Flywoo FlyLens75, le test d’un nano drone FPV 2S équipé en DJI O3

Voici en test le 6ème candidat dans la bataille des nano drones FPV 2S et HD, après le Pavo Pico de BetaFPV, le Mobula8 HD de Happymodel, l’Acrobee75 de NewBeeDrone, le FlyLens85 de Flywoo et le Darkstar20 de GePRC… Est-il encore possible pour un constructeur de proposer une nouvelle version avec suffisamment de points forts pour qu’elle se distingue de la concurrence ? Réponse dans cette chronique.

La version que j’ai achetée et testée est celle vendue prête à voler avec un récepteur radio ExpressLRS intégré, sans boitier DJI O3 Air Unit mais conçue pour en accueillir un. La promesse de Flywoo est la même que celles des autres constructeurs : la mise en route ne requiert aucune soudure, uniquement des tournevis (fournis) et des réglages logiciels.

La vidéo

Tour du propriétaire

Il est difficile de distinguer les différents nano drones FPV 2S HD au premier regard, tant leur conception est semblable. Ce FlyLens75 ne fait pas exception, il repose sur une structure en carbone minimaliste, agrémentée par un bloc destiné à héberger l’émetteur DJI O3, un support de caméra pour la caméra O3, et des protections d’hélices. L’appareil est libellé 75, pourtant il mesure 8 cm de diagonale de moteur à moteur. 

Le contrôleur de vol est un Goku Versatile F405 1-2S 12A comprenant un module de réception radio ExpressLRS 2,4 GHz et un ESC 4 en 1 de 12A. Il offre 6 UART (le 1 est occupé par le récepteur radio, le 6 par le boitier DJI O3). A noter que ce contrôleur de vol est équipé d’un baromètre altimétrique et d’une Blackbox de 8 Mo.

Les moteurs sont des brushless ROBO 1103 à 14800KV pour des hélices quadripales 1609. Elles sont présentées en mode push, orientées vers le bas. Les moteurs sont soudés sur le contrôleur de vol, il faudra donc s’armer d’un fer à souder pour les remplacer.

A noter que l’électronique est protégée par un condensateur. Le connecteur microUSB pour accéder aux réglages de Betaflight se trouve sur le dos de l’appareil, facile d’accès.

Le FlyLens75 attend des batteries 2S avec un connecteur XT30 monté sur un fil assez long. Le constructeur a repris le principe d’une pièce en TPU très fine qui enserre la batterie. Par défaut, c’est un modèle pour les batteries LiHV 750 mAh de Flywoo. Il faut se battre un peu pour insérer une 750 mAh. L’avantage, c’est qu’une fois insérée elle tient bien en place. Si la batterie gonfle un tout petit peu, elle ne rentre plus. Les LiHV 450 mAh de Bonka, GnB et BetaFPV passent aussi, plus facilement.

Pour d’autre batteries, il est possible d’acquérir un support plus petit pour des batteries 550 mAh et un plus gros pour des 1000 mAh. C’est une bonne idée… sur le papier. En pratique, retirer et remettre le support est difficile, on y passe du temps. Et ses nerfs, voire on y perd de petits bouts de peau dans la manipulation qui consiste à passer l’ergot du support dans le carbone et faire un quart de tour pour le débloquer ou le bloquer.

Le montage du DJI 03 ?

La procédure est très simple. Il faut retirer 4 vis (3 par la dessus, 1 par le dessous) pour ôter le support du O3. Pour utiliser les deux antennes filaires déjà installées, il faut retirer l’antenne polarisée de DJI. La manipulation ne prend pas plus de 5 minutes. 

Aucune soudure n’est requise, la promesse est tenue, et le boitier O3 se branche directement sur le contrôleur de vol avec l’aide d’un connecteur fourni et prêt à l’emploi. Dans la boite se trouvent 2 tournevis, il n’y a pas besoin d’autres outils. Le support de la caméra O3, en carbone est monté sur 3 amortisseurs en caoutchouc.

Le boitier gigote un peu dans son logement, je vous recommande d’ajouter un petit cube de mousse entre le O3 et le contrôleur de vol. L’effet est triple : il fixe le boitier, il écarte le O3 et le FC qui sont deux sources de chaleur et il permet un petit peu plus de circulation de l’air.

Ce qu’il faut noter ?

Un pad en mousse est fixé sous le support du boitier O3 – une bonne idée puisque ce sera le train d’atterrissage. L’accès à la carte mémoire microSD du boitier O3 n’est pas facile : armez-vous d’une pince à épiler ! Pour brancher un câble USB/USB-C sur le boitier O3, il faut en revanche impérativement utiliser le câble avec prise coudée livré dans la boite, car les protections d’hélices font obstacle à une prise classique.

