Drone sur l’Elysée !

freeway-elysee-01Non, il ne s’agit pas de l’un de ces survols illégaux de la capitale, mais d’un tournage de Freeway Drone pour illustrer un numéro de l’émission Zone Interdite qui sera diffusé le 26 avril prochain sur M6. Un drone avait volé dans les jardins de l’Elysée lors d’une démonstration industrielle (voir ici). Mais pour les besoins d’une émission de télévision, c’est une grande première ! Aux commandes, on trouve Michael Gisselere. Toute la partie administrative, lourde puisque l’endroit est l’un des plus surveillés de France, a été assurée par Christelle Bozzer. L’équipe a accepté de nous raconter le déroulement de l’opération…

Helicomicro : Comment avez-vous été contactés pour ce survol ?
Michael Gisselere : Un samedi matin en octobre dernier, nous avons reçu un email d’une personne qui disait avoir besoin de nos services pour survoler le palais de l’Elysée. Evidemment, nous avons été un peu étonnés. Nous avons répondu qu’il fallait beaucoup d’autorisations et que ce serait difficile. freeway-elysee-05Contre toute attente, la réponse a été que les autorisations de l’Elysée étaient acquises. Nous étions encore très méfiants, et nous avons demandé plus de détails. Le lundi, ils nous ont rappelés pour nous expliquer qu’il s’agissait d’une importante société de production à Paris en quête d’un opérateur de drones capable de mener à bien ce vol un peu particulier. Ils avaient eu connaissance de nos vols dans l’Opéra Garnier et le Grand Palais, et de nos démarches administratives mises en œuvre pour chaque tournage. Nous avons accepté le défi, qui s’est traduit par un premier rendez-vous, en novembre, à l’Elysée.
Christelle Bozzer: Nous étions impressionnés, c’était la première fois que nous entrions à l’Elysée par la grande porte. Nous étions face au colonel des Armées, au chef de la Sécurité, et au responsable de la Communication de l’Elysée. Et ils nous ont fait confiance ! Nous avons également obtenu une attestation officielle de la Présidence de la République nous autorisant à survoler le palais de l’Elysée. C’est un document qui est désormais encadré chez Freeway ! C’était aussi la première pièce du puzzle grâce à laquelle les démarches administratives ont pu débuter.

freeway-elysee-06HM : Quel a été le matériel utilisé ?
CB : Nous avons fait une demande de dérogation à la DGAC pour un S1000 équipé d’un parachute, demande qui a été acceptée. Le dossier est parti à la Préfecture, mais il est arrivé un petit peu trop tard pour un tournage au mois de décembre.
MG : Techniquement parlant, nous savions qu’un appareil de type S1000 de DJI allait donner de meilleurs résultats avec une nacelle 3 axes. J’ai donc fait mes essais avec un drone habilité en scénario S3 équipé d’un contrôleur de vol Wookong et d’un GH4 de Panasonic pour les prises de vues. A vrai dire, j’ai procédé comme d’habitude, en faisant plusieurs essais la veille du tournage pour m’assurer que tout allait bien. Et c’était le cas. Le lendemain à l’Elysée, en revanche, le drone ne s’est pas comporté de manière satisfaisante. J’ai décidé d’évoluer très bas, et c’était une bonne décision puisque l’appareil est devenu très instable. Nous avons stoppé net le tournage pour ne prendre aucun risque.

HM : Par quoi a-t-il été perturbé ?
MG : Nous n’avons pas réussi à identifier l’origine de ces perturbations, puisque l’équipement de l’Elysée et des bâtiments aux alentours est évidemment confidentiel. Toujours est-il que le Wookong nous a semblé très perturbé.
CB: Nous avons donc décidé de relancer des demandes d’autorisations pour un S1000 plutôt que ce drone plus léger destiné au S3, équipé d’un Wookong.
MG : Le S1000 est plus sécurisant en cas de souci technique, puisqu’il est possible de perdre un ESC ou un moteur en vol et de pouvoir le poser sans dommage.

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CB : Nous avons décidé de ne pas persévérer avec l’option parachute. Donc nos demandes d’autorisation ont concerné un S1000 sans parachute mais retenu par un filin de sécurité, captif.
MG : La DGAC a bien écouté notre rapport après le vol du mois de décembre, où nous avons expliqué que le contrôleur de vol du S1000, le A2, serait moins sensible aux interférences que le Wookong. Mais que c’était sans garantie puisque nous ne savions pas d’où provenaient ces interférences. Ma crainte, pour ce vol, c’était le risque de flyaway avec des interférences dont on ne savait rien. Je n’en ai expérimenté qu’un seul en 6 ans, et je ne voulais surtout pas risquer de voir un drone s’échapper à proximité des ambassades des Etats-Unis et de Colombie. Je ne voudrais pas être à l’origine d’un incident diplomatique…
CB : La DGAC a validé notre dérogation avec filin, avec tous les détails comme les mousquetons, la corde en polypropylène et une démo de fiabilité du système. La Préfecture de Police de Paris l’a validé aussi.

