Rue89.NouvelObs

Il est très rare que je m’arrête sur des articles parus dans la presse, et pourtant nombreux sont ceux qui racontent des âneries. Mais ce papier sur la nouvelle réglementation, paru sur le site L’Obs avec Rue89 et signé par Alice Maruani, c’est le pompon ! rue89lobs-01On y apprend, pêle-mêle, que l’ancienne réglementation, s’entend celle des arrêtés de 2012, n’autorisait pas les vols à la campagne (elle l’autorisait). Que les zones proches des aéroports sont interdites par le préfet (le préfet ne s’occupe pas de ça). Que les zones autorisées sont celles résumées par un tweet du journaliste Gaspard Glanz, montrant les zones P, R, D, CTR, et ajoutant que qu’il n’est autorisé de s’approcher à moins de 50 mètres d’une ville (les zones CTR ne sont pas toutes impénétrables, il manque sur cette carte les zones militaires ainsi que les emprises d’aires de décollage et d’atterrissage, et la restriction d’approche à 50 mètres ne concerne que les professionnels).

Bon…

Elle évoque l’article 9 du code civil qui protège la vie privée pour justifier l’interdiction d’aller espionner son voisin (cet article permet aux juges de prendre des mesures telles que saisie ou séquestre pour arrêter une atteinte à l’intimité de la vie privée. rue89lobs-02Le texte qui protège la vie privée est la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés).  Quand la journaliste s’attaque aux sourds en extrapolant qu’il leur est interdit de voler parce qu’ils doivent procéder à un contrôle auditif, on se dit qu’elle a cherché le truc qui fait le buzz. On se doute qu’elle ne comprend pas grand-chose à ce qu’elle explique quand elle parle de piloter un drone « en le perdant de vue ou avec une caméra » (elle voulait parler de vols hors vue, donc avec une caméra).

Bon bon…

Elle persiste en indiquant qu’un mode autopilote, l’appareil doit peser moins de 1 kg, voler moins de 8 minutes et que son pilote doit être en mesure de reprendre le contrôle manuel en cas d’urgence (mais elle confond le vol non télépiloté, libre, où par définition le pilote ne peut pas reprendre le contrôle, et les modes automatiques de type Follow me ou préprogrammés). Si encore les erreurs étaient dues à une vulgarisation trop poussée, ou si l’article était humoristique… Mais non, c’est un travail de journaliste. Le papier est classé dans la rubrique « code de la route ». Pourquoi pas. Il a été vu plus de 11 000 fois. Soupiiiir.

 

29 commentaires sur “Rue89.NouvelObs

  1. Bonjour et bon noël à tous ^^

    Encore une personne qui cherche juste à faire du sensationnel pour justifié sont salaire …. si seulement elle c’était renseigné correctement auprès de gens compétent connus et reconnus …je pense que certaine assoc devrait faire des dépôts de plainte pour désinformation volontaire contre c’est journaux et scribouillards qui publie se genre de chose …ils font plus de tord qu’autre chose !

    Bien amicalement

  2. *soupir*
    c’est une des raisons qui m’a poussé à arrêter de lire la presse généraliste, et à ne m’informer si possible que sur les sites spécialisés (presse ou blogs) : quand on connait un sujet, on s’aperçoit que dans 90% des cas l’article raconte n’importe quoi. Alors comment faire confiance pour s’informer lorsque le sujet n’est pas dans mon champ normal de lecture/passion/… ?
    Le pire s’est de s’apercevoir que même des sites qui sont les sources de l’information, comme par exemple l’AFP, sont biaisées et font dans le sensationnalisme.
    Donc merci encore pour votre site qui, recoupé et complété par d’autres, me permet de découvrir et d’approfondir cette nouvelle passion.

  3. A l’évidence aucun travail d’information / de journalisme…
    Juste une piètre tentative de Buzz de la part d’une brochette de Bobos-Truffes afin d’occuper leur ennui pendant des vacances d’hiver sans neige mais avec du Wifi !
    😀

  4. Selon son profil LinkedIn, elle est journaliste…en apprentissage. Il semble qu’il y ait encore du travail à faire.

  5. @jeapec : Elle a tout simplement lu l’article paru sur Numérama, qui lui-même contient des erreurs, du genre « En revanche, il n’y a pas de limite de poids pour les drones pilotés à vue » (si si, il y a une limite). Comme elle a fait une lecture sans consulter les textes d’origine, elle a repris ce qui lui semblait intéressant, comme cette histoire de sourds…
    Donc à l’ESJ Lille, on n’apprend pas qu’on ne repompe pas les articles des collègues, et qu’on fait un minimum de « fact checking »…

  6. Typique.
    Des journalistes Français, particulièrement au nouvel obs, où ils sont généralement freeLance.
    J’ai été 10 ans DirCom dans une activité de services sensibles. Les rares fois où nous avons accepté des contacts journalistiques, ce fut du même ordre. Erreurs, sensationnalisme, aucune vue d’ensemble, pas de sens des problématiques etc. Et le ponpon fut atteint par une journaliste du nouvel obs, qui l’était comme moi je suis archidiacre !
    Si Si.
    Exacterment l’inverse de votre site, toujours millimétrique et rigoureux ! Continuez.

