DJI Air 3S : le test d’un drone à double caméra en classe C1 européenne, version améliorée
Le DJI Air 3S est à l’évidence le successeur du Air 3, lequel était lui-même successeur du Air. Comme son prédécesseur, il est marqué avec une classe européenne et un volume sonore maximal. Mais cette indication est très discrète, indiquée sous l’appareil, à l’avant.
Notez que le Air 3S m’a été prêté par DJI. Comme d’habitude, dites-moi si vous pensez que la pratique a influencé mon jugement. Si vous êtes familier avec Helicomicro, vous constaterez que ce test emprunte énormément au test du DJI Air 3. Pourquoi ? Tout simplement parce que les deux appareils partagent beaucoup de points communs.
La vidéo
Si vous voulez voir la vidéo en évitant les lags et la compression de YouTube, vous pouvez télécharger la version originale 4K/60 ici. Notez que vous pouvez aussi télécharger des séquences brutes ici, et des exemples de photos brutes là.
Le look ?
Le Air 3S conserve la même couleur gris que la plupart des appareils de DJI, avec un look assez proche du Air 3. Au premier coup d’oeil, on peut d’ailleurs le confondre avec un Air 3 d’autant que son encombrement est semblable, à peine plus grand – mais c’est imperceptible sans le mesurer.
Il repose, comme les autres modèles Air, sur des bras repliables qui facilitent son transport. Il faut impérativement déplier les bras avant en premier, puis ceux à l’arrière. L’appareil pèse 477,9 grammes sans sa batterie. Il passe à 723,9 grammes avec sa batterie, en ordre de vol. C’est un rien plus que le Air 3 et ses 721,8 grammes.
Les hélices ?
Ce sont les mêmes que celles du Air 3 et donc compatibles Air 3 et Air 3S. Elles sont pliables et équipées d’un système d’installation rapide et d’un système de détrompeur bien pratique : vous ne pouvez pas monter les hélices au mauvais endroit même si vous n’êtes pas attentif.
Car il y a les hélices A destinées à tourner dans le sens contraire de celui des aiguilles d’une montre, marquées d’un cercle gris. Et il y a les hélices B, qui tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, sans cercle gris. Elles sont dotées d’une extrémité en caoutchouc, sans doute pour limiter le volume sonore.
Fragiles…
Cette extrémité un peu flexible est fragile : elle ne tient pas sur une touchette avec des branches d’arbre, par exemple. Le Air 3S peut-il voler avec des hélices dont le bout a sauté ? Ce n’est pas du tout recommandé : il faut changer les hélices quand elles sont endommagées.
Cela dit, j’ai volé plusieurs jours avec des hélices ayant perdu leurs pointes sans expérimenter de problèmes, ni de vibrations, ni de volume sonore plus élevé.
Le volume sonore ?
Le marquage de classe C1 est accompagné de la puissance sonore maximale, notée 81 dB. Pour mémoire, le Mavic 3 Classic est à 83 dB. Le bruit du Air 3S s’apparente à celui du Air 3. Il est plus silencieux qu’un Mavic 3, mais évidemment moins qu’un Mini 3 Pro. Beaucoup plus qu’un Avata, un Neo ou un DJI FPV (mais ce n’est pas difficile).
En pratique, le bruit de l’appareil disparait à une centaine de mètres de distance, sauf quand il se bat dans le vent.
L’application ?
Pour le retour vidéo et les réglages de l’appareil, comme pour ses autres appareils grand public, DJI a choisi son logiciel DJI Fly. L’application est proposée sur les smartphones et tablettes iOS et Android, à télécharger directement depuis le site de DJI (ici).
Elle est présente d’origine sur la radiocommande avec écran DJI RC 2, compatible avec le Air 3S. DJI Fly est une application opérationnelle, assez efficace à l’usage, mais très simpliste face à l’application DJI Pilot 2 des drones « professionnels » (ou DJI GO 4 pour ceux qui se souviennent de ce logiciel).
Les radiocommandes ?
Le Air 3S est compatible avec la radiocommande RC-N3, qui fonctionne avec l’aide de votre smartphone, et la radiocommande DJI RC 2, équipée de son propre écran.
