Quelques jours avec l’Inspire 3 de DJI, et l’avis de Benjamin Lavayssière, professionnel du pilotage et de la vidéo

L’Inspire 3 est un drone destiné à l’industrie de l’image, il est pour cela doté de caractéristiques photo et vidéo étonnantes. Je n’ai pas la prétention de réaliser un test, cet appareil dépasse largement mes compétences en photo et vidéo. Il met à genoux, aussi, mon équipement informatique qui souffre à la simple évocation de sources 8K ! Je me suis contenté de le prendre en main pendant quelques jours, le temps d’évaluer ses points forts et ses points faibles…

Les plus

> La résistance au vent

Elle est donnée par DJI à 12 m/s au décollage et à l’atterrissage (43 km/h), 14 m/s (50 km/h) en vol. En pratique, j’ai volé avec des rafales qui ont largement dépassé les 60 km/h ! L’Inspire 3 se cabre, râle avec un bruit sourd, mais il tient particulièrement bien en place.

> La maniabilité

Bien que l’Inspire 3 soit un drone grand format, son pilotage s’apparente à celui d’un drone de plus petite taille. Il offre les mêmes assistances au pilotage que les Mavic, les Air et les Mini de DJI ! Avec une option en plus, le mode Atti hérité de précédentes générations de drones DJI. Il permet de désactiver l’assistance au GPS pour les vols où une réception satellite médiocre risque d’entrainer une aide au pilotage dégradée. Les commandes sont d’une précision remarquable, et les réglages permettent de rendre l’appareil plus ou moins réactif.

> La vitesse max en mode Sport

En mode Sport, et donc avec l’évitement des obstacles désactivé, l’Inspire 3 est capable d’atteindre 94 km/h. Un peu moins s’il fait face au vent. C’est très intéressant pour suivre un véhicule ou pour rattraper rapidement un sujet. 

> Le bruit réduit en vol (par rapport à l’Inspire 2)

L’Inspire 3 n’est pas silencieux, mais le son de ses hélices est plutôt sourd et s’estompe en prenant un peu de distance – il est quasiment inaudible à 100 mètres. Sauf s’il y a du vent, car dans ce cas il se débat de manière assez sonore.

> La détection des obstacles

DJI a équipé l’Inspire 3 de 4 caméras sur les pieds, 2 autres vers le haut et 2 autres encore vers le bas, plus un capteur ToF pour une détection des obstacles dans toutes les directions. Les obstacles sont matérialisés à l’écran de la radiocommande et par une signalisation sonore. A cela s’ajoutent des fonctions d’évitement des obstacles, si vous le désirez. La détection et l’évitement fonctionnent plutôt bien. Comme d’habitude avec ces fonctions, elles ne sont pas infaillibles et de petites branches peuvent les mettre en défaut. Mais à la différence des drones de petite taille, l’Inspire 3 coupe généralement les branchettes scélérates sans broncher et poursuit son vol.

> La liaison radio/vidéo robuste

Je n’ai pas tenté d’aller au-delà de la vue directe avec l’Inspire 3, soit environ 400 mètres, mais je n’ai expérimenté aucune perte de liaison, même courte, lors de mes essais, avec une ou deux radios en simultané. Idem en passant derrière des obstacles, la liaison est restée particulièrement stable. Il s’agit de O3 Pro, qui permet un retour en temps réel en 1080p/60 de la caméra FPV – voire 4K/30 avec la vue de la caméra nacelle.

> Les Waypoints

DJI Pilot 2 offre un mode de vol Waypoints, qui permet de lancer l’Inspire 3 dans des vols automatiques sans besoin d’un pilote – mais pour lesquels il est autorise à reprendre le contrôle manuel à tout moment. Il est possible de créer un itinéraire de vol pendant le vol, en enregistrant les points de passage, ou de créer ou modifier un plan de vol en se basant sur une carte 2D. Chaque point de passage est configurable pour une fonction de type prise de vue. L’autre option est le vol Dolly 3D : le pilotage est réalisé de manière automatique comme sur un câble virtuel, mais les mouvements de la caméra sont libres. C’est parfait pour réaliser des prises de vues sur des parcours pré-établis en variant la vitesse et le cadrage !

> La gestion de la santé de l’appareil

L’écran d’accueil de DJI Pilot 2 donne accès à un récapitulatif de l’état général des composants de l’Inspire 3, avec des avertissements en cas de problème : batterie défaillante, composant mal emboité, calibrage à réaliser, etc.

