Parrot : résultats en baisse pour le 3e trimestre 2018

Un communiqué de presse publié par Parrot le 23 novembre 2018 décrit des « résultats décevants dans une marché drones grand public en forte baisse » pour le 3e trimestre 2018. Henri Seydoux, le PDG de Parrot, qualifie cette baisse sur le marché des drones grand public de « forte et inattendue ». L’impact est important pour la marque puisque les drones grand public constituent 53 % de son chiffre d’affaires. La perte nette, au 3e trimestre 2018, est de 51,8 millions d’euros, ce qui représente un total de 83,9 millions d’euros pour l’année 2018. La bourse a réagi à ces mauvais résultats avec une forte chute du cours de l’action : elle a dévissé de plus de 50 %.

A quoi est due cette baisse ?

L’Anafi, indique Parrot, a permis à la marque de reprendre des parts de marché, passant de 5 à 15 %. Elle estime que le marché des drones grand public « est loin d’être saturé ». Pas si sûr, même si Parrot avance que le marché français a progressé de 12 %. Car tous les constructeurs de drones de loisir sont désormais confrontés à deux soucis : générer suffisamment d’intérêt pour susciter le renouvellement, en plus de trouver de nouveaux clients qui ne sont pas encore équipés. A cela s’ajoute un souci majeur : les distributeurs et les revendeurs me parlent souvent de leur inquiétude concernant l’impact de la réglementation française sur les utilisateurs potentiels de drones, notamment de la loi de 2016 et sa pénible mise en application qui hésite et traine en longueur.

Parrot… et les autres !

Tous les constructeurs m’ont indiqué ressentir l’impact négatif de la réglementation française (et européenne), à tel point que certains ont choisi de ne pas être distribués en Europe, comme Autel Robotics, Xiaomi / Fimi et Skydio. La France n’est pas la seule dans ce cas, les utilisateurs nord-américains sont inquiets, tout comme ceux des pays où une réglementation se met en place ou se renforce.

La concurrence ?

Dans un marché resserré, la concurrence se fait forcément plus dure. L’Anafi et ses accessoires sont-ils bien positionnés ? Oui, si l’on en croit les vendeurs des grandes enseignes, qui expliquent ne pas avoir de réticences de leurs clients face au prix de l’appareil, ni même de celui de ses batteries. En revanche, l’unique produit de la gamme grand public de Parrot peine face à l’offre multi-segments de DJI… « Je vends facilement l’Anafi par son poids, son prix, ses fonctions, sa caméra qui s’oriente vers le haut, mais il manque à Parrot un drone haut de gamme avec l’évitement des obstacles », m’a indiqué un vendeur de la FNAC. Lequel m’a aussi confié avoir subi le mécontentement de clients ayant acheté le prix fort les packs logiciels payants Follow Me et FlightPlan, qui sont ensuite devenus presque gratuits. Peut-être manque-t-il aussi une offre d’assurance comme le « Care » de DJI ?

Les canaux de distribution ?

Les distributeurs et revendeurs m’ont fait part, à la sortie de l’Anafi, de leur incompréhension de la politique de distribution de Parrot. La marque a choisi de ne proposer l’appareil qu’aux grandes enseignes de la distribution, arguant qu’il s’agissait d’un produit très grand public. Elle a donc privé les spécialistes du radiomodélisme et de la caméra volante de la distribution de l’Anafi, oubliant sans doute que ce sont les meilleurs interlocuteurs, en boutique comme sur le net, pour conseiller les clients potentiels. Seule la distribution le pack Pro de l’Anafi leur a été confiée.

Et les appareils pour les pros ?

Sur ce segment de marché, qui représente 40 % du chiffre d’affaires de Parrot, les résultats sont plus convaincants avec un chiffre d’affaires en hausse de 4 %. La plus forte progression est celle des ventes de logiciels et services, avec une hausse de 28 %.

Le plan d’action de Parrot

Les objectifs de la marque visent la fin 2019. Parrot sera divisé en 5 filiales : Parrot Drone pour les appareils grand public, Pix4D pour la modélisation, SenseFly pour les drones à voilure fixe, Airinov pour les services dans le domaine agricole, et MicaSense pour le développement de capteurs de précision. Parrot est aussi partie prenante dans Iconem pour l’usage de drones dans la conservation du patrimoine architectural, et BioCarbon pour les travaux de reforestation.