Le point commun entre les deux ? Elles sont toutes les deux équipées du nouveau protocole de transmission O4. Je n’ai pas eu l’occasion de ester le Air 3S avec la RC-N2, je ne peux donc pas en parler. En revanche, j’ai effectué tous mes tests avec la DJI RC 2.
La DJI RC 2, les points forts ?
Elle est autonome, avec sa batterie intégrée et son écran, sans besoin d’un smartphone. Vous ne craignez plus un appel téléphonique pendant un vol, vous profitez d’une radiocommande opérationnelle en une vingtaine de secondes, le temps de visser les joysticks (ce sont les mêmes que sur la DJI RC).
La luminosité est très correcte, même si en plein soleil l’écran est un peu difficile à utiliser.
A la différence de la DJI RC et ses antennes intégrées, la DJI RC 2 s’offre deux antennes extérieures, orientables et directionnelles. Cela promet des liaisons radio et vidéo plus efficaces ! Pour optimiser la portée, faites en sorte de présenter le plat des antennes face au drone.
Le cache caoutchouc pour protéger la trappe de la carte mémoire microSD et le connecteur USB-C (qui ne tenait pas bien longtemps sur la DJI RC) a été supprimé sur la RC 2. Bonne idée. La DJI RC 2 dispose d’un GPS intégré, basé sur le GPS, Galileo et BeiDou. Son autonomie est de 3h environ, et elle peut être chargée en 1h30.
La DJI RC 2, les points faibles ?
La radiocommande n’est pas connectée automatiquement à Internet. Il faut pour cela soit être connecté à un point d’accès wifi, soit au partage de connexion d’un smartphone. C’est un problème ? Pas vraiment, car mis à part l’activation du drone, à effectuer une seule fois, vous pouvez voler sans être connecté à Internet.
Mais pour profiter des mises à jour et des cartes de l’endroit où vous volez, il faut être en ligne. A noter que DJI Fly permet télécharger de (petites) cartes à l’avance, utilisable hors ligne. Cette radiocommande fonctionne sous Android, mais elle ne laisse pas de possibilité d’installer des applications. Il faut se contenter de DJI Fly, c’est dommage.
La protection du Air 3S
Le Air 3S est équipé d’une simple de protection de la caméra et sa nacelle, sous la forme d’un accessoire en plastique fumé transparent. Il protège aussi le capteur LiDAR et les deux caméras de détection des obstacles à l’avant.
Il est facile à installer et à retirer. Il n’y a rien pour maintenir les hélices en place, comme avec la protection façon « Hannibal Lecter » des Mavic 3. Il faut donc faire preuve de précautions quand on range le drone.
La batterie ?
C’est un nouveau modèle spécifique au Air 3S, Li-ion de 4S pour 14,7V, avec des cellules à 4,25V et 4276 mAh, pour une énergie de 62,5 Wh. Elle entre à l’arrière de l’appareil, maintenue par deux clips. Elle dispose, à l’arrière, d’un bouton qui sert à l’allumage du drone (pression courte puis pression longue comme d’habitude chez DJI), et d’indicateur de l’état de charge par une pression simple avec 4 LED témoins.
DJI indique 247 grammes pour cette batterie dans sa fiche technique, mais elle s’est affichée à 246 grammes sur mes balances. Tant mieux ! Elle est donc plus légère que celle du Air 3, avec ses 263,4 grammes.
Le pilotage
Le Air 3S est un appareil ultra assisté, dont la stabilisation en vol repose sur de nombreux capteurs… et sur l’expérience de DJI, riche d’une dizaine d’années ! Le résultat est un pilotage particulièrement facile, avec un appareil qui répond bien aux sollicitations du pilote, qui sait rester tout seul en vol stationnaire, en extérieur comme en intérieur.
La stabilité est exemplaire même en présence de vent fort. J’ai pu voler avec un vent fort en rafale et par temps de pluie (ce que je ne recommande pas) : le Air 3S n’a pas affiché d’alerte !
Subtilités…
A noter que l’appareil opère automatiquement un virage quand on demande une rotation sur le yaw. C’est efficace pour des vols souples mais cela empêche, par exemple, d’effectuer une rotation à 360° sur une ligne droite.
