AIRbuzz au Bourget

airbuzz-bourget-09Vous l’avez peut-être vu sur Helicomicro, seules deux prises de vues ont été effectuées au-dessus du salon du Bourget avec l’aide de drones. Les autres appareils étaient cantonnés sur le tarmac ou dans les pavillons, faute d’autorisations pour décoller. Il faut dire que leur obtention n’était pas facile. Et une fois en vol, les choses n’étaient pas forcément plus simples. Bertrand Debeuret, d’AIRbuzz, nous a raconté les coulisses du tournage…

Helicomicro : Pour qui avez-vous tourné ces images du salon du Bourget ?
Bertrand Debeuret : Ces prises de vues aériennes du salon du Bourget constituaient une nouveauté que souhaitait apporter la société Aero3A, qui produit et diffuse les images médias du salon auprès de 1680 chaînes de TV depuis 2009. La collaboration a fait intervenir également la société Make 2 Work Productions, qui nous a sélectionnés après avoir consulté trois autres prestataires.

airbuzz-bourget-05HM : Comment avez-vous réussi à obtenir les autorisations nécessaires ?
BD : Un peu soucieux des délais pour obtenir des autorisations dans un cadre pareil, j’ai commencé par ce point-là. On m’a informé que les demandes étaient déjà en cours. J’ai bien sûr de mon côté transmis tous mes documents et attestations pour verrouiller le dossier. C’était un peu plus d’un mois avant le salon. Nous étions plutôt optimistes étant donnée la réputation d’Aero3A qui connaît bien les organisateurs du salon. Mais à une semaine de l’événement, nous n’avions toujours pas de feu vert. Sans le Sésame, on risquait de devoir se contenter d’images tournées en intérieur dans les halls… J’ai alors procédé à une demande parallèle d’autorisation S3 au nom d’AIRbuzz et d’Aero3A pour le compte de l’organisation et de gros exposants, dont Airbus, Boeing ou Safran qui s’étaient montrés très intéressés par un tournage aérien. C’est à ce moment que nous avons reçu une première réponse : négative ! Délai bien trop court.

airbuzz-bourget-03HM : Vous avez persévéré ?
BD : Malgré le caractère urgent et inconfortable de la demande, le projet a tout de même reçu un accueil positif de la DSAC-Nord. Elle m’a demandé à voir au plus vite le protocole d’accord établi avec les services de la navigation aérienne du Bourget. J’ai fini par obtenir un contact à la tour pour lui envoyer ce document, assez technique, qui devait m’être renvoyé signé. Trois jours passent, je relance régulièrement les destinataires mais ils sont visiblement surchargés. Normal pour un salon international. Ce n’est que la veille du jour J que j’ai obtenu l’arrêté de la préfecture de Seine Saint Denis ! Soulagement, la pression pouvait retomber… Dans la foulée, je reçois le protocole ajusté par le SNA Région Parisienne, assez peu contraignant puisqu’il m’autorisait à atteindre un plafond de 50 mètres. Je l’ai transféré en plein week-end à la DSAC.

11698507_10153437846349784_99731738799354233_nHM : Comment s’est passé le tournage ?
BD : Il a démarré tôt le lendemain, au petit matin. On avait obtenu un créneau d’une heure, entre 7h30 et 8h30. Sauf que, sur place, des personnes clés n’étaient pas présentes alors que le chrono, lui, défilait. On a peiné aussi à joindre la personne qui devait maintenir le contact radio durant tout le vol avec la tour. La raison ? Son téléphone était en panne ! Par-dessus cela, on m’a demandé de remplacer ma Gopro 3+ Black Edition que je connais par cœur par une Gopro4. Sauf qu’une fois en place, elle a refusé de démarrer. J’ai remis ma Gopro 3, et je me suis aperçu que la Gopro 4 sortie de la nacelle Zenmuse fonctionnait à nouveau… On a refait l’échange… alors que l’heure tournait. Quelqu’un est parti chercher notre « Flyco Drone ». Une fois arrivé, c’est sa radio portable qui a décidé de ne plus fonctionner. Nous sommes revenus à la solution téléphone. Le hic, c’est qu’avec tous ces impondérables et le retard accumulé, j’ai oublié de remettre le filtre ND. Un comble, puisque je me l’étais procuré avec difficulté, spécialement pour l’occasion, afin d’éviter absolument le Jello et les autres effets nuisibles aux images. Résultat ? Il y bien évidemment eu du Jello sur les vidéo, à ma très grande déception.

