Happymodel Mobula8 HD version DJI O3, le test d’un nano racer 2S doué pour l’image

Après le Pavo Pico de BetaFPV (voir le test ici), voilà un nouveau nano racer qui s’approche de mon petit Graal personnel, et je prends cela comme une excellente nouvelle. Ce que je cherche ? C’est un racer petit, léger, discret, avec une belle portée, une autonomie sympa, et des images 4K stabilisées. Le fabricant Happymodel a adopté le même principe que BetaFPV : son Mobula8 HD est vendu « presque » prêt à voler.

Presque ?

La plupart des composants sont montés et les réglages effectués, mais il reste à ajouter la pièce maitresse du drone : l’outil de retour vidéo numérique. La version que j’ai achetée est celle destinée à recevoir le O3 Air Unit de DJI (voir le test ici)… L’excellente nouvelle, en tous cas pour moi : il n’y pas besoin de souder pour monter le Mobula8 HD O3, simplement d’être armé de mini tournevis.

La vidéo

Tour du propriétaire

En ordre de vol, le Mobula8 HD O3 pèse 110,7 grammes. Côté réglementation, il évolue en catégorie Ouverte en sous-catégorie A1 limitée avant le 1er janvier 2024 date d’entrée en vigueur définitive de la réglementation européenne… et continuera à évoluer dans cette sous-catégorie après. Comme il pèse moins de 250 grammes, les requis réglementaires sont allégés par rapport à des appareils plus lourds. Il faut dire que la dangerosité de cet appareil est particulièrement faible. C’est un poids plume, cela dit il pèse environ 8 grammes de plus que le Pavo Pico. Pas de structure en carbone pour cet appareil, il est monté sur une armature en plastique souple qui fait aussi office de protections d’hélices. La diagonale de moteur à moteur est de 8,6 cm – c’est aussi un peu plus grand (de 6 mm) que le Pavo Pico. 

Les composants ?

Le Mobula8 HD repose sur un contrôleur de vol CrazyF4HD ELRS. Il est basé sur un processeur F4 et intègre un ESC 4 en 1 de 12A. Des connecteurs permettent de brancher les moteurs – qui seront par conséquent faciles à changer en cas de panne. Ce FC se distingue avec un connecteur directement compatible avec le boitier O3 Air Unit de DJI. Pratique, d’autant que le câble est fourni et même déjà installé. Il dispose aussi d’un récepteur ExpressLRS 2,4 GHz intégré, offre 4 UART et une blackbox de 8 Mo. La documentation du contrôleur mentionne un baromètre altimétrique, mais il n’était pas présent – ou pas compatible avec le firmware installé sur ma version. Les réglages s’effectuent via un connecteur microUSB placé sous l’appareil, assez facile d’accès et sans besoin d’un adaptateur.

La propulsion et alimentation ?

Les moteurs sont des brushless 1103 à 11000KV pour des hélices tripales Gemfan Hurricane 2023 (5 cm). Les moteurs sont présentés en pull, orientés vers le haut, à la différence du Pavo Pico. L’appareil est doté d’un connecteur XT30 pour accueillir des batteries 2S de 450 mAh. Elles sont à insérer dans un panier sous le drone. Il est un poil plus grand que cela du Pavo Pico, ce qui permet d’utiliser les batteries 2S 450 mAh de BetaFPV, mais aussi celles de Tattu sans devoir forcer. Mais ce panier n’est pas compatible avec des Lipo plates, ni celles de capacité supérieure.

Le récepteur radio ?

C’est un modèle ExpressLRS 2,4 GHz qui occupe sur un UART. Une bonne initiative, car dans le cas d’un modèle intégré de type SPI, il faut procéder à un flashage complet du contrôleur de vol pour mettre à jour le récepteur, et c’est pénible. Pour le Mobula8 HD, le plus simple est d’alimenter l’appareil (en le refroidissant pour éviter tout souci) et d’attendre 1 minute. Le serveur wifi intégré dans le récepteur va se mettre en marche, accessible à l’adresse http://10.0.0.1 avec un navigateur web et rendre le récepteur flashable avec l’aide du Configurateur ExpressLRS. Pour choisir la cible à compiler : la catégorie est Happymodel 2,4 GHz, l’appareil HappyModel EP1/2 2.4 GHz RX. Je l’ai flashé avec ma Bind Phrase habituelle : la connexion est automatique à l’allumage. L’antenne est un brin métallique qui sort à l’avant de l’appareil.

A savoir et à faire ?

