SteadyWhoop, la caméra volante stabilisée qui se faufile partout !

Vous connaissez les Cinewhoop, ces engins dérivés des nano racers FPV. Ils brillent par leur compacité qui leur permet de passer dans des trous de souris – ce qui permet d’obtenir des images impossibles à réaliser avec une caméra à main ou avec un drone classique plus imposant. Leurs hélices sont carénées pour ne pas présenter de danger au contact avec des biens ou des personnes. Le SteadyWhoop s’appuie sur ces caractéristiques, mais lui ajoute une stabilisation en mesure de produire des images utilisables par des professionnels. Une bonne nouvelle ? C’est un appareil imaginé et assemblé en France ! Eric Ziegel, son concepteur, a accepté de me décrire le SteadyWhoop en détail…

Helicomicro : Eric, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Eric Ziegel : Filmmaker professionnel, je suis passionné de cinéma et des techniques associées. J’ai passé mon brevet de pilote de drone il y a 3 ans. J’ai alors acheté un Phantom 4 Pro et je me suis intéressé de près à l’image. J’ai réalisé quelques films de présentation à l’aide d’une caméra de cinéma, stabilisée par une nacelle et un support de ma conception. J’ai à cette occasion pu tester différentes gimbals dont j’ai compris l’importance pour stabiliser les plans et apporter le « smooth » à l’image. J’ai aussi été sensibilisé par l’importance, dans le rendu d’un film, des travellings lors de prises de vue, du cadrage pour donner du sens et une dynamique à la scène.

HM : Qu’est-ce qui vous a conduit à développer le SteadyWhoop ?
EZ : Dès mes premiers vols en drones DJI il y a 3 ans, j’ai été frustré de ne pouvoir faire que des prises de vues soit au sol par Steadicam soit en altitude par drone. Il n’existait en effet aucun outil portable et efficace pour des prises de vue stabilisées et cinématiques à mi-hauteur, comme ce qu’on obtient avec une grue de cinéma. De plus, en pilotant, je ne me sentais pas en plein contrôle du drone, il gère beaucoup de paramètres de vol de manière autonome.

HM : Donc vous avez choisi de réaliser le vôtre…
EZ : Oui ! En février dernier, j’ai vu les possibilités du Squirt de Shendrones. Je me suis lancé dans le FPV dans l’idée de développer un outil de filmmaker pour des prises de vues immersives et à mi-hauteur pour mon usage professionnel. Il m’a paru évident d’ajouter, dès les premiers essais, une nacelle stabilisée pour obtenir un rendu cinématique. Tous les drones professionnels, les Steadicams et les grues de cinéma utilisent une gimbal 3 axes. J’ai réalisé plusieurs essais réussis sur le Squirt, ensuite j’ai passé du temps à affiner la solution, en la testant pendant près de 3 mois, et chaque jour.

HM : Qu’avez-vous testé pendant cette phase de conception ?
EZ : Les essais ont concerné le choix des moteurs, des hélices, les réglages, le choix de la gimbal. Je voulais un outil fiable, polyvalent et ne pas être stressé en volant avec. Je ne voulais pas non plus passer du temps à le réparer. J’ai ensuite utilisé la frame du Geyser qui est plus adaptée pour porter la charge supplémentaire de la gimbal.

HM : Pourquoi « SteadyWhoop » ?
EZ : Au fur et à mesure des tests, je me suis aperçu que l’outil, en fait, était devenu une Steadicam volante et permettait de voler aussi bien en stationnaire que de suivre un acteur. J’ai pu réaliser des travellings inédits et créatifs en contrôlant le tilt de la gimbal depuis la radiocommande. Benoit Finck m’a fait remarquer, à juste titre, que ce quad n’était plus un Cinewhoop et qu’il fallait lui trouver un nom. Le SteadyWhoop était né.

