Des détails sur l’usage d’un drone lors de la tentative d’assassinat de Donald Trump le 13 juillet 2024

L’usage d’un drone par Thomas Crooks, le tireur qui a tenté d’assassiner Donald Trump (voir ici), est désormais confirmé. Les informations proviennent de deux sources. Par ailleurs, selon une source citée (mais non identifiée) par NBC News, le drone était de marque DJI.

La première est une audition devant la Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis en charge de la surveiller les départements de la Justice et de la Sécurité Intérieure de Christopher Wray, le directeur du FBI, par Andy Biggs, un membre de la Chambre des représentants des États-Unis.

La seconde est un courrier envoyé par le sénateur Josh Hawley au secrétaire du département de la Sécurité Intérieure, rapportant les propos d’un lanceur d’alerte.

Ce qu’on y apprend ?

Thomas Crooks a utilisé un drone qui a été retrouvé dans sa voiture. Il ne contenait ni photos ni vidéos, mais le journal de vol a indiqué la trajectoire. Le tireur a probablement uniquement consulté le retour vidéo à l’écran, et l’appareil est resté derrière lui sans aller jusqu’au podium.

Par ailleurs le Secret Service a décliné une proposition de prêt de matériel de détection de drones, puis l’a acceptée… mais après les tirs !

L’audition du directeur du FBI ?

Voici quelques extraits de la vidéo de l’audition. La manière dont sont rapportées les faits est assez confuse, indiquant une maitrise très limitée de l’univers des drones.

Andy Biggs : Vous avez mentionné que, 2 heures avant l’incident, il avait utilisé un drone. Comment avez découvert l’existence de ce drone ?
Christopher Wray : C’est une enquête qui est toujours en cours, notre laboratoire continue à travailler dessus. Le drone était dans sa voiture. Nous avons pu extraire du drone son utilisation et ses trajectoires de vol. Il n’y avait pas de photos ni de vidéos du jour du meeting.

La rétro-ingénierie a permis de retrouver la trajectoire du drone. C’est de cette manière que nous avons déterminé qu’il a volé pendant 11 minutes, à peu près entre 15h50 et 16h00. La trajectoire de vol est à environ 180 mètres derrière le tireur, à l’opposé de l’endroit où le Donald Trump allait se tenir. On peut supposer que cela ait permis au tireur de savoir ce qui se trouvait derrière lui, une sorte de rétroviseur. Mais le drone ne volait au moment du tir. 

AB : Est-ce que cela aurait pu lui permettre d’évaluer l’angle du toit sur lequel il se trouvait par rapport à sa cible ?
CW : Oui, sans doute, nous continuons à explorer le contenu du drone. Comme nous n’avons pas d’enregistrement de ce qu’il a vu pendant ces 11 minutes, nos experts supposent qu’il streamait l’image en live. Nous essayons de comprendre ce qu’il a pu voir pendant ces 11 minutes, sachant qu’il n’a pas volé au-dessus du podium ni autour, et qu’il était à 180 mètres de là.

Source : la vidéo de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis

Le courrier du sénateur Josh Hawley ?

Il fait suite à l’audition du directeur du FBI, avec pour motivation : « un drone a été utilisé par le tireur, pourquoi le Secret Service n’a-t-il pas utilisé ses propres drones ? » Son courrier repose sur le témoignage d’un lanceur d’alerte, dont l’identité n’a pas été dévoilée. Voici ce qui est dit dans la lettre.

« Selon un lanceur d’alerte, la veille du meeting, le Secret Service américain (USSS) a refusé à plusieurs reprises les offres d’un partenaire local des forces de l’ordre d’utiliser sa technologie de drones pour sécuriser le rassemblement. Cela signifie que la technologie était d’une part disponible pour l’USSS et d’autre part pouvait être déployée pour sécuriser le site. Le Secret Service a dit non. Le lanceur d’alerte assure en outre qu’après la fusillade, l’USSS a changé de stratégie et a demandé au partenaire local de déployer sa technologie de drones pour surveiller le site à la suite de l’attaque.

Il est difficile de comprendre pourquoi l’USSS a refusé d’utiliser des drones alors qu’ils lui ont été proposés, en particulier compte tenu du fait que l’USSS a permis au tireur de survoler la zone du rassemblement avec son propre drone quelques heures seulement avant l’événement. L’échec du déploiement d’une technologie de drones est d’autant plus inquiétant que, selon le lanceur d’alerte, les drones proposés à l’USSS avaient la capacité non seulement d’identifier les tireurs actifs, mais aussi de contribuer à les neutraliser.

Afin que le Congrès puisse poursuivre son enquête, veuillez fournir au plus tard dans les sept jours à compter de maintenant [le courrier est en date du 25 juillet 2024] tous les documents et communications concernant la disponibilité ou l’utilisation de drones le 13 juillet ».

Source : le courrier du sénateur Josh Hawley