HM : Comment le vol s’est-il passé en pratique ?
MG : Nous avions un assistant qui ne s’occupait que du filin, avec un Equipement de Protection Individuelle, notamment un casque. Son rôle était de guider le filin, de laisser le drone évoluer, mais d’être prêt à le maintenir ou de le ramener au sol en cas de problème. La difficulté, avec un filin, est qu’on ne peut pas faire de mouvements ultra rapides. Heureusement, ce n’était pas impératif pour la réalisation du film. Le filin, au final, ne nous a pas gênés pendant le vol, et nous n’avons cette fois-ci pas ressenti d’interférences et de perturbations pendant les vols.
freeway-elysee-07CB : Les plannings étaient serrés et les dates imposées, nous avons eu le droit de tourner les 19 et 20 mars, heureusement la météo a été favorable. Tous les services de Police étaient informés du survol, c’était indispensable au vu de l’actualité des survols illégaux de la capitale… Même les ambassades à proximité étaient informées. En raison du plan Vigipirate, nous avons eu connaissance que notre dossier avait été traité avec beaucoup d’attention.

HM : Avec le recul, combien de temps ont pris les démarches administratives ?
CB : Il a fallu 4 mois d’instruction, en prenant en compte tous les échanges avec la Direction Opérationnelle des services techniques et logistiques de la Préfecture de Police de Paris, l’unité des moyens aériens, les services de la tour de contrôle d’Issy-les-Moulineaux, la DGAC et le palais de l’Elysée. Le déroulé des procédures consistait à créer des dossiers des opérations avec le planning et les horaires de tournages sur des dates précises et des zones de survols très détaillées. J’ai dû communiquer des données chiffrées et des démonstrations de calculs précis sur les vols avec parachute et en mode captif. J’ai ensuite dû valider les dérogations auprès des services de navigation à la DGAC Nord. Nous avons obtenu à deux reprises les autorisations de survols en scénario S3 aufreeway-elysee-02près de la Préfecture de Police de Paris et les validations auprès des moyens aériens de l’héliport de Paris.

HM : Que retenez-vous de cette expérience ?
MG : Lorsque nous sommes sortis de l’Elysée après le tournage, nous étions très fiers du travail accompli. C’est un événement rare, et c’est une carte de visite très importante pour nous que de pouvoir dire que non seulement nous savons produire des images, mais que nous maîtrisons aussi les autorisations y compris pour voler au-dessus d’un endroit aussi prestigieux et aussi surveillé que le Palais de l’Elysée.

Les images figureront dans le reportage de Zone Interdite le 26 avril sur M6. En attendant, la chaine a mis en ligne un teaser qui dévoile quelques-unes des images aériennes…

Crédit photo A.Ghnassia-VisionbyAG

23 commentaires sur “Drone sur l’Elysée !

  1. Effectivement. Merci pour ce reportage sur les coulisses, cela sent les professionnels sérieux…

  2. Cocorico !

    Bravo à Freeway Prod, le CV commence à parler de lui-même !

    Next step : Hollywood !

  3. Ca le fait carrément ! Bravo Freeway, moi j’adore vos images. Je crois que je suis un peut jaloux de ce que vous faitent, mais peut importe :-))))

  4. Top article et ITW !

    Bon buzz pour M6 en amont !

    L’histoire du filin, je ne m’y attendais pas…

  5. Une voyelle qui a de l’humour c’est une CONSONNE et quand une CONSONNE donne une info c’est la voyelle qui est hors sujet.

  6. Félicitations à M6 qui fait toujours un boulot remarquable au niveau de ses reportages d’investigation.

    Freeway a assuré sur tous les plans…Et c’est peu dire ! Hein les gars, ça met la pression d’avoir les services de sécurité de l’élysée et même les services secrets qui vous scrutent du coin de l’oeil !

    Merci à Fred de nous avoir fait partager cette info très pertinente et très bien retranscrite sur HM. Du vrai travail de pro, journalistiquement parlant !

    Bon, c’est clair, le s1000 est fiable en zone de perturbations aïgues électro-magnétiques…Humm ! Dji marque des points…Ce qui n’a pas toujours été le cas
    du phantom 2…Mais bon ne ravivons pas une vilaine polémique ???…puisqu’on en est au 3.

    qui vivra, verra…

  7. 4 mois de procédures administratives pour voler peut être une heure en tout faut être motivé ou alors le cachet est conséquent!
    Avez – vous été rémunérés à hauteur du temps passé ou avez vous fait ce tournage pour la gloire d’avoir filmé un endroit insolite?

  8. Avec ma boite qui évolue dans un autre domaine (relevé 3D), nous sommes aussi intervenu sur ce site « sensible ». J’imagine donc les contraintes supplémentaires aux nôtres que vous avez du rencontré. Ce qui impose le respect 😉

  9. Mike, ma dentiste m’a conseillé de me visiter le palais alors j’ai pensé à toi, si tu veux bien y aller à ma place. Elle veut absolument me couronner mais je suis un grand timide!
    Les palais n’ayant plus aucun secret pour toi je serais heureux de te confier l’affaire.
    En attendant, bravo pour ce travail magistral à la hauteur de ton sérieux et de ton talent.
    Amitiés,
    David

  10. Merci beaucoup David… Même si j’adore le Grand Palais, le Palais… Je te laisse bien volontier la place pour te faire couronner ;)… En espérant te revoir bientôt… On t’embrasse MIKE&KRIS

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