Emax Nighthawk Pro 280, le test

La partie vidéo, suite

L’émetteur vidéo se comporte bizarrement. Le tableau de correspondance des dips dans le manuel indique 32 fréquences en 5,8 GHz, comme pour les autres modèles d’émetteurs. Mais nos tests ont montré qu’il ne donnait en fait accès qu’à 19 d’entre elles ! Les explications ? Accrochez-vous. Il devrait émettre sur les 8 fréquences des 4 bandes (A, B, E, F), d’où les 32 canaux. Mais pour chaque bande, seules les 7 premières fréquences sont opérationnelles, la 8ème est une copie de la 7ème. Pour la bande F, la fréquence 6 est une copie de la 7 (et donc de la 8). Pour la bande B, la fréquence 1 est une copie de la 2. Et pour couronner le tout, l’intégralité de la bande E est une copie de la bande F ! Vous n’avez rien compris à l’histoire. Regardez le tableau des puissances d’émission (ici) concernant le Emax Nighthawk Pro 280, vous y verrez les valeurs en mW pour chaque fréquence, et en couleur les fréquences qui sont présentes en double. Le résultat ? Si vous voulez voler en immersion simultanément avec d’autres pilotes, le choix d’une fréquence compatible avec celles des autres ne sera pas facile… A vrai dire, nous aurions dû regarder de plus près le manuel fourni avec l’appareil. Si le tableau des dips répertorie bien 32 fréquences, les bizarreries de l’émetteur et ses fréquences dupliquées sont bel et bien indiquées. C’est la première fois que nous sommes confrontés à un tel émetteur vidéo. On comprend mieux, désormais, pourquoi la fiche technique et la boite évitent d’indiquer le nombre de canaux!

Mais encore ?

Nous avons placé une caméra Yi de Xiaomi sur la plaquette isolée par ses amortisseurs, avec une simple sangle velcro, sans précautions particulières. Le résultat est très satisfaisant : on se rend à peine compte du surpoids et les réactions de l’appareil restent identiques. Les images ne montrent aucun jello ni aucune vibration parasite. En revanche, en modes stabilisés, le Nighthawk Pro 280 a tendance à osciller un peu. La faute aux hélices 6 pouces qui offrent une grande portance et donc une plus grande prise au vent, et au contrôleur de vol qui tente de stabiliser l’appareil en continu. Le résultat est tout aussi satisfaisant avec une caméra plus petite, de type Mobius ou 808 #16.

Pas de défaut ?

Si, bien sûr. Le premier, que vous avez sans doute relevé, est le fait que la plaque de distribution regroupe plusieurs composants qu’il n’est pas possible de changer. Si un seul ESC lâche, la carte entière est à jeter et à remplacer (à moins d’être un as de l’électronique, et encore). La prise USB n’est pas particulièrement mal fichue, mais elle est vite fragilisée par les insertions successives d’un câble, inévitables quand on procède à des réglages. Cette plaque de distribution sera probablement aux alentours de 60 à 70 €, à environ 56 €, ce qui fait une belle somme surtout si la manipulation vise à ne remplacer qu’un ESC. L’appareil est un peu lourd : il affiche 476 grammes sur la balance tout équipé sauf de sa batterie. Avec une Lipo 3S Turnigy de 1500 mAh, il passe à 591 grammes. C’est beaucoup, mais ce n’est pas non plus hors normes pour un modèle de classe 280. Le pilotage doit donc prendre en compte l’inertie due au poids.

Pas de défauts, la suite ?