> L’autonomie

DJI communique sur une durée de vol de 25 minutes en stationnaire. En pratique, l’Inspire 3 vole pendant 18 minutes, puis indique que la batterie est faible. Il demande à ce que le vol soit interrompu au bout de 20 minutes. Il tient encore pendant 3 minutes puis se pose. L’autonomie confortable est donc de 18 minutes. L’autonomie est un peu supérieure en passant sur la réserve. Les vols agressifs en mode Sport la réduisent encore.

> Les détrompeurs de montage des hélices

Pas d’erreur possible. Non seulement les hélices disposent d’une identification visuelle, mais un système de détrompeur permet d’éviter de les placer au mauvais endroit. Il vaut mieux, les hélices mesurent tout de même 40,6 cm (16 pouces) de longueur, dépliées.

> Le changement des batteries à chaud

L’Inspire 3 se distingue avec un système de batteries qui se change à chaud. C’est pratique pour éviter d’éteindre complètement le drone et donc de perdre du temps : il suffit d’en retirer une, de la remplacer, puis de retirer l’autre. Le drone est prêt à redécoller. Idem pour la radiocommande DJI RC Plus : elle dispose d’une batterie interne qui laisse le temps de remplacer la batterie amovible…

> Les batteries qui préchauffent à la demande

Lorsque la température est inférieur à 18°, les batteries enclenchent un mode de chauffe pour conserver leurs performances par basses températures. Ce mode est automatique lorsque les batteries sont installées dans l’Inspire 3. Pour démarrer le mode chauffe hors du drone ou indépendamment de la température, il faut une pression de 5 secondes ou plus sur le bouton de la batterie. Une autre pression longue interrompt le processus de chauffe. Les LED montrent si la batterie est préchauffage ou en maintien de la température.

> La caméra FPV

Quand le pilotage n’est pas effectué en vue directe, c’est l’outil principal pour diriger l’Inspire 3. Le retour vidéo est en temps réel… mais avec une légère latence. Sans incidence sur le pilotage si le vol est effectué à distance d’obstacles, mais cette latence peut être gênante pour des évolutions engagées. Ma caméra est libre sur le roll, mais elle est stabilisée sur le pitch (comme avec le DJI FPV et l’Avata). C’est très déroutant pour les pilotes de FPV (racers). 

> Le contrôle de la caméra avec la seconde radiocommande

Avec sa caméra sur nacelle capable de tourner dans toutes les directions, l’Inspire 3 est un appareil destiné à des vols pratiqués à deux : un pilote et un cadreur. Une deuxième radiocommande permet au cadreur de se concentrer sur sa tâche.

> Le capteur plein format 45 mégapixels

Avec sa grande taille, le capteur fait le plein de lumière et se débrouille particulièrement bien dans des conditions de faible luminosité. Sa définition permet de prendre des clichés en 8192 x 546, de quoi zoomer dans les photos, réaliser des tirages grand format, etc. Cela lui permet aussi de proposer des séquences vidéos en 8,1K !

> La qualité des images photo et vidéo

Photo (réduite en 1200 x 800)

La qualité des photos est exceptionnelle, y compris en « cherchant la petite bête » : pas de déformations ni de flous sur les bords des images, pas de fringing, une plage dynamique très vaste (14 stops)… Et côté vidéo ? Je n’ai pas réalisé beaucoup de tests : je n’ai pas un matériel informatique adapté pour lire – et encore moins monter – des séquences vidéo 8K, en CinemaDNG ou Apple ProRes. 

> Le nombre de formats vidéo

L’Inspire 3 filme en plein format ou Super 35, en CinemaDNG, Apple ProRes RAW, Apple ProRes 422HQ, ou en H.264 (mais pas H.265 !). La définition et le nombre d’images par seconde sont variables selon les modes. DJI a compilé une liste des modes dans un tableau récapitulatif.

> Le stockage sur un SSD amovible 1 To

Pour stocker des images avec un débit qui peut atteindre 850 Mbps, il fallait un outil de stockage rapide et doté d’une large capacité. C’est donc un disque SSD de 1 To amovible qui est au coeur de l’Inspire 3. Pour lire les séquences, c’est facile, il suffit de l’extraire et de le brancher en USB-C. La capacité totale réelle est de 935 Go. A noter que le boitier SSD chauffe pas mal lorsqu’il est branché en USB-C sur un ordi.

