Interview de Henri Seydoux, PDG de Parrot : l’Anafi est bio inspiré !

Le PDG de Parrot, Henri Seydoux, nous a accordé un entretien pour nous présenter son nouveau drone. L’expérience des AR.Drone et des Bebop a été prise en compte pour l’Anafi (à découvrir ici), mais ce n’est pas le principal moteur qui a présidé à la conception du drone. L’Anafi s’inspire de la nature ! Voilà qui mérite quelques explications… « Vous voulez un café ? Je suis très café. C’est le truc des ingénieurs, ça, le café », assure Henri Seydoux en m’offrant une tasse.

Helicomicro : Le drone, c’est un objet technologique à succès ?
Henri Seydoux : Oh oui ! Le drone est sans doute le deuxième robot qui ait connu un vrai succès dans le grand public, le premier étant le robot aspirateur. Le prochain sera peut-être la voiture autonome, mais ce n’est pas sûr.

HM : Que représente l’industrie du drone, en valeur ?
HS : Je l’estime à environ 4 milliards par an, avec une proportion de 80 à 90 % de drones caméras volantes. C’est une somme qui commence à être significative face aux 15 milliards des constructeurs d’hélicoptères.

HM : Quelle est la part des ventes en France pour Parrot ?
HS : Ce n’est pas beaucoup, elle n’est que de l’ordre de 20 % environ.

HM : Est-ce que l’Anafi est important pour Parrot ?
HS : Oui. On joue très gros avec ce drone, il faut qu’il réussisse. Mais c’est un produit sur lequel on a quelque chose à dire, sur lequel on se différencie. Les drones sont voués à devenir petits, small is beautiful.

HM : Le développement de l’Anafi a duré combien de temps ?
HS : C’est un aspect très compliqué des nouvelles technologies : elles changent très vite. Or le développement est complexe. Pour l’Anafi, il a duré plus de 2 ans et demi. Il faut savoir que nous étions partis, il y a 4 ans, sur un drone beaucoup plus grand format, de 2 kilos, plus grand qu’un Phantom. Ce projet s’appelait Parros, un appareil basé sur un processeur Nvidia. On a arrêté ce projet en réalisant que ce n’était pas du tout ce qu’il fallait faire.

HM : Vous êtes partis sur un appareil de petite taille…
HS : Oui, ce qu’il faut faire, c’est un appareil de petite taille, on en est persuadés. C’est une nécessité pour l’acception des drones par le grand public. Ce n’est pas la seule raison. Ca permet de réduire la dangerosité, et c’est elle qui mène à une réglementation. Si un drone pèse un kilo avec des hélices, il est dangereux. C’est la raison pour laquelle l’Anafi pèse 320 grammes.

HM : C’est plus compliqué de réaliser un petit appareil !
HS : Cela nous amène à une notion très intéressante, celle de facteur d’échelle pour les objets volants. En règle générale, le facteur d’échelle joue en faveur des plus grands. La régulation thermique de l’éléphant est plus efficace que celle de la souris. Un gros avion a une efficacité énergétique meilleure que celle d’un petit. Pour trouver de la performance, il faut en règle générale augmenter la taille.

HM : L’Anafi va contre la nature ?
HS : Il y a quelque chose d’étonnant chez les oiseaux. Quand on les observe, on s’aperçoit que les petits ont quasiment les mêmes performances que les grands. Le meilleur exemple, ce sont la cigogne, l’un des oiseaux les plus grands d’Europe, et l’hirondelle, qui pèse quelques grammes. Les deux sont capables de partir d’Alsace et d’atteindre l’Afrique du nord, en 2 jours et demi pour l’hirondelle, en 4 jours pour la cigogne. Les petits oiseaux sont un énorme succès évolutif.

HM : Mais les composants des aéronefs vont à l’encontre ?
HS : Oui, c’est vrai, une grande hélice a un meilleur rendement qu’une petite. Pourtant le rapport de taille permet de gagner sur d’autres tableaux. C’est le cas de la rigidité, indispensable. Or plus c’est petit plus c’est rigide. C’est la voie que nous avons choisi, on pense que c’est la meilleure, et qu’il faut se forcer à regarder comment sont les oiseaux.

HM : Le marché évolue très vite, votre principal concurrent sort des nouveautés à un rythme soutenu. C’est possible de tenir ce rythme ?
HS : Il nous faut sortir des nouveautés régulièrement, c’est indispensable.

HM : L’Anafi est donc le premier modèle d’une gamme ?
HS : C’est la direction vers laquelle on se lance. Nous avons choisi de proposer des drones de petite taille, parce que notre certitude, c’est qu’il y a très peu de cas où il faut de gros drones. C’est dangereux, c’est coûteux, ça nécessite des opérateurs professionnels, tout cela va à l’encontre du monde actuel. Donc on ne va pas dans cette direction.

