Découverte du drone ANAFI Ai, avec Martin Liné de Parrot

Le constructeur Parrot présente son nouveau drone, ANAFI Ai. « Ai » ? Pour « Artificial Intelligence » ! C’est un appareil destiné à des usages professionnels qui s’affiche avec un look étonnant. L’inspiration de cet appareil aux bras pliables est bien sûr le drone ANAFI original. Mais la comparaison s’arrête là…

La nature en inspiration ?

Martin Liné, directeur marketing chez Parrot, nous a expliqué comment le drone ANAFI Ai avait été imaginé. « Chez Parrot, nous sommes guidés par une passion, le biomimétisme. Jusqu’à aujourd’hui, les drones de Parrot ne proposaient pas d’évitement d’obstacles. Mais on y réfléchit depuis longtemps, et on a essayé de trouver une solution élégante pour réussir à le faire sans devoir multiplier les caméras autour du drone. Car c’est l’assurance de complexifier le hardware. Nous avons constaté que, dans la nature, il n’y quasiment pas d’animaux qui ont des yeux tout autour d’eux. Ce qui n’empêche pas qu’ils soient dotés d’une vision dans toutes les directions. C’est ainsi qu’on a créé ANAFI Ai ».

Le principe ?

La caméra principale est une 48 mégapixels avec un capteur 1/2 pouce, une électronique capable de produire des images HDR10 avec 14 EV de plage dynamique, et de filmer en P-Log pour des fichiers bruts qui mémorisent plus d’informations. Elle est montée sur 3 axes pour assurer sa stabilisation et son orientation. Elle est accompagnée par deux capteurs placés de part et d’autre de cette caméra, qui peuvent être orientés sur le tilt. Ils peuvent donc pointer vers l’avant, vers le haut, vers l’arrière, vers le bas. Ils se placent automatiquement dans le sens du déplacement du drone en s’inclinant. Si le drone doit effectuer un mouvement de translation, le drone ANAFI Ai le traduit par une rotation puis un mouvement vers l’avant. Pour accompagner la manœuvre de manière transparente pour l’utilisateur, la caméra 48 mpix se tourne automatiquement vers la direction dans laquelle le drone devrait faire face. C’est cette astuce qui permet à Parrot d’éviter la surenchère de capteurs et réduire le poids des composants dédiés à la détection des obstacles. « ANAFI Ai pèse 898 grammes en ordre de vol », indique Martin Liné.

Pour des vols autonomes

Martin Liné, directeur marketing chez Parrot.

Selon Martin Liné, « ANAFI Ai est conçu comme un robot principalement prévu pour des vols autonomes. Mais on peut évidemment pratiquer des vols manuels. Pendant le vol, l’appareil continue à apprendre en continu ce qu’il y a autour de lui ». Est-ce que les outils permettent de s’adapter à toutes les situations ? « Non, nous n’avons pas la prétention de savoir comment gérer les vols sur tous les types d’environnements. On a donc choisi de laisser les spécialistes le faire ! C’est dans notre ADN que d’avoir un kit de développement très ouvert pour être compatible avec un maximum de logiciels tierces. On a toujours proposé des outils pour développer avec nos produits, depuis l’AR.Drone 1 il y a 11 ans. On a donc décidé de pousser le principe un peu plus loin et de proposer un framework qui permettra le développement de modes et de fonctions de vols. Il donnera accès à tous les capteurs. Et parce que développer, c’est chronophage et coûteux, on va rendre notre application principale Freeflight 7 open source ».

Wifi et 4G ?

ANAFI Ai repose sur une nouvelle radiocommande, le Skycontroller 4, qui fonctionne en wifi. « Mais nous sommes persuadés que l’avenir est dans une liaison 4G, à tel point que nous pensons vraiment changer les standards du drone dans les années à venir », assure Martin Liné. « Dans des environnements encombrés comme les zones urbaines, à côté de tours télécoms, le wifi crée des parasites. C’est pourquoi nous avons voulu que le drone ANAFI Ai fonctionne en 4G. Cela permet de s’affranchir des perturbations, mais aussi des distances et des obstacles ! ». Parrot indique avoir développé un algorithme de streaming qui adapte la liaison à la qualité du réseau 4G.