DJI Fly permet de régler gain et expo de la radiocommande, de quoi affiner les réglages pour un pilotage en souplesse ou, au contraire, nerveux.
DJI Fly n’affiche pas de boussole ni de carte par défaut. Mais si vous touchez l’icône en bas à gauche, vous obtenez la carte. Une autre pression affiche la boussole.
Pour obtenir la carte sur un radiocommande avec écran, il faut qu’elle soit connectée à Internet via un point d’accès wifi ou que les cartes aient été téléchargées au préalable.
Par défaut, l’appareil est verrouillé pour ne pas dépasser 120 mètres au-dessus du point de décollage. Mais il est possible de pousser cette valeur à 500 mètres dans les réglages, et même jusqu’à 1000 mètres s’il n’y a pas de zones interdites (considérées comme telles par DJI, elles correspondent rarement à la réglementation). Bien ou pas bien ? Parfait pour la liberté de chacun, mais attention, il incombe au pilote de respecter la réglementation…
Pour en savoir plus sur la limite des 1000 mètres de hateur, ce post vous donne les explications… Elles sont destinées au Mavic 3, mais c’est le même principe sur le Air 3S.
Vitesse
En mode Sport, j’ai atteint 70 km/h avec le Air 3S. C’est un peu plus que ce qu’autorise la réglementation européenne, qui ne permet pas aux drones de classe C1 de dépasser 19 m/s, soit 68,4 km/h. Le Air 3S avait probablement le vent dans le dos !
Détection des obstacles…
Le Air 3S s’appuie sur 4 capteurs optiques fisheye, 2 caméras verticales, un TOF et un LiDAR pour assurer une détection des obstacles dans toutes les directions ! Selon DJI, la détection fonctionne de 30 cm (vers le bas) ou 50 cm (dans les autres directions) jusqu’à au moins 18 mètres. La présence d’obstacles est matérialisée par des arcs de cercle de couleur à l’écran, le rouge indiquant une proximité un peu trop importante, ainsi que des indicateurs affichés sur le radar, beaucoup moins visibles.
La fonction APAS (Advanced Pilot Assistance System) en v5.0 est à la base de plusieurs fonctions. Il y a l’évitement des obstacles, qui peut être désactivé, activé en mode Freinage (le drone s’arrête lorsqu’il y a un obstacle sur son chemin), ou activé en mode Contournement. Dans ce cas, il se débrouille pour contourner l’obstacle et poursuivre son chemin. Il y a deux options de contournement : Normal ou Agile.
Ca fonctionne, l’évitement des obstacles ?
Pour faire simple : l’évitement des obstacles en vol vers l’avant est bien meilleur que sur les autres appareils de DJI sortis avant le Air 3S.
La raison ? C’est la présence du LiDAR ! Ce détecteur basé sur des mesures laser n’a pas besoin de lumière pour fonctionner – il est donc efficace de nuit ! Par ailleurs il détecte bien mieux les petits obstacles comme de petites branches ou des fils électriques.
Pour les vols vers l’arrière ou sur les côtés, pas de LiDAR, la détection est donc semblable à celle du Air 3. Elle est efficace, mais loin d’être infaillible. Pendant tous les vols d’essais durant lesquels j’ai confronté le Air 3S à des obstacles de face, il n’a jamais failli, même confronté à de petites branches.
C’est assez bluffant ! Attention en revanche, s’il aborde des obstacles sur les côtés ou en reculant, il est beaucoup moins efficace…
Les mouvements de caméra sont beaucoup plus fluides en mode Agile, mais l’évitement est moins efficace puisque le drone effectue des mouvements plus souples, et le risque de chute est plus élevé. Le plus souvent, lorsqu’il a été confronté à un environnement particulièrement dense et complexe, le Air 3S a cherché à trouver un chemin, mais il a abandonné le suivi lorsqu’il a perdu sa cible de vue.
N’oubliez pas que l’évitement d’obstacles est désactivé en mode Sport. La détection des obstacles est active lors de vols automatisés comme l’ActiveTrack, l’Hyperlapse, les Quickshots, etc.
Et c’est bien agréable, mais attention à ne pas trop lui faire confiance pour la détection sur les côtés, vers l’arrière, vers le haut et vers le bas.
Les images issues des caméras d’évitement des obstacles ?
