Walkera Infra X, le test

Le constructeur chinois Walkera s’est fait une spécialité des quadricoptères prêts à voler, au pilotage assisté par électronique. L’autre spécialiste du genre, c’est le français Parrot, connu pour son AR.Drone à contrôler avec un smartphone ou une tablette. Un engin bardé de capteurs qui pilote presque à votre place ! Le dernier-né de Walkera, l’Infra X, est une sorte d’hybride entre les micro-quadricoptères auxquels il nous a habitué et l’AR.Drone. Un futur hit ?

Tour du propriétaire

La description des fonctionnalités de l’Infra X permet de mieux comprendre les éléments qui le composent. L’engin est capable de voler à une altitude constante, aidé en cela par deux capteurs à ultrasons. Il est aussi en mesure d’éviter les obstacles, rebroussant chemin lorsqu’il s’approche d’un mur, à l’aide de diodes infrarouges. Cette surenchère de capteurs explique l’embonpoint de l’appareil : son canopy est large, pour un look qui n’est pas vraiment heureux. L’Infra X pèse 73 grammes avec sa batterie. Un poids lourd, comparé aux 29 grammes du Ladybird ! Les dimensions ? 11,9 cm de largeur et 12,4 cm de longueur (hors hélices). Les cages qui contiennent les 4 moteurs sont prolongées par des pieds assez hauts, pour une hauteur totale de 7 cm (canopy y compris). L’impression est celle d’un gros bourdon, de ceux qui en été volent avec lourdeur. Les hélices sont exactement les mêmes que celles qui équipent le Ladybird. Les moteurs paraissent également semblables, mais ce n’est pas le cas : ceux du Ladybird sont des 7 x 20 mm, ceux de l’Infra X sont des 8,5 x 20 mm. Plus volumineux, et donc plus puissants. L’avant est signalé par les hélices noires, celles en orange marquent l’arrière. Le canopy en plastique thermoformé est bardé de diodes : on en compte 10 ! Deux à l’arrière servent à indiquer le mode de pilotage, Normal ou Expert. En rouge ? Le mode est Normal. En bleu et vous voilà prêt à la voltige. Les 4 autres paires sont constituées d’une diode infrarouge et d’une diode classique. Ce sont elles qui servent à détecter la proximité d’un obstacle. Sous l’engin se trouve le logement prévu pour la batterie. Une belle bête puisqu’il s’agit d’une 3,7V 600 mAh 1S (pour mémoire celle du Ladybird est une 240 mAh). Sur les côtés du logement figurent deux capteurs à ultrasons : ce sont eux qui s’occupent de mesurer la hauteur de l’Infra X par rapport au sol. Walkera appelle cette technologie Ultrasonic Altitude Hold System. Whaoh, impressionnant. Un petit coup d’œil à la carte mère ? Il faut en avoir envie. Car si le canopy est facile à décrocher de la structure, il est impossible à ôter totalement sans retirer plusieurs connecteurs. Car les 10 diodes sont alimentées par autant de paires de fils très courts – probablement pour éviter un surpoids inutile. Ce n’est pas grave ? Non, mais avant de tout débrancher, il convient de bien noter (ou photographier) où vont les fils sous peine d’éprouver toutes les difficultés à remonter le tout. On s’aperçoit d’ailleurs que la carte mère est en fait composée de deux cartes superposées. L’électronique est à l’évidence plus complexe sur cet appareil que sur un Ladybird…

