eVTOL à Paris : ADP reste confiant malgré un rejet très marqué dans une enquête publique

Je vous avais parlé en novembre 2023 de cette enquête publique concernant le Vertiport expérimental sur la Seine à Paris pour accueillir des eVTOL pendant les Jeux Olympiques 2024. Alors qu’il n’y avait encore que 200 contributions, le non l’emportait. Ce sont au total 1748 contributions qui ont été recensées. Le procès-verbal de l’enquête a été publié, disponible en ligne… avec de nombreux autres documents dont les conclusions et avis. 

Le résultat ?

Il faut rappeler que la question n’était pas « êtes-vous favorable ou défavorable aux eVTOL dans Paris ? », mais « êtes-vous favorable ou défavorable à un Vertiport quai d’Austerlitz dans Paris ? ».

Pourtant la lecture des réponses montrent que les réponses constituent, dans leur très grande majorité, une critique des engins volants de type eVTOL pour le transport de personnes dans la capitale.

Au final, il y a 87,1 % d’avis défavorables contre 9,4 % favorables : le non l’emporte très largement. 

Les principales critiques contre les eVTOL ?

Elles visent principalement la nuisance sonore, la consommation énergétique et la ségrégation sociale. Etonnamment, le risque sécuritaire et la pollution visuelle et de l’air viennent bien après, loin derrière. 

On en sait plus sur les vols expérimentaux

« La circulation se fera sur l’axe Austerlitz – Issy-les-Moulineaux (héliport de Paris Valérie- André) en utilisant des routes hélicoptères existantes, situées au-dessus de la Seine et du boulevard périphérique.

La hauteur de vol sera de 500 pieds minimum soit environ 150 m par rapport au niveau du sol. L’expérimentation nécessitera donc le survol d’une zone à accès limitée, dite zone LF- P23, nécessitant l’autorisation de la Préfecture de Police de Paris.

Le nombre de mouvements (décollage ou atterrissage) étudié est de 6 maximum par heure, correspondant à 3 vols par heure maximum, sur une plage horaire de 8h à 18h, soit de 10 heures par jour. Il n’y aura donc pas de vols nocturnes.

Dans la pratique pour cette expérimentation, il n’y aura jamais plus de 12 vols par jour sur cet itinéraire pendant la période des JOP, descendant à 8 vols par jour au maximum de l’automne jusqu’à fin décembre 2024 ».

Ce qu’il faut retenir ?

Le commissaire-enquêteur, Jean-François Lavillonnière, après étude de questions soulevées par des partis politiques, des élus, des associations, indique que l’expérimentation :

• « présente un intérêt pour mieux connaître les impacts en zone dense d’un service de mobilité aérienne urbaine, en les mesurant in situ.
• présente un intérêt pour la mise au point d’aéronefs participant à la décarbonation de l’aéronautique, avec ses retombées potentielles en terme d’emploi et de prestige de la France.
• présente un intérêt, par sa caractéristique de première mondiale, pour placer la France en position de pionnière.
• présente un intérêt indéniable en termes d’utilité publique et de progrès vis à vis des nuisances (sonores, consommation énergétique), dans le cas d’application aux transports sanitaires en substitution à l’utilisation des hélicoptères thermiques.
• ne présente pas d’intérêt a priori si elle est centrée sur des vols commerciaux correspondant à un mode de transport qui, dans les transports franciliens, ne peut offrir d’alternative aux modes actuels ni participer à une décongestion du trafic.
• provoquera des nuisances, peut-être faibles mais non nulles, aux populations survolées et aux milieux naturels dans divers domaines (bruit, pollution visuelle).
• représente une consommation énergétique et, plus largement un bilan carbone, non nuls.
• est perçue, pour ce qui concerne les vols commerciaux individuels, comme un transport élitiste.
• accroit mécaniquement les risques sécuritaires, du fait de l’augmentation du nombre de vols sur les routes aériennes existantes.
• trouvera ses résultats dans les conclusions du comité de suivi, qui seront rendues publiques pour certains (base de données et interprétation BruitParif, mesures d’acceptabilité sociale), le reste revenant selon les règles de la propriété industrielle, aux partenaires ADP, VOLOCOPTER et AP-HP et faisant l’objet de publications scientifiques ».

Et la conclusion ?

« Sur ces bases, je considère que les gains potentiellement apportés par le projet ne justifient pas les inconvénients qui seront supportés pendant l’expérimentation. 

En conséquence, faute d’un projet centré sur des utilisations des eVTOL plus acceptables correspondant aux transports sanitaires, qui aurait pu recueillir un soutien du public, je formule un avis défavorable à la délivrance de l’autorisation ministérielle relative au projet de création, à titre expérimental, du vertiport (hélistation) de Paris- Austerlitz, à Paris 13e, et à son ouverture à la circulation aérienne publique ».

ADP ne change pas de cap

Le Groupe ADP a indiqué à l’AFP qu’il restait « pleinement mobilisé pour rendre possible ce projet d’innovation et de décarbonation, sur des lignes aériennes en Ile-de-France » et que « sans expérimentation, il est difficile de répondre aux interrogations légitimes liées au projet dont nous sommes convaincus de l’utilité, notamment en matière sanitaire ». Le début de l’expérimentation est assujetti au feu vert du ministère des Transports et à celui de l’EASA pour la certification de l’appareil de Volocopter…

Source : Préfecture de la région d’Ile de France, préfecture de Paris