DJI va généraliser l’ADS-B sur ses drones !

DJI souffre du ralentissement global des ventes sur le marché des drones, principalement du aux multiples réglementations qui ont fleuri sur la planète, plus ou moins efficaces, et surtout plus ou moins compréhensibles. Pour remédier au problème, le constructeur a choisi de pérenniser l’activité des drones en lui offrant plus d’outils liés à la sécurité. On connaissait déjà la limitation de hauteur et le geofencing matérialisé par des zones interdites ou restreintes.

Une charte « sécurité »

DJI a publié une charte en 10 points, récapitulant ses principales décisions, et des actions menées auprès des acteurs de l’aéronautique. Elle est appelée « Elevating Safety: Protecting The Skies InThe Drone Era » (« rehausser la sécurité: protéger le ciel à l’ère des drones« ).

1) Un récepteur ADS-B à bord des drones

DJI va inclure AirSense dans tous les drones de plus de 250 grammes ! AirSense, c’est une technologie déjà présente sur le Matrice 200 et le Mavic 2 Enterprise (voir le test du modèle Dual ici), basée sur la technologie de transpondeurs ADS-B. Elle permet de détecter la présence d’un appareil équipé d’ADS-B pour anticiper une manœuvre d’évitement. L’ADS-B est très répandu dans l’aéronautique, notamment dans les avions de ligne. Le constructeur a indiqué qu’AirSense serait présent sur tous ses drones de plus de 250 grammes. C’est un bel effort d’intégration… La finalité ? En finir avec les « airprox », ces signalements de drones frôlant les avions de ligne rapportés par leurs pilotes, parfois accompagnés d’accusations de collision… qui restent à démontrer.

2) Avertir le pilote du danger

DJI a annoncé travailler sur un algorithme destiné à prévenir le pilote lorsque l’appareil dépasse la vue directe. Selon le constructeur, il tiendra compte de la distance, mais aussi de l’angle de vision. Le vol en vue directe du pilote, ou en vue directe d’un observateur, est un requis dans la plupart des réglementations.

3) Etablir un standard de sécurité

Pour que les différents pays, mais aussi les différents corps de métiers puissent s’accorder sur la notion de sécurité avec de drones, DJI entend créer le Safety Standards Group, un groupe de réflexion internalisé interne capable de prendre en compte les requis de chaque réglementation, et de les confronter aux désirs de ses clients.

4) Etablir un standard de rapport d’incidents

Les déclarations d’incidents ou d’accidents mettant en cause les drones tiennent rarement compte de la pertinence des témoignages, et les procédures aéronautiques classiques n’intègrent pas d’outils pour faciliter la levée de doute et la confrontation des témoignages. DJI entend encourager l’industrie à créer un standard de rapport d’incidents drones. L’un des buts de cette initiative est d’éviter d’être confronté à d’innombrables témoignages invérifiables comme ceux recueillis à Gatwick lors des survols illégaux supposés (voir ici).

5)  Geofencing et identification à distance

Le geofencing et l’identification électronique à distance sont deux outils de sécurité que DJI a mis en place depuis longtemps. Le premier est présent dans tous les appareils récents de la marque, interdisant ou limitant les vols avec le service GEO 2.0. Le second est l’outil AeroScope (voir ici), qui permet la détection de tous les appareils récents de la marque dans un rayon de plusieurs kilomètres. DJI suggère à tous les fabricants de drones concurrents d’installer des systèmes de geofencing et de détection électronique à distance.

6) Identification obligatoire

DJI encourage les gouvernements à rendre l’identification électronique à distance obligatoire. C’est le cas en France, depuis la loi de 2016, même si elle requiert un décret d’application qui n’a pas encore été publié. L’Angleterre et les Etats-Unis ont aussi adopté ce principe.

7) Formation et test obligatoires

Porter la loi à la connaissance du grand public : c’est la réflexion qui a été menée en France et abouti à une formation en ligne obligatoire (pour les appareils de plus de 800 grammes). DJI encourage les gouvernements à mettre en place une formation et un test validant les acquis.