Sécurité…

« Puisque nous proposons un drone connecté à Internet, nous savons que cela peut générer des inquiétudes. Pour la première fois dans le marché du drone, nous avons décidé de mettre un Secure Element sur nos produits, ANAFI AI et son Skycontroller 4. Il s’agit d’une sorte de petit coffre-fort qui gère les clés publiques et privées destinées au chiffrement des données. Il va permettre de s’assurer que, quand quelqu’un se connecte au drone, il est autorisé à le faire avec une identité unique. On pourra veiller à ce qu’il ne soit pas possible de hacker le produit à distance ». Parrot assure aussi que les données ne sont partagées que sur consentement explicite de l’utilisateur, avec la possibilité de supprimer ces données et conserver le contrôle sur celles qui restent stockées.

Optimisé pour la photogrammétrie

La ville de Positano en Italie, modélisée en 3D avec l’ANAFI Ai.

Selon Parrot, le capteur 48 mégapixels du drone ANAFI Ai permet de shooter des séries de photos rapidement, environ 2 fois plus vite que les appareils concurrents. « Cela va permettre d’accélérer la captation des clichés en photogrammétrie », selon Martin Liné, qui ajoute que « l’autonomie d’ANAFI Ai atteint jusqu’à 32 minutes, selon les conditions de vol ». « Mais il y a mieux encore », assure-t-il ! « Pour aller plus loin, on peut consulter la carte pour y voir le cadastre des bâtiments, cliquer sur un bâtiment, et générer un plan de vol automatiquement pour ce bâtiment. Il suffira de cliquer sur play pour que le drone ANAFI Ai parte prendre ses photos. Pendant son vol, il les uploadera directement en 4G sur Pix4DCloud. Une fois la mission terminée, il n’y aura plus qu’à ranger tout de suite le matériel et à retourner au bureau en sachant que les transferts de données ont été automatisés ».

Automatisation…

Les caractéristiques matérielles et logicielles du drone ANAFI Ai lui permettent des missions considérées comme à risque avec des drones plus conventionnels. « On a fait le tour d’une antenne télécom. Les images ont été shootées avec le capteur 48 mégapixels et envoyées sur Pix4DInspect. Le logiciel a été capable d’analyser les dimensions et l’angle des antennes pour vérifier s’il n’y avait pas eu un décalage suite à un coup de vent. Ca permet de décider s’il faut vraiment envoyer des hommes et donc les exposer au danger pour remettre en place les antennes. Il y a un zoom numérique 6x, et avec les photos en 48 mégapixels on peut accéder à un détail de la photo. Ca permet de lire un numéro de série ou de vérifier si un câble est bien accroché. La caméra, c’est un point fort du drone ANAFI, peut être orientée à -90° vers le bas, mais aussi à +90° vers le haut pour filmer le dessous du tablier d’un ouvrage ».

Les outils de développement

L’une des stratégies pour faciliter le développement repose sur Sphinx, un simulateur qui fonctionne sous Unreal Engine. « En plus de proposer un framework et l’appli open source, nous mettrons à disposition un simulateur de vol très avancé. Il nous a permis de développer le produit sans forcément avoir le hardware sous la main. Le simulateur permet de concevoir des outils destinés à pratiquer des vols autonomes, à travailler avec les images en accédant aux capteurs, à la caméra verticale, à la caméra principale. Cela permet de l’exploiter avec du code et donc de créer des outils décisionnels. Par exemple pour envoyer des photos en temps réel à une régie distante pour qu’elles soient analysées par du personnel spécialisé ».

Où est-il fabriqué ?