Si vous avez envie de savoir ce que « voient » les caméras de détection des obstacles, pendant le vol, swipez vers la droite ou la gauche sur l’icône en bas à gauche de l’écran. Vous obtenez une image en noir et blanc vers l’avant, l’arrière, la droite ou la gauche : ce sont les différentes vues filmées par les caméras de détection des obstacles.
La vue vers l’avant est automatiquement activée quand vous avancez, la vue arrière quand vous reculez, les vues sur les côtés pendant les translations. Vous pouvez aussi forcer la direction de l’affichage à la demande. Cela permet de conserver un oeil sur l’environnement immédiat, à tout moment. Notez que cette image peut passer en plein écran à la demande;
Notez une fonction très intéressante si vous atterrissez dans la main (parce que le sol ne permet pas d’atterrir normalement) : il est possible de désactiver le positionnement optique et la détection des obstacles vers le bas. Le Air 3S ne remonte plus si vous placez la main dessous. Ca se passe dans DJI Fly, onglet Sécurité, Paramètres de sécurité avancés, Positionnement optique et détection d’obstacles.
RTH ?
Le Return To Home (RTH) ou retour automatique au point de départ est une fonction évidemment présente sur le Air 3S. Elle se déclenche automatiquement en cas de batterie très faible – vous pouvez interrompre le processus en appuyant sur une touche de la radiocommande. Elle se déclenche aussi en cas de liaison radio défaillante, mais dans ce cas vous pouvez la régler pour que le drone reste en stationnaire ou se pose. C’est à prévoir si par exemple vous comptez voler sous des arbres.
RTH nouvelle génération !
Le RTH tient compte des obstacles… avec beaucoup plus de réussite que sur le Air 3. La raison ? Ce sont les outils de détection et d’évitement des obstacles, notamment le LiDAR. Le RTH du Air 3S est bluffant. Imaginons que vous décolliez sous un arbre. Vous demandez un retour automatique au point de départ. Le Air 3S se débrouille pour suivre un itinéraire qui évite les obstacles et parvient à retrouver son chemin jusque sous l’arbre ! La plupart du temps, ça fonctionne. Parfois la détection des obstacles interrompt le vol, qui ne parvient pas à se dérouler jusqu’au retour au point exact, mais c’est rare.
La précision des atterrissages automatiques est correcte, le point de retour est rarement décalé de plus de 30 cm de celui du décollage.
A noter que le RTH profite de la fonction RA, pour Réalité Augmentée : DJI Fly matérialise le chemin du RTH à l’écran avec un ruban vert. La réalité augmentée montre aussi, lorsque la caméra est orientée vers le bas, une icône de drone pour indiquer où se trouve l’appareil par rapport au sol. Elle affiche enfin une icône H pour montrer où se trouve le point de décollage – c’est tellement pratique quand on perd son orientation.
Le vol en stationnaire
Le Air 3S est un drone capable de se maintenir tout seul en vol stationnaire. Il choisit automatiquement le meilleur outil pour optimiser la précision du positionnement : soit le GPS (il faut que la réception soit correcte), soit les caméras verticales (il faut être proche du sol, à moins de 14 mètres). Le GPS fonctionne de nuit, mais les caméras verticales ont besoin de lumière, en revanche.
A noter que le Air 3S dispose d’une LED puissance orientée vers le bas, que vous pouvez allumer à la demande (en lui associant un bouton de la radiocommande). Elle permet d’obtenir suffisamment de luminosité pour que les caméras verticales soient opérationnelles, même de nuit.
Le Air 3S et les images ?
DJI a équipé le Air 3S d’une nacelle stabilisée comprenant une double caméra. Elle repose sur 2 capteurs différentes. Le principal, grand-angle, est un 1 pouce de 50 mégapixels, le second est un 1/1.3 de pouce de 48 mégapixels.
Les caractéristiques vidéo
Chaque caméra du Air 3S filme en 4K Ultra HD (4K 3840 x 2160) jusqu’à 120 fps, et en FullHD (1920 x 1080) jusqu’à 200 fps. Il y a un mode 2,7K jusqu’à 60 fps… mais uniquement en mode portrait (vertical, noté « 2,7K 9:16 »). Car dans ce cas, la définition des images est de 1512 x 2688 pixels.