Premier décollage

La documentation décrit la procédure pour décoller : allumez la radio, puis branchez la batterie, attendez que la connexion soit établie, et mettez les gaz. Cela fonctionne si vous effectuez la manipulation dans les 10 secondes. Dans la pratique, la manipulation reste, comme sur les autres modèles de Walkera, plus facile à réaliser de manière inversée par rapport à l’usage pratiqué en modélisme : branchez la batterie, allumez la radio, attendez, et c’est parti. Le pilotage, par défaut, est assisté par le gyroscope 6 voies, comme avec les autres mini-quadricoptères de Walkera. Mais l’Infra X ajoute à ceci le contrôle de l’altitude et la détection des obstacles. Ca donne quoi dans la pratique ? Le décollage est plutôt franc, même si on sent que l’engin n’est pas vraiment nerveux. Placé à une hauteur de 1 mètre environ, le détecteur d’altitude se déclenche immédiatement : l’engin reste figé à cette altitude. Il dérive un peu, mais le mouvement est facilement compensé par les trims. A l’approche d’un obstacle au sol, une table par exemple, il monte rapidement pour se positionner à la même hauteur – relative – par rapport à cet obstacle. C’est très amusant de voir l’Infra X monter lorsqu’il passe au-dessus du lit, d’une commode. Là où c’est moins amusant, c’est lorsqu’on s’approche du haut d’une armoire. Ni une ni deux, le voilà plaqué au plafond dans une tentative désespérée de voler bien au-dessus de l’armoire. Mais ce comportement est gérable : il suffit de garder à l’esprit que l’Infra X va monter à l’approche d’un obstacle et redescendre ensuite. Seulement voilà : le capteur d’altitude n’en fait parfois qu’à sa tête. Il peut maintenir l’appareil correctement la plupart du temps, et puis tout d’un coup se croire dans un terrain accidenté. Le résultat, c’est que l’Infra X monte brusquement (jusqu’à toucher le plafond en intérieur), descend tout aussi vite (au risque de frapper fort au sol). Il est possible d’intervenir avec la manette des gaz, mais l’engin est difficile à maîtriser lorsqu’il se met à ruer… Peut-on monter des escaliers sans toucher aux gaz avec l’Infra X ? Oui, cela fonctionne. Mais avouez que l’intérêt de la performance est très discutable… Peut-on réaliser des acrobaties avec ce stabilisateur d’altitude ? Oui, mais il faut monter à plus de 2 mètres : il est calibré pour n’être opérationnel qu’entre 20 cm et 2 mètres de hauteur. Un conseil : montez à bien plus de 2 mètres pour tenter un tonneau ou un looping, car l’inertie de l’appareil est forte, trop pour le rattraper s’il manœuvre trop près du sol…

Ping pong ?

L’autre assistance au pilotage de l’Infra X consiste à détecter les obstacles et à les éviter. Lorsque les diodes envoient un signal sans rien recevoir en écho, l’engin évolue sans obstacle. Mais si les diodes reçoivent un écho, c’est en théorie parce qu’il a été renvoyé par un obstacle. Dans ce cas, l’Infra X fait machine arrière : il part dans la direction opposée. Les capteurs sont positionnés pour détecter des obstacles en face, à droite, derrière et à gauche. Voilà pour la théorie. Mais dans la pratique ? Décollez, avancez vers un mur : à une dizaine de centimètres environ, l’engin s’aperçoit qu’il file droit dans ce mur et rebrousse chemin. De manière assez énergique, qui le repousse à plus d’un mètre. La détection d’obstacles fonctionne, donc ! Oui mais… Lorsque l’engin arrive un peu vite, la détection tardive ne permet pas d’éviter l’obstacle, et c’est le crash. Lorsque l’obstacle est ondulé (un rideau par exemple) ou lorsqu’il n’est pas pris de face (en arrivant vers un mur en diagonale par exemple), la détection ne fonctionne pas toujours. Et elle échoue à tous les coups devant une vitre ! Si vous actionnez les commandes en même temps que l’Infra X réagit, le pilotage s’apparente à une danse de Saint-Guy. Où il n’est plus question d’éviter l’obstacle, mais simplement de reprendre le contrôle de l’appareil. Que se passe-t-il en plaçant l’Infra X entre deux murs ? Il réagit à l’approche de l’un, puis à l’approche de l’autre. Mais s’ils sont trop proches, le crash est immédiat (dans le second mur). Peut-on jouer au ping-pong comme le laisse supposer la vidéo de promotion de Walkera ? Oui, si on dispose d’un espace de plusieurs mètres sans obstacle. Il suffit de laisser l’appareil évoluer à la même hauteur, et d’approcher la main pour simuler un obstacle. L’appareil rebrousse chemin à chaque fois, et on peut jouer un semblant de match… Pourtant la partie est en règle générale vite interrompue par une facétie du capteur d’altitude, qui propulse l’engin en l’air ou vers le sol.

Mais alors ?