> Les objectifs amovibles

La nacelle Zenmuse X9-8K Air peut accueillir différents objectifs : un DL 35 mm, un DL 18 mm, un DL 24 mm, un DL 50 mm. A noter que la partie optique est fabriquée au Japon ou en Corée. Il faut évidemment procéder au changement d’optique avec précautions pour éviter que des poussières ne s’introduisent à l’intérieur des blocs – et ce n’est pas toujours facile sur le terrain.

> Les fonctions de cadrage automatique de cible Projecteur Pro

Si vous n’avez pas de cadreur sous la main, l’Inspire 3 propose une assistance électronique : c’est Projecteur Pro, qui s’occupe de pointer la caméra sur une cible à votre place, pendant que vous êtes concentré sur le pilotage.

> L’intégration dans l’écosystème vidéo O3 Pro, Master Wheels

DJI a prévu que le système O3 Pro puisse être interfacé avec d’autres composants compatibles et destinés au cinéma, comme le contrôleur de nacelle Master Wheels.

> La valise de transport sur roulettes

L’Inspire 3 est installé dans une valise de transport grand format, mais qui contient jusqu’à 10 batteries (+ 2 dans le drone). Elle permet aussi de placer l’Inspire 3 avec ses hélices installées, et 2 mallettes pour la nacelle et plusieurs objectifs. Ainsi que 2 radiocommandes. Cette valise est plutôt agréable malgré son poids de 20 kg en pleine charge, avec un bruit très contenu des roulettes.

> Les fonctions RTK (avec des accessoires D-RTK2 ou un abonnement)

L’Inspire 3 est doté d’un positionnement satellite basé sur le GPS américain, Galileo européen et BeiDou chinois. Il est également compatible avec un positionnement plus précis RTK, soit avec un abonnement à un service, soit avec des stations mobiles GNSS D-RTK 2. Je n’ai essayé ni l’un ni l’autre.

> La taille de l’écran de la DJI RC Plus

Cette radiocommande est lourde (1,55 kilo), mais elle assure une prise en main très agréable. Son écran de 17,8 cm de diagonale est particulièrement pratique pour profiter du retour vidéo et de l’interface de DJI Pilot 2.

> La vitesse d’allumage de la radiocommande DJI RC Plus

La radiocommande est prête, avec DJI Pilot 2 lancé et opérationnel en moins de 20 secondes après l’allumage ! Pas mal.

> Le look agressif en vol

Avec ses pieds en /\ qui passent en V une fois en l’air, l’Inspire 3 est rassurant au sol, assez impressionnant en vol. Ce n’est pas anecdotique : la perception de l’appareil en vol est importante pour certains clients.

> La sortie HDMI sur la radiocommande DJI RC Plus

La radiocommande DJI RC Plus dispose d’une sortie HDMI en extension ou réplication d’écran, avec une définition qui peut grimper jusqu’à 4K. Intéressant pour diffuser des images en live !

> Le mode réseau sécurisé

Pour les usages de l’Inspire 3 qui nécessitent des mesures de confidentialité, DJI a prévu plusieurs modes de limitation des transferts de données. Notamment le mode Données Locales pour interdire tous les échanges avec l’extérieur.

> L’enregistrement de l’écran

Il est possible d’enregistrer le retour vidéo tel qu’il apparait à l’écran de la RC Plus. Pratique pour conserver une trace visuelle des évolutions (en plus des journaux de vols) et revenir sur d’éventuels soucis rencontrés pendant une mission. A noter que la radiocommande enregistre le son, il est donc possible de parler pendant le vol pour le commenter et d’en garder une trace.

> Le train d’atterrissage

En position transport, l’Inspire est à plat. Avec 5 pressions successives sur le bouton d’allumage, il passe en position sol, en /\. Une fois en vol, il passe automatiquement en position vol, en V. Il se lève et se baisse automatiquement en vol selon la proximité du sol, mais il est possible de désactiver ces fonctions automatiques et de le forcer à changer de position. A noter que le train ne passe pas en position transport si la nacelle est installée. Il suffit d’une batterie pour que le train puisse bouger, pour établir la liaison entre radiocommande et drone, pour obtenir le retour vidéo, le positionnement satellite. Mais il en faut deux pour armer les moteurs et décoller.