Le poids ?

Le FlyLens75 avec son équipement O3 et sa caméra (il s’agit d’une version originale du O3, pas une version naked) pèse 81,5 grammes sans la batterie. Il passe à 117,3 grammes en ordre de vol avec une batterie LiHV 2S 750 mAh de Flywoo. 

Mise en route ?

La partie ExpressLRS est très classique, l’appairage s’effectue avec 3 allumages successifs… si la version du firmware est compatible. Pour ma part, je ne me pose plus de questions : pour éviter les potentielles mauvaises surprises de versions différentes, je reflashe systématiquement le récepteur.

L’outil ExpressLRS Configurator permet de créer un firmware basé sur la catégorie « Flywoo 2.4 GHz » et l’appareil « Flywoo EL24P 2.4GHz RX », avec la Binding Phrase que vous utilisez avec tout votre matériel ExpressLRS – ce qui vous dispense de procédure d’appairage. Pour réaliser le flashage, il suffit d’allumer le drone, de le ventiler pour ne pas risquer la chauffe et d’attendre un peu plus d’une minute qu’un point d’accès wifi ExpressLRS soit créé. Il faut ensuite s’y connecter, au besoin avec le mot de passe expresslrs, puis d’accéder à l’url 10.0.0.1, et de flasher le firmware. Simple et très efficace ! 

Le FlyLens75 est préréglé d’usine, flashé avec Betaflight v4.4.2. Flywoo s’est occupé de tous les réglages, UART, PID y compris. Il ne reste qu’à modifier les voies de la radiocommande, l’association des inters et le placement des éléments de l’OSD.

A noter tout de même quelques oublis : l’affichage de la hauteur de vol (via le baromètre altimétrique) n’est pas paramétré dans l’OSD et l’angle maximum pour armer est trop faible – il faut le passer à 180° pour avoir des chances de redécoller après un petit crash. Au cas où, voici un dump des réglages d’usine.

Le comportement en vol

Le FlyLens75 décolle facilement et prend rapidement de la vitesse, il est plutôt nerveux, précis et au final assez agréable en vol. Mais son comportement n’est pas exempt de défauts. Il est parfois un peu lourd, avec une inertie à la remise des gaz. Plus gênant, il vibre parfois à la remise des gaz. Le comportement du FlyLens75 serait-il un peu meilleur avec un O3 naked, plus léger ? Sans doute.

D’ailleurs plus la batterie est lourde, plus il a tendance à vibrer. Avec une 2S 1000 mAh, les vibrations apparaissent dès le décollage et perturbent le contrôleur de vol au point de rendre l’appareil difficilement contrôlable. Le vent entrave la maniabilité de l’appareil, son poids plume l’empêche de se battre. Même s’il peut parfaitement voler en extérieur, il est surtout efficace en intérieur.

Et en vidéo ?

En intérieur ou en extérieur sans vent, la stabilisation du DJI O3 Air Unit gomme totalement les vibrations… sauf quand apparaissent celles liées au surpoids. En présence de vent, il en subsiste un peu. La solution pour les supprimer est d’utiliser un filtre ND, à choisir selon la luminosité. Le support de la caméra O3 du FlyLens75 permet d’installer n’importe quel filtre ND compatible O3 ou Avata. 

La stabilisation Rocksteady de DJI appliquée en temps réel donne satisfaction. Si vous préférez des images plus dans le style des GoPro, vous pouvez forcer le FOV en Large (Wide) et désactiver Rocksteady (EIS), puis stabiliser les images en post-production avec l’aide du logiciel open source Gyroflow. Le résultat est convaincant, et il permet même une stabilisation sur le roll, parfaite pour obtenir de belles images sur des séquences en intérieur. 

Si vous aimez maîtriser vos images ?

Veillez à choisir vos réglages manuellement, surtout si vous pilotez en faible luminosité – car l’électronique du O3 a tendance à automatiquement éclaircir les images en introduisant du bruit et du flou.

Il est recommandé aussi de filmer en D-Log M 10 bits pour pouvoir régler la colorimétrie avec un logiciel de post-production comme Premiere Pro d’Adobe ou Da Vinci Resolve de Blackmagic. Le O3 Air Unit est capable de filmer en 4K/120, ce qui permet d’obtenir des ralentis 4x.

L’autonomie ?

C’est sans doute le principal point faible du FlyLens75 avec un DJI O3. J’ai obtenu les meilleurs résultats avec les LiHV 2S 750 mAh de Flywoo : comptez environ 2 minutes pour des vols assez agressifs, ou avec des sollicitations soutenues des gaz, et jusqu’à 3min30 max en volant doucement. Ce n’est pas formidable. 

