Le drone, les brebis et le berger
Dans un article de France Bleu, le berger Félix Portello explique qu’il voudrait que soient interdits les survols de troupeaux d’animaux par des drones.
La raison ?
Il raconte avoir perdu 14 brebis près d’une falaise l’alpage de Villard-Reculas en Isère suite au survol de son troupeau de 1500 têtes. Les animaux manquant à l’appel n’ont pas été retrouvés. Le pilote aurait, selon le témoignage du berger, survolé intentionnellement le troupeau dans le but de l’effrayer. « Je vois que les brebis s’affolent, courent dans tous les sens, je fais des grands gestes, je crie, mais l’appareil revient et revient encore ! ».
Action radicale
Le berger a localisé le pilote, qui volait en immersion. « Le pilote ne comprenait pas pourquoi je lui demandais d’arrêter. Alors j’ai pris le drone et je l’ai cassé ». Le berger est très remonté contre l’usage des drones : « Après cette attaque de drone, car pour moi, il s’agissait d’un geste malveillant, on a compté le troupeau et il nous manquait 14 bêtes qu’on n’a jamais retrouvées. Vu l’endroit où elles sont tombées, leurs carcasses ont dû être dévorées par le loup ou les vautours. Je lance un appel au monde politique et judiciaire pour que la législation change ». L’article ne permet de pas d’être certain que les brebis manquantes le sont à cause du survol du drone (et je n’ai pas réussi à joindre le berger). Mais à vrai dire, peu importe.
Qu’en dit la réglementation ?
Le survol de rassemblements d’animaux était interdit par les arrêtés publiés en 2012, mais ce requis a disparu des arrêtés publiés en 2015 et n’a jamais été réintégré dans les textes plus récents, ni européens ni français. Où peut-on trouver des dispositions concernant le survol des animaux ? L’arrêté du 10 octobre 1957 relatif au survol des agglomérations et des rassemblements de personnes ou d’animaux décrit les rassemblements d’animaux par deux exemples : les hippodromes et les parcs à bestiaux. On peut donc supposer que les enclos où se trouvent vaches, moutons ou chevaux sont concernés. Mais cet arrêté ne traite que des appareils à pistons ou turbomachines. Les drones à propulsion électrique ne sont donc pas concernés. L’arrêté du 17 novembre 1958 portant réglementation de la circulation aérienne des hélicoptères interdit de voler sous 500 mètres de hauteur (donc de fait interdit le survol en drone) au-dessus d’un rassemblement d’animaux. Mais les drones ne sont pas des hélicoptères. On peut en conclure que le survol des animaux et des rassemblements d’animaux, en France, est autorisé.
Oui mais…
Même si la réglementation n’interdit pas le survol de rassemblements d’animaux, le bon sens impose au pilote de s’en tenir à distance avec un drone. Les passages à basse altitude au-dessus d’un troupeau – mais cela vaut aussi pour des animaux sauvages – sont évidemment à proscrire, pour des raisons évidentes. Dans le cas des vols en immersion, et il semble que ce soit le cas pour ce fait-divers, le pilote doit obligatoirement être assisté d’un observateur en vue directe. Lequel a pour tâche et responsabilité de surveiller les conditions du vol et le faire cesser s’il constate un problème. Dans le cas de ce pilote, lui, ou son observateur s’il en avait un (et il était tenu d’en avoir un), aurait du interrompre son vol dès les premiers signes d’inquiétude des animaux…
Ne pas faire preuve de bon sens ?
C’est risquer de mettre des animaux en danger, et c’est une raison suffisante pour être particulièrement attentif pendant un vol. C’est aussi d’alimenter la perception négative des drones par le grand public. L’article de France Bleu en est une parfaite illustration avec le témoignage du berger : « Je me suis renseigné auprès de collègues. Je ne suis pas le seul à subir ces attaques de drone car quand c’est utilisé de façon malveillante, c’est une arme. Un bergère, qui travaille dans le Mercantour, m’a raconté qu’un drone est venu la filmer alors qu’elle faisait sa toilette, nue, dans un ruisseau près de sa cabane. C’est horrible ! ».
La conséquence ?
Faire fi du bon sens, c’est s’exposer à la colère de citoyens excédés, comme ce berger, à tel point qu’ils parviennent à faire imposer une nouvelle couche de réglementation. Réinstaller une interdiction de survol de troupeaux d’animaux domestiques et sauvages ne serait, en théorie, pas idiot du tout. En revanche, on ne doute pas un instant que la matérialisation réglementaire de cette interdiction serait en pratique, et comme d’habitude, un mille-feuille de textes et renvois de textes sans concertation préalable de toutes les parties, inadapté, incompréhensible, inapplicable. Et donc au final inappliqué – ce qui n’est pas l’effet recherché.
Source : France Bleu
Les photos sont d’illustration, non contexualisées et disponibles sur Hippopx.
Bravo au pilote qui non seulement vole comme un abruti mais en plus à frappé le berger lorsque celui-ci s’en ai pris à l’appareil. C’est sur que la perception des drones et pilotes va en prendre un coup, en Isère où je vis. Merci mon grand !
Encore un excellent article merci Fred…. Évidemment un vrai manque de bon sens de la part du « pilote » ( je suis prêt à parier qu’il s’agit d’un jeune urbain en dji fpv RTF, n’ayant aucune idée de ce qu’il était en train de faire….) Ajouter des réglementations semblent inutile, par contre communiquer sur les bonnes pratiques est indispensable.