Si vous désirez utiliser la radiocommande de DJI plutôt qu’ELRS, il est recommandé de désactiver le récepteur ELRS. Pourquoi ? Parce qu’après 1 minute, il démarre le point d’accès wifi, qui entre en conflit potentiel avec la liaison 2,4 GHz. Mais pour le désactiver, il faut dessouder 2 ponts sur le contrôleur de vol, en face des pins RX2 et TX2. C’est un peu pénible à faire, avec un risque de loupé quand on ne maitrise par le fer à (des)souder…

A savoir et à ne pas faire ?

Happymodel a collé un petit sticker indiquant qu’il ne faut pas voler sans avoir installé le O3 Air Unit à bord. Parce que je suis dévoué (et idiot, aussi), j’ai tenté l’expérience ! Le Mobula8 HD sans O3 vole très bien… un peu trop : même gaz baissés, avec Airmode activé, il monte et ne redescend plus ! J’ai dû désarmer les moteurs avant qu’il ne prenne définitivement son indépendance. Donc veillez à installer le O3 Air Unit avant d’armer les moteurs.

Montage du O3 Air Unit ?

Happymodel fournit une pièce en plastique destinée à héberger le O3 Air Unit. L’antenne de DJI n’est pas compatible avec ce support, il faut donc la retirer du boitier et la remplacer par les deux antennes dipôles que Happymodel livre dans la boite. Le gain en poids par rapport à l’antenne de DJI est de 3,5 grammes environ. Ensuite, il faut glisser le O3 Air Unit dans le support, fixer la caméra à l’avant, puis placer le support sur la structure principale. La fixation s’appuie sur 4 vis, 3 courtes et une longue pour l’avant. 

C’est facile à faire ?

Oui, plutôt. Surtout que le câble déjà branché sur le contrôleur de vol est directement prévu pour être inséré dans le boitier O3 – vous pouvez remiser le câble noir de DJI. Notez qu’il n’y a pas d’amortisseur entre la structure et le support, à la différence du Pavo Pico. Malgré tous mes efforts, je n’ai jamais réussi à faire en sorte que le boitier O3 Air Unit reste bien au fond du panier que constitue le support.

C’est un problème ?

Non, pas vraiment. Sauf peut-être pour accéder au connecteur USB-C du O3 Air Unit. La carte mémoire microSD, elle est parfaitement accessible. Pour récupérer les images filmées avec le Mobula8 HD, j’ai donc pris l’habitude de retirer la carte mémoire le temps de la copie et de la réinstaller. Pour les images stockées sur la mémoire interne, il n’y a pas le choix, il faut brancher un câble USB-C, et ce n’est pas très pratique. 

Attention au placement des câbles !

Il y a un espace assez large entre le contrôleur de vol et le O3 Air Unit, qui permet de regrouper les différents câbles : celui vers la caméra, et celui vers le contrôleur de vol. Suffisamment large, probablement, pour assurer une ventilation correcte pendant le vol. Mais suffisamment large aussi pour que les câbles bougent avec les mouvements et les chocs. Ce qui m’a valu une mauvaise expérience : le câble de la caméra est venu toucher les hélices. 

Le résultat ?

Je ne m’en suis pas aperçu tout de suite, j’ai commencé à perdre l’enregistrement vidéo tout en gardant le retour vidéo, puis à perdre le retour vidéo par intermittence, puis à finalement avoir une image noire. Le fautif, c’était le câble entre la caméra et le O3 Air Unit, qui était sectionné. J’ai dû le remplacer. Par conséquent, soyez attentif à ce que les câbles restent bien emprisonnés entre le contrôleur de vol et le O3 Air Unit.

A faire avant de décoller ?

Happymodel s’est occupé de la plupart des réglages, notamment des PID. Il ne reste plus qu’à gérer la réception radio, les modes de vol, l’armement. Puis il faut activer le O3 Air Unit et l’appairer au casque DJI si n’était pas déjà fait. Et ? Et c’est tout, le Mobula8 HD O3 est quasiment prêt à voler à sa sortie de la boite.

Les réactions en vol ?

L’appareil décolle facilement, sans trop solliciter les gaz, avec un vol comme sur des rails en mode Acro quand on ne touche pas aux joysticks. Il réagit bien aux commandes, de manière très saine à tel point qu’on se prend à oublier qu’il s’agit d’un nano racer en 2S. Car il prend de la vitesse, il tourne serré, il monte plutôt vite. Mais il permet surtout de réaliser des vols précis, près du sol et rapides, y compris en présence d’obstacles. Et comme il est tout petit, il est capable de se faufiler entre des branches d’arbres, dans des trous de souris – mais tout dépend évidemment du pilote… 

Le volume sonore ?