Pourquoi cela ? Parce que, contrairement à d’autres modèles capables de faire basculer leur caméra à 90°, le Air 3S ne le peut pas. Il compense en filmant en 4K et en coupant l’image pour obtenir un format vertical. Le mode 1080p 9:16 du Air 3S n’était pas disponible lors de mes essais. Un outil à détection optique permet la mise au point automatique rapide. Dans le cas d’une mise à point manuelle, DJI Fly permet de visualiser la mise au point en colorant le décor en rouge (fonction Focus Peaking).
Et puis ?
Dans les réglages, on peut aussi choisir un mode Ralenti en 4K 120 fps ou 1080p 120 et 240 fps. La séquence sera en 30 fps, soit un ralenti de 4 ou 8x selon le réglage. A noter que le mode Nuit du Air 3 n’est pas présent sur le Air 3S. La compression est proposée en H.264 et H.265 (uniquement H.265 pour les formats HLG et D-Log M).
Le débit maximal ? Il atteint 130 Mbps en 4K H.264. Cela permet d’obtenir des images avec une compression très peu visible – mais c’est moins que les 150 Mbps du Air 3 ! En pratique, je n’ai pas noté de différence de compression ni perçu d’artefacts signes d’un débit trop faible.
Pourquoi deux optiques ?
Parce qu’il y a une caméra grand-angle de FOV 84°, format équivalent 24 mm, qui ouvre à f/1.8 (libellée FC9113), et une autre avec zoom 3x de FOV 35°, format équivalent 70 mm, qui ouvre à f/2.8 (libellée FC9184). En vidéo comme en photo, ces deux modes sont disponibles, et profitent d’un zoom supplémentaire numérique. Avec la première caméra, on passe de l’absence de zoom à un 3x numérique. Avec la seconde caméra, on zoome de 3x optique jusqu’à 9x numérique (sauf en modes Ralentis dépourvus de zoom).
Si vous comptez réaliser de belles images, restez en zoom optique, donc 1x sur la première caméra ou 3x sur la seconde. Car le zoom numérique a le mérite d’exister, mais les images zoomées sont très pixellisées et bruitées. Elles sont utilisables à but informatif (lire une plaque d’immatriculation ou un panneau à grande distance par exemple), mais pas pour revenir avec de belles images.
A savoir : un zoom continu du 1x au 9x n’est pas possible puisqu’il faut passer manuellement d’une caméra à une autre. Il y a une icône à l’écran pour changer de caméra..
10 bits pour plus d’informations
La caméra filme par défaut en HDR en 4K jusqu’à 120 images par seconde, ce qui permet de profiter de séquences avec des zones sombres détaillées. La fonction est plutôt efficace, évitant les couleurs trop saturées. La caméra offre aussi (et surtout !) le mode D-Log M pour utiliser un codage des images en 10 bits, ce qui permet de profiter d’une immense palette de couleurs. L’intérêt du 10 bits est particulièrement perceptible dans les dégradés d’un ciel bleu !
Sympa, mais cela requiert impérativement de traiter les images avec un logiciel spécialisé, manuellement ou avec l’assistance de préréglages comme les Lut ! C’est ce mode qui sera privilégié par les amateurs de belles images, puisqu’il permet d’avoir un meilleur contrôle des couleurs.
A noter que la fonction Color Display Assist permet de profiter de couleurs plus naturelles sur le retour écran que celles trop « flat » (ternes) quand on filme en D-Log M. Pour mes essais, j’ai utilisé le pack de Lut Atmospheria de Stéphane Couchoud pour gérer la colorimétrie des images et donner du relief à mes séquences.
Format HLG pour téléviseurs
Le Air 3S permet aussi de filmer en HLG (Hybrid Log-Gamma), un format HDR sur 10 bits créé par la BBC et NHK. Mais il faut le visionner sur un téléviseur compatible pour en profiter.
La stabilisation
Le bloc caméra est stabilisé sur 3 axes. Cette stabilisation mécanique est épaulée par une stabilisation numérique, gérée automatiquement par l’appareil. Je n’ai noté aucune faille dans la stabilisation, y compris dans des situations difficiles comme de fortes bourrasques de vent, ou en mode Sport. Y compris aussi lorsque le zoom est activé !