Réduction des effectifs

La partie Parrot Drone, grand public, est la moins en forme sur un marché que Parrot prévoit de devenir encore plus tendu en 2019. L’effet immédiat est une réduction du personnel matérialisée par un plan de départ d’une centaine de personnes. « Pour l’essentiel à l’international, et en France sur une base de volontariat », indique le communiqué. Il semble que les équipes de recherche et de développement, primordiales pour rester compétitif, ne seront pas concernées. Les dépenses en R&D étaient de 9,3 millions d’euros sur le 3e trimestre 2018. Il y a 320 personnes affectées aux drones professionnels, et 291 aux drones grand public. Parrot indique que « le rééquilibrage en faveur des effectifs drones professionnels se poursuivra ».

Focus sur les outils professionnels

Pour 2019, Parrot a donc décidé de diminuer les activités liées aux drones grand public et de renforcer les outils destinés aux professionnels. Est-ce signe que l’Anafi, par exemple, sera abandonné ? Non, Parrot Drone poursuit le développement pour le grand public et indique travailler à « une offre multipliant les passerelles entre usages grand public et usages professionnels ». Le but est d’utiliser les produits grand public pour les transformer en outils professionnels (et vice-versa). Une méthode qui « permettra de réaliser des économies substantielles en 2019 », explique Parrot, avec probablement des solutions semblables à l’Anafi Work, destiné au marché professionnel mais basé sur un produit grand public. L’objectif de Parrot est de disposer, fin 2019, d’une trésorerie de 100 millions d’euros.

Source : Parrot

20 commentaires sur “Parrot : résultats en baisse pour le 3e trimestre 2018

  1. Hélas pour le marché grand public et notamment « aéromodélisme », beaucoup se rendent compte qu’un multicoptére n’a rien (ou pas grand chose) de ludique …. (en dehors des racers), on s’ennuie assez vite avec un multi alors qu’avec nos avions ou hélicos RC le vol est plus « ludique », plus pro-actif et ces machines sont un peu plus exigeantes.
    C’est, à mon avis, une des raisons (avec la réglementation bien sûr) de la désaffection des drones pour le grand public.

  2. Si on fait exception des drones gadgets ou jouets et des racers, les drones grands public de qualité Anafi, Mavic etc… sont avant tout des caméras volantes et leur pilotage ne présente en lui même aucun intérêt
    Seul la vidéo et/ou la photo est le critère de sélection.

  3. Oui donc peut-être devraient-ils lancer un drone qui donne des sensations et soit grand public en même temps, un kit racer complet grand public plus accessible en sorte, dont les automatismes seraient en secours ou au lancement uniquement
    Parrot avec le disco avait réussi ce tour de force de fournir un produit fun et accessible, de démocratiser l’avion d’arromo

  4. J’ajou Que ce serait vraiment dommage de perdre un acteur de premier plan de la tech francaise et le seul concurrent au niveau européen et américain de DJI

  5. Bravo nos politiques et encore des emplois de détruits ?
    A défaut de voir la vie en rose les employés de Parrot la verrons un peu plus en jaune ??

  6. et je pense qu une bonne partie des acheteurs ont cassé ou perdu leur drone.
    l effet whaouu est bien terminé.

    le drone reste un outils pro, mais certainement pas grand public.

  7. Ils font des choix commerciaux bizarres aussi chez Parrot…
    Problèmes logiciels au lancement de l’ Anafi, applications payantes…Le disco qui passe de 1299 à 299…
    En tout cas, pour ma part, c’est pour cela que je n’ai pas pris l’Anafi, certainement un très bon appareil mais pas à sa sortie…Ils le braderont à combien dans un an ? Déjà il a perdu 150 euros sans parler du pack…Ils auront optimisés les logiciels et offriront avec les appli payantes ???
    Le Disco est super mais 1299 Euros…Comparé à un Mavic pro 2 à sa sortie…Les 2 machines n’ont pas le même rôle mais entre ce qu’il y a dans un pro 2 et un Disco je préfère largement mettre l’argent dans un drone unique qui fonctionne super bien et m’acheter une aile d’aéromodéliste…

