Retour sur le Paris Drone Festival 2017

La deuxième édition du Paris Drone Festival est revenue occuper les Champs-Elysées, à l’occasion de la journée piétonnière mensuelle et thématique, avec l’aide de la mairie de Paris et du Comité Champs-Elysées. La structure mise en place, une volière hermétique avec de hauts filets, avait un fort pouvoir d’attraction pour le public. Combien de visiteurs sont-ils venus assister au festival, ouvert entre 12h et 18h dimanche 4 juin 2017 ? Plus que l’an passé, environ 180.000 spectateurs. Geoffray Sylvain de Ubi Bene, qui a préparé et coordonné l’événement, peut se féliciter : l’endroit fourmille de touristes français et étrangers, de curieux aussi, l’occasion de faire découvrir l’univers des drones à un très vaste public. Un mot sur la sécurité ? Etat d’urgence et menace terroriste obligent, le contrôle des visiteurs était obligatoire. L’intégralité de la course était sous filets, nettement séparée du public, qui pouvait tout de même s’approcher. Mention très bien.

Alors, ce circuit ?

Thomas Panaiva (TomZ) est aux commandes pour un run sur le parcours des Champs-Elysées… Impressionnant ! Filmé avec une GoPro 5 Session

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Une course de racers

Le cœur du Paris Drone Festival, c’était une course de FPV racing. Une vraie course ? Oui, dans la mesure où des pilotes de haut niveau se sont affrontés sur un parcours, sans se faire de cadeaux. Le directeur des vols était l’inénarrable et incontournable Hervé Pellarin. Pour figurer sur la grille de départ parmi les 32 concurrents en lice, il fallait être sélectionné par la société en charge de la course, les allemands de la Drone Champion League (DCL). Quels étaient les critères de sélection ? Difficile à dire, la DCL n’a pas communiqué à ce sujet. Parmi les concurrents, on trouvait des français comme Julien Leteve (Julien FPV), Benjamin Lavayssière (BLS), Benoit Couturier (Sartorius), Alexandre Madroux (Skylex), Thomas Panaiva (TomZ). Et des pilotes stars venus de l’étranger comme Shaun Taylor (NYTfury), Chad Nowak (finalausglide), Tommy Tibajia (Ummagawd), Johnny Chaer (Johnny FPV), Vincent Delcommène (Vincbee), Gary Kent (Justice FPV), Giuseppe Rinaldi (Badside84), et d’autres encore. Ils étaient réunis en équipes de 4 pilotes, des écuries aux couleurs de sponsors (comme ImmersionRC ou Conrad Allemagne)… ou sans sponsors.

Un parcours osé !

Le tracé de la course, qui occupait près de 600 mètres de la partie haute des Champs-Elysées, était particulièrement ambitieux. Une longue et haute volière installée pour l’occasion a permis de créer un parcours autorisant les pointes de vitesse, malgré un environnement confiné. Toute une partie du tracé était en souterrain, celui qui passe des Champs-Elysées à l’avenue de la Grande-Armée en évitant la place de l’Etoile. Un choix étonnant, sachant que la discipline du FPV racing se bat contre les ennuis techniques pendant les courses. Un long parcours dans différents environnements, avec des obstacles et au milieu d’une jungle de liaisons radio, c’était un sacré pari. De quoi mettre à l’épreuve les batteries, les liaisons radio, les liaisons vidéo… Intéressant : le numérique a permis, enfin, des vols à 8 pilotes simultanément, sans être limité par les contraintes légales du 5,8 GHz dit analogique. Plus des courses à 2, très intenses.

Juste avant la course, nous avons profité de l’événement pour poser quelques questions sur la mise en place du système Connex Prosight HD à Idan Pearl, l’ingénieur support que la marque Amimon a dépêché sur place pour assister la DCL et régler les éventuels problèmes.

Helicomicro : Idan, La question que tout le monde se pose : la vidéo passe bien dans le tunnel ? 
Idan Pearl : Oui, nous n’avons rencontré aucun problème de portée ou d’image lors des phases de tests (ndlr. le samedi après midi). L’utilisation d’antennes directionnelles y est certainement pour quelque chose. 

HM : Ce sont des Prosight d’origine ? 
IP : Oui, ce sont les produits commercialisés. Toutefois nous y avons injecté un firmware spécial pour augmenter la puissance d’émission à plus ou moins 250 mW…

HM : Les pilotes avaient-ils le choix du mode vidéo ? 
IP : Oui, certains volaient en HQ, d’autres en mode performance, ils avaient le choix. 