Les batteries 550 mAh permettent d’obtenir un comportement un peu plus nerveux, mais sans gain d’autonomie (un peu moins, même). Les batteries 1000 mAh provoquent des vibrations fortes : à éviter.

La portée ?

Elle est suffisante pour aller bien plus loin que le permet la réglementation européenne – rappelons qu’elle impose des vols en vue directe du pilote ou de son observateur. Si vous poussez le FlyLens75 un peu loin, vous allez assez rapidement trouver les limites de sa portée.

Cela tient très probablement à l’antenne courte du récepteur ExpressLRS et aux deux antennes filaires du boîtier O3, qui ne sont pas optimisées pour une longue portée. Après tout, aller loin n’est pas le propos de ce drone FPV, d’autant que son autonomie constitue un fil à la patte.

La solidité ?

Je n’ai pas poussé le FlyLens75 dans ses retranchements, mais je lui ai tout de même infligé de jolis crashs sur des arbres, du béton, à grande vitesse. Il s’en est sorti sans dommage à chaque fois, ce qui est plutôt rassurant. Notamment la protection d’hélices, flexible qui n’a pas cassé. En revanche, à deux reprises, sur une touchette contre un arbre, elle s’est pliée jusqu’à entraver la rotation d’une hélice qui a fini par casser. 

La fonction Flip Over After Crash fonctionne correctement pour retourner l’appareil s’il aboutit sur le dos. Dommage, il n’y a pas de beeper ni de LED sur le tour des protections d’hélices.

Le prix ?

J’ai acheté le FlyLens75 (sans DJI O3) directement sur le site de Flywoo avec les options O3 (caméra 20 mm) et ExpressLRS pour $134 (hors port, hors taxes). C’est un prix très raisonnable, mais n’oubliez pas qu’il faut y ajouter les 250 € d’un DJI O3 et quelques batteries.

Faut-il l’acheter ?

Ce n’est pas le modèle de drone FPV 2S O3 qui m’a le plus impressionné. Il est agréable en vol et permet de revenir avec de belles images, mais il est un peu sous-dimensionné pour un boitier O3 et son autonomie est trop juste. Je lui ai préféré son grand-frère le FlyLens85 avec O3 Lite ou le Darkstar20 de GePRC.

D’autres photos

Betaflight Configurator sur FlyLens75 O3

5 commentaires sur “Flywoo FlyLens75, le test d’un nano drone FPV 2S équipé en DJI O3

  1. Bonjour Fred, tu mets combien de temps pour réaliser un test comme ça ? il a neigé au cours de ton test pour avoir des images (belles ) avec de la neige et sans neige? En tous cas, jue te suis depuis quelques années, (à l’époque des mobius 😉 ), et tu as vraiment fait des progrès immenses. Tes courbes sont belles, tes low riding sont propres, et tu oses … Bravo, ça ne peut que donner envie; merci

  2. @ billou : Ah si seulement j’étais devenu bon pilote, mais je reste handicapé par ma hantise de la réparation !!
    Pour la durée des tests, c’est très variable, mais c’est 1 à 2 semaines après mise en route. Pas de continu, hein, je fais par sessions au gré de mes déplacements ou de mes balades. Parfois c’est beaucoup plus, en général quand je galère avec la machine. C’est le cas de l’aile de Fimi par exemple, ça doit faire 3 mois que je peine dessus 😎

  3. Bonjour Fred,
    pour les vols les plus smooth en intérieur, tu conseillerais l’acrobee 75 donc ? Merci pour la pertinence de tes tests

  4. @ overGround : Les vols les plus agréables que j’ai pu faire avec du 2S, c’est avec le Darkstar20 de GePRC. Au besoin en réduisant la limite des gaz dans Betaflight pour le calmer sur le throttle en intérieur exigu…

  5. Bonjour,
    Merci pour les tests qui me concernent parfaitement en ce moment : j’ai besoin de réaliser des « virtual tours indoor ». Ayant le DJI Avata piloté en mode Normal pour le moment + 30h de pratique sur simulateur, je souhaite acquérir un petit drone compact et performant pouvant convenir pour des vols manuels doux dans de petits espaces parfaitement lié à mon besoin. Ca fait 2 jours que j’hésite entre le Pavo20, puis l’AccroBee 75, puis le Darkstar20, puis le FlyLens75 et 85. Je crains aussi la sortie d’un nouveau produit similaire, je ne sais aucunement que choisir car ils ont tous des qualités et des défauts qui les complètent. D’avance merci pour votre retour

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