  8. Parrot ou la franche rigolade commerciale à la française ! Leader et véritable créateur de la caméra dite volante avec le Bebop, il y des années en arrière et bien avant que Dji ne devienne l’ogre qu’il est… Le marché grand public et même pro lui tendait les bras comme jamais…Décision : Non non, on reste dans le marché du jouet car le drone c’est avant tout un joujou ?????… Absolument personne n’a compris cette décision totalement absurde.Il suffisait juste d’améliorer la qualité vidéo du Bebop 1 pour être le maitre du jeu.

    Bref, épisode 2 : Dji débarque avec son Mavi pro premier du nom qui fait un carton absolu. Que fait la direction de Parrot : Bien en fait, le marché du drone n’est pas le plus porteur, c’est l’aile volante qui va révolutionner le marché ?????… Le disco a fait un flop retentissant, sauf sur le marché de l’occasion à bon marché. J’ai personnellement toujours pas compris cette stratégie du grand n’importe quoi !

    Le meilleur pour la fin. Dji est le leader incontesté du drone grand public aujourd’hui, à mon grand regret, mais c’est la réalité avec le spark, le mavic pro 1 et 2, le phantom 4 pro et même l’inspire. Que fait Parrot : Le drone, c’est l’avenir, on a le produit qu’il vous faut, l’Anafi ?????? Marché de la caméra volante complètement saturé sur le segment grand-public sans parler des contrefaçons chinoises qui pululent à foison. C’était quasiment un suicide d’entreprise de partir dans cette direction sans parler du Bebop 2 qui n’a pas du tout séduit les semi-pros. Bref, c’était non seulement voué à l’échec d’un point de vue commercial…Même si cela a sûrement flatté l’égo de son patron ! Mais le plus surprenant c’est qu’on joue presque l’étonnement dans un communiqué de presse………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..3 cartons bien rouges pour ces choix stratégiques bien puériles sur un segment de marché bien fragile qui vont mettre au chômage des gens assurément de très grande qualité !… Pour ceux qui en douteraient encore, le drone n’est ni grand public, ni pro, mais a toujours été militaire.

  9. @Planchon Clairement bien résumé ! Pas le marché le problème mais ce qu’on lui propose, quand, comment… Carton plein de Dji, tant mieux pour eux c’est bien mérité; j’ai acheté un Disco à 299, j’ aurais volontiers pris un Anafi français si…

  10. Parrot a toujours vendu des drones hors-de-prix et a toujours eu un train de retard au niveau technologique.

    Pas étonnant qu’ils galèrent. Je me demande même comment ils font pour survivre encore.

  11. @Planchon Très bien résumé ! Même si au niveau Pro , y a de la plus valus pour son utilisation dans certain domaine .

  12. bonsoir , comme le suggère Rudy et Laurent un kit racer ludique , avec module d’extension , pourrait raviver l’intérêt de beaucoup ( et si possible avec logiciel compatible linux . Perso Quand ce n’est pas compatible linux je ne prends pas ) . Ce petit caprice énoncé , ma boule de cristal n’envisage pas un avenir brillant pour dji non plus dans le domaine grand public . Les actualités nous rappellent que la crise de 2008 n’est pas vraiment soldée que la prochaine encore plus dure arrive ( changement climatique , pic pétrole tout liquide ) . Quand il y a crise , entre payer les factures , rembourser les crédits ,assurer les études des jeunes ou acheter le dernier drone à 1000 balles tarifs de base , arbitrer devient évident par la force des évènements . Ajoutez la dessus une taxe sur le kerosène utilisé par les avions et fioul lourd utilisé par les bateaux , et l’import devrait calmer pas mal .

