Formations : comment vont-elles évoluer en 2024 chez ABOT ?
Les étapes de la transition depuis la réglementation française appliquée aux drones vers la réglementation européenne s’accompagnent de changements qui impactent les centres de formation.
Les possibilités offertes par le CATT et la formation pratique qui l’accompagne s’éteignant fin 2025 (voir ici), la visibilité des télépilotes qui envisagent d’intégrer le drone dans leur activité professionnelle est réduite. Mes explications au fil des posts sur Helicomicro se suivent et parfois se télescopent au point de ne plus s’y retrouver.
J’ai choisi de faire le point avec ABOT, un acteur majeur dans la filière des drones destinés à un usage professionnel, que je suis depuis plusieurs années maintenant (et leurs débuts en 2018). Adrien Seguin et Hervé Colé, chargés de formation et services associés chez ABOT, ont accepté de répondre à mes questions.
Helicomicro : allez-vous continuer à proposer la formation pour les scénarios nationaux français ?
ABOT : Oui, puisqu’il est toujours possible de passer le CATT en salles d’examens OCEANE. Nous allons continuer de proposer une formation théorique et pratique en 2 x 4 jours aussi, pour les scénarios S-1, S-2 et S-3.
HM : Mais dans la mesure où ces scénarios seront abandonnés fin 2025, à qui cela s’adresse-t-il ?
A : ils sont toujours intéressants pour répondre aux besoins des sociétés qui souhaitent intégrer des télépilotes à leur structure déjà exploitante sous ces scénarios. Et puis aussi pour pallier la difficulté de former au format européen que nous éprouvons en ce début 2024 en France.
HM : Parlons justement de la version européenne des scénarios…
A : Nous allons proposer une formation théorique et pratique sur le même format que le français, mais pour aboutir aux qualifications européennes, et ce dès que nous répondrons aux exigences de ce format. C’est-à-dire CATS et formation pratique STS-01 et STS-02.
HM : Je crois que les pilotes se posent tous cette question : quand la formation pratique sera-t-elle proposée chez ABOT ?
A : Nous travaillons actuellement dessus et faisons tout pour pouvoir la mettre au catalogue assez vite. Entre l’attente des dates officielles pour passer le CATS en France, annoncé fin du premier semestre 2024 actuellement, et la certification de classe pour les drones C5 et C6, le temps est à la fois un ami et une ennemi en ce moment.
HM : La formation aux STS est assez lourde, surtout pour les pilotes déjà formés aux scénarios nationaux – et qui ne sont pas forcément très enthousiasmés de recommencer une formation !
A : Sans doute. Pour cette raison, nous allons proposer une formation très courte, une sorte de « mise à jour » pour passer de la réglementation française à la réglementation européenne.
HM : Pour le théorique ? Pour la pratique ?
A : Ce sera pour le théorique si besoin et la pratique. Il faudra compter une journée pour la théorie et de même pour la pratique, sous réserve d’avoir le contenu définitif. Nous proposons aussi une version « accélérée » pour les formations pratiques, qui réduit la durée à 2 jours. Mais elle ne sera disponible que pour les profils ayant déjà une expérience significative.
HM : Comment mesurer cette expérience significative ?
A : On le jugera avec un entretien préalable pour nous assurer des connaissances et de la possession ou de l’état d’avancement de la partie théorique.
HM : Avez-vous déjà une idée des drones de classes C5 et C6 qui seront utilisés pour la formation pratique aux STS ?
A : Notre équipe est déjà au travail sur ce sujet pour que des drones plus accessibles que ceux déjà classés et déjà implantés sur le marché, comme ceux de DJI ou d’Autel, répondent à la norme de classe C5. Nous ne manquerons pas de communiquer avec plus de détails d’ici peu de temps
HM : Et une idée de prix pour se former aux STS ?
A : Pour la formation en 2 x 4 jours nous serons sur la même base que celle que nous proposons actuellement. Pour la « mise à jour » destinée à passer de la réglementation française à la réglementation européenne. nous sommes en réflexion actuellement et n’avons toujours pas statué sur un montant définitif. Nous prenons bien sûr en compte dans notre réflexion l’aspect « contrainte » que cela représente pour les exploitants de devoir repasser par la case formation.
HM : La formation est souvent synonyme de CATT, maintenant de CATS, c’est-à-dire une sorte de permis de voler pour opérer à finalité professionnelle. Dans le contexte du CATT qui s’éteint et du CATS qui sera limité à certains usages, vers quoi allez-vous orienter les formations ?
