Hervé Pellarin, la FPV AirRace, et le reste !

FB : Les gagnants ont une option pour Hawaï ?
HP : Les 5 premiers français en classement individuel auront le droit de participer à l’événement à Hawaï.

FB : L’ERSA ?
HP : Tu ne connais pas ? C’est normal, c’est une association qui vient de naître. La European Rotor Sports Association, créée par Nigel Tomlinson, Andreas Neubauer, Richard Vinuesa, Yann Oeffner, et moi-même. L’idée qui a présidé à sa création, c’est que les associations officielles, malgré tous les efforts qu’elles mettent dans la promotion du FPV racing, ont une inertie trop importante pour la vitesse de développement de la discipline. Ce sera donc l’autorité sous tutelle de la FAI pour le FPV racing pour l’Europe. Notre boulot, c’est de faire la liaison entre le terrain, les pratiquants, le sport et ses administrations, pour faire remonter ce qui va et ce qui ne va pas. Le réseautage est primordial, et on le maîtrise plus que quiconque dans le domaine du FPV racing.

FB : La finalité de l’ERSA ?
HP : Le but, c’est que le pilote grec de FPV racing ait les mêmes droits que le pilote suédois. En plus du travail d’harmonisation de la réglementation du FPV racing partout en Europe, l’ERSA organisera des championnats. C’est un boulot très ambitieux, sur la durée, mais c’est une nécessité pour la discipline. C’est une volonté de structuration de ce sport à long terme au niveau européen, et c’est toute la différence avec ce qui se passe aux Etats-Unis, où les différents acteurs tentent de s’accaparer le maximum de choses.

FB : Si je te suis, tu voudrais faire du FPV racing un sport mécanique comme la F1 ?
HP : Voilààà, ça y est, tu y es ! Complètement. Ca te semble une aberration ?

FB : Non, mais autant en F1 le risque d’accident est cantonné à un circuit, autant un parcours de FPV racing se pratique en 3 dimensions, avec le risque de voir un appareil en perte de contrôle. Les autorités n’en voudront pas ! Surtout qu’il suffit d’un seul incident sérieux pour ruiner tous les efforts…
HP : C’est vrai. Mais il y a des solutions pour ça… Ca fait partie des expérimentations que je prévois avec le CED. La prise de hauteur est un souci ? 10 mètres, c’est le maximum possible ? Ok, qu’à cela ne tienne. Le commandant Daniel Frédéric Gigan, le chef du CED, m’a dit ceci : « tu sais, quand l’homme a commencé à voler, il y avait déjà des oiseaux dans le ciel. Il ne s’est pas interdit de voler parce qu’il y avait des oiseaux. Le monde ne va pas s’arrêter parce qu’il y a des drones qui volent à 10 mètres ».

FB : Je t’écoute…
HP : Je suis un constructeur d’appareils de FPV racing. Le bon endroit pour pratiquer le FPV racing, c’est dans un stade. Mais la DGAC m’oppose à cela qu’il y a un risque qu’il entre dans l’espace aérien ou que le pilote perde le contrôle. Très bien. Mais si je fais un drop avec un ballon de rugby, je vais plus haut que le FPV racer ! Et pourtant j’ai le droit. C’est l’assurance de pouvoir contrôler la hauteur qui pose problème ? Dans ce cas, je propose une solution électronique qui limite la hauteur de vol à 5 mètres, certifiée par une autorité compétente. Je vole trop haut ? Ca coupe. Je vole trop loin ? Ca coupe. Si avec ça je peux voler dans un stade, c’est parfait ! Et là, enfin, enfin, on ne parle plus de CTR, plus de zone urbaine.

FB : Donc c’est à l’industrie de faire des efforts pour la sécurité ?
HP : Mais oui ! Moi ça ne me gêne pas de voir apparaitre une standardisation de l’électronique, si tant est qu’elle peut permettre de voler ! Je vais donner des recommandations au CED dans ce sens, lors de futures tables rondes sur l’évolution de la réglementation.

FB : Mais en plus des questions de hauteur de vol, en zone urbaine, les autorités n’ont pas envie de se retrouver avec des accidents, des personnes blessées par des drones.
HP : Reprenons l’exemple du foot ou du rugby. Il y a eu des accidents en 2015 avec ces sports ? Oui. Plein. On a interdit le foot et le rugby ? Non. On a durci la réglementation ? Non. Quand tu entres sur le stade, tu dois avoir lu une notice réglementaire ? Non. Il y a eu des accidents de drones en 2015 ? Non.