>>>> La suite de cette interview se trouve ici <<<<

21 commentaires sur “Interview de Henri Seydoux, PDG de Parrot : l’Anafi est bio inspiré !

  1. Je suis triste d’apprendre que l’aile Disco est abandonnée. Certes, elle était vendue bien trop cher (au lancement). Mais elle avait beaucoup de potentiel. J’aurais adoré une mini-Disco par exemple.

  2. Je suis vraiment curieux de voir que ce que apporter le modèle, et s’il arrivera à concurrencer le géant d’en face. En générale les situations de monopoles ne sont jamais bonnes pour le consommateur, on va donc croiser les doigts…

    Remarque sur le titre de l’article : le terme « bio inspiré », là, j’ai vraiment du mal… Ça sent surtout la com’ à mon avis. Parce qu’en dehors d’un xième quad avec nacelle, qui reprend vaguement la config des modèles skyhero en « K » pour se donner un air différenciant, je ne vois vraiment pas ce qui a été inspiré par un quelconque système biologique…

  3. @ TB250 : Il est évident qu’il y a une large part de marketing dans la formulation, Parrot ne s’en cache pas notamment avec des visuels mi-insecte mi-Anafi.
    Cela dit Henri Seydoux m’a semblé sincère lorsqu’il m’a expliqué avoir passé du temps à étudier les modèles de la nature et cherché à en tirer parti.

  4. Super entrevue, trop courte, mais bon. On sent que le gars maitrise son sujet, il a du s’impliquer a fond dans la conception. Dommage pour la disco, c’etait vraiment une bonne machine, quel regal de voler avec. En faite plus j’y pence plus je le trouve pas mal cet anal-fi. Qq fonctions interressantes, les moteurs qui s’arrete par exemple, l’appareil tres leger, la charge sans chargeur, la taille et le poids, franchement soyons honnete, ca a l’air franchement bien.

  5. Je trouve tres bien, pour le marché en general et pour nous qu’un acteur francais sorte un model competitif.
    en ce qui me concerne je suis convaincus et si avant j’hesitais entre DJS Spark ou Air, je me tourne dorénavant vers l’Anafi.
    Pour autant DJI ne sera pas concurencé sur le segment du semi pro (Mavic Pro, Phantome pro, etc) mais ceux la ne s’adressent pas à tous le monde quoi qu’il arrive.
    et la reflection de Mr Seydoux est exacte, il est etonnant qu’aucun acteur Americain ne soit present dans cette course.

  6. @ Fred :
    A aucun moment je ne vois dans l’interview quoi que ce soit qui indique la moindre inspiration tiré d’un être vivant. On est de toute façon sur une voilure tournante, qui n’a grossièrement aucun équivalent dans le monde animal. Ce qui n’empêche sans doute pas la machine d’avoir ses qualités, mais il serait sans doute préférable de communiquer sur ses qualités réelles…

  7. @ TB250 : Seydoux explique qu’il est parti de l’observation d’oiseaux et d’insectes pour concevoir sa machine. C’est son discours, je l’ai repris tel quel. Je pense qu’il est sincère dans sa démarche, qui me semble avoir été utilisée par le marketing, et pas l’inverse. Mais évidemment je peux me tromper, et surtout on peut ne pas être d’accord avec lui…

  8. On ne peut que souhaiter que l’Anafi tienne toutes ses promesses. Si je devais choisir entre le Mavic Air et l’Anafi pour faire de la vidéo, sans aucune hésitation, je prendrais ce Parrot.

  9. A un moment, il faut être factuel : à aucun moment il n’argumente pour expliquer cette inspiration. Pour une raison simple, il n’y a pas le moindre commun entre un insecte et ce quad, hormis le fait qu’ils volent tous les deux.

    Il aurait pu prétendre qu’il a beaucoup observé les tartes aux fraises pour créer sa machine que ce serait aussi crédible… Mais surement moins vendeur tu me diras…

  10. @ Fred :
    Désolé de le présenter comme ça, m’enfin là, ça fait plus publireportage déguisé qu’autre chose…

  11. @ TB250 : Ca fait publireportage parce que tu n’es pas d’accord avec sa vision de la bio-inspiration (ou je ne sais quelle appellation) ? Je pose des questions, il répond avec son discours. Tu achètes ou tu n’achètes pas ses réponses, tu as le libre-arbitre.
    A titre personnel, je vois un insecte en vol quand je regarde l’Anafi. Que ce soit du marketing pur, une étude sur la nature, ou un mix des deux, je ne sais pas. Je ne suis pas biologiste, je n’ai pas les clés pour répondre (je m’y connais plus en tartes aux fraises). Son discours m’a semblé honnête, mais c’est mon point de vue, et je ne le donne pas dans l’interview.