La caméra peut être contrôlée manuellement sur l’axe vertical de -90° (la verticale) à +60° (vers le haut). Elle peut aussi être gérée sur l’axe vertical (tilt) et l’axe horizontal (pan) de -5° à +5° avec une pression longue sur l’écran puis en déplaçant le doigt.
La qualité des vidéos ?
Les images tournées avec le Air 3S sont particulièrement belles, même en laissant l’appareil se débrouiller avec des réglages automatiques. Bien sûr, c’est en choisissant vos propres paramètres par rapport aux conditions de shooting que vous obtiendrez les meilleurs résultats.
Le meilleur s’obtient en filmant en D-Log M avec un travail de colorimétrie en post-production avec un logiciel de montage vidéo. Pour vous faire votre propre opinion, téléchargez des séquences brutes pour étudier leurs caractéristiques, ici.
Les photos
Le Air 3S shoote ses clichés avec la caméra grand-angle en 12 mégapixels dans une définition de 4032 x 3024 pixels, et en 50 mégapixels en 8192 x 6144. Avec la caméra zoom 3x, il shoote en 12 mégapixels dans une définition de 4032 x 3024 pixels, et en 48 mégapixels en 8064 x 6048 pixels.
Les formats 48 et 50 Mpix sont de type Quadbayer. Les photos en 12 mégapixels sont de définition plus faible, mais la gestion de la luminosité est optimale. Les photos en 48 et 50 mégapixels, avec leur haute définition, permettent par exemple des impressions papier grand format, mais au prix d’une perte de détails sur les zones sombres.
Notez que les EXIF des photos contiennent les réglages de la caméra, mais aussi les coordonnées GPS et l’altitude (attention, ce n’est pas la hauteur).
Jpeg, RAW ou les deux ?
Le Air 3S shoote en Jpeg, ou en RAW, ou en Jpeg et RAW simultanément. Le Jpeg est pratique pour profiter des images sans traitement, avec une compression. Le RAW est efficace pour retoucher les photos avec un logiciel spécialisé. Les images, y compris en RAW, sont orthorectifiées pour un horizon plat même lorsque la caméra est inclinée. C’est sans doute ce qui explique un léger flou sur les bords des images.
HDR automatique
Notez que les photos Jpeg profitent d’un traitement automatisé des images façon HDR. Le résultat, discret pour ne pas dénaturer les images, est cependant suffisant pour « déboucher » des zones sombres. La fonction est particulièrement efficace pour réussir des photos avec une partie très lumineuse et une autre dans l’ombre.
Selon DJI, les clichés DNG (RAW) réalisés en stationnaire profitent aussi d’un traitement HDR pour une plus grande plage dynamique.
HDR manuel ?
Il est possible de shooter une photo unique, ou 3 ou 5 clichés en AEB pour une exposition différente (avec un écart de 0,7EV) dans le but de réaliser des images HDR avec un logiciel spécialisé.
Une fonction permet de shooter des photos automatiquement à intervalles réguliers pendant le vol, entre 5 et 60 secondes. Pratique pour réaliser de clichés en se concentrant sur le pilotage. Il peut aussi réaliser des clichés en rafale pour capturer des scènes rapides.
Le Air 3S et les conditions de faible luminosité ?
DJI a travaillé sur le capteur grand-angle du Air 3S pour qu’il donne satisfaction même lorsqu’il est confronté à des conditions de faible luminosité. De nuit, par exemple ! Même avec les réglages sur Auto, les vidéos et les photos de nuit sont plutôt réussies.
Evidemment, les meilleurs résultats sont obtenus en choisissant soi-même les réglages de la caméra. Notez qu’en photo, le mode 12 Mpix permet de réaliser de belles photos de nuit. Le mode 48 Mpix n’est pas prévu pour la faible luminosité.
Peut-on ajouter des filtres ?
Oui, DJI commercialise des filtres spécialement prévus pour le Air 3S, ceux des autres drones de DJI ne sont pas compatibles. Les fabricants spécialistes vont également proposer leurs filtres ND, PL, etc. Les réglages des photos et vidéos sont très corrects en mode Automatique pour privilégier la facilité d’emploi.