La plaque de distribution chauffe, principalement là où se trouve le contrôleur de vol. Trop ? Non, mais on peut émettre des réserves quant à la tenue de cette plaque dans la durée. L’autonomie, avec les hélices de 6 pouces, une batterie 3S de 1500 mAh et une caméra Yi de Xiaomi à bord, est très variable selon le pilotage. Avec des manœuvres agressives, elle dépasse difficilement les 4 minutes. En pilotant « pépère », elle peut monter jusqu’à 6 minutes et 30 secondes. Avec une 2200 mAh, elle passe à 8 minutes… mais le surpoids rend la machine moins nerveuse avec des reprises un peu poussives. Notez que la barre de LED arrière perd de sa puissance lorsqu’on pousse les gaz un peu fort. La luminosité diminue fortement lorsque la batterie faiblit. Dommage, elle sans doute un peu trop gourmande (la documentation indique qu’elle consomme 4W). Bon point : il suffit de l’éteindre avec l’aide de l’interrupteur prévu à cet effet ! Les bricoleurs la remplaceront par un modèle moins encombrant et plus économe en énergie.

Aller plus loin ?

A la place des hélices 6045 livrées, nous avons installé des hélices 5030, puis des 5040, et enfin des 5045. Le résultat ? L’appareil gagne en nervosité mais ses reprises sont plus molles et il n’atteint pas la même vitesse de pointe qu’avec les hélices d’origine. Il perd une bonne minute d’autonomie, aussi. Le Nighthawk Pro 280 est prêt pour accueillir des batteries 4S : les ESC sont supposés tenir le choc. Nous avons essayé pendant un petit vol avec des hélices 5040… mais sans trop pousser les gaz et pas longtemps. A priori, il valait mieux : la plaque de distribution était très chaude, au point de ne plus pouvoir la toucher à certains endroits. La punition en cas d’ESC hors service, rappelons-le, consiste à devoir changer toute la plaque de distribution ! Et les cales moteurs inclinées à 10° fournies dans la boite ? Lorsqu’elles sont installées, le quadricoptère avance tout seul quand il est à plat, ce qui évite d’incliner la caméra. Ou si elle l’est, cela permet de donner de fortes accélérations tout en conservant la vue vers l’horizon (sinon on ne filme que le sol quand on met les gaz). Sympa parce que fourni gratuitement, mais pas indispensable.

Faut-il l’acheter ?

Le Nighthawk Pro 280 de Emax est vendu un peu plus de 230 € chez GearBest (hors port et taxes). Autant le dire, à ce prix, la réponse est oui, sans hésitation. L’appareil est complet, assemblé, monté et réglé, prêt à voler avec sa radiocommande. Ne manquent que la batterie et une paire de lunettes FPV avec leur récepteur. Ou un écran (simple ou sous forme de lunettes) pour les budgets plus serrés. Ce prix plancher ne signifie pas pour autant que l’appareil est réalisé avec des composants bas de gamme, et que son montage est bâclé. Son principal défaut réside dans son émetteur vidéo, dont les caractéristiques ne correspondent pas à la promesse de la fiche technique (la puissance) ni aux standards du marché (le nombre de canaux). A qui s’adresse-t-il ? Pas aux pilotes débutants : il faut au moins avoir pratiqué sérieusement les vols en vue directe. Mais pas besoin d’avoir déjà passé du temps en immersion, cette machine permet de se former. Elle est principalement destinée à ceux qui désirent voler sans passer des heures à monter, régler, démonter, remonter, rerégler, optimiser. Et qui n’éprouvent aucune passion pour le fer à souder. Les bricoleurs doivent-ils pour autant passer leur chemin ? Non, puisque la machine peut être optimisée, notamment avec les supports moteurs inclinés, même si sa plaque de distribution fige certains composants. Il y a par exemple possibilité de reflasher le contrôleur de vol sous CleanFlight et profiter de fonctions ou de réglages que Baseflight ne propose pas, modifier la barre de LED. Et pourquoi pas, si la plaque de distribution lâche, la changer pour un modèle plus petit mais avec des composants désolidarisés. A ce prix, en tous cas, on peut se permettre un achat impulsif sans le regretter ! Notez qu’une version ARF (sans récepteur radio ni radiocommande) est proposée à un peu plus de 175 € par GearBest (hors port et taxes).

Une vidéo

Un vol en immersion avec l’émetteur placé sur 200 mW, les hélices de 6 pouces d’origine et une batterie 3S de 1500 mAh 30C.

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