8) Matérialiser clairement les zones interdites

En France, nous disposons de l’outil Geoportail. Le principe de ce service est né à la demande de Patrick Gandil, le directeur général de l’aviation civile. C’était en 2015 à l’occasion de la présentation du rapport du SGDSN, lorsque la FAA a montré son application B4UFly (voir ici). Il a été réalisé un peu plus tard en collaboration avec l’IGN. Mais Geoportail reste très critiquable, notamment pour indiquer correctement les agglomérations, et il peine à indiquer les zones temporaires. L’exemple français n’est pas unique : de nombreux pays disposent de leurs propres cartes (voir ici), toutes avec des signalétiques incompatibles. Elles sont par ailleurs différentes des zones GEO de DJI (voir ici pour comprendre les différences). Il reste à produire un effort global d’uniformisation des cartes pour qu’elles soient réellement exploitables…

9) Des moyens pour les autorités locales

DJI constate que les forces de l’ordre sur le terrain sont les premières confrontées à des soucis avec des drones, et souvent les plus mal armées pour réagir. Elles doivent par conséquent être formées pour opérer de manière efficace, en connaissance de la réglementation. Elles doivent aussi être équipées d’outils de détection, d’identification pour la levée de doute et de neutralisation si l’endroit le nécessite.

10) Décourager les usages illégaux

Le constat de DJI est simple : rien ne sert d’empiler les textes de loi – comme c’est le cas en France – si les manquements constatés aux règles élémentaires ne sont pas punis de manière suffisante. Un simple rappel à la loi ne permet de pas de prendre conscience d’un danger, et incite à la récidive. DJI demande à ce que les pratiques ouvertement et manifestement dangereuses soient réprimandées.

Ce qu’on en pense ?

Avec plus de 70 % du marché des drones dans le monde, le constructeur DJI a tout intérêt à faciliter leur acceptation, par le public comme par les administrations. Doit-il se substituer aux forces de l’ordre et imposer des restrictions de vol électroniques, comme c’est déjà le cas avec GEO 2.0 ? Le débat est ouvert. Le constructeur doit-il activer ses lobbyistes pour encourager les législateurs à suivre ses recommandations ? La réponse importe peu : il le fait déjà. L’initiative d’inclusion de l’ADS-B (en réception) dans les appareils est pertinente. Mais à terme, il ne fait aucun doute que tous les drones devront être équipés d’un transpondeur pour autoriser leur place dans l’espace aérien. D’ici-là, il faudra se battre afin de conserver un peu de liberté pour le loisir… Cette charte en 10 points publiée par DJI a le mérite de promouvoir la sécurité, de récapituler les soucis rencontrés par l’usage des drones et de proposer des solutions…

Source : DJI

Vous avez regardé attentivement la vidéo ? A la fin, on y voit un Mavic Air… ou plutôt un appareil qui ressemble beaucoup à un Mavic Air, mais dont l’arrière semble différent ! Prototype équipé de capteurs supplémentaires ? Mavic Air 2 ? Illusion d’optique ?

13 commentaires sur “DJI va généraliser l’ADS-B sur ses drones !

  1. Ce n’est donc pas un « transpondeur ADSB », mais un « Récepteur ADSB ». Ce n’est pas tout à fait la même chose en termes de technologie et de prix (quelques milliers d’euros pour un transpondeur contre quelques dizaines d’euros pour un récepteur).