airbuzz-bourget-02HM : Quelles ont été les réactions pendant le tournage ?
BD : On a commencé par le Boeing 787-9 Vietnam Airlines venu s’offrir un joli buzz avec son décollage « vertical ». Là, des officiels de Boeing qui étaient prévus nous rejoignent. Ils nous demandent notre CV et notre expérience, puis insistent fortement sur l’interdiction de survoler directement l’avion. « Il est déjà vendu, vous comprenez ». On reste sages… mais on tente quand même un passage au-dessus de la cabine… « No ! No ! No ! » nous dit-on. « Bon, on termine le plan… ». Sourires un peu crispés de tous… Une équipe TV de Boeing était présente et a bien aimé l’expérience. Étrangement, ils n’avaient jamais vu ça et ont intégré un chouette passage dans l’un de leurs reportages (à voir ici).

airbuzz-bourget-08HM : Le tournage a pu être bouclé dans les temps malgré les retards ?
BD : On a shooté le 777-300ER, mais pas les A380 et A350 XWB qui n’étaient pas encore arrivés. Tout s’est bien passé malgré la petite pression due à notre Flyco. A qui nous avons demandé un petit de délai supplémentaire au vu des conditions de départ. Nous avons obtenu un quart d’heure de plus au final. Pendant nos vols, la piste 21/03 a été fermée. Ce qui nous a paru un peu exagéré vu la distance avec le tarmac d’exposition statique. Après tout, tant mieux.

HM : Pas de difficultés particulières ?
BD : On s’est approchés du Fokker 100 modifié de la DGA qui côtoyait le stand israélien IAI et celui de Siemens. Mais là, à chaque décollage, j’ai noté un temps d’arrêt du drone et le déclenchement systématique d’un RTH. On suppose qu’il s’agissait d’un dispositif de brouillage radio qui a activé – c’est une bonne chose – la fonction failsafe. Mais puisque le pilotage à cet endroit n’est pas rassurant, la séance de shooting extérieur s’est arrêtée là.

airbuzz-bourget-01HM : Vous avez aussi tourné en intérieur ?
BD : Oui, on a terminé par des vols intérieurs et notamment par le superbe hall de l’opération « L’avion des métiers » et le stand Safran, que nous avons filmé en long, en large et en travers. Un peu de pression, là encore, vu la proximité des maquettes, panneaux, piliers, et des techniciens qui finissaient la préparation du hall, pas encore prêt. Mais on a bouclé la mission sans incident. Nous y sommes retournés le vendredi pour filmer quelques autres stands dont celui de Thalès. Au final, les images ont été mises à disposition sur le web via un clip 100 % drone le lundi avec des plans généraux, puis dans les résumés quotidiens. Beaucoup de sites web et de chaînes de TV les ont rediffusées, notamment les JT de TF1, France 2, BFMTV…

HM : Vous pouvez utiliser les images comme bon vous semble ?
BD : Il était convenu que je jouisse de la libre utilisation des images après l’opération. J’ai donc publié un petit clip en retravaillant un peu les plans. Niveau audience, on est loin pour le moment des 380 000 vues de la superbe vidéo de l’aéroport de Mexico, qui m’a fortement inspiré et impressionné. J’espère pouvoir me pencher sur le sujet dès que j’aurai le temps de faire un peu plus de « promotion » sur le web.

airbuzz-bourget-07HM : Quel matériel avez-vous utilisé pour les tournages ?
BD : L’appareil que nous avons choisi est un Phantom 2. Cela peut étonner, puisqu’on pourrait s’attendre à un modèle beaucoup plus gros. Mais le Phantom est un modèle fiable, et très pratique qui offre à la fois la compacité, une belle autonomie. L’état des batteries est visible immédiatement via les LED. Il est bien adapté au S3, et il est qui plus est bien connu des services délivrant les autorisations. En raison des délais et du cadre pour le moins sensible des vols, on pouvait difficilement imposer une grosse machine.

HM : C’était une belle expérience ?
BD : Oui ! C’est certainement la plus intense depuis mes débuts dans la prise de vues aériennes. Malgré les moments de stress et d’incertitude, c’était un bonheur que de pouvoir tourner ces images. J’ai hâte partir à nouveau sur une nouvelle aventure de ce type !

Le site d’AIRbuzz se trouve ici.

La vidéo

Le making of de la vidéo se trouve ici.

Un commentaire sur “AIRbuzz au Bourget

  1. De très beaux plans et un montage harmonieux bien calibré…Du bon boulot !
    Dommage pour le jello, mais c’est le gros défaut des phantom en règle général…Passez au hachoir de dji, l’inspire, bien meilleur et moins sensible au brouillage signaux des israéliens (humour ! )

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