DJI Fly et la limite à 120 mètres de hauteur (avant, maintenant, et plus tard)…

Vous avez été plusieurs à m’alarmer sur le fait que DJI avait, dans la version 1.10.4 de DJI Fly, introduit une limitation de hauteur à 120 mètres pour la série des Mini de la marque. Effectivement, dans cette version, les Mini 2, Mini 2 SE, Mini 3, Mini 3 Pro, etc. ne peuvent plus aller au-delà de 120 mètres – alors que DJI autorisait auparavant à « pousser » le curseur jusqu’à 500 mètres.

Pas de panique…

DJI propose d’ores et déjà la version 1.10.6 de DJI Fly, laquelle abandonne cette limitation à 120 mètres. Il est donc désormais à nouveau possible de monter jusqu’à 500 mètres du point de décollage. Cela dit, il est possible que cette restriction soit de retour à l’avenir ! Voici pourquoi… 

Lutte des classes ?

La gamme actuelle des Mini de DJI permet de dépasser 120 mètres de hauteur.

Mais si les Mini étaient dotés d’une indication de classe C0, ils perdraient cette possibilité et seraient bloqués à 120 mètres !  

Bizarre, tout ça ? 

Il faut, pour comprendre, connaitre les subtilités de la réglementation européenne. Ce qui est généralement affirmé, c’est qu’avec un drone « il ne faut jamais dépasser une hauteur de 120 mètres ». Ce n’est pas aussi simple…

La limite de hauteur

Le règlement 2019/947, Annexe catégories Ouverte et Spécifique, partie A, UAS.OPEN.010, 2), indique qu’un drone doit être « maintenu à une distance maximale de 120 mètres du point le plus proche de la surface de la Terre ». Ce n’est donc ni la hauteur mesurée verticalement sous le drone, ni la hauteur par rapport au point de décollage !

Et c’est une notion particulièrement importante dans le cas d’un vol en montagne ou en présence d’un relief. A savoir : les outils de mesure de la hauteur de la plupart des drones du commerce indiquent uniquement la hauteur par rapport au point de décollage.

Donc avec un drone DJI de la gamme Mini…

Il est possible de monter bien plus haut que 120 mètres, légalement, si par exemple vous suivez le relief d’une colline ou si le drone grimpe face à une falaise. D’où l’intérêt de pouvoir « pousser » la hauteur au-delà de 120 mètres dans les réglages de DJI Fly !

Attention tout de même, la réglementation vous impose de conserver l’appareil en vue directe. Or à 500 mètres de distance, on ne voit plus un Mini…

Par ailleurs, la distance du drone à la surface de la terre est une estimation très approximative du pilote, en l’absence d’outils de mesure.

La notion de classe C0

Les Mini de DJI sont des drones sans indication de classe. Leurs caractéristiques techniques les rendent pourtant éligibles à une indication de classe C0… mais à un détail près. Le règlement 2019/945, dans son Annexe, précise que les appareils en classe C0 doivent « pouvoir atteindre au maximum 120 m de hauteur à partir du point d’envol ». Autrement dit, ils doivent être bloqués à une hauteur de 120 mètres par rapport au point de décollage (et non pas de distance par rapport à la surface de la Terre).

Explications ?

Pour être de classe C0 et profiter de restrictions allégées en catégorie Ouverte, un drone ne doit pas pouvoir dépasser 120 mètres au-dessus de son point de décollage. Si le règlement s’appuie sur cette mesure, c’est parce que tous les drones équipés d’un simple baromètre altimétrique sont capables de la fournir – et c’est le cas de la gamme des Mini de DJI.

Pour résumer ?

• Un drone sans indication de classe ne doit pas être piloté en dépassant une distance maximale de 120 mètres du point le plus proche de la surface de la Terre.
• Un drone avec indication de classe C0 doit être conçu pour ne pas dépasser une hauteur de 120 mètres par rapport à son point de décollage.

Voilà pourquoi les appareils de la gamme Mini actuelle peuvent légalement dépasser 120 m de hauteur par rapport au point de décollage (dans certains environnements), et pourquoi d’éventuels futurs Mini avec indication de classe C0 n’auraient plus le droit ni la possibilité de dépasser ces 120 mètres de hauteur ! 

Ce qu’il faut espérer ?

DJI décidera peut-être de proposer un marquage CE avec indication de classe C0 rétroactif par mise à jour logicielle (avec une procédure semblable à celle du Mavic 3 en catégorie C1, voir ici) pour certains appareils de la gamme Mini. Dans ce cas, il faut espérer que le fabricant permette de choisir de refuser la mise à jour, de telle sorte que l’appareil reste sans indication de classe – ce qui est prévu et autorisé par la réglementation ! Sinon il sera limité à 120 mètres (de hauteur par rapport au point de décollage).

Note : voici un post pour en savoir plus sur la hauteur de vol (et les autres classes de drones), et d’autres subtilités de la réglementation européenne.