Incident de Gatwick : le rétropédalage
La communication patine du côté des autorités britanniques. Le capitaine Jason Tingley de la police du Sussex avait admis la possibilité qu’il n’y ait eu aucun survol de drone (voir ici), parmi les hypothèses au sujet de l’enquête en cours. Le secrétaire aux Transports Chris Grayling a indiqué qu’il s’agissait d’une « mauvaise gestion de la communication » (voir ici).
Rétropédalage !
La police du Sussex est revenue sur la déclaration de Jason Tingley, par la voix du chef adjoint de la Police Jo Shiner : « Nous pouvons affirmer sans équivoque qu’il y a eu de nombreuses observations illégales de drones à l’aéroport pendant trois jours du 19 au 21 décembre. Il y a eu 37 signalements de drones et je souhaite vivement que les responsables soient traduits en justice. L’impact de ces comportements criminels et imprudents a été énorme et nous sommes déterminés à localiser les responsables » (voir ici). Il y a avait donc bel et bien plusieurs drones malveillants… selon la police du Sussex. Que ce soit vrai ou pas, ce rétropédalage nuit à la crédibilité des enquêteurs. Par ailleurs l’enquête semble si peu avancée qu’aux 50000 livres offertes par l’aéroport de Gatwick pour des renseignements solides, Lord Ashcroft, ancien député, a annoncé sur Twitter avoir proposé 10000 livres supplémentaires (voir ici).
Effets d’annonce
Le secrétaire d’état à la Sécurité Intérieure britannique Ben Wallace a twitté : « l’énorme prolifération des drones, associée aux défis du déploiement de contre-mesures militaires dans un environnement civil, signifie qu’il n’y a pas de solution facile. Cependant, je peux dire que nous sommes maintenant en mesure de déployer des systèmes de détection dans tout les Royaume-Uni pour lutter contre ce problème » (voir ici).
Ca ne vous rappelle rien ?
Souvenez-vous, en France fin 2014… Suite aux signalements de drones au-dessus de centrales nucléaires (qui se sont avérés pour la plupart des faux-positifs, voir ici), le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait assuré sur l’antenne de France Info (voir ici) que la menace drone était maîtrisée : « Il y a des dispositions qui sont prises pour savoir, et puis il y a des dispositions qui existent, mais je ne m’attarderai pas sur ces dispositions, pour neutraliser ces drones. Je suis informé de cela ». Il avait pris un peu d’avance sur le déploiement des technologies…
Et la politique s’invite…
Selon un article du Times (voir ici), de nouvelles dispositions devaient être ajoutées à la réglementation sur les drones au printemps 2018. Mais le Brexit a occupé durablement les fonctionnaires britanniques, repoussant les textes aux calendes grecques européennes. Le Times rapporte qu’une consultation sur le sujet achevée en septembre dernier n’a toujours pas été prise en compte par le gouvernement, et que les projets de textes ne seraient pas publiés avant 2019. Le Shadow Secretary of State for Transport (un poste d’observateur pour l’opposition) Andy McDonald, du parti travailliste, est passé à l’attaque en rappelant l’augmentation des signalements de survols d’aéroports et de proximité avec des avions. Il a indiqué que « le gouvernement a manifestement omis de tenir compte de cet avertissement et de présenter le projet de loi promis il y a plus d’un an » (voir ici).
Crédits photos : Pedro Aragão, Chris McAndrew, Chris MCAndrew
Comme à chaque fois que des politiques rentre dans la boucle ……. ça confine au gros ridicule ….. (déjà que les autorités n’ont pas besoin d’eux la plupart du temps, elle y arrivent toutes seules) !!!
J’adore ce passage :
« Cependant, je peux dire que nous sommes maintenant en mesure de déployer des systèmes de détection dans tout les Royaume-Uni pour lutter contre ce problème » ……. comme ça en l’espace de quelques jours, d’un coup ils sont en mesure de mettre en oeuvre ce genre de chose …..
Et avec un croisement avec un avion de chasse anglais le 24 décembre, ça va peut-être encore plus expédier les choses…
https://www.numerama.com/tech/450805-au-royaume-uni-une-collision-evitee-de-justesse-entre-un-drone-et-un-avion-de-chasse.html?fbclid=IwAR022A8Lc85gUUsDgQetv4KQ8JYtlxDsyosotoQdw0qZCcpY-xfXd6lGRYQ
800 km/h et un avion de chasse evite un drone, j’ai bien rigolé merci !!! Comme si une drone commercial serait une menace pour un avion de chasse, c’est du grand n’importe quoi.
Ce que je retiens du « croisement avec l’avion de chasse », c’est que le pilote du drone n’était absolument pas en infraction, il ne dépassait pas l’altitude max autorisée à cet endroit… bref chacun a respecté son altitude de vol donc pas de collision -> beaucoup de bruit pour absolument rien en fait ^^
@ Marc :
Ton message est hâtif et non fondé. Bien sûr qu’un drone est une menace pour un avion de chasse (tout comme les piafs, les parapentes, etc…). On ne compte plus, rien qu’en France, les Mirage qu’on a perdu sur des collisions volatiles, alors des drones, j’imagine même pas. Un pilote dans son avion de chasse, dès qu’il va apercevoir quelque chose dans sa ligne de vol (un point noir à cette vitesse) va bien évidement l’éviter ! Et au croisement, il sera largement en mesure de voir la forme du drone, du piaf, ou d’autre chose. C’est pas tant du « grand n’importe quoi » que ça !
A ta décharge, tu ne pouvais pas savoir…
@ Mac fly :
Et tu as entièrement raison ! Enfin, je crois, ne connaissant pas bien la réglementation drones en UK.