Ça me fait penser à la vidéo du wanabee youtubeur ketmo, qui tue probablement des chamois dans sa vidéo sans s’en rendre compte et sans s’en inquiéter….
La France 2021 … A chaque incident une nouvelle loi, une nouvelle interdiction.
Personne n’a essayer de faire appliquer un texte pour interdire le patou, son outil de travail, causant pourtant des dizaines d’accidents très graves chaque années, entravant la libre circulation des citoyens sur le domaine public ? Au delà de cet accident qui est évidemment intolérable, je voit une fable moderne bien démagogique du genre » le gentil petit berger contre le grand méchant drone »
https://www.youtube.com/watch?v=4-Z3NbtafJo
https://vimeo.com/361041869
@Zebulle Sans même parler du comptage qui peut être effectuer par « Pattern recognition » , y a même eu des algo qui ont été fait pour cela .
@Stackman, je t’approuve a 100 %, les Patou personne n’en parle, c’est une vraie plaie en montagne, sans parler des bergers avec l’esprits aussi étriqués que la vallée qu’ils habitent…pour certains.
je suis en pleins Mercantour, pas entendue parler de cette histoire de drone reluquant une bergère, c’est comme le Loup qui tue les troupeaux mais jamais les chiens errants abandonnés par les mêmes bergers qu’il les ont abandonnés…ha oui!! attaque de Loups, remboursé 300 €/tête, chiens errants 40 €/tête…
Alors oui, il y a eu un gros cons qui a volé au milieu d’un troupeau, je pense que le berger y est allé en gueulant comme un porc, alors qu’avec de la pédagogie ce serait peut être mieux passé, en plus il casse le drone et ensuite se foutes sur la gueule, pas mal en pleine montagne!!
J’ai déjà volé au dessus de Chamois, Bouquetins et troupeau de brebis, si tu est assez haut, les bêtes n’y font pas cas sauf les marmottes, ensuite avec bon sens si tu vois que les animaux ne sont pas tranquille il faut laisser tomber.
@ Zebulle et Bud UAV : Comment faire la différence réglementaire entre un comptage de moutons depuis un Anafi en stationnaire, un berger qui regroupe son troupeau en ayant bossé son sujet, et un pilote de drone qui s’amuse à courser des brebis qui n’ont rien demandé ?
Très bon sujet Fred. Que je connais bien. Je travaille avec les bergers pour ma mission sentiers de randonnée, j’ai déjà volé pour filmer un troupeau de moutons, et je reste à bonne distance et bonne hauteur pour éviter tout risque. A noter qu’avec les vaches, c’est beaucoup moins délicat, elles n’ont peur de rien et sont peu émotives, j’en ai filmé plusieurs fois assez bas pour des montées à l’alpage, en accord avec les éleveurs bien sûr.
Exemple ici :
https://youtu.be/igMMywsype8
En tout cas dans mon coin, les éleveurs ne se sont jamais plaints des drones… Seulement des loups, des VTTistes et des randonneurs…
@Fred Pour bosser dans des domaines industriels hors drone ,avec des travaux a risques ,et de la réglementation épaisse comme mon bras et des plans de prévention dans des classeurs ,souvent la « Substantifique moelle » ce résume a un A4 recto verso . Avec un A4 ,tu peux couvrir 90% des cas ,pour couvrir les 10% suivant ,il te faut un classeurs de 200 pages .Et même avec ce classeur de 200 pages , tu auras toujours le 1% de risque qui sont incompressible ,et le but est de minimiser ce 1% de risque . Dans ce cas là ,la sur-réglementation ne sert a rien ,bien que dans la réglementation ,tu as des guide pour te permettre de réduire les risques .Tu as 3 Solutions : 1/ Le bon sens 2/l’expérience personnelle avec les accidents vécus 3/ Le retour d’expérience
Actuellement , concernant le drone ultra tactique (FPV),qui sont fait généralement avec des gens qui ont une certaine expérience ,y a aucune base de donné de retex .
Personnellement ,je vais pas juger le cas , on n’a rien comme éléments factuelle ,par contre ce qui est intéressant et a diffuser pour retex , éviter de voler trop proche d’un troupeau de brebis ,on peut parler aussi des Buses (j’ai eu le cas récemment ) ect ect ….
Si tu veux faire une modification de réglementation ,sa va faire le bonheur de consultant et de juriste mais quid de l’efficacité de la mesure ?
Au niveaux DSAC , je pense que ce genre de truc ,ils ont n’ont rien a foutre ,c’est pas le but de la réglementation actuelle ,ils ont d’autre problème .
@ Bud UAV : Houla, je pensais avoir été clair, je ne désire AUCUNE modification de réglementation.
Après faut voire la mentalité des bergers aussi…C’est loin d’être des anges…
Ils se croient propriétaire de milliers d’hectares mais il y a un moment forcément, ça ne passe pas.
Ya des choses plus graves non ? encore une fois la chasse n’est pas interdite l
alors qu’on tue des humains et il ya enormement plus d’accidents de chasse que de drones… et personne ne change pour autant (là on chouine pour des brebis) https://fr.yahoo.com/news/accidents-chasse-risque-z%C3%A9ro-nexiste-095124842.html
Il faut peut etre revoir les priorités ou appliquer les sanctions à tout le monde de la meme façon lobbys ou pas… bref je ne survole personnellement jamais les bestioles de peur de les blesser… bref es leçons de morale c’est toujours à deux vitesses dans ce pays.