USA : les Mini 2, 3 et 4 de DJI et le Remote ID (et la France ?)
Aux Etats-Unis, les drones de plus de 250 grammes doivent diffuser une sorte de carte d’identité en temps réel, sans fil. Ce requis réglementaire s’appelle le Remote ID. Il n’est donc pas requis pour un drone de moins de 250 grammes.
Pourtant pour piloter un drone hors loisir, dans un but commercial ou des travaux non lucratifs, le Remote ID est nécessaire aux Etats-Unis quel que soit le poids du drone.
Le souci ?
A l’occasion d’une récente mise à jour, DJI a privé les Mini 3, Mini 3 Pro et Mini 4 Pro du Remote ID aux Etats-Unis. Ce qui signifie que pour opérer l’un de ces trois appareils en conformité avec le processus de certification Part 107 de la FAA (nécessaire pour les usages professionnels), il faut ajouter une balise Remote ID externe (avec GPS et batterie).
Ce n’est pas une solution souhaitable parce qu’elle dégrade la manœuvrabilité du drone, son autonomie, et elle n’est pas facile à positionner à bord sans interférer sur les liaisons radio et GPS.
Une autre solution consiste à acquérir une batterie Plus (voir le test ici). L’une de ses caractéristiques ? Elle pèse 40 grammes de plus que la batterie par défaut ! Lorsque cette batterie est installée à bord, le firmware la détecte, sait qu’ainsi équipé le Mini dépasse les 250 grammes, et active automatiquement le Remote ID pour que le drone soit conforme (puisque les appareils de plus de 250 doivent être équipés du Remote ID).
Pourquoi cette mise à jour sur le Remote ID ?
Les utilisateurs américains aimeraient que DJI autorise les utilisateurs de Mini à activer ou pas le Remote ID, selon leur usage, sans recourir à des solutions insatisfaisantes !
Mais DJI a communiqué sur le sujet en rappelant que la réglementation aux Etats-Unis impose que le Remote ID soit activé lorsque c’est nécessaire, sans que l’utilisateur puisse intervenir. DJI ne peut pas laisser à ses clients le soin d’activer ou désactiver le Remote ID.
Le constructeur explique avoir choisi de ne pas activer le Remote ID pour les appareils sous les 250 grammes parce ces drones sont principalement destinés au loisir. Tout en laissant la possibilité d’acquérir une batterie Plus dont l’effet secondaire du surpoids est d’activer automatiquement le Remote ID. L’autre intérêt ? Cela déclenche un achat supplémentaire auprès de DJI, bien sûr…
Et en France ?
La situation est très semblable. Car la réglementation européenne impose l’identification à distance (un équivalent du Remote ID) aux appareils de plus de 250 grammes. Les Mini de moins de 250 grammes ne sont donc pas concernés en catégorie Ouverte.
Et pourtant !
Pour opérer un drone en catégorie Spécifique sous scénarios nationaux S-1, S-2 et S-3, il faut impérativement diffuser l’identification à distance, quel que soit son poids, et ce depuis de le 1er janvier 2024 ! (voir les explications ici).
Les utilisateurs de Mini doivent par conséquent ajouter une balise d’identification à distance (avec GPS et batterie) s’il désirent voler en catégorie Spécifique sous scénarios nationaux. Même punition qu’aux Etats-Unis : une telle balise dégrade la manœuvrabilité du drone, son autonomie, et n’est pas facile à positionner à bord sans interférer sur les liaisons radio et GPS.
En France, il devrait y avoir une solution alternative. Elle consiste à passer le drone en classe C1, laquelle impose au constructeur d’intégrer l’identification électronique. Attention, il faudra vérifier que c’est bien le cas lorsque la procédure de classification C1 sera achevée.
Pour voler en catégorie Spécifique et scénarios nationaux, installer une batterie Plus permettra-t-il, à l’instar des Etats-Unis, que le firmware active automatiquement l’identification électronique en sachant que l’appareil est en surpoids ? Ce n’est pas le cas, et rien n’indique que ce le sera à l’avenir…
Source : DJI (point numéro 28)
Edit : Trois précisions si ce n’est pas clair…
- En catégorie Ouverte, les drones de classe C0 et C4, et ceux sans classe mis sur le marché avant le 1er janvier 2024 n’ont PAS besoin d’identification à distance. Donc pas besoin de balise si vous utilisez un Mini 1, Mini 2, Mini 2 SE, Mini 3, Mini 3 Pro, Mini 4 Pro.