Il ne sera pas construit aux Etats-Unis ni en France. Pourtant Martin Liné entend rassurer « Non, effectivement, il sera construit en Chine. Mais le choix du Secure Element nous permet de sécuriser le firmware, de veiller à ce qu’il n’y ait pas de code intrusif qui soit installé. Il vérifie que rien n’a été installé au démarrage de l’appareil. Il y a aussi le chiffrement pour nous assurer qu’en 4G on puisse garantir l’authentification de l’utilisateur du drone. Cet élément est indépendant du lieu de fabrication pour garantir la fiabilité du software et du hardware. Par ailleurs, nous continuons à travailler sur le programme Bug Bounty pour détecter plus efficacement d’éventuelles vulnérabilités. On va aussi mettre à disposition toute la documentation technique ». Le drone ANAFI Ai sera disponible au cours du second semestre 2021 auprès des distributeurs professionnels partenaires de Parrot et des principaux vendeurs de drones pour entreprises.

La page officielle de l’ANAFI Ai se trouve ici, sur le site de Parrot. L’appareil sera également disponible chez StudioSPORT et Abot !

Edit : vous avez été nombreux à me poser la question du prix. Pour le moment, Parrot n’a pas communiqué à ce sujet…

Les caractéristiques techniques

ANAFI Ai  
Taille plié 30,4 x 13 x 11,8 cm
Taille déplié 32 x 44 x 11,8 cm
Poids 898 g
Prêt à décoller en 60s
Autonomie maximale 32 min
Vitesse horizontale max. 16 m/s (57,6 km/h)
Vitesse ascensionnelle max 4 m/s (14,4 km/h)
Vitesse de descente max 3 m/s (10,8 km/h)
Résistance à des vents de 12,7 m/s (45,7 km/h)
Vitesse de rotation max des hélices 10000 tpm
Altitude de vol max 5000 m
Températures de fonctionnement -10° à +40°C
Résistance à la pluie IPX3
Puissance sonore 82 dB à 1 mètre
Slot pour carte microSD Oui
Slot pour carte SIM Oui
Type de batterie Lipo HD 3S 6800 mAh 4,4 V
Poids batterie 366 g
Chargeur batterie USB-C
Liaison radio Switch automatique 4G/wifi
Streaming  1080p 30fps
   
Navigation et capteurs  
Satellite GPS, Glonass, Galileo
Capteurs Caméra verticale, ToF, baromètre altimétrique, magnétomètre
Centrales d’inertie 2x accéléromètres 3 axes, 2x gyroscopes 3 axes
Détection des obstacles Caméras stéréo sur nacelle à 311° (-107° à +204°)
   
Bloc image  
Capteur CMOS 1/2′ 48 Mpix
Optique LD-ASPH f/2.0 24mm éq. 35mm
Plage dynamique 14 EV en mode HDR
Profondeur de champ 4,5 m à l’infini
Plage ISO 50 à 6400
Vitesse d’obturation 1/10000s à 1/15s
Zoom 6x (4x en 1080p sans perte, 2x en 4K sans perte)
Stabilisation Sur 3 axes en mécanique), sur 3 axes en numérique
Inclinaison de la nacelle contrôlable -90° à +90°
   
Caractéristiques vidéo  
Format MP4, en H.264 et H.265
Définitions standard 4K UHD (3840 x 2160 à 24/25/30/48/50/60 fps), 1080p (1920 x 1080 à 24/25/30/48/50/60/90/100/120 fps)
Définition HDR10 4K UHD et 1080p à 24/25/30 fps
FOV horizontal 68°
Bitrate max 200 Mbps
Mode flat P-Log
   
Caractéristiques photo  
Format Jpeg, DNG (RAW)
Définition 48 Mpix (8000 x 6000), 12 Mpix (4000 x 3000)
FOV horizontal 73° Wide, 69° Wide avec stabilisation, 65° avec correction horizon et stabilisation
Modes Photo unique, Bracketing, Rafale (10 fps), Panorama (4 formats) Timelapse, GPS-lapse
   
