Test : le récepteur de balises de signalement électronique Skyinnov SD20RL

Vous le savez, les drones (et tous les appareils télépilotés) de plus de 800 grammes utilisés en France doivent diffuser un signalement électronique à distance. C’est une disposition de la loi dite « drones » de 2016 (voir ici). Le protocole voulu par l’administration ne permet pas de lire les balises de signalement électronique avec un simple smartphone. Il faudrait pour cela pouvoir accéder aux couches basses des composants radio, or ce n’est pas prévu par les constructeurs pour des raisons de sécurité. Résultat ? Nous, utilisateurs contraints et forcés à affubler nos drones de ce bracelet électronique, ne pouvons pas capter les signaux de nos balises ! Mais ça, c’était avant.

Positiver !

Puisque nous sommes condamnés à cette obligation un peu pénible, autant essayer d’en tirer parti plutôt que de la subir. C’est la réflexion menée par le fabricant français Skyinnov, qui propose une gamme de balises, les Signal Drone (SD). Skyinnov avait dévoilé un premier prototype de lecteur de balises (voir ici). La version définitive, le SD20RL, est beaucoup plus petite et surtout beaucoup moins chère ! Pour réduire les coûts et l’encombrement, le fabricant s’est tourné vers un petit récepteur à utiliser avec un smartphone.

La vidéo

Le principe ?

Il est assez simple : le SD20RL « écoute » les émissions de signalement électronique à distance, qui sont émises sur le canal 6 du wifi (2438 MHz). Il est connecté en Bluetooth à votre smartphone. Les données qu’il reçoit sont exploitées par une webapp, en temps réel. Le SD20RL est un boitier de 5 x 4 x 1 cm, avec un connecteur USB-C. Pour l’alimenter, il suffit d’une prise USB-C, celle d’un smartphone, mais aussi d’une batterie de PowerBank. Dès qu’elle est alimentée, elle est à l’écoute de trames correspondant à un signalement électronique. Un bip produit par le SD20RL indique qu’une balise a été détectée, et une LED rouge clignote pour témoigner de la réception des données. L’antenne de réception se trouve à l’intérieur du boitier.

La webapp Skyinnov

Pour l’utiliser, il suffit de pointer un navigateur web sur l’url http://app.skyinnov.fr. Elle reconnaît instantanément le SD20RL via Bluetooth, vous le montre et vous invite à vous y connecter. Ensuite, elle affiche une carte et vérifie en continu la présence d’une balise de signalement électronique à distance. Lorsqu’elle en détecte une, elle affiche l’identifiant de la balise et montre sa position sur une carte, en temps réel. A la demande, on peut aussi visualiser les coordonnées GPS, la vitesse, le cap et la hauteur (ou l’altitude). Le parcours de la balise est indiqué avec un tracé sur la carte. Une icône verte indique que la balise est détectée. Lorsqu’elle passe au rouge, cela indique que le signal n’est plus reçu (mais la dernière coordonnée GPS est affichée).

Exporter la trace ?

L’interface de la webapp permet de déclencher l’enregistrement du parcours d’une balise. Vous pouvez ensuite l’exporter dans un fichier au format .kml. Il peut être visualisé dans un outil de type Google Earth sur smartphone ou sur un ordinateur – ou avec d’autres, compatibles avec ce format. J’ai essayé la webapp avec succès sur des mobiles Android, sur un Mac, sur un PC. Mais attention, elle ne fonctionne pas sur un iPhone ou un iPad, ni d’ailleurs avec Safari pour Mac. La faute, sans doute, à Apple qui restreint les fonctions via son navigateur Safari. En utilisant le navigateur Chrome, la détection fonctionne sur Mac…

La portée du récepteur ?

Elle dépend bien évidemment des caractéristiques de la balise détectée. Rappelons que la réglementation n’impose ni une portée ni une antenne, mais requiert d’émettre à la puissance maximale autorisée par la réglementation. Certaines balises fonctionnent très loin : j’ai obtenu un signal sans discontinuer à plus de 2 kilomètres sans obstacles (au sol, donc dans un environnement difficile) avec une balise Signal Drone et celle, intégrée, d’un Anafi de Parrot.

L’autonomie ?

La consommation du SD20RL est faible, mais elle grignotera un peu de la batterie de votre smartphone si vous le branchez via son connecteur USB-C. Pour éviter toute souci, vous pouvez le brancher sur une PowerBank pour une autonomie qui dépasse largement une journée entière.

Pour quels usages ?

Ce récepteur peut permettre aux forces de l’ordre d’être équipées avec un outil mobile pour détecter des balises, avec un coût réduit. Voilà qui pourrait les intéresser puisque, rappelons-le, le ministère de l’Intérieur avait publié un appel d’offre pour 300 récepteurs – un nombre très insuffisant pour surveiller les zones très sensibles sur le territoire. Mais au-delà d’un usage par les forces de l’ordre, ce récepteur offre  des fonctions intéressantes pour les usagers civils, loisirs et professionnels !

Vérifier le bon fonctionnement d’une balise

La réglementation impose que vous, utilisateur d’une balise, devez vous assurer de son bon fonctionnement (art. R. 20-29-7.2° du code des postes et des communications électroniques). C’est un requis un peu fort de café puisqu’il n’existe pas d’outil pour « écouter » les balises et vérifier qu’elles diffusent des informations correctes. Pour ne pas vous fier uniquement à une LED clignotante qui ne veut pas dire grand-chose, vous pouvez utiliser le SD20RL. Le dispositif permet bien évidemment de détecter toutes les balises conformes à la réglementation. Les modèles Signal Drone de Skyinnov, mais aussi ceux de tous les autres fabricants, y compris les modules intégrés dans les drones de DJI et de Parrot. C’est également un moyen d’identifier vos balises si vous en possédez plusieurs sans marquage.