Si vous utilisez des filtres ND ou si vous tenez à gérer vos réglages, il faut passer en mode Pro : il permet de choisir ISO, vitesse d’obturation, exposition et température.
Récupérer les images ?
Il y a plusieurs outils pour utiliser les images filmées et photographiées par le Air 3S. Le premier, c’est la fonction QuickTransfer, qui établit une liaison wifi entre le drone et un smartphone. Parfait pour récupérer rapidement des séquences et des photos pour les publier sur les réseaux sociaux.
Il est également possible d’extraire la carte mémoire du Air 3S pour la lire sur un ordi. Enfin, le Air 3S peut être connecté en USB-C sur un ordi. Une fois allumé, il offre l’accès à sa mémoire intégrée et à la carte mémoire (s’il y en a une insérée).
Les fonctions automatisées
Le Air 3S propose les fonctions Quickshot, qui permettent de réaliser des séquences simples et automatisées : le Dronie, le Cercle, la Fusée, le Boomerang et l’Asteroide. Ces Quickshots sont réalisables en 1080p, 4K et 2,7K 9:16, en 30 ou 60 fps, en couleurs Normales, HLG ou DLog-M, avec un zoom 1x ou 3x (optique).
A cela s’ajoute la possibilité de bouger pendant la prise de vue : le Quickshot suit sa cible automatiquement. A noter que la détection d’obstacles fonctionne (si elle est activée) pendant les Quickshots. Mais gardez en tête qu’elle n’est optimale que vers l’avant du drone.
La fonction MasterShots
Elle permet de réaliser des enchainements de séquences automatisées pour proposer une petite vidéo. Sympa, mais on se lasse assez rapidement des choix de DJI Fly. Mieux vaut réaliser ses propres séquences.
Les suivis FocusTrack ?
La fonction FocusTrack permet de sélectionner une cible à l’écran et de fixer la caméra pour qu’elle filme dans sa direction. Soit centrée, soit légèrement décentrée à la demande en forçant la rotation du drone. Pour indiquer la cible, il suffit de l’entourer avec le doigt à l’écran. Ou, si elle est reconnue par DJI Fly, en touchant la croix verte qui la matérialise. La mise au point est effectuée automatiquement sur la cible, pour qu’elle ne soit jamais floue.
FocusTrack est à la base de la fonction Spotlight (Projecteur) qui permet de piloter en laissant le Air 3S jouer le rôle du cadreur. Elle fonctionne vraiment bien, d’autant qu’il est possible de décentrer le sujet pour un effet plus naturel. Il y a aussi la fonction POI (Point d’intérêt) : le drone tourne en cercle au-dessus de sa cible, même si elle se déplace. Ces fonctions sont opérationnelles avec les deux caméras, mais on note parfois des mouvements parasites avec le zoom 3x.
Et puis ActiveTrack !
C’est aussi une fonction dérivée de FocusTrack : le drone suit sa cible. Ou la précède, ou la suit de côté, voire de trois quarts. Pour régler la position du suivi, il suffit de l’indiquer à DJI Fly sur le petit schéma en bas à gauche de l’écran. La fonction est opérationnelle, avec une vitesse de suivi augmentée par rapport à celle du Air 3. A pied ou en courant, pas de souci, le suivi est efficace. Il fonctionne en montée et en descente.
La bonne nouvelle, c’est que le suivi, de côté, par exemple, reste opérationnel en voiture jusqu’à une vitesse de 50 km/h. Si le sujet est masqué par le décor, par des arbres, la fonction de suivi continue à l’aveugle, mais s’interrompt si la cible disparait trop longtemps. Et les obstacles ? Le Air 3S les détecte… le plus souvent. De face, la détection est particulièrement efficace avec l’aide du LiDAR. Mais la fonction n’est pas infaillible pour la détection sur les côtés, l’arrière, le haut et le bas, c’est important à savoir si vous lancez le Air 3S dans un suivi latéral en présence de nombreux obstacles.
Suivi et réglementation
Puisque le Air 3S dispose d’une indication de classe C1, il doit respecter les requis de cette classe. Laquelle permet des vols automatiques en « mode suivi de sujet » mais avec une obligation : le drone ne doit pas se trouver à plus de 50 mètres du pilote. DJI a prévu le cas : si la distance entre la radiocommande et le Air 3S dépasse les 20 mètres avec une personne.
