistés de certaines administrations pour suspicion d’espionnage en collusion avec le gouvernement chinois (voir ici). Des failles avaient été découvertes dans les outils de DJI, le constructeur avait d’ailleurs réagi en renforçant un programme de rémunération pour la découverte de bugs et de trous de sécurité (voir ici). Pourtant à ce jour, il n’existe pas de preuves de l’envoi de données en Chine à l’insu des utilisateurs, d’après les études de plusieurs sociétés d’audit indépendantes (voir ici par exemple). DJI a d’ailleurs ajouté à ses logiciels, pour les appareils de loisir et ceux destinés aux professionnels et à l’industrie, le mode « données locales » qui empêche tout échange de données (voir ici), que ce soient les informations des vols, l’accès aux services tiers, les mises à jour sécurité et cartes. Les décisions des Etats-Unis et du Japon sont principalement d’ordre commercial, stratégique, voire électoral, destinées à privilégier les constructeurs nationaux, la sécurité des données étant un argument anxiogène facile à utiliser.

Un courrier adressé à l’Intérieur

Pour autant, l’appel d’offres d’avril 2020 est surprenant. Concernant les 20 « nano-drones spécialisés » pour 175 000 euros, dont il n’est pas fait mention dans l’article de Mediapart, il n’y a strictement aucun doute possible : le cahier des charges était calqué sur la fiche technique des nano hélicoptères Black Hornet 3 de FLIR. Concernant les 631 autres drones, plusieurs constructeurs et intégrateurs français dont Parrot, DroneVolt, Azur Drones et d’autres encore, auraient pu être en mesure de proposer des solutions pertinentes si le cahier des charges avait été plus permissif. Et moins orienté, selon Mediapart, puisqu’un groupement d’entreprises françaises, dont Parrot et Delta Drone, s’est plaint dans un courrier adressé au ministère de l’Intérieur pour regretter que les critères de l’appel d’offres soient rédigés de manière à favoriser les drones de DJI.

Contexte difficile

La décision définitive pour conclure cet appel d’offres pourrait être entérinée dès le 10 mars 2021, avec la signature d’un accord-cadre. Le choix se déroule sur fond de rejet de l’usage de la vidéo en drone par les forces de l’ordre, qui ont pour la plupart reçu pour consigne de remiser leurs drones pour des missions de surveillance, et ce jusqu’à nouvel ordre. Ceci faisant suite aux décisions récentes prises par le Conseil d’état (voir ici) et par la CNIL (voir ici), dans l’attente de la navette de la proposition de loi « Sécurité Globale » entre Sénat et Assemblée Nationale (voir ici), et de son adoption – ou de son rejet.

Source : Mediapart
Merci à Nicolas pour l’info !

8 commentaires sur “Selon Mediapart, « le ministère de l’Intérieur a choisi ses drones »

  1. LoL si IjD essaie d’espionner notre administration française ils vont se tirer une balle dans la tête. Ils n’y verront que procédures, formulaires, demandes d’autorisation et délais d’attente ?.

  2. FP67 ???? …… Pauvres Chinois, imagine qu’ils espionnent la DGAC ……. la vaste blague !!!?????

  3. @ FPV_67 : Les CERFA sont une sorte de cryptage de l’information, y compris pour celui qui essaie de les remplir 😉

  4. La montée de la sinophobie en Occident n’est pas sans rappeler celle de l’antisémitisme à la fin du XIXème siècle. On s’emballe pour un rien, l’emblématique Li Li s’était contenté de copier le contenu de son ordinateur sur un disque-sur externe, ce qu’ont fait légions de stagiaires franco-français sans jamais être inquiété. Le responsable de la sécurité qui l’a dénoncée a été viré en douce quelques mois après pour avoir dérobé des pièces détachées contrefaites sur un stand lors d’un salon au Moyen-Orient.

    Plus généralement, les accusations anti-chinoises sont composées à plus de 95% de complotisme, et moins de 5% de faits établis.

    Pour en revenir à notre sujet, les accusations doivent se faire à charge de preuve, et non par présomption de culpabilité parce qu’une société est chinoise. Sauf à démontrer que DJI pratique effectivement l’extradition de données, rien ne justifie d’interdire leurs produits.

    Dans un autre contexte, les switchs Cisco, largement utilisés par nos administrations, doivent être connectés à Internet en permanence et ce afin de vérifier que leurs usagers ont bien payé l’abonnement ad-hoc renouvellevable tous les 1 ou 2 sans sans quoi ils cessent de fonctionner. C’est là une énorme backdoor, qui pourtant ne pose de problème à personne.

  5. ? @Jeff … T’as déjà bossé avec les chinois ? Tu modérerais tes propos ?? Des preuves oui il y en a, mais pas en place publique ?

  6. @FPV_67 : N’importe quel pays pratique l’espionnage industriel, pire encore, certain comme les USA en font une composante légal au dessus des réglementations souveraines … Donc bon, utiliser des drones DJI pour surveiller des événements en France, clairement on s’en tape du moment que ça rend le service voulu sans avoir besoin d’une équipe d’ingénieur pour mettre en place le système.

    Aprés, le plus choquant pour moi est le fait d’aucunes des deux entreprises n’est fabricant de drones …

  7. Surtout quand France on n’a des constructeurs Français (hors parrot) ! On n’a des ingénieurs qui on fait des thèse sur le sujet ces dernière années !

  8. espérons juste, qu’avec la cinophobie, il n’y ait jamais, absoluement jamais d’appareils de transports dotés de 2 switches. Plus jamais cela 🙂

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