Le Mobula8 HD est tout petit, le bruit de ses hélices est contenu et s’estompe rapidement avec la distance. A 50 mètres, on ne l’entend plus du tout ! C’est un point positif pour pratiquer des vols de manière discrète et éviter que le drone ne soit un aimant à curieux. Je n’ai pas effectué de mesure, mais il me semble que le Mobula8 HD est un poil moins bruyant que le Pavo Pico – cette perception est peut-être due au placement des hélices conventionnel sur l’appareil de Happymodel, à l’envers sur celui de BetaFPV. 

Le facteur limitant ?

C’est la batterie ! De fortes remises de gaz se traduisent souvent par des glissades, par manque de puissance. Il faut le savoir pour réussir à anticiper ! C’est dommage dans la mesure où il y a très peu de propwash en descente. Il y a punition aussi si vous tentez de monter trop vite et trop longtemps : les batteries 2S de petite capacité souffrent et baissent rapidement les bras. C’est parfois frustrant : on se prend à espérer grimper une falaise de plusieurs centaines de mètres, mais l’ascension met la batterie à genoux, il ne reste pas grand-chose pour redresser un dive. Avec des vols engagés, l’autonomie plafonne à 2 minutes. Pour du cruising doux et tranquille sans peser sur la manette des gaz, elle monte à 3 minutes.  

Portée radio et vidéo ?

J’ai utilisé ExpressLRS en 100 mW sans jamais expérimenter de baisse significative du signal radio, même en m’éloignant (trop), même derrière des obstacles. Côté vidéo, la portée est semblable à celle de racers de plus grand format, malgré l’antenne dipôle. Avec le patch FCC de B3yond, elle dépasse de beaucoup le cadre de la réglementation en catégorie Ouverte puisque l’appareil n’est plus visible du tout au-delà de 100 mètres alors qu’on peut aller beaucoup, beaucoup plus loin !

Les images ?

On profite du retour vidéo en temps réel en HD, et c’est pour moi toujours une source d’émerveillement sur un nano racer après avoir subi les retours analogiques pendant tant d’années ! Je n’étais pas confiant en raison de l’absence d’amortisseurs pour le support du boitier O3 et surtout de sa caméra, puisque c’est elle qui héberge le gyroscope permettant la stabilisation des images. En intérieur ou sans vent, l’image ne bouge pas d’un poil, on pourrait croire à une stabilisation intégrée. Mais s’il y a un petit souffle d’air, le retour vidéo montre que le Mobula8 HD est chahuté. Les vibrations sont-elles rédhibitoires pour la stabilisation ?

Pas du tout !

Et c’est une excellente nouvelle : les images stabilisées par la fonction Rocksteady de DJI, sur la carte mémoire ou la mémoire interne du boitier O3, sont parfaitement stabilisées, sans vibrations parasites. Vraiment aucune en intérieur ou en extérieur sans vent, un petit peu en extérieur quand le vent souffle. Un filtre ND adapté à la luminosité pour que les vibrations disparaissent complètement (et il n’y en a même pas besoin s’il fait sombre). J’ai pu voler avec un vent fort, à tel point que l’appareil soit en difficulté pour voler, sans pour autant voir apparaitre de Jello. J’ai vite oublié l’absence d’amortisseurs en caoutchouc !

Rocksteady ou Gyroflow ?

La stabilisation Rocksteady de DJI est appliquée en temps réel à tous les formats vidéo, avec un FOV Normal, Large ou Ultra large. Si vous préférez gérer les paramètres de la stabilisation vous-même pour obtenir un effet proche de Reelsteady de GoPro ou pour ajouter une stabilisation sur le roll (pour des images toujours horizontales), passez à Gyroflow. Pour utiliser ce logiciel open source (voir ici), il faut forcer le FOV en Large et désactiver l’EIS. Les vidéos stockées à bord du boitier O3 sont alors prises en charge par Gyroflow. Mais pas celles enregistrées sur le casque. 

Concurrencer GoPro ?

C’est une question récurrente pour ceux qui aiment les belles images. Sur un appareil de cette taille, une GoPro même en version allégée (naked) est un handicap pour l’autonomie et la maniabilité. O3 permet de stabiliser les images 4K de belle manière, de filmer en réglage Normal ou D-Log 10 bits pour modifier la colorimétrie, jusqu’en 120 images par seconde pour de beaux ralentis, en manuel pour gérer l’exposition, la balance des blancs, la vitesse d’obturation, etc. A moins d’être particulièrement exigeant ou de vouloir intégrer les images du Mobula8 HD avec celles de GoPro ou de caméras plus haut de gamme, le O3 de DJI suffit largement ! 

Usage professionnel ?

Peut-on réaliser des images à finalité professionnelle avec le Mobula8 HD ? Tout dépend des attentes d’un client, mais s’il accepte des images GoPro, oui, sans aucun doute ! L’appareil est utilisable en catégorie Ouverte, qui est assez permissive pour les engins de moins de 250 grammes. L’appareil n’est pas adapté pour des évolutions selon les scénarios français S-1 et S-3 en catégorie Spécifique.

