500 000 euros pour le geofencing européen

Créé par l’Union Européenne et Eurocontrol, le SESAR (Single European Sky ATM Research) est un programme européen destiné à piloter les systèmes de gestion du trafic aérien. Une tâche immense et nécessaire pour uniformiser le contrôle aérien. Les drones se sont invités dans les travaux depuis quelques années. Le résultat, c’est la création du U-Space, qui devrait être opérationnel en 2019. Il s’agit de la zone comprise entre le sol et 152 mètres de hauteur (500 pieds), celle dans laquelle les drones sont autorisés à voler. En pratique, le U-Space devrait permettre de contrôler de manière automatisée les vols de tous les appareils non habités, les drones, pour établir une carte du trafic en temps réel en vue d’assurer la sécurité et la fluidité de tous les vols.

Que veut dire le U de U-Space ?

Personne parmi mes contacts en administrations n’a su me répondre ! U comme Unmanned pour qualifier les vols non habités. U comme Under : tout se passe sous le plafond habituel de l’aviation habitée. U comme Universel pour indiquer que le projet allait concerner tous les appareils télépilotés. Les défenseurs du U-Space assurent qu’il permettra de gérer efficacement tous les vols sous les 500 pieds et les y contraindre, que ce soient les activités commerciales ou les loisirs. Les détracteurs y voient un outil exclusivement destiné aux opérations commerciales, avec une probable réduction drastique des possibilités de vol pour les particuliers et le loisir.

Technologies…

Au centre des outils de gestion de l’espace aérien, on trouve bien sûr le geofencing. La traduction française (validée par le Journal Officiel du 7 octobre 2012) est le géorepérage. Un appel à propositions a été annoncé le 29 septembre 2017 par le SESAR. Le but ? Sélectionner le meilleur projet de geofencing pour les appareils évoluant en-dessous de 500 pieds. Ce projet pourra alors être vérifié de manière opérationnelle avec des démonstrations « live ».

En clair ?

Le SESAR veut, à la demande du parlement européen, être en mesure de protéger des zones sensibles par des Nofly Zones (NFZ). Il s’agit des espaces à proximité des aéroports, des centrales nucléaires, des zones militaires. Ce sont des zones dynamiques : elles doivent être modifiées en temps réel au gré des informations aéronautiques comme les NOTAM (Notice To Airmen). Selon le site officiel, « le projet suppose que les utilisateurs de drones aient accès à des informations à jour sur la zone d’exclusion aérienne et reçoivent des alertes en temps réel s’ils pénètrent dans cette zone. Il repose sur les fonctions de géolocalisation qui sont intégrées dans un grand nombre de drones aujourd’hui ».

Utiliser l’existant ?

Les NFZ du service GEO de DJI.

Le site du SESAR indique que « le projet sera bâti sur les capacités de geofencing d’ores et déjà disponibles dans les drones du marché pour les besoins des essais ». Un casse-tête… chinois ! Car les fonctions de geofencing actuelles reposent sur les cartes développées par les constructeurs, souvent chinois. Lesquelles ne sont pas en adéquation avec les données officielles de chaque pays. Un exemple ? Les zones d’évitement d’aéroport en France sont rectangulaires et à paliers, alors que les zones selon DJI sont de simples cercles sans paliers.

Le casse-tête… européen !

Les NFZ françaises matérialisées par le service Geoportail de l’IGN.

Pour que le geofencing fonctionne, il faut réussir à fédérer toute les sources d’informations. Imaginez qu’en France, les données proviennent des cartes aéronautiques, des parcs naturels nationaux et réserves naturelles, de l’armée, des NOTAM, des Sup-AIP, etc. Qui, bien évidemment, ne partagent pas les formats de diffusion des données. Maintenant multipliez ces contraintes par le nombre de pays concernés en Europe… La tâche est immense !

Parlons de budget

L’enveloppe allouée à l’appel à proposition du SESAR est de 500 000 € sur une durée de 15 mois. La deadline pour présenter les projets est fixée au 15 novembre 2017 (voir les détails ici). C’est peu ? Sachez qu’elle vient s’ajouter aux 9 millions d’euros déjà attribués à la mise en place du U-Space. Une somme qui alimente aussi d’autres projets, comme l’identification en temps réel des drones et la communication entre les appareils.

Sommes-nous concernés ?

Evidemment ! En l’état de la technologie, seuls les engins déjà équipés d’outils de géorepérage sont concernés – cela ne va pas durer. Il n’a pas encore été question de taille, de seuil de masse, d’usage (professionnel, loisir, compétition, presse, etc.), mais le sujet sera abordé tôt ou tard. Or le géorepérage n’est pas compatible avec tous les drones, encore moins avec les engins de radiomodélisme traditionnels. Il faudra donc être attentif à ne pas se retrouver cloué au sol parce que dans l’impossibilité de satisfaire aux requis du U-Space…

Source : SESAR Joint

10 commentaires sur “500 000 euros pour le geofencing européen

  1. Mouais, on pourra toujours voler avec un racer ou multi monté de toutes pièces… le u Space c est bon pour les grandes marques dji, Intel, parrot

  2. Ils ont jamais pensé à juste remonté le seuil minimum de vol des avions civiles ?

    Toujours s’en prendre aux drones…Avec des solutions de plus en plus farfelu…Ça devient un peu risible à la longue…Si ils sont tant parano que ça, ils ont cas voler plus haut, ils auront beaucoup moins de soucis.

  3. sa sent l’usine à gaz a pleins nez!!
    j’aimerais bien connaitre les sommes dépensée rien que pour la création de ce fameux SESAR, juste a voir la photo des belles plaquettes que Fred a mis en ligne, ça dois être une fois de plus Astronomique!!

  4. Hello Fred, le « U » de U-Space signifie « Urban ». Donc Urban-Space. Source fiable… Je travaille à la SJU :-).

  5. A terme,C’est la mort annoncée du vol telecommandé libre et hors zones autorisées car la circulation des drones commerciaux sera de plus en plus envahissante et ne devra pas trouver d’obstacle sur son parcours…
    Cela me fait penser a la reglementation en cours pour gendarmer l’aeromodelisme sous couvert de traquer les drones terroristes…
    Je comprends mieux pourquoi toute cette énergie dépensée par le legislateur…
    Vous verrez dans moins de dix ans on ne pourra plus voler hors lieux répertoriés et multiples accreditations etc…
    Phil

  6. @ zak : Le souci, c’est que 2 contacts au SESAR m’ont dit que Urban était un terme de travail utilisé par l’une des équipes au début de la mise en place du projet, qui avait été abandonné rapidement puisque U-Space concerne l’intégralité de l’espace sous les 500 pieds, pas que l’urbain… Pour eux, le terme retenu maintenant est Unmanned. A la Commission Européenne, il n’ont pas entendu parler de Urban, ce qui n’aide pas…

  7. La réglementation me semble bien (trop) en avance sur la technologie… Même si à terme il est probable que tous les vols pilotés par des humains seront restreints (télécommandés ou pas), il est certain que d’ici là on va empiler de la paperasse électronique 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

×