- En catégorie Spécifique sous scénarios nationaux S-1, S-2, S-3, il FAUT l’identification à distance. Donc il y a besoin d’une balise si le constructeur n’a pas prévu d’intégrer la fonction.
- Notez bien que l’identification à distance (correspondant à une requis européen) n’est PAS la même chose que le signalement électronique à distance (correspondant à un requis français imposé à tous les drones de plus de 800g).
Merci Fred pour cet article et les infos ! Me voilà donc obligé de ressortir ma « bonne vieille balise » pour le mini 3 en attendant une certification C0
@ fabrice : Oh, je ne suis pas certain de ce que tu veux dire.
La balise d’identification, c’est uniquement si tu voles en scénarios nationaux S-1 à S-3.
En catégorie Ouverte, le Mini 3 est un drone sans classe mis sur le marché avant le 1er janvier 2024, tu peux voler en catégorie Ouverte sous-catégorie A1, et pas besoin de balise !
Merci Fred pour ta réponse, c’est bien pour voler en scénario S1-S3 en catégorie « spécifique » (j’aurai dû préciser).
@ Fabrice : Ok, dans ce cas, oui 🙂 🙂
Pour t’en passer, il faudra sans doute une (hypothétique) certification C1, parce que pour la C0, DJI n’est pas obligé d’intégrer l’identification à distance. Je ne sais pas du tout si ce sera proposé par DJI…
C’est du délire quand même, ma compagne dans le cadre de son activité professionnelle vient juste d’acquérir il y a un peu plus d’un mois un Mini 4 Pro, en remplacement de son vieillissant Anafi.
De ce que je comprends donc:
– Elle ne peut plus utiliser l’Anafi (qui de toutes façons buggait de partout)
– Elle ne peut plus utiliser le Mini 4 Pro tout récent, car DJI a unilatéralement désactivé le Remote ID, sans possibilité identifiée pour le moment de le réactiver
Donc en gros:
– Soit on peut encore certifier en C1 le drone, ce qui est hypothétique car dépendant du bon vouloir de DJI (déclassement puis reclassement)
– Soit DJI réactive le Remote ID pour la France (hypothétique)
– Soit DJI fait la même manip qu’aux US en détectant la batterie Plus (et là on met à la benne les trois batteries « classiques » achetées avec le combo)
Dans les trois cas, on est dépendant de DJI ?
Les deux drones (Anafi et Mini 4 Pro) ont par ailleurs été enregistrés sur Alpha Tango (déclarés « sans balise »), mais aucune alerte n’a été émise par Alpha Tango sur la non conformité des drones, c’est quand même sidérant. Est ce que la question sur la balise dans le formulaire Alpha Tango fait en fait référence à l’identification française normalement requise pour les drones de plus de 800g (auquel cas effectivement c’est normal qu’il n’y ait pas d’alerte)
Par ailleurs, comment est controlée la conformité ? Je doute que le gendarme du coin soit capable en cas de controle de connaitre cette notion de balise…
@ Vincent : Pour un usage pro, il y a toujours la possibilité d’utiliser une balise d’identification externe (pas top sur un Anafi ou un Mini 4 Pro). Ou bien, comme fait la grande majorité des opérateurs pros que j’ai rencontrés, tant pis pour l’identification à distance (parfois volontairement mais le plus souvent par ignorance du requis !).
Et donc, oui, c’est être tributaire du bon vouloir de DJI. Mais ça, de toutes manière, c’était déjà le cas avant et ça le restera 😉
Et oui, sur Alphatango, c’est uniquement la balise fr qui est mentionnée, rien sur la nécessité d’émettre l’identification pour tous les drones opérés en scénarios français…
Pour la conformité, il y a peu de chance qu’un contrôle aille plus loin que la vérification des basiques (identité, étiquettes, certificats, déclarations et/ou autorisations). En revanche, dans le cas d’une enquête suite à un incident ou un accident, il y aura vérification de la conformité plus poussée.