Les moins

> Le prix

Avec un ticket d’entrée 14 999 €, l’Inspire 3 coûte aussi cher qu’une petite voiture ! Il faut ajouter un objectif, à partir de 1349 €… Pour les professionnels de l’image, il est plutôt compétitif face à des solutions basées sur des drones gros porteurs équipés d’appareils photo numériques ou de caméras haut de gamme. Mais ce positionnement tarifaire le rend inaccessible aux amateurs passionnés de belles images. 

> Le prix des accessoires et consommables

La radiocommande supplémentaire coûte 1490 €, la batterie supplémentaire est à 349 €, la licence RAW (CinemaDNG et Apple ProRes RAW) est à 999 €. Il est donc impératif de bien calculer le coût d’amortissement de l’Inspire 3 et de ses accessoires avant de s’équiper…

> La taille et le poids

L’Inspire 3 en ordre de vol pèse 3995 grammes. Il est imposant même si son mécanisme de train permet de l’aplatir pour le transport. La valise complète pèse près de 20 kilos !

> L’absence de suivi ActiveTrack

Malgré ses fonctions de détection de cible et d’évitement des obstacles, il ne propose pas de suivi de sujet de type ActiveTrack.

> L’absence de fonction de panoramas 360

Malgré sa nacelle qui permet d’orienter la caméra dans toutes les directions, ou presque, il ne dispose pas d’outils de shooting automatique de photos pour construire une image à 360°. Ni d’ailleurs pour réaliser d’autres types de panoramas, comme c’est le cas avec d’autres drones de DJI. 

> L’absence de fonctions photos grand angle très haute définition

Avec son grand capteur, l’Inspire 3 pourrait proposer des clichés de super haute définition basés sur le collage de plusieurs photos. Mais DJI n’a pas jugé utile d’ajouter cette fonction, pourtant pénible à réaliser manuellement. 

> L’absence de fonctions Timelapse / Hyperlapse

Avec 20 minutes d’autonomie, l’Inspire 3 pourrait réaliser de beaux timelapses ou hyperlapses en haute définition, mais ces fonctions ne sont pas prévues. 

> L’absence de bracketing photo

L’Inspire 3 pourrait permettre la capture automatique de photos avec plusieurs valeurs d’exposition pour réaliser une composition HDR en post production. Cela dit l’absence de bracketing est compensée par des clichés RAW qui contiennent beaucoup d’informations grâce à la grande dynamique du capteur.

> L’absence d’outils de plans de vol pour la photogrammétrie

Les Waypoints ont le mérite d’exister, mais ils ne permettent pas d’envisager des missions de photogrammétrie avec des quadrillages de zones automatiques, à moins de les réaliser avec des applications tierces et de les importer sous forme de KMZ. 

> L’autonomie (28 minutes promises, mais 20 minutes réelles)

L’autonomie figure dans les points forts… et aussi dans les points faibles. La raison ? 18 minutes réelles de vol avec une marge de sécurité, c’est plutôt bien. Mais lorsqu’il s’agit d’attendre, en vol, sur un sujet ou une action, ou bien de répéter une prise de vues plusieurs fois, c’est un peu juste… notamment au regard du coût des batteries. Surtout quand DJI communique sur des chiffres plus optimistes !

> La classe C3

L’Inspire 3 dispose d’un marquage CE avec indication de classe C3, donc utilisable en catégorie Ouverte sous-catégorie A3. Est-ce ce important ? Pas certain, dans la mesure où les drones sans indication de classe pourront continuer à être utilisés en sous-catégorie A3 après le 31 décembre 2023. Avec un poids de moins de 4 kilos, l’Inspire 2 aurait pu prétendre à la classe C2. Il semble que son volume sonore constitue le handicap qui l’empêche d’obtenir cette classification et d’être « relégué » en C3. Dommage, cela aurait pu permettre de le faire évoluer avec moins de contraintes de proximité. En revanche, la classification C3 permet d’espérer l’obtention d’une classification C5 avec l’ajout d’accessoires (comme prévu par le règlement 2020/1058), et donc de prétendre à des vols en scénario STS-01 de la catégorie Spécifique.

> Pas de SDK pour les développeurs

Le SDK permet aux développeurs de créer des applications tierce partie. Pour le moment pas de MSDK pour l’Inspire 3, ce qui le prive d’usages comme la photogrammétrie ou des applications métier. Dommage, voire pénible.