  2. Ahh enfin une nouvelle qu’elle est bonne !!! …. mais comme tu dis Fred1, calmons nos ardeurs …. ce ne serait donc qu’un récepteur !!! mais bon c’est déjà un premier pas qui permettra de responsabiliser un peu les télépilotes.
    Par contre si on parlait de la position Française (et notamment celle de la DGAC) au sujet du système ADS ???? ….. oup’s pardon …. je sors !!!!
    Anecdote : lors d’un vol (avion) hier, j’ai croisé à moins de 100 pieds un paramoteur, en bordure de RMZ ……. avec le soleil je ne l’ai vu qu’à 2 secondes du croisement, j’étais en qualif sur une nouvelle machine, donc super absorbé par la tenue de la bête et bien entendu ……. rien au TCAS !!!! comme quoi y’a pas que les drones !!!

  3. @ Laurent : si en bordure de RMZ, cela veut dire espace aérien non contrôlé, et donc emport de transpondeur non obligatoire, et donc pas d’alerte TCAS possible dans ce cas…
    La règle générale reste le « Voir & éviter ».

  4. Oui Fred1, aucun souci la dessus, le gars n’était pas en infraction (et je vois mal un paramoteur embarqué un XPDR) …. mais je voulais simplement dire qu’il faut ouvrir l’oeil de manière très attentive et qu’il n’y a pas que les drones qui constituent une présence « inattendue » dans le ciel …… par chez moi et surtout en ce moment, beaucoup de paramoteurs !!!

  5. DJI n’est absolument pas crédible en matière de sécurité avec un logiciel de pilotage en anglais !!!!!!!!!!!!!

    En l’état, la vente de drone dji en France devrait être interdite.

  6. Copié collé :  » Le constat de DJI est simple : rien ne sert d’empiler les textes de loi comme c’est le cas en France – si les manquements constatés aux règles élémentaires ne sont pas punis de manière suffisante. Un simple rappel à la loi ne permet de pas de prendre conscience d’un danger, et incite à la récidive . DJI demande à ce que les pratiques ouvertement et manifestement dangereuses soient réprimandé  » ? Tout à fait d’accord !!!! Et je retire toutes les critiques que j’ai pu faire sur DJI . C’est une vision claire et réaliste de la situation des drones en France ( pro ou de loisir) . Qui empile les réglementations mais fait très peu d’effort pour que les pratiques illicites professionnelles ou de loisirs soient réprimandé ! Ce qui donne une foison de vidéos de loisirs et pratiques professionnelles ( par de faux télépilotes pro) illégales sur Internet.

  7. Pourquoi pas la clim et un aquarium sur les drones !
    Jusqu à quand va-t-on complexifier les appareils et la réglementation?

  8. Mais pour qui se prend ce fabriquant, à jouer les faux culs en appelant à plus de répression, à prétendre retirer toute latitude à ses clients en verrouillant son matos à triple tour, et encore à nous dire de quels moyens doivent disposer nos forces de l’ordre ou quelle signalétique mettre en place. On est pas dans un système communiste totalitaire ici, et ce n’est pas aux entreprises de prendre des initiatives en matière d’ordre public. Respectez nos lois, point barre. La question de savoir si nous aussi les respectons ne vous regarde pas.

  9. Cette logique chinoise où les entreprises vont au devant des appétits liberticides du parti unique est carrément flippante. C’est un peu comme si Beretta équipait d’autorité ses flingues d’une reconnaissance faciale qui ne permette de tirer que sur des cibles en cartons. On ne fonctionne pas comme ça en démocratie. Vive liberté individuelle !

  10. Perso, j’utilise mes drones en pro, je n’ai jamais été gêné par un quelconque blocage abusif ….. (et pourtant c’est du DJI en grande partie), je suis en règle en cas de contrôle, si je dois voler au sein de zones controlées ou à statut particulier je fais le nécessaire auprès des autorités ….. c’est tout !
    Il serait vraiment souhaitable et particulièrement profitable que les télépilotes pro en formation soient davantage sensibilisés à l’aéronautique habité et qu’ils se rendent vraiment compte qu’un drone qui vole au « mauvais » endroit peut être très dangereux (et pas seulement pour le risque de collision) ….. je n’aimerai vraiment pas me trouver en courte finale ou en montée initiale avec un drone dans l’axe !!

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