  7. Fred,

    si tu penses que cette journaliste a bâclé son travail, tu devrais envoyer un petit mot au Rédac-Chef pour relever les inexactitudes du papier afin qu’il puisse faire paraître un correctif..Et pour répondre à Xavier cela me paraît vraiment excessif de se livrer à se genre de commentaire. Je crois que la majorité des journalistes fait preuve de rigueur, creuse leur sujet se renseigne et s’informe. Ca ne rime pas à grand chose de mettre tout le monde dans le même sac surtout quand on affirme « on s’aperçoit que dans 90% des cas l’article raconte n’importe quoi »…D’où vient cette inquiétante statistique 🙁

  8. si le nouvel obs et pire rue89 était des journaux d’investigations on pourrait envisager de les critiquer.
    pour moi la pertinence de leurs informations reste de grand trait d’humour.
    un peu comme le gorafi pour ceux qui connaissent.

    ce qui est le plus c’est que  »tiut le monde » ne le sait pas et que ces ‘brulots’ d’information ont pignon sur rue. c’est ça qui est triste.

  9. Les fautes de français des dépêches AFP sont reprises telles quelles dans toute la presse régulièrement.
    Bien peu de journalistes font un vrai boulot de recherche, le plus souvent ce sont les dépêches AFP qui sont copiées collées ou les attachés de presse des ministères ou entreprises qui font le boulot.

    C’est vrai qu’ici, l’article est truffé d’erreurs, sur un sujet technique il est vrai. et le site du nouvel obs devient une pépinière de fautes d’orthographe.
    Un problème de fond, je pense
    C’est bien dommage

  10. @ Fred. Je suis allé sur rue 89, j’ai lu l’article. Evidemment pour quelqu’un d’aussi pointu que toi ça agace.. Pour ma part c’est plutôt sur Hélicomicro que je compte pour m’expliquer l’évolution de la réglementation…

  11. @hervé
    Je ne dis pas tous pourris, tous dans le même panier. Je dis que dans 90% des cas un article de la presse généraliste traitant de sujets pointus (ou pas d’ailleurs) sera à la ramasse et désinformera plus qu’il ne donnera quelque chose de réellement informatif. De plus une bonne partie de la presse ne donne une information que déformée par le prisme de l’opinion qu’ils ont du sujet, et de la façon dont ils intéresseront et toucheront leur lectorat cible.
    Je connais par contre des journalistes freelance publiant dans la presse généraliste qui font un vrai travail de recherche documentaire et interroge des personnes du milieu avant d’écrire leur article. Mais trop souvent ce n’est pas le cas.
    Maintenant je ne m’intéresse pas à tous les sujets, mais je pense que mon éventail est assez large : politique, géopolitique, sociologie, histoire & géographie, civisme, justice, aéronautique, défense, aéromodélisme, voyage, religions, …

  12. J’ai un mauvais à priori de base sur les journalistes pour pas mal de raisons…c’en est une ! Elle traite un sujet qu’elle ne maîtrise pas et comme elle n’est pas omnisciente, bah c’est zéro ! Ton post sur Twitter fait peur Fred…

  13. Il est de bon ton de tirer à boulet rouge sur les journalistes. Mais ne serait-il pas bon, auparavant de s’informer sur les conditions d’exercice?

    Quand les directions des médias ne permettent plus aux journalistes de faire correctement leur travail (recherche, investigation, recoupements, etc), qui est responsable? Quand les directions imposent aux journalistes de faire du son, de l’image et de l’écrit dans un laps de temps inchangé, qui est responsable? Quand les directions ont supprimé les multiples niveaux de relecture (sur le fond comme sur la forme), qui est responsable? Quand les groupes procèdent à de grandes concentrations des titres en recourant à la mutualisation des titres et en supprimant pluralisme et diversité, qui est responsable? Quand, pour lesdits groupes, le pognon est plus important que l’information, qui est responsable?

    Je suis d’accord avec l’idée communément répandu que l’information est au plus mal, avec les conséquences que cela peut avoir sur le fonctionnement de notre société, pour des sujets plus ou moins graves. Mais qu’on arrête de stigmatiser les journalistes sans savoir ce qu’ils vivent; je dirais même ce qu’ils souffrent. Cela ne les exempte pas d’essayer de résister à la dégradation de leur activité et de travailler mieux que cela a été fait pour cet article à côté de la plaque. Si les citoyens creusaient un peu plus la question, ils s’en prendraient en tout cas à de vrais responsables et auraient une chance d’infléchir cette course à la rentabilité destructrice.