> Le rolling shutter

Il se traduit par des défauts sur des photos (et des vidéos) shootées pendant des vols à grande vitesse ou en ciblant des sujets rapides. 

> Voler en scénarios S-1 à S-3

L’Inspire 3 est utilisable en scénario français S-1. Mais dans le cas des scénarios S-2 et S-3, il faut lui ajouter un kit pour être conforme, comme le Zéphyr I3 de Dronavia.

> L’évitement des obstacles

A la différence d’autres drones, l’Inspire 3 permet uniquement d’activer le freinage lorsqu’il est confronté à un obstacle. Il n’y a pas de mode de contournement, c’est donc au pilote d’agir. Mais les réglages permettent de choisir la distance à partir de laquelle l’appareil prévient d’une proximité.

> Le coût des batteries

Alors que la batterie TB50 pour Inspire 2 est proposée à environ 200 €, celle pour l’Inspire 3 fait un bond monstrueux à 350 € ! et il en faut deux pour décoller. Attention, c’est à considérer dans le calcul de l’amortissement… (merci à Laurent Doumas de Skunati !)

L’avis d’un professionnel du pilotage et de l’image

Benjamin Lavayssière, pilote et responsable matériel chez Full Motion

Parce que rien ne vaut l’avis d’un spécialiste du pilotage qui a pratiqué avec les précédents modèles d’Inspire et d’autres drones, j’ai demandé à Benjamin Lavayssière, alias BLS, pilote et responsable matériel chez Full Motion de me parler de l’Inspire 3 qu’il pratique beaucoup. Voici ce qu’il m’a confié !

« Les points forts :

> La caméra

Le plus gros point fort de ce drone comparé à l’Inspire 2 est clairement la caméra. Nous étions beaucoup trop souvent bloqués sur les tournages de nuit. Il fallait toujours anticiper avec le directeur de la photographie pour qu’il puisse prévoir de quoi éclairer suffisamment. Nous étions souvent obligés de sortir des drones gros porteurs afin d’y mettre des Alexa ou des RED. Aujourd’hui avec le double ISO natif 800 et 4000 de l’Inspire 3, nous n’avons plus de souci. Le capteur plein format est également très appréciable. 

> La transmission vidéo

Elle est nettement au-dessus de celle de l’Inspire 2. On gagne pas mal en portée et en pénétration au travers les obstacles, mais la plus grande différence vient de la manière dont le signal se dégrade. En limite de portée ou dans des environnements perturbés, la transmission de l’Inspire 2 se comportait mal. Il y avait de gros rideaux noir, des coupures franches et longues, des déconnexions etc. Sur l’Inspire 3, les déconnexions totales sont très rares en utilisant la machine dans les mêmes conditions que le 2. Même avec un signal faible, le retour vidéo est encore exploitable. On gagne aussi énormément en latence, cela change énormément la vie du cadreur et notre manière de travailler. 

> La stabilité et la précision dans les environnements sans vent

En intérieur, la précision de la machine est vraiment bluffante, surtout concernant de la gestion de la hauteur. Sur l’Inspire 2 en mode ATTI, nous arrivions à être déjà précis sur le plan horizontal, mais la gestion de la hauteur était très mauvaise. Aujourd’hui, nous arrivons à avoir des taux de montée et de descente ultra lents, ce qui nous facilite beaucoup la tâche dans pas mal de cas. La gestion de la hauteur globalement plus précise nous aide également dans n’importe quel type de plan. Avec l’Inspire 2, nous devions nous battre constamment avec la hauteur dès qu’il fallait de la précision. Avec l’Inspire 3, on ressent un soulagement au niveau du pilotage à ce niveau. Ça vaut également sur le taux de descente, l’Inspire 3 est beaucoup plus constant. L’Inspire 2 était bourré de limitations qui nous empêchaient d’avoir de belles descentes fluides. On a le sentiment que l’Inspire 3 répond beaucoup mieux aux ordres qu’on lui donne.

> Les batteries

Pour le moment, elles nous délivrent toute la puissance possible tout au long du vol. Sur les deux dernières années, l’Inspire 2 avait été bridé par des mises à jour. Ces limitations, à partir de 30 à 40% ou par des basses températures, devenaient dangereuses avec du vent car le drone n’arrivait pas à revenir ou nous empêchait même de freiner. Lorsqu’on est lancé à 50 km/h dans une forêt, ça peut faire bizarre. Attendons tout de même l’hiver pour voir comment les batteries de l’Inspire 3 se comportent.