  12. Je te mets au défit de trouver le moindre point commun entre un insecte et l’anafi. Le mode de vol est évidemment totalement différent. Au delà de ça, faire des montages avec un scarabée atlas, ça fait certes de belles images, genre album de massive attack, mais encore faut-il savoir que ces bestioles font pratiquement la taille d’une main, et que leur aptitude au vol doit être très limitée. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse appeler ça voler d’ailleurs…
    Je passe sur les comparaisons du type « le coléoptère à 4 ailes » (sous entendu, comme 4 moteurs ?) pas forcément heureuses. Les coléoptères n’utilisent en effet qu’une paire d’aile pour voler. La deuxième, ce sont les élytres qui forment une sorte de carapace au repos, mais ne sont pas du tout utilisées pour le vol.

  13. @ TB250 : Bon, hé, ce n’est pas la peine de me lancer des défis, je te dis simplement que je rapporte le discours de Seydoux tel qu’il me l’a livré, et que pour moi l’Anafi en vol ressemble à un insecte. Le reste, c’est ton avis et je le respecte, tu es forcément plus calé que moi sur le biomimétisme puisque je n’y connais rien. Et que par conséquent je n’ai pas opposé un « je vous mets au défi de trouver le moindre point commun entre l’Anafi et un insecte » à Seydoux en intw. Tu joues le rôle de la contre-analyse, et c’est très bien. Moi je ne suis pas armé dans le domaine, tu me permettras de ne pas aller au-delà de ce que je peux analsyer…

  14. Le « bio inspiré », c’est surtout pour faire oublier que c’est avant tout du « Mavic inspiré ». Il n’a simplement pas envie que l’on dise qu’il a copié DJI (car c’est bien connu, il n’y a que les chinois qui copient)…

    En plus, c’est amusant cette référence animale, et notamment au scarabée, car c’est justement comme ça que certains ont décrit le Mavic Pro. Par exemple sur Focus Numérique :

    « En outre on apprécie avec plaisir la silhouette très animale de ce drone, sorte d’hybride entre un requin, un scarabée et un profilage très racé. »

    Source: https://www.focus-numerique.com/drone/tests/dji-mavic-pro-2890.html

  15. Franchement ? Quand quelqu’un t’affirme que si son nouveau quad a 4 moteurs, c’est parce qu’il a observé les coléoptères, ou que si la caméra est devant, c’est parce qu’il vu des insectes… Tu as besoin d’être un spécialiste en biomécanique pour comprendre que ce n’est qu’une jolie histoire marketing ? 100 % des quads de ce gabarit ont cette configuration, tu n’avais pas repéré cette coïncidence ?? Le lady bird de walkera est sans doute plus « bio-inspiré » que cet anafi…

    Pour autant, je peux comprendre l’intérêt que tu as pour la machine. Sans doute renforcé par le côté David contre Goliath et le fait que ce soit une boite française (on ne va pas se le cacher, bien sûr que cela joue sur leur capital sympathie). Mais de là à relayer avec enthousiasme des comparaisons à dormir debout, il y a tout de même un pas.

  16. @ TB250 : Bon, tu as tes opinions, je te laisse tout loisir de les exprimer, ça permet d’enrichir la discussion.
    Maintenant permets-moi de ne pas les partager, en tous cas pas entièrement, et de me sentir moins protectionniste sur la production française que me réjouir de voir une concurrence, peu importe sa provenance géographique, se placer en face de DJI. Je peux ?

  17. @ David : La question est souvent posée dans le domaine du FPV racing, quand un appareil est-il une copie d’un autre ? Le Mavic s’est-il inspiré du Bebop pour rompre avec la série Phantom ? L’Anafi est-il inspiré du Mavic ? Le Tello est-il inspiré du Mambo ? On trouvera toujours des détails similaires, et puis autant qui diffèrent.

  18. @ Fred :
    Quel est le rapport avec du protectionnisme ?!?
    Évidemment que l’on va parler avec plus d’attention de parrot en France, du fait que ce soit une boite française (ce que tu fais toi même… je n’ai jamais vu nouveau modèle de yuneec avoir droit à 10 articles par exemple…). Maintenant, ce n’est pas pour autant que tout le monde (toi y compris) va acheter un anafi…

  19. Très belle interview (visiblement impartiale mais pratiquée par un passionné qui questionne un autre passionné ).
    J’attends de voir plus de tests après la sortie de la ‘bête’ (sans vouloir relancer de polémique sur le bio-mimétisme, la chrysalide que constitue le petit sac de transport me fait autant penser à une brioche qu’à un cocon… mais je suis Lyonnais)
    En tout cas, la sortie de l’Anafi m’a stoppé net dans mon élan… j’allais acheter un Mavic Air… mais le bruit me rebutait !
    Je suis super intéressé par la fonction de navigation par missions pré-paramétrées sur une carte, et je viens de comprendre que c’est une fonction payante supplémentaire (un peu comme Litchi). Sais-tu si il y a un accord prévu avec Litchi ?

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