Retrouver un drone perdu

Si vous perdez le contrôle de votre drone, sa balise peut vous aider à le retrouver rapidement. En cas de perte de signal, l’icône de la balise passe au rouge, mais la webapp indique la dernière position reçue par le SD20RL. C’est une première indication pour se rapprocher l’appareil. Si la balise est toujours opérationnelle, vous allez capter son signal à nouveau à son approche et obtenir une position précise.

Afficher les aires de vols

Les professionnels qui pratiquent avec les scénarios nationaux S-1, S-2 et S-3 sont tenus de respecter les distances de vol. La webapp du SD20RL permet de matérialiser ces zones selon le scénario pour vérifier (ou prouver) que le drone ne les dépasse pas pendant la mission. Les professionnels peuvent aussi être prévenus si un drone équipé d’une balise est en approche.

Visualiser le tracé du vol

L’export du tracé du vol au format .kml permet de visualiser le parcours de la balise sur une carte, par exemple avec Google Earth, sur ordinateur ou smartphone, et en profitant de la 3D puisque les données incluent la hauteur ou l’altitude.

Faut-il l’acheter ?

Le SD20RL transforme la balise imposée aux appareils de plus de 800 grammes en tracker avec une belle portée. De quoi vous rendre service en cas de coup dur. Il permet aussi de mémoriser les tracés de vos vols. Il permet enfin de s’assurer du bon fonctionnement de balises. Pour un particulier, c’est un accessoire très intéressant bien qu’un peu cher, puisque le SD20RL est proposé à 168 €, directement chez Skyinnov (taxes comprises). Est-il redondant avec les outils de tracking intégrés dans les drones ? Oui… pour ceux qui en disposent. Pour les autres appareils dépourvus de tracking intégré, l’intérêt est évident. Pour un professionnel, c’est un bon moyen pour vérifier l’identifiant et la conformité d’une balise avant de décoller pour une mission. C’est aussi un outil de surveillance de l’intrusion de drones parasites pendant un vol. Pour les responsables de l’un des clubs d’aéromodélisme non dispensés de signalement électronique, c’est un accessoire particulièrement pertinent… Enfin, quel que soit l’usage, le SD20RL permet de prouver aux forces de l’ordre, en cas de contrôle, qu’une balise est opérationnelle… même si eux ne sont pas équipés pour le vérifier !

D’autres photos

11 commentaires sur “Test : le récepteur de balises de signalement électronique Skyinnov SD20RL

  1. Les forces de l ‘ ordre possèdent 300 traceurs ! il y a 200 000 drones en France et 70 000 policiers ( 3 drones par policier…mas o menos) .
    Mathématiquement : le pilote mal- intentionné ne risque rien , surtout s’ il n’ a pas de balise de suivi électronique

  2. 170€ alors que c’est clairement pompé sur code open source…
    Passer votre chemin, vous pouvez faire la même chose avec n’importe quelle carte wifi programmable. Ou un ESP8265/32 pour 5 €

  3. khancyr, une référence précise et un soft pour faire la même chose en open source ? Merci à toi.

  4. Il faut absolument encadrer ces dangereux terroriste que sont pilotes de drone en les obligeant à utiliser du matériel introuvable ! En droit administratif, ça s’appelle de l’abus et du détournement de pouvoir…
    Pour le prix de la balise et du récepteur, on peut acheter en toute tranquillité un fusil d’assaut russe et ses munitions et on tire à vue en toute tranquillité dans les villes et les banlieues.
    Heureusement, la haute administration veille sur les pilotes de drones… et si on n’est pas dirigé par des incompétents, c’est quand même très bien imité.
    Tout ceci est pitoyable, ridicule, parfaitement inutile et démontre l’absence de toute connaissance et compétence en la matière, en particulier en matière de terrorisme.
    Le concours Lépine du ridicule reste ouvert!!!

  5. @khancyr tu as un lien vers le code open source?
    Je sais que le code de la balise est en open source et pas mal de tutos sur le net par contre pour l’analyse des trames de la balise je n’ai rien trouvé.
    Merci!

  6. @eric regarde scapy
    @MONIEZ le terrorisme en drone a court terme j’y crois pas ,mais par contre foutre le bordel en simulant le vol de drone grâce a cette balise ,sa peut être pas mal , surtout quand y a des visites d’homme politique a proximité , tiens en 2022 ,c’est les élections ,et le tout sans faire voler de drone !
    Sinon le drone est un moyen de faire des reportages a la télé ,faire peur a la ménagère de moins de 50ans ,faire de la parlote en ne coutant pas trop cher et sans trop de conséquence .

  7. @fred Par contre je suis curieux de la porter du machin ! déjà que niveau antenaire en réception c’est pas top , alors si en TX l’antenne est faiblarde et pas d’impératif de puissance , sa doit pas porter des masses .

  8. @CL3 @eric : c’est bien la peine que je fasse des articles ici : https://www.helicomicro.com/2021/01/31/balise-de-signalement-electronique-en-open-source-8-mois-plus-tard/ ;-P les liens sont dans la page !

    @MONIEZ : Quel matériel introuvable ? On parle d’une simple puce wifi, pas d’un système DO-178 ou STANAG 4671.
    @Bud UAV : CE c’est pour China Export ! Si c’est encore un ESP (98% de chance), c’est portée sur une centaine de m max en urbain !

    Pour la question du terrorisme, demandez aux militaires qui ont été déployé dans des lieux de combat pour voir ce qu’ils pensent de la menace drone. Certe, ça restera anecdotique, mais c’est tout le principe du terrorisme que de répandre la peur…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

×