Les drones pour la course

Les appareils devaient respecter un cahier des charges imposé par la DCL. Parmi eux, la nécessité de placer à bord des diodes pour bien matérialiser l’appareil en vol, un récepteur radio Crossfire de la Team BlackSheep, une caméra, un émetteur vidéo numérique et son antenne Connex ProSight HD d’Amimon, une caméra GoPro 5 Session, et le petit circuit électronique pour le chronométrage des courses pris en charge par ChronoDrone. Tous les participants m’ont dit avoir imaginé un appareil spécialement prévu pour l’occasion, un gros boulot de conception et de tests ! Des essais ont été réalisés avec un parcours recréé pour l’occasion sur le terrain d’aéromodélisme de Lognes, en bordure de l’aérodrome. Une sorte de répétition générale… 

Sur les Champs-Elysées

Le jour J, le parcours a du être modifié à la lumière des premiers vols. Le ressenti des pilotes était très variable. Certains m’ont assuré ne pas avoir ressenti de problèmes particuliers pendant leurs séances de vols. D’autres se sont plaints d’une qualité vidéo perturbante au moment du retournement dans le tunnel. D’autres encore m’ont fait part de pertes de liaison radio (failsafe) dans ce tunnel. La réception vidéo était assurée par des appareils d’Amimon équipés de 5 antennes LX Pro de la Fabrique Circulaire, situés à mi-parcours, à l’entrée du tunnel. Les émetteurs Crossfire étaient reliés par câble à des bornes au bord du circuit. Plusieurs pilotes m’ont fait part de leur déception d’avoir été éliminés en raison de problèmes techniques, sans avoir l’opportunité de se battre avec les autres, comme Alexandre Madroux qui a perdu le signal vidéo et ne l’a récupéré qu’une fois au sol, ou les Rotor Riot victimes de Failsafe… Cela fait partie de la compétition ? Bien sûr ! D’autres pilotes m’ont confié avoir peu goûté aux modifications des règles de la DCL pendant la course.

Victoire de l’Allemagne !

L’équipe gagnante de la compétition, ce sont les 4 allemands de Flyduino : Angelo, SB FPV, Z, Upside Down FPV, devant les suisses de FPVRacing.ch. Le contrôleur de vol Kiss FC était donc à l’honneur ! Bravo à eux, leur dextérité, leur cohésion et leur sang-froid en finale ont fait la différence. Les résultats complets sont disponibles sur le site de la DCL, ici. L’Allemagne était doublement vainqueur ce dimanche, puisque la DCL a tourné de superbes images sur les Champs-Elysées, avec une partie souterraine « à la Wipe Out » avec ses néons, invisible du public présent sur place, mais superbe sur l’écran géant. Une sorte de tunnel comme celui du grand prix F1 de Monaco ! Une équipe de bénévoles s’est occupée de la logistique sur le circuit, notamment de récupérer les racers échoués au sol et de les extirper des filets de protections, y compris lorsqu’ils étaient à plusieurs mètres du sol. 

Le festival, vu du public ?

Les visiteurs avec qui j’ai discuté étaient tous étonnés par l’initiative parisienne. Pour la plupart, ils assistaient pour la première fois à une course de drones. Tous étaient surpris par la vitesse des machines – alors qu’elle était pourtant limitée par rapport à des courses dans un environnement moins confiné et avec des machines plus légères. La foule a réagi lorsque les appareils se touchaient, finissaient dans les filets ou au sol. Mais tous aussi ont avoué trouver le temps long entre deux courses, malgré la verve de Pablo Sotes à meubler au micro pendant les préparatifs de chaque manche. Les visiteurs se sont tournés vers les stands des partenaires de l’événement. Carton plein pour le constructeur DJI, qui faisait évoluer dans une petite volière ses Phantom, le Mavic Pro et faisant la démonstration du pilotage par gestes du tout nouveau Spark.

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20 commentaires sur “Retour sur le Paris Drone Festival 2017

  1. J’y étais, et je confirme que le temps d’attente est encore trop long pour accrocher un publique non connaisseur. J’ai eu l’impression que les gens venaient, voyaient un run et partaient dans l’attente qui suivait. Pour les gens qui étaient davantage dans les coulisses : ce temps vient-il seulement des délais d’appairage des connex et de l’installation des pilotes ? Ou des soucis d’orga et techniques sont-ils venus perturber le fonctionnement prévu ?

  2. @Altaille : Pour avoir organisé plusieurs meeting de modélisme avec épreuves en tout genre : ce n’est pas facile d’équilibrer compétitions (où le publique ne voit qu’un spectacle répétitif et souvent lassant pour les novices) et spectacle accrocheur. Il faut, si l’on veut retenir le public, remplir avec des démo spectaculaires les temps morts entre les épreuves. Où si tu veux capter du public, ne presque pas faire d’épreuves qui ont toujours besoin d’un temps de préparation 🙂

  3. @FPV_67 : Ok, perso je trouve que les courses de la compétition étaient assez impressionnantes, même si un deuxième écran géant n’aurait pas été de trop. L’appli fonctionnait pas non plus, en tout cas j’ai jamais réussi à avoir une image sur mon mobile.