La solidité ?

La structure en plastique me laissait craindre le pire. Mais après plusieurs semaines de vols et des crashs en pagaille, je constate que l’armature du Mobula8 HD de Happymodel a mieux résisté que celle de BetaFPV avec son Pavo Pico. Elle ne s’est pas déformée, elle ne s’est pas fendillée ni brisée, elle est intacte… même si elle a verdi au contact de la chlorophylle. Mention très bien, donc, pour la résistance aux chocs de la structure !

Les pièces de rechange ?

Dans la boite, Happymodel fournit un jeu d’hélices supplémentaires, un support O3 supplémentaire et de la visserie. Pratique : cela laisse le temps d’acheter des pièces de rechange en cas de crash un peu dur. Notez que Happymodel ne fournit pas de batterie dans la boite.

Les défauts ?

Je récapitule ceux mentionnés dans cette chronique : le boitier O3 ne reste pas bien à fond dans son support, ce qui rend difficile l’accès au connecteur USB-C, il faut être particulièrement attentif à ce que les câbles du O3 ne s’échappent pas de la structure, il manque de puissance lors de certaines évolutions… Son principal défaut, c’est son autonomie qui oblige à multiplier le nombre de batteries, voire à prendre un petit chargeur à brancher sur une Powerbank, pour bien profiter d’une session de vol. Pour le reste ? Ce n’est que du bonheur ! Edit : le Flip over after crash ne fonctionne pas, les moteurs sont bien à fond, mais l’appareil ne se renverse pas.

Faut-il l’acheter ?

Le Mobula8 HD avec DJI O3, comme le Pavo Pico O3, s’approche de l’appareil dont je rêve ! Il est préréglé, l’installation du boitier O3 et sa caméra est facile sans soudure, il vole de manière très saine, il est résistant, il peut partir loin. Il revient avec de belles images stabilisées, qui peuvent être travaillées efficacement dans un logiciel de montage vidéo. Comme pour le Pavo Pico, je suis sous le charme…

Le prix ?

Le Mobula8 HD est proposé à 94 € en version Lite for O3 chez Banggood (taxe comprises, hors port). C’est la version que j’ai achetée, elle requiert de disposer d’un boitier DJI O3 à installer à bord. Il est proposé en France par Drone-FPV-Racer à 107 € (taxes comprises). L’appareil existe aussi en d’autres versions, avec O3 préinstallé, avec un récepteur radio Crossfire Nano RX, avec un équipement vidéo Walksnail ou HDZero. Chez studioSPORT, il est proposé en version prête à voler, pré-équipée avec le O3 Air Unit et sa caméra déjà installés à bord, à 425 € (taxes comprises)

Mais alors, Mobula8 HD O3 ou Pavo Pico O3 ?

Les deux appareils reposent sur le même principe : ils sont prévus pour accueillir le boitier O3 de DJI, sans soudure. Leur comportement est semblable, leurs réactions aussi, tout comme leur autonomie et les images qu’ils permettent d’obtenir. La finition du Pavo Pico est un peu meilleure que celle du Mobula8 HD, et l’accès au boitier O3 mieux pensé. Pourtant j’ai une légère préférence pour le Mobula8 HD, tout simplement parce qu’il a montré une meilleure résistance aux chocs ! Et la concurrence ? Elle s’organise : des appareils sur le même principe vont être disponibles chez NewBeeDrone, et chez Flywoo avec en bonus une version « naked » du O3 de DJI…

D’autres photos

D’autres captures de Betaflight

4 commentaires sur “Happymodel Mobula8 HD version DJI O3, le test d’un nano racer 2S doué pour l’image

  1. Bonjour
    Merci pour cette review.
    Pour préserver la batterie tu poses à combien de voltage ? Merci encore

  2. @ robin : Je t’avoue que je ne cherche pas trop à préserver les batteries, je considère les 1S et 2S comme des consommables qui ne dureront pas bien longtemps. Donc je me pose vers 3,2V par cellule.
    J’imagine que pour optimiser leur durée de vie, il est préférable de rester au-dessus de 3,6V…

  3. Merci pour ce test et tous les details.
    Tu penses qu’on gagnerait beaucoup en agilité avec un naked o3?
    J’aime beaucoup ce format de drone mais je trouve que tous les modèles proposés en O3 restent vraiment trop patauds à cause du poids.

  4. @ Tondaron : Sur un nano racer, tous les grammes sont bons à prendre. Donc oui, un O3 naked devrait améliorer autonomie et maniabilité. Au prix, sans doute, d’une chauffe beaucoup plus rapide.

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