Le manuel indique que cette limite est de 100 mètres avec un véhicule, mais le drone limite automatiquement cette distance à 50 mètres en Europe pour assurer la conformité à la réglementation. Lorsque la distance est trop grande, l’ActiveTrack s’interrompt, le drone reste en stationnaire en attendant de nouveaux ordres. Un message expliquant ce qu’il se passe apparait sur l’écran de DJI Fly.
Hyperlapse
Les Hyperlapse, ce sont des vidéos faites de clichés pris automatiquement à intervalles réguliers pour produire des séquences accélérées. Elles donnent de beaux résultats avec des nuages, avec des bateaux – des objets qui bougent lentement. Il y a possibilité de régler l’intervalle de shooting, la durée de la vidéo, etc.
Il y a le mode Libre (vous pilotez manuellement), le mode Cercle (le Air 3S tourne tout seul), le mode CourseLock (le Air 3S vole dans une direction figée, sur une ligne droite) et le mode Waypoints (le Air 3S vole selon des points préprogrammés). La détection des obstacles fonctionne en mode Hyperlapse. L’Hyperlapse est une fonction top en présence de nuages ou au-dessus de bateaux.
Les Waypoints
C’est une fonction qui permet de faire voler le Air 3S automatiquement selon des points de passages préprogrammés. Soit en effectuant un vol dont vous mémorisez les points-clés, soit en préparant un itinéraire dans DJI Fly avec l’aide d’une carte à l’écran.
C’est une fonction très sympa pour réaliser des vols à l’identique, mais à des moments différents. Elle manque toutefois de souplesse dans les actions possibles, ne permet pas de modifier les vols avec un éditeur sur PC / Mac, et n’offre pas de fonctions pour des prises de vues pour de la photogrammétrie.
Les aides à la prise de vues ?
DJI Fly permet d’activer des outils pour faciliter le contrôle des prises de vues. Par exemple les zébras qui mettent en évidence les zones surexposées, l’histogramme, le Focus Peaking aider à la mise au point manuelle.
Photogrammétrie ?
Les outils photo du Air 3S sont parfaits pour réaliser des photos géolocalisées, haute définition et avec beaucoup de contraste. Ce qui est dommage, en revanche, c’est que la fonction Waypoints ne soit pas suffisamment élaborée pour concevoir de véritables plans de vols destinés à des shootings pour la photogrammétrie.
Mais si vous avez le courage de le faire à la main, vous pouvez obtenir un résultat très convaincant. Les outils de détection des obstacles permettent de piloter autour d’une cible même si elle est entourée par une végétation ou des bâtiments très proches. Les images, en Jpeg ou en RAW sont prises en charge par des outils comme RealityCapture…
Un exemple de shooting photogrammétrie avec le Air 3S
Le shooting a été réalisé manuellement avec le Air 3S en 150 photos, calculé par RealityCapture, et stocké sur kroscloud.
Le panorama Sphere
Le Air 3S propose plusieurs types de fonctions Panorama. La plus intéressante est la Sphere, une suite de 33 photos. L’appareil réalise la prise de vues en 48 secondes environ et le « stitching » logiciel en 28 secondes environ, soit un peu plus d’une minute en tout. Le résultat est sympa, mais pas totalement satisfaisant : le ciel n’est pas complètement pris en photo, la partie manquante est comblée artificiellement. C’est correct avec un ciel uni bleu ou gris, mais il y a trop de flou ajouté dans le cas d’un ciel avec des détails. En revanche, les erreurs de jointure sont rares.
La fonction Sphere fonctionne avec la télécaméra 3x : elle prend 137 photos (!) pour réaliser le 360°. Mais les 3 essais que j’ai effectués ont échoué, DJI Fly n’a pas lancé le stitching des images. La reconstruction avec PTGui et Microsoft ICE n’a pas fonctionné non plus. Ce sera à essayer à nouveau avec une version définitive du firmware du Air 3S.
EDIT : je vous propose des explications sur les panoramas 360° avec la télécaméra 3x, ici.
Un exemple de panorama 360°
Les autres panoramas ?