    désolé c’était ma minute pessimiste

  13. @delta Je pense de mon côté que ta boule de cristal est plus qu’enfumée…voire fêlée 😉
    Contrairement à vous je ne pense pas qu’un kit racer ludique ravivera quoi que ce soit…
    D’ailleurs il y a déjà un mode  » sport  » sur pas mal de caméras volantes, perso je ne l’ai jamais utilisé sur mon Air ou mon pro 2, j’ai d’autres bolides pour ça. J’utilise mon drone caméra pour…de l’image ! Je vois pas l’utilité de crasher un drone qui coûte entre 600 et 1500 balles en faisant des acrobaties alors que pour 300 euros tout compris on peut avoir une machine de guerre…
    Côté linux c’est en effet un caprice, tu es un utilisateur « niche » à mon avis. Dans mon cercle d’amis il y avait 2 personnes avec un drone caméra il y a 2 ans. Aujourd’hui on est 5…Par contre je n’en connais aucun qui bosse sur linux et pourtant beaucoup travaillent sur pc ou mac de façon pro..
    Absolument pas représentatif certes, ce n’est qu’un exemple perso. Cela dit je ne vois pas le marché du drone grand public s’effondrer à l’aune de ce que j’observe. Je vois plutôt des entreprises qui vont sortir des drones de qualité à des prix très compétitifs ( me tarde de voir le test du Hubsan caméra volante ) démocratisant une pratique règlementée qui le sera peut être encore plus à l’avenir n’en déplaise à ceux qui ont connu une pratique beaucoup moins encadrée..
    Enfin par rapport à la crise, là encore je ne te suis pas…Les contestations concernent les taxes. La finance investit tous les marchés possibles où il y a de l’argent à prendre, des sub prime, l’Irak en passant par le café et les dettes des Etats. Il y a depuis fort longtemps tout un système d’évasion fiscale que l’on appellera optimisation pour sa partie légale, ou fraude pour l’illégale. Mais la résultante est la même : les états de font dépouiller de leurs recettes fiscales par ce système des paradis fiscaux. Cela se compte en centaines de milliards…Bref…je ne peux que vous inviter à vous documenter sur les »panama papers » et les armées d’avocats et de comptables planqués dans les paradis fiscaux qui passent leur vie pro à tricoter des montages financiers pour que l’argent qui devrait atterrir dans les poches des Etats aille ailleurs…C’est ce véritable détroussement en bande organisée qui est la cause de biens de nos malheurs comme les déficits, l’application de politiques ( pseudo ) réformistes libérales sans résultat autre que ce qui arrive aujourd’hui : le ras le bol généralisé, baisse pouvoir d’achat et des services publics.
    Désolé pour la pavé…

  14. Les gars, restez s’il vous plait dans le domaine de l’aérien et du piloté à distance, le propos de HM n’est pas d’être une tribune d’idées politiques.

  15. @Fred effectivement désolé une moitié hors sujet 😉
    @Laurent Oh cui là mais quel cafard…

  16. C’est facile de dire il fallait ci ou ça. Vous avez qu’a lancer votre société de drone.

    Parrot ont tenté des choses après il y a sûrement des raisons (plus ou moins discutable) aux choix qui ont été fait.

    3Drobotic c’est aussi bien planté : https://www.forbes.com/sites/ryanmac/2016/10/05/3d-robotics-solo-crash-chris-anderson/
    Parrot aura tenu plus longtemps.

    Et concernant les prix, les prix bradés sont peux être pour destocker, mais ça pas sûr qu’avec ces prix ils gagnent quelques choses et qu’ils puissent faire vivre la société.
    C’est aussi aux utilisateurs de choisir s’ils veulent privilégier/encourager des entreprises européennes ou une entreprise qui phagocyte le marché …

  17. Pas simple de lutter contre DJI. Coût d’un ingénieur chinois : environ 1000E par mois…

  18. Oui, exactement Pierre ….. c’est souvent un ensemble de paramètres qui amènent à une telle situation, paramètres qui pris individuellement n’ont pas forcément un grand effet mais malheureusement ils peuvent s’accumuler et fragiliser un société ou tout un pan de l’économie.
    Et c’est sûr qu’il est difficile de lutter contre la concurrence Chinoise tellement leurs moyens humains et technologiques sont puissants ….. sans oublier un truc essentiel : la réglementation locale (en Chine) qui leur permet de s’affranchir de bon nombre de contraintes de production par rapport à nos pays !

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