HM : Comment avez-vous évalué la demande pour un tel appareil ?
EZ : J’ai décidé de le commercialiser car je pense que beaucoup de pilotes, notamment les pilotes DJI et les filmmakers, ont compris les potentialités inédites de prises de vues en FPV. Depuis l’apparition des Cinewhoops, ils cherchent un outil simple, facile à piloter, fiable et directement opérationnel sans devoir passer de nombreuses heures à acquérir les connaissances et les réglages d’un quad FPV.

Le Mini SteadyWhoop

HM : Il y a la version classique sur base Geyser et la Mini sur base Squirt ?
EZ : Oui, tout à fait, le Mini utilise la frame du Squirt et le Steady la frame du Geyser. Les deux options sont possibles. Personnellement, j’utilise principalement le SteadyWhoop sur base de frame Geyser qui offre une stabilisation naturelle de la vitesse et de la hauteur. Il permet un pilotage plus simple et des vidéos plus cinématiques.

HM : Pourquoi ce choix des frames de Shendrones ?
EZ : Je les utilise parce qu’elles ont fait leurs preuves dès le début de mes essais. Je n’ai pas vu d’intérêt à en tester d’autres, d’autant plus qu’à ma connaissance seul le Geyser permet d’obtenir cette poussée.

HM : Quelle est l’alimentation ? La durée de vol ?
EZ : J’utilise des batteries 5S de 1800 mAh, ce qui me permet de voler pendant 3 minutes 30 environ.

HM : Quel est le poids de l’appareil en ordre de vol ?
EZ : Il pèse 1100 grammes…

HM : Quelle vitesse peut-on espérer atteindre avec le SteadyWhoop ?
EZ : Il faut compter environ 50 km/h en Acro et 35 km/h en mode Angle. Je précise que le SteadyWhoop n’a pas été conçu pour des prises de vues rapides mais pour des prises de vues lentes et cinématiques comme le ferait une grue de cinéma. Compte tenu de son poids et de son inertie, il peut aussi voler en stationnaire ou à très basse vitesse, ce qui permet de l’utiliser comme une Steadicam.

HM : Vous avez choisi le système de DJI pour le retour vidéo, plutôt que de l’analogique ?
EZ : Oui, la qualité HD des images du système DJI permet de voler en confiance, de voir tous les détails et d’anticiper au mieux les travellings. Selon moi, le système DJI est particulièrement adapté aux débutants en FPV. Mais sur demande, nous pouvons fournir le SteadyWhoop sans système DJI.

HM : En plus de la stabilisation mécanique, faut-il activer la stabilisation numérique d’une GoPro ? Ou utiliser un outil de post-production comme ReelSteady ?
EZ : Non, ce n’est pas nécessaire. L’intérêt de la nacelle placée à bord du SteadyWhoop, c’est justement d’obtenir de belles séquences stabilisées sans nécessiter aucun traitement supplémentaire. Cette nacelle permet aussi de gérer l’inclinaison de la caméra vers le haut et vers le bas sans besoin d’un second opérateur. Cela dit il est possible, mais ce n’est pas du tout obligatoire, pour obtenir une stabilisation de grande qualité, d’ajouter une stabilisation numérique. J’utilise l’Hypersmooth de la GoPro Hero 7 en temps réel ou le logiciel ReelSteady Go avec la Hero 6 avec les paramètres au minimum en post-production. Cela permet d’apporter une correction de stabilisation encore plus fine et professionnelle.

HM : Pourquoi le choix de Crossfire plutôt que la radio DJI ?
EZ : Beaucoup de pilotes disposent déjà d’une radio Crossfire, d’une part. D’autre part les paramétrages de la nacelle, vitesse, angle, nécessitent une modification du modèle dans la radio DJI. Il est donc possible d’utiliser la radio DJI, il suffit de nous le préciser. Nous avons déjà réalisé un SteadyWhoop sans émetteur vidéo ni Crossfire, le client les a ajoutés lui-même ensuite.