    (Désolé pour mon commentaire un peu long, mais ça me pèse, à force)

  14. @Ludodrone : Quand il y a concentration, changement de propriétaire, le journaliste a ce droit qui s’appelle la clause de cession qui lui permet de partir. S’il n’accepte pas d’occuper tous les postes, ce qui effectivement détruit des métiers de photographe, de secrétaire de rédaction, de correcteur, d’iconographe, et j’en passe, il peut décider de ne pas le faire. Il peut aussi ne pas se complaire dans les « pages shopping » si faciles à écrire (avec du communiqué) et à illustrer (avec les shootings prêts à l’emploi) qui font tellement de mal à la presse informatique, à la presse féminine…
    Donc non, pour moi les conditions d’exercice ne justifient pas les boulots mal faits.

  15. @Fred Le journaliste a aussi le droit à la clause de conscience. Mais étant donné l’état du marché de l’emploi, il est assez aisé de comprendre pourquoi tant acceptent de travailler moins bien. Tout le monde n’a pas les moyens de résister ni la capacité de travailler sept jours sur sept pour rendre un bon boulot.

    Après, comme tu le dis, les pages faciles ne sont pas une fatalité. Mais il y a bien une ligne éditoriale qui les impose, non? On en revient à la responsabilité, qui n’est pas celle du lampiste.

    Nous ne sommes donc pas d’accord car, pour moi, les conditions d’exercice sont les principales cause de là où on en est, même si elles ne sont pas les seules.

  16. @Ludodrone : Si, je suis d’accord avec toi, les conditions d’exercice sont la principale cause du boulot mal fait 🙂 Là où je ne suis pas d’accord, c’est sur le fait de l’accepter. Même si je suis bien conscient que tout le monde a besoin de bouffer à la fin du mois.
    Mais dans le cas précis de ce papier sur la réglementation, j’ai du mal à croire que le poids de la hiérarchie soit ce qui a donné lieu à une copie mal faite d’un papier existant…

  17. On est pas la pour trouver des excuses aux journalistes incompétents.

    Ils disent très souvent des bêtises monumentales et sont payés pour ça.
    Normal qu’on râle !

    Et le coup de la pov stagiaire et mal payé c’est facile.

    Oh le pauvre garagiste oui il n’a pas serré votre roue c’est normal il est trop pressé
    🙂

    Mauvais exemple vu les arnaques en garage mais merde journaliste c’est pas « copier coller »/

    Et trouver des infos en 2015 c’est à la portée d’un stagiaire.
    Faut pas exagérer et défendre l’indefendable.

  18. rassurez-vous, « je ne suis pas spécialiste du sujet et je vous remercie pour vos précisions » me répond Alice, et me propose d’ajouter lesdites précisions en bas de l’article qu’elle fera remonter.
    Mais les commentaires sont fermés.
    bref…

  19. Je vais arrêter de me mettre la rate au court-bouillon, parce que là, les bras m’en tombent : http://www.village-justice.com/articles/France-dote-une-nouvelle,21130.html
    C’est un avocat, qui arrive à sortir des conclusions… là encore directement issues de l’article du NouvelObs.Rue89.
    Du genre « Le pilotage d’un drone de loisirs à distance est toléré, sous réserve de rester à moins de 200 mètres du pilote et de ne pas voler à plus de 50 mètres de hauteur. Et il faut en outre qu’une seconde personne ait l’engin en vue pour sécuriser le vol et prévenir le pilote en cas de danger.
    En vol dit « hors de vue », il est interdit de voler dans les nuages. »
    « Lorsque l’aéromodèle évolue de façon automatique, le télépilote doit par ailleurs être en mesure à tout instant d’en reprendre le contrôle manuel (drone de moins de 1kg et pour des vols n’excédant pas 8 minutes) »

    Cet avocat n’a pas lu les textes (!!), il a simplement repompé un article avec ses erreurs…
    Si vous devez un jour être défendu, vous saurez à qui ne pas faire appel 😉

    Il y a tout de même une constante dans tous les articles (presse ou pas) qui racontent d’importe quoi : aucun ne donne comme source les articles sur Legifrance… Bref.

  20. Fred, la rue à récidiver, parce que ce loisir est vendeur. Cette fois ci on passe au sensationnalisme à faire peur dans les chaumières…

  21. Remarques Fred, je viens bien de voir avec effarement sur la couverture d’un magazine soit disant « spécialisé drones » (où tu n’écris pas ;0) : « Nouvelle réglementation : vers une immatriculation obligatoire »… De là à penser qu’il est traduit de l’américain sans véritable rédac’chef compétent en France…

  22. Ne pensez-vous pas que les journalistes déforment délibérément les informations ? Le but : induire les gens en erreur pour qu’ils doivent se farcir ensuite un avocat. Journalistes et avocats, même combat non ? Dites-vous bien qu’on prépare la farce pour l’introduire ensuite dans l’avocat… 😀

  23. @Laurent Michelet : Des magazines français traduits de l’américain… Ca existe vraiment ? 😉
    Cela dit, puisque le SGDSN a préconisé une immatriculation, il y a peu de chances qu’on y échappe. Du coup je ne sais pas ce que dit le papier, mais le titre n’est sans doute pas faux…

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