> La contre-plongée

C’est un gros plus qui nous a déjà concrètement sauvé la mise sur des tournages. 

> Changer les batteries à chaud

Le hot swap des batteries est une amélioration qui nous sert tous les jours. J’avais imprimé un outil qui me permettait de le faire sur l’Inspire 2, mais c’était clairement moins pratique.

> La quasi absence de bugs.

L’Inspire 2 était bourré de bugs, c’était un stress permanent. Même après 5 ans d’utilisation, il nous en réservait des nouveaux, de plus en plus fous. L’Inspire 3 est bien né, nous avons rencontré très peu de soucis logiciels sur ces premiers mois d’utilisation, on est beaucoup plus zen sur les tournages. 

> La caisse de transport

Elle est géniale pour les voyages. 

> Les transferts en USB-C

J’aime beaucoup le fait qu’un simple câble USB-C suffise pour réaliser les backups. 

Les points faibles 

> La caméra FPV

Le plus gros point faible de l’Inspire 3, c’est sa caméra FPV. Elle constitue une nette amélioration par rapport à celle de l’Inspire 2, mais ce n’est pas suffisant. On peut évidement piloter le drone avec sa caméra d’origine, mais il est très dangereux d’aller chercher des plans engagés de cette manière. La latence est trop grande, la stabilisation sur le tilt devrait être désactivable. Et sur les quelques tests que j’ai fait, je n’ai pas aimé la manière dont le signal se dégrade et coupe. On est loin d’un FPV Air Unit. Je ne me vois pas voler vite entre des arbres ou des obstacles 100% en confiance.

> Le pilotage en FPV

Une fois piloté en immersion avec un vrai système de FPV, j’utilise pour ça un Air Unit de DJI, le drone est globalement plus « flou » sur le pitch et le roll que l’Inspire 2. Comme si le taux de rafraîchissement des ESC ou les PID était plus bas. C’est peut être pour avoir une consommation un peu plus basse. On s’y habitue.

> Les LEDs

Impossible en Europe de désactiver les LED sur les bras ou la lumière du dessous. On avons été obligés de mettre du gaffeur sur les LED pendant les tournages de nuit, ce qui nous a empêchés de le voir de manière satisfaisante. Ce n’est probablement pas la faute de DJI, mais sur l’Inspire 2 c’était possible. 

> Les joysticks de la radio

La radio a des manches trop petits et trop éloignés, la prise en main est bizarre. On s’y habitue, mais ce n’est pas optimal. Les cadreurs se plaignent aussi de l’écran trop brillant. Ils y voient beaucoup moins bien que sur les Atomos que nous utilisions auparavant sur l’Inspire 2. Et les antennes sont extrêmement fragiles.

> Le contrôle de la nacelle

J’ai eu beaucoup de plaintes des cadreurs concernant le contrôle de la nacelle. Même en passant beaucoup de temps à affiner les réglages, quelque chose les gêne, ils ne retrouvent pas les sensations qu’ils avaient avec l’Inspire 2. Cependant la vitesse max du pan de la nacelle a été augmentée, et ça nous aide dans certains cas.

> Plus grand gabarit

Le drone est bien plus large que l’Inspire 2, ce n’est pas pratique pour passer dans des endroits étroits. Mais grâce à ça, on a gagné la contre plongée.

> Le déverrouillage des batteries

Les loquets pour extraire les batteries forcent beaucoup et paraissent très fragiles. Ce sera à vérifier avec le temps, mais on imagine bien le moment où ça va nous lâcher en plein tournage.

> Pas de transfert rapide des images sur smartphone

Je regrette l’absence de solution facile et rapide pour transférer les plans dans un smartphone. On s’en sert pourtant beaucoup pour envoyer les plans en direct à l’équipe principale quand on est en autonomie. Une application avec une connexion en USB à la radio pour le transfert serait super.

> Et pour conclure…

Pour avoir la machine parfaite, il ne nous manque plus qu’à avoir des filtres ND internes, la possibilité de monter d’autres objectifs que ceux de DJI. Et puis un contrôle 100 % manuel des gaz, avec des limitations bien pensées pour ne pas surcharger les batteries ».

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