    Mais du coup tu parles du temps de préparation. Pourquoi est-ce relativement long ? C’est la procédure d’appairage qui n’est pas évidente ? Le temps de rassembler les pilotes ?

  4. J’y étais aussi et cette course était beaucoup plus impressionnante que la précédente, j’ai questionné un pilote au sujet du prosight et il m’a dit que ce n’étais pas fiable du tout des que l’on se trouve pas trop loin d’une antenne wifi ou téléphonique, sur les champs ils avaient du matos spécial ( plusieurs antennes directrices et ématteurs plus puissant).

  5. @Flaykz que des dominator HD mais branchées sur des « super recepteurs multiples » parce que le connex ne marche pas bien en présence de wifi.

  6. Finalement j’ai regardé des vidéos YouTube et c’est pas Terrible….
    Apparemment c’est par Bluetooth avec une distance très limitée…….
    Dommage…

  7. Merci pour ton article Fred,
    c’est toujours intéressant de lire ce qui qui a été perçu et de percevoir ce qui peut être amélioré.

    Je me concentre sur ton dernier paragraphe car il est rédigé pudiquement et à l’interrogative mais révèle de vrais atouts/reproches que j’ai souvent entendus et j’ai désormais un peu plus de temps pour y répondre :

    > Bénéfique pour l’image du marque du drone ? coup de boost pour le FPVracing ? etc
    c’est à la communauté de le dire. Vous êtes les seuls juges de cela.

    > Profiter des Champs-Elysées pour gonfler le nombre de participants à un événement drones ?
    Certes, ça aide. Et je ne crois pas qu’on cherche à le cacher. Pour info, la fréquentation ‘naturelle’ de l’avenue un dimanche piéton est de 50-80.000 personnes selon la météo. ça permet de relativiser les 180.000 visiteurs annoncés. Je précise au passage que c’est un chiffre préf.

    > Une déception pour les pilotes français ?
    A n’en pas douter, les pilotes FR ont été traités de manière différente. Notamment parce qu’ils étaient invités de manière individuelle et donc ne bénéficiaient pas d’un staff d’encadrement pour faire l’interface avec les équipes de DCL. Ils ont également dû dépenser chacun des sommes significatives pour participer au Paris Drone Festival. Et ce, on l’a vu, sans garantie de pouvoir défendre leur chance de manière équitable. C’est un des points importants d’amélioration que je relève à titre perso.

    > L’opportunité de découvrir de nouveaux produits ? / Profiter des Champs-Elysées pour faire découvrir les drones sous un jour positif au grand public ?
    J’espère que c’est le cas. L’arrivée d’acteurs comme DPDgroup, DJI, LuGus ou Allianz correspond à la tonalité que nous souhaitions donner à l’évènement.

    > Un coup de pub formidable et des images réutilisables à l’envi pour la DCL ?
    Certainement, mais pas forcément un défaut de mon point de vue. C’est la condition pour que de l’argent soit injecté dans ce type d’évènement.

    > La possibilité de rencontrer des pilotes stars du FPV racing ? Un événement réservé à une élite ?
    Je crois que c’est le cas. Ca répond aussi à une obligation : les champs-elysées –pour des raisons d’image, de sécurité comme vis-a-vis de la technicité du circuit– ne peuvent pas être ouverts à tous. Pour rappel, le circuit est à moins d’1km à vol d’oiseau du Palais de l’Elysée… ça pose 2ou3 sujets sécuritaires 😉

    D’autre part nous ne sommes pas une course officielle, nous ne prétendons pas l’être… donc imiter les codes d’une course officielle sur le mode de participation, le prix au vainqueur (etc) serait très dangereux à mon sens.