A : Nous allons proposer des formations métiers. C’est un domaine que nous maîtrisons déjà. ABOT dispose d’un module complémentaire à son catalogue, la formation thermographie. Nous allons ajouter d’autres compétences autour de la photogrammétrie, avec 3 modules différents. La photogrammétrie classique en RGB, les captations au LiDAR et la photogrammétrie agricole avec un Mavic 3 Multispectral et la gamme AGRAS de DJI. Ce seront des modules de 3 jours.
HM : Et pour les prises de vues ?
A : Un module pour l’audiovisuel va aussi être ajouté au catalogue, d’une durée de 2 jours. Il sera destiné à se perfectionner dans les différents mouvements, les techniques de pilotage et les configurations possibles. Il va englober le matériel et l’humain, concerner le pilote du drone mais aussi le cadreur, les techniques de suivi de véhicule, etc.
HM : Est-ce qu’un module centré sur les prestations en FPV est prévu ?
A : C’est une question qui revient souvent, y compris en interne. Nous ne sommes qu’à l’état de réflexion pour l’instant.. Des tests avaient déjà été faits par le passé et n’étaient pas concluants, je ne suis pas sûr que cela soit proposé à nouveau dans les prochains mois. Nous ne fermons pas la porte, mais mettons la priorité à l’aspect métier.
HM : La lecture de la réglementation en catégorie Spécifique montre les limites des deux scénarios européens, les STS-01 et STS-02…
A : Oui. Parce qu’ils sont principalement prévus pour un usage professionnel, nos clients sont forcément confrontés à des utilisations hors de ces cadres. Il est impératif d’aller plus loin que les scénarios de base et pour cela, il faut acquérir une connaissance plus pointue de la réglementation. Nous prévoyons des formations « administratives » avec une présentation SORA et PDRA sur 2 jours. Ainsi qu’une formation approfondie de création de SORA et PDRA qui se déroule sur 5 jours.
HM : Préparer à monter des SORA, c’est s’approcher de solutions sur mesure !
A : En fonction du besoin, pour accompagner les clients dans la réalisation de ces dossiers, ces formations pourront être complétées avec des packages d’heures. Pour le MANEX également, d’ailleurs.
HM : Les formations sont une jungle, il y a moyen de se démarquer de la concurrence ?
A : Les formations d’ABOT s’appuient sur notre expérience déjà acquise, et sur la proximité avec une équipe entièrement dédiée aux professionnels. L’un de nos points forts, c’est qu’en tant que revendeur nous disposons d’une large gamme de matériel. Cela permet de répondre aux particularités de tous les types de formations. Pour nous démarquer, nous disposons aussi de la double qualification, Qualiopi et ISO9001.
HM : Et la catégorie Ouverte, puisque les professionnels peuvent aussi opérer dans cette catégorie ?
A : La catégorie Ouverte ne nécessite pas formation obligatoire autre que celle en ligne proposée sur AlphaTango. Mais c’est une formation légère plutôt orientée vers le grand public et ne permet de pas tout maîtriser en catégorie Ouverte. Notamment les exigences pour réaliser des missions à but professionnel. Nous allons proposer une formation complète sur 3 jours pour comprendre les particularités de la catégorie Ouverte. L’objectif est d’amener une compréhension sur l’environnement et l’écosystème drone la plus large possible afin d’assurer un niveau de sécurité élevé.
HM : Que pensez-vous de l’abandon du projet de refonte de l’arrêté Espace de 2020 ?
A : En résumé ? Compréhension… et incompréhension ! Compréhension car la structuration est, certes, une étape difficile qui demande du temps. Mais cela fait un moment que la machine est en route pour cette harmonisation européenne. La classification des catégories par rapport au niveau de risque est une bonne chose, et jusqu’ici on allait dans ce sens avec une formation « légère » pour la catégorie Ouverte à faible risque et formation plus « lourde » pour la catégorie Spécifique à risques accrus. Mais lorsqu’on voit que chez nos voisins européens certains arrivent à mettre des choses en place, on a du mal à comprendre pourquoi on n’y arrive pas chez nous. Ça donne le sentiment d’être à la traîne, en plus d’être perdu depuis le temps que les textes sont connus. Et c’est également partagé avec les retours que l’on a de nos clients, stagiaires, contacts…
Crédits photos : ABOT
Article très intéressant, mais à la fin on en sait pas plus.
Let´s see.