Cela rappelle le croisement vertical drone/Rafale chez nous (Drone évoluant entre 100 et 150m, et le Rafale à 75m de hauteur. Tout le monde était dans son droit. Depuis cet évènement, il y a eu quelques modifications réglementaires, et cela n’est plus sensé arriver. Cependant, il reste toujours la ligne des 150m de hauteur où un drone peut entrer en collision avec un avion de chasse (ou un autre aéronef…).
@Fred1 : sans vouloir trahir de secret militaire, à partir de quelle masse environ un drone ou tout autre engin volant peut-il apparaître sur un radar de bord et être détecté ?
Un Phantom ou un Mavic laissent ils une trace ? Sinon c’est qu’en visuel qu’ils sont repérables ?
@ FPV 67 :
C’est difficile à dire… Cela dépend de la RCS (Radar Cross Section) du drone. Cette RCS varie en fonction de tout un tas de paramètres (matière, taille, …). Si l’on rajoute l’effet DOPPLER utilisé par beaucoup de radars embarqués, un drone ne sera pas visible car sa vitesse relative sera trop basse (en combat aérien, un chasseur adverse qui se met dans le travers de l’autre chasseur deviendra « invisible » car cette vitesse relative sera égale à 0, ou sera trop faible).
Il faudrait qu’un drone évolue à au moins une centaine de km/h pour espérer pouvoir être détecté par un avion.
Pour détecter du drone, il faut du radar conçu spécialement pour, et non Doppler.
(Je rajoute qu’en vol basse altitude, un pilote d’avion de chasse ne regarde pas son radar, il regarde dehors (c’est là d’où vient le danger, comme les oiseaux, les autres aéronefs, ou les drones). Il n’y a que dans le RTBA qu’un pilote a (théoriquement) les yeux rivés sur son écran radar, car il y est ségrégué de tout autre aéronef).
L’armée en France vol aussi sous les 150 m que cela soit en rafale ou hélico, gendarmerie incluse .. sans NOTAM comme ça… eux ils font ce qu’ils veulent. Ensuite toi tu voles sous les 150 m tu peux être un danger. Alors PIAF, ULM, Avion de tourisme c’est la sanction… La bonne nouvelle c’est que ces pilotes ont des yeux bien pointus !! ils nous voient de loin parait-il !
@ Gilles :
Ils ne font pas « ce qu’ils veulent », ils font ce que la réglementation leur dit de faire.
Et ils ne le font pas n’importe où, mais dans des secteurs permanents et biens définis et publiés au MilAIP (ce qui évite de publier des notam 😉 )
Enfin, aux endroits où les avions de chasse volent sousb150m (à 75m en fait), les drones ne vont pas plus haut que 50m de hauteur.
Bon ok, il reste les avions de transport et les hélicos, mais ça laisse un peu plus de préavis.
Enfin, ne pas oublier que les aéronefs civils peuvent aussi voler sous 150m (sous conditions).
@Fred1 : est-il possible d’avoir des informations sur les MilAIP? Je suis sur terrain FFAM et je fais voler mon planeur sous les 150 m, donc je cours un risque malgré le fait de respecter le plafond du club (c’est du vécu, j’ai vu un rafale passer très bas non loin du terrain…)
Ton club est situé où ?
Pour le MilAIP, tu peux le télécharger ici : https://www.sia.aviation-civile.gouv.fr/pub/media/reglementation/file/d/v/dvd_militaire.zip
Pour t’éviter de trop chercher, les zones de vol sous 150m pour les chasseurs, hors RTBA, sont celles-ci :
https://servimg.com/view/12054468/1256
Sur tout le reste du territoire, ils peuvent voler qu’à 150m mini. Par contre les autres aéronefs militaires peuvent voler partout sous 150m.
Enfin, sache que selon les clubs d’aéromodélisme, les chasseurs ne sont pas tenus d’en éviter le survol.
C’est vraiment ridicule cette histoire, ils ont oublié de payer un policier et mince, le secret est éventé. « Mais chuuuuut euh, tu as pas lu le communiqué ? On sait bien qu’il n’y avait pas de drone ! Tu la fermes ou on te rétrograde à la circulation. »
Ma grand mère m’a demandé si je faisais encore voler mon drône alors que c’est interdit depuis Londres … Préparez vous les gars, les passants vont nous dénoncer maintenant.
Au risque de jeter un pavé dans la mare, à terme, ce sont les militaires qui vont dégager de l’espace aérien.
Non pas par anti-militarisme primaire, mais car les avions de guerre pilotés, ben de nos jours, ça sert surtout à cramer du pognon, qui serait bien mieux utilisé à développer des drones de combat… Histoire d’éviter de rejouer « cavalerie contre panzers » version aérienne lors du prochain conflit.
L’intérêt des drones agricoles est évident lui, par contre.
Point de vue intéressant.
Même si l’avenir des drones (armés) est très prometteur, celui des chasseurs habités l’est encore pour un bon moment… Après le Rafale F4, on attend le Rafale NG, puis le Rafale MLU…
Donc « à terme » ne commencera pas avant 60 ans au moins…
Et quand bien même, il restera quand même des militaires dans l’espace aérien (les drones dont tu parles, ainsi que les transporteurs tactiques et stratégiques, et sans nul doute les hélicos).
Non, je pense que l’espace aérien sans les militaires, ce n’est ni pour demain, ni pour après-demain. Rien que la Posture Permanente de Sureté l’impose.
Désolé les gars, mais il va falloir continuer â faire avec 😉