FB : Cet argument ne suffira pas, sommes-nous d’accord ?
HP : Je comprends que les autorités soient stressées et prises au dépourvu, le FPV racing est arrivé vite, très vite. Même nous qui étions aux premières loges, nous ne l’avons pas suffisamment anticipé. Ca s’est répandu comme une traînée de poudre, et ce n’est pas fini. Mais il y a des gens en France qui sont en mesure d’apporter leur expertise pour que ce soit géré correctement. C’est pour ça que le CED est une chance en France ! Pour expérimenter puis décider, plutôt que supposer puis décider…

FB : Ce n’est encore jamais arrivé, mais on peut imaginer que des petits plaisantins s’amusent à perturber les émissions vidéo des courses de FPV racing, soit pour le fun, soit parce que des sommes importantes sont en jeu.
HP : Puisque les compétitions commencent à drainer de l’argent, on peut supposer qu’elles seront tôt ou tard accompagnées par des tentatives de triche. Ca tombe bien, la surveillance de toutes les fréquences sera l’une des missions de la société mandatée pour effectuer les mesures pendant l’événement au domaine du Planet. Les juges pourront utiliser les enregistrements DVR pour revoir des passages et statuer, mais les outils permettront aussi de surveiller les fréquences pour savoir si elles sont occupées. Ca permettra de savoir ce qu’il s’est passé si un pilote se plaint de la réception vidéo. Les mesures concerneront aussi les fréquences 2,4 GHz pour les radiocommandes.

FB : Puisqu’on parle de vidéo, tu voulais parler de retransmission vidéo ?
HP : Absolument. Dailymotion va être notre partenaire sur la FPV AirRace, pour le streaming en temps réel sur le net. Ils croient vraiment dans ce sport, et ils vont mettre les moyens pour le diffuser. Le but est de produire un show grand public.

FB : Tu as une idée derrière la tête, là…
HP : Quand on vole dans un champ en immersion, souvent, il y a une petite voix qui dit « ah ce que vous faites, c’est interdit, je l’ai vu à la télé ». Moi, ce que je veux entendre, c’est « ah, ce que vous faites, c’est chouette, je l’ai vu à la télé ». Je veux sortir des petites niches du FPV racing, ça ne m’intéresse pas, je veux toucher Mme Michu. Changer les regards sur notre sport, ça c’est ce que je veux.

 

FB : Dis donc, il y a du boulot pour arriver à ça !
HP : Dailymotion va m’aider, ils ont prévu une page dédiée, une présence sur la page d’accueil pendant toute la durée de l’événement, on peut toucher 5 millions de visiteurs uniques par jour. On a aussi un programme d’éducation qui va se mettre en place. On va interviewer les gens qui font ce sport, ceux qui en connaissent les codes, ils vont expliquer à tous ce qu’est le FPV racing. Dailymotion met à notre disposition un studio pro pour réaliser les vidéos, pour faire les interviews des pilotes. Il y aura des Bebop 2 de Parrot qui tourneront en vol programmé au-dessus du circuit pour renvoyer un flux vidéo live. D’ailleurs, Philippe Duvivier de Parrot m’apporte beaucoup d’aide pour l’organisation de l’événement. Il y aura aussi une application pour mobiles, smartphones et tablettes, qui permettra de visionner les flux vidéos en choisissant soi-même les caméras. C’est aussi une expérimentation, on va voir ce que ça donnera.

FB : C’est ambitieux, là aussi !
HP : Oui, la liste de tout ce qu’on veut faire est très longue, il y a énormément de boulot. Et en plus, il y aura des surprises pendant l’événement, je les garde secrètes pour l’instant, sinon ce ne seront plus des surprises. J’espère qu’on parviendra à réaliser tout ce qu’on a prévu, en tous cas on fera tout pour ! Je crois fort dans cet événement, je me donne le plus de moyens possibles pour en faire un succès, et pour faire avancer les choses.

FB : Un dernier mot ?
HP : Tu sais quoi ? Je n’arrêterai d’aller embêter tout le monde que le jour où un gosse, à la sortie de l’école, pourra aller sur le terrain de foot, dégainer un multirotor et 3 airgates de son sac à dos, et s’entrainer pendant une heure avec ses copains. Légalement. Que ce soit considéré comme un sport…

La page dédiée à l’événement FPV AirRace, qui se tiendra les 14 et 15 mai 2016 au domaine du Planet, se trouve ici. L’ouverture des inscriptions est pour bientôt.