Nous avons été déçus par le comportement de l’Infra X. On s’attend à ce que les capteurs d’altitude et d’obstacle rendent le pilotage facile et sans risque. C’est tout le contraire, puisque les réactions de l’appareil sont souvent mal adaptées à la réalité de la situation, surtout en intérieur. Un pilote débutant pourrait être séduit par la promesse de l’Infra X : éviter les obstacles et gérer automatiquement l’altitude. Mais les réactions brusques d’un pilote inexpérimenté se cumulent avec celles déclenchées par les capteurs, pour aboutir à un vol totalement chaotique. Qui n’a, du coup, aucun intérêt pour apprendre à piloter. Pour résumer un peu abruptement : ces deux fonctions de l’Infra X sont amusantes à essayer, mais terriblement énervantes lorsqu’on veut voler tranquillement. Walkera prévoit fort heureusement de débrancher les fonctions, de manière indépendante. La carte mère est pour cela dotée de deux micro-interrupteurs à faire basculer. Vous pouvez par exemple désactiver le contrôle de l’altitude, qui se révèle très pénible lorsqu’on vole en intérieur, pour ne laisser que la détection des obstacles. Bon point mais… il est difficile d’accéder aux interrupteurs dans la mesure où le canopy ne se soulève pas suffisamment, comme nous l’avons vu. Le réglage de la sensibilité du gyroscope est tout aussi difficile à gérer, pour la même raison. Que vaut le vol sans ces deux assistances ? Il s’apparente à celui du Ladybird, mais avec moins de nervosité. Il reste souple et agréable mais la montée rapide, sur notre modèle, provoque une embardée difficile à contrôler. Peut-être est-ce un problème sur l’un des moteurs ? Nous n’avions pas de matériel pour procéder à un échange… L’Infra X pèse plus de deux fois le poids du Ladybird, pourtant il vole correctement. On peut se prendre à rêver d’un modèle aussi puissant, mais délesté de la seconde carte mère, des deux capteurs infrarouges et des multiples diodes. Un engin, du coup, puissant et léger, qui ferait le bonheur de tous ceux qui veulent filmer depuis un petit quadricoptère. Justement, à la question « peut-on embarquer une mini caméra sur l’Infra X », la réponse est non. Car d’une part le surpoids ne permet que quelques secondes de vol, d’autre part la caméra doit être placée sur le canopy (et déséquilibre l’ensemble) puisqu’elle gêne les capteurs à ultrasons si elle est placée dessous. Un dernier reproche ? Les pieds qui surélèvent les moteurs sont fins et fragiles. Ils n’ont pas tenu bien longtemps sur notre modèle…

En résumé ?

Nous nous demandions si cet appareil allait être un futur hit. Vous aurez compris que ce ne sera pas le cas, à moins que des mises à jour ne viennent corriger sérieusement le comportement de l’appareil en vol. Car en l’état, l’Infra X s’apparente à une chauve-souris… un peu stupide ! L’engin est livré avec sa batterie, un chargeur USB (pour deux batteries), un jeu d’hélices de rechange. Le prix est assez élevé : nous l’avons acheté environ 90 € chez OOmodel (ici) en version BnF (sans radio). Il est aussi disponible pour 170 € avec une radio Devo 7 chez RC-Helicopters-Cars (ici). Fun RC Toys le propose à 110 € avec une radio Devo 4 (ici).

La vidéo

 

Des photos supplémentaires

 

10 commentaires sur “Walkera Infra X, le test

  1. Salut, il est possible de faire la connexion des modèles de Walkera en allumant d’abord la radio et ensuite brancher la batterie, mais vous devez brancher la batterie dans les 10 secondes après avoir allumé la radio sinon la connexion ne s’effectuera pas et devrez recommencer la procédure.

  2. Ceci s’applique également pour tout les modèles de Walkera fonctionnant avec les récentes radios Devention de Walkera.

  3. Sur la plupart ! Car sur le Ladybird première version (sans les patins en caoutchouc), cela ne fonctionne pas… Idem sur un hélico Super FP…

  4. J’ai le Ladybird V1 entre autres (sans les patins en caoutchouc). Pour que cela fonctionne, je dois connecter la batterie et laisser le Ladybird immobile en le déposant au sol dans les 10 secondes. Eh oui, c’est compliqué!

  5. Je ne comprends pas, rien à faire, la diode clignote toujours sans se fixer, même en posant l’appareil et largement sous les 10 secondes 🙁
    Ca ne le fait pas sur le LB V2 ni le Hoten X ni le X400, mais c’est pareil sur le Super FP et le Genius CP. Bizarre 🙁

  6. Alors je ne comprends pas. Pour moi, cela fonctionne avec tous mes modèles Ladybird V1, MINI CP, V120D02S V2 et V200D03, avec une Devo 7, une Devo 8 et une Devo 10.

  7. 🙁 Why me?
    Je n’ai fait mes essais qu’avec ma Devo 7 habituelle. Je vais les faire avec une Devo 4 (mais sans voler, elle n’est pas dans le bon mode 😉 )

  8. Je suis désolé, je l’ai paumé il y a pas mal de temps déjà 🙁 Dans mes souvenirs, non, les bras étaient un peu plus longs… Mais je n’en suis pas certain.

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