Skycontroller 4  
Taille sans smartphone/tablette 23,8 x 14,7 x 5,5 cm
Taille max 31,5 x 14,7 x 5,5 cm
Poids 606 g
Liaisons radio Wifi 802.11a/b/g/n et 4G
Fréquences radio 2,4 GHz et 5 GHz
Batterie 2S 3350 mAh
Compatibilité smartphone et tablettes Jusqu’à 8p
Ports USB 2x USB-C (charge et connexion)
Port HDMI 1x microHDMI
Résistance à la poussière IP5X
   
Cybersécurité  
Partage 0 donnée partagée sans consentement de l’utilisateur
Secure Elements Conformes FIPS140-2 et certifiés CC EAL5+ 
Usages Authentification forte en 4G, images signées numériquement, programme Bug Bounty
   
Fonctions autonomes  
Photogrammétrie Simple grille, double grille, orbite
Flight plan Multiple points de passage et points d’intérêt
Caméraman Cadrage automatique avec tracking visuel
RTH intelligent Hauteur de retour modifiable
Véhicule Vol adapté à la position du Skycontroller
   
Parrot SDK  
Air SDK Framework robotique
Ground SDK iOS & Android SDK
OpenFlight Cœur de Freeflight 7 open source
Sphinx Simulateur 3D réaliste
Olympe Interface de contrôle en Python
PDrAW Visionnage de vidéos pour l’implantation de pipelines

Pour en savoir beaucoup plus au sujet de l’ANAFI Ai, téléchargez ce document !

12 commentaires sur “Découverte du drone ANAFI Ai, avec Martin Liné de Parrot

  1. Tiens ils font un revirement comme DJI : « voici un SDK montrer nous ce qu’on peut faire avec ! ». C’est pas bète comme stratégie mais ça arrive un peut tard malheureusement. Est-ce que les gens vont réinvestir dans du Parrot ? A voir. Surtout si la compatibilité avec les autres Anafi est cassé.

    Un point qui est dommage est le support du MAVLink v1 seulement … Sûrement une nécessité pour le BlueUAS mais avoir le standard est quand même au MAVLink v2 depuis des années …

    Mais bien joué pour la doc technique ! Pour une fois, c’est bien détaillé et on sait ce qu’on a !

  2. Comme présenté par Henri Seydoux, ils ne visent pas « les gens » mais les pros qui, éventuellement, peuvent se payer des développeurs pour faire faire autre chose à cette plateforme ouverte, MAIS sécurisée (la pique contre DJI de la présentation).

  3. @ Mathieu : Pas d’infos sur une indication de classe. Mais je doute qu’un constructeur puisse le faire pour le moment.
    Pour le moment, ce sera en catégorie Spécifique et scénarios nationaux pour la France, à moins d’être dans des conditions qui permettent la catégorie Ouverte, et dans ce cas c’est du A2 Limitée ou A3 jusque fin 2022, et A3 ensuite.

  4. vu sur studiosport
    Vitesse maximale 16 m/s
    Vitesse max en descente 13 m/s
    Vitesse max en montée 6 m/s

    max en descente 13m/s , c’est possible ce genre de perf ? .Ici et sur le site de Parrot je vois 12.7m/s pour la résistance au vent .

  5. @ delta : c’est bien une confusion entre résistance vent et vitesse descente (au sujet de laquelle Parrot n’a pas communiqué qui est de 3 m/s)

  6. En espérant que ce soit pas la même daube que l’Anafi. Une mise à jour et hop plus moyen de le rallumer, même avec les procédures de hard reboot. Non vraiment parrot même à titre pro non merci. Et bien sûr 0 sav. Et pas moyen de le booter via un pc. J’ai jamais vu ça. Je sais que tous les drones ont des soucis mais là sur une mise à jour c’est trop.

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