    > De quoi faire progresser la technologie utilisée pour les courses de drones ?
    En 2016 et en 2017, nous avons fait des pari techniques qui sortaient de l’ordinaire, en matière de transmission, de vidéo, etc. Ils se sont avérés majoritairement positifs. Et j’espère que ça permettra, modestement, de faire avancer l’état de l’art sur ces sujets. Ceci dit, ce n’est pas « grace à nous » que ça progresse… c’est grâce aux ingénieurs 😉

    > Une débauche de fric ?
    Là je m’inscris en faux totalement. Sur les 5 évènements qu’ubi bene organise sur les Champs, le Paris Drone Festival est le moins cher. D’autre part, nous bénéficions d’un réseau de prestataires et d’experts techniques qui nous permettent de réaliser cet évènement au coût le plus juste. Les coûts de sécurité sont évidemment importants compte-tenu du contexte et nous ne lésinons pas sur ce point, car c’est indispensable lorsqu’il faut encadrer une telle foule.
    Plus généralement, il ne faut pas comparer notre budget à une course FPV réalisée en province devant quelques milliers de personnes, si on veut vraiment un benchmark cohérent, il faut regarder ce que coûte un évènement grand-public équivalent en terme d’affluence dans le centre de Paris type Futur en Seine, MakerFaire, etc. Je crois pas qu’on soit si éloigné.

    A dispo,

  8. @ Geoffray : Hey, merci pour ton intervention ! 🙂 🙂 Le point de vue des organisateurs est très intéressant, et effectivement il constitue des réponses aux questions que j’ai entendues avant, pendant et après l’événement…

  9. @Geoffray SYLVAIN : en tout cas, chapeau bas aux organisateurs 🙂
    Je sais que ce n’est vraiment pas simple de mettre en place un tel événement, en telle place, alors les critiques sont toujours aisées, surtout après la manifestation 🙁
    Plus on parle de notre activité (en bien s’entend) plus elle progressera et plus on aura de soutient auprès des autorités ..
    Continuez comme cela et vive 2018 🙂

  10. olivier b c’est bidon le trackr en bluetooth c’est une portée de 10m :))) Tu ne retrouve meme pas tes clefs 🙂

  11. @ Fred : yep, je les ai vu/entendu aussi, je pouvais pas répondre avant mais maintenant on peut tout se dire 🙂
    @ FPV_67 : merci !!! A vrai dire, j’accueille volontiers les critiques – tant qu’elles ne sont pas injustes – car elles me sont en majorité utiles à faire progresser l’évènement. Evidemment, tout le monde ne peut pas être content de tout, mais de la communauté ressort globalement beaucoup de remarques pertinentes.
    Et on essaye de les appliquer à chaque fois que c’est possible (de point de vue éco et/ou sécurité) et que c’est aligné avec ma vision de ce que doit devenir l’évènement d’édition en édition.

    stay tuned pour n°3 😉

  12. Yes ! L’intégration du circuit des Champs Elysées dans LiftOff, très cool çà !

    En plus, ils vont étendre la map au delà du circuit.
    Lu à l’instant sur la page FB de Lift Off :
    « A quick update on our release plans for the Paris Drone Festival level:
    The reactions of the visitors have been amazing. Everyone seemed to have a great time playing Liftoff.
    We were also excited to see some the IRC Racing team enjoying their sim time. Tommy Tibajia did discover a bug while playing, allowing him to fly outside the flight cage.

    It’s what we call a happy accident. These guys seemed to have so much fun exploring the area outside that we’ve decided to put in some extra efforts and expand the scope of the environment before we release it. While originally not planned, we will now allow you to explore the a part of the Champs-Élysées around the flight cage.

    While this means there’s going to be a small delay, it’s just a matter of days, not weeks. Since we know everyone is eager to try it out, we wanted to make sure you know this small delay will be more than worth it. We want to get it perfect. »

  13. @ Dom : Yes. L’extension du circuit et le bug étaient déjà indiqués dans le post 😉 Par chance; j’étais là quand Tommy s’est amusé à pousser un peu le simulateur 🙂

  14. Désolé, je suis un boulet, j’ai lu ton article en diagonale et je me suis précipité sur la page LiftOff.

  15. Je fais mon casse bonbon rechigneur, mais comme j’ai l’habitude de lire des article de qualité ici, je me permet de relever:

    « la nécessité de placer à bord des diodes bien matérialiser l’appareil en vol,  »

     » la FPDC expliquait les requis pour de lancer professionnellement dans les drones, »
    😀

    Sinon, une petite question:
    le système de chronométrage repose donc sur un appareil émetteur ?
    Quel genre ? quel fréquences ? Disponible au grand public ?
    (Bon, ok, ça fait quatre questions ! 😛 )

    Effectivement, cet événement a l’air d’avoir été sympa 🙂
    Moi j’attends toujours qu’ils se passe des choses en Vendée 😛

  16. @ MiniSapin : Ah, merci pour le relevé, moi si je ne vois plus les fôtes à la 3e relecture, je ne verrai plus jamais !

    ChronoDrone fonctionne avec un circuit passif à bord des machines. Pas dispo pour le grand public, autant que je sache, mais ChronoDrone accompagne certains événements. Le mieux est que tu poses tes questions directement à Adrien, sur https://www.facebook.com/chronodrone/

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