HM : Comment est pilotée la nacelle ?
EZ : La gimbal est pilotée depuis un switch à 3 positions sur la radio. Nous ajoutons un support amortisseur pour bloquer les doigts et éviter les à-coups pendant le vol qui peuvent générer des micro-mouvements sur les sticks. Ainsi avant un passage d’obstacles par le bas, on peut incliner la caméra vers le haut en poussant le switch vers le haut. Au passage de l’obstacle, on revient à la position horizontale et ensuite on incline la nacelle vers le bas pour simuler une plongée après l’obstacle. L’effet est très intéressant et immersif !

HM : Que dites-vous à un professionnel de l’image qui ne comprend pas bien la différence entre un Mavic de DJI et un SteadyWhoop ?
EZ : Que le SteadyWhoop ressemble en vol à un Mavic, mais avec tous les avantages du FPV. C’est-à-dire qu’on peut vraiment piloter avec des lunettes, qu’il est réparable, évolutif, économique, et que tout est paramétrable. J’insiste aussi sur le fait qu’il permet de voler entre les gens avec la sécurité de ses protections d’hélices. Il permet de faire des prises de vue inédites et créatives aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Le Mavic est un drone, le SteadyWhoop est plus, selon moi, une Steadicam volante. Quand je l’utilise, j’ai l’impression d’utiliser une Steadicam au sol, il est locké dans l’air, stable et je me concentre uniquement sur les travellings, la scène à filmer, en passant à peu près partout où je veux. Enfin, avec le système FPV numérique de DJI et son large FOV, sa faible latence, son image HD lumineuse et sa netteté au centre, on a selon moi un contrôle bien plus précis et sécuritaire qu’en pilotant avec un retour vidéo sur un moniteur de petite taille comme c’est le cas avec un Mavic. D’autant plus que l’on vole à des vitesses réduites !

HM : Quelle est la cible du SteadyWhoop ?
EZ : Il est destiné en premier aux filmmakers professionnels ou semi-professionnels. Il est particulièrement adapté aux pilotes DJI qui veulent une solution efficace et opérationnelle pour filmer avec un quad FPV sans passer du temps à tout apprendre, tester, régler et réparer.

HM : Un pilote débutant peut-il s’en seervir ?
EZ : Un débutant s’en sortira facilement compte tenu du fait qu’il est très stable dans l’air. Sa vitesse et sa hauteur sont facilement et naturellement maitrisées, la plage des gaz est restreinte parce que le rapport poids/puissance est important. Le pilote voit dans ses lunettes une image réaliste et de qualité qui lui permet d’anticiper facilement les obstacles.

HM : Un SteadyWhoop, ça se pilote en Angle ou en Acro ?
EZ : Il est recommandé de piloter en mode Angle pour éviter les effets de roulis difficiles à corriger en post production d’une part. D’autre part, cela permet de stabiliser la vitesse du quad. En effet, en mode Acro et compte tenu du poids du quad et de son inertie, le pilotage peut être moins précis.

HM : La nacelle stabilisée tient-elle le coup en cas de crash ou de choc un peu rude ?
EZ : Cela dépend de la vitesse bien sûr. En cas de crash à une faible vitesse et en mode Angle, ce seront en priorité les conduits et hélices qui encaisseront le choc. Personnellement, en trois mois d’utilisation, j’ai eu 3 crashs et la nacelle n’a subi aucun dommage.

HM : Quelles sont les options pour acheter un SteadyWhoop ?
EZ : Le SteadyWhoop est proposé sur notre boutique déjà monté, réglé et prêt à l’emploi, soit seul soit en combo. Ainsi cela permet aussi bien à un débutant en FPV qu’à un filmmaker de disposer d’un outil directement opérationnel pour filmer avec la radio et les lunettes. Nous utilisons les réglages et le matériel que nous avons testés et éprouvés depuis plusieurs mois pour garantir à chaque client d’avoir un quad fiable et de qualité. J’ajoute que nous assurons aussi un suivi et un support permanent de nos clients et nous leur proposons une vidéo de 10 minutes pour prendre en main l’outil avec des astuces.

HM : Le SteadyWhoop est réalisé à la demande ?
EZ : Oui, nous construisons chaque SteadyWhoop ou Mini sur commande, avec un délai moyen de 2 semaines. Nous attachons un soin particulier à chaque quad monté pour proposer une qualité maximale dans les soudures, la tropicalisation. Je précise que nous testons chaque quad avant envoi. Actuellement, nos principaux clients se trouvent aux Etats Unis et en Allemagne.

HM : Tropicalisation ? Il est donc possible de voler en présence d’humidité ?
EZ : Absolument, nous appliquons un silicone modifié, recommandé par Oscar Liang, pour que l’appareil ne souffre pas quand l’humidité est très forte.

HM : Avez-vous prévu l’ajout de composants matériels et logiciels pour rendre l’appareil compatible avec un usage professionnel en extérieur en France ?
EZ : Oui, c’est prévu, nous étudions la question en ce moment.

HM : D’autres envies de développement pour des usages professionnels ?
EZ : Nous cherchons à améliorer les possibilités de prises de vues cinématographiques. Par exemple, nous venons de réaliser des tests prometteurs en montant une lentille anamorphique de cinéma sur la GoPro. D’autres tests avec une lentille 3.4mm nous ont permis de filmer en mode large, en 4K, sans effet fish-eye. L’idée est de choisir l’objectif en fonction des prises de vues souhaitées comme pour un appareil photo reflex. Nous travaillons aussi sur les possibilités d’utiliser d’autres nacelles, notamment les gimbals disponibles actuellement sur le marché. Les pistes sont celles d’un allègement en retirant la batterie interne et en déportant l’alimentation directement sur la batterie, et d’un support d’amortissement des chocs en cas de crash. Enfin nous étudions aussi des nouveaux supports de caméra permettant d’ajouter sur la nacelle d’autres caméras que la GoPro, comme la Sony RX0 II.

Le site officiel du SteadyWhoop et du Mini SteadyWhoop se trouve ici.

Plusieurs vidéos promotionnelles 

7 commentaires sur “SteadyWhoop, la caméra volante stabilisée qui se faufile partout !

  1. Beau travail et projet ambitieux !
    Bravo.

    Par contre tout pendant qu’il n’est pas « homologable » en France, cela limite son utilisation aux tournages indoor ;(

    Je ne suis pas développeur, mais je ne comprend pas pourquoi betaflight et consorts ne sont toujours pas capables de répondre aux exigences de géofencing…

  2. Nul ? Moi c’est exactement ce qu’il me faut Sur des tournages. Les machines stabilisées en reelsteady, c’est bien pour des pubs ou du fun, mais je ne peux pas proposer ça à mes reals. Le seul point qui me gene c’est qu’il n’est pas homoligable pour les prises outdoor.

  3. comment ce fait il que les grand constructeurs n’y ait pas pensé!!
    très bonne idée que de monter une nacelle de cette façon.

  4. Mais alors pourquoi faire ca avec une gopro et stabilisateur ?
    Une Osmo Pocket bien plus légère, capable de filmer en 4K/60fps a vraiment une qualité inférieure ?
    Ou alors pour des projets plus secoués, une Insta 360° qui permet de faire le recadrage dans tous les sens après la prise de vue…

  5. Cybertoto, l’osmo pocket est bien plus fragile, la gimbal est pilotable depuis la radio sur le steady, on peut changer la caméra sur la gimbal ou bien la lentille sur la GoPro

  6. Bravo !!! J’y ai deja pensé et je suis suffisament expérimenté pour le réaliser en DIY… Mais le manque de temps ne m’a pas encore permis de m’y mettre… Peut etre bien que je passerai par vos services au final. D’autant plus facilement que c’est de la création francaise. L’aspect respect de la réglementation francaise m’importe peu 😉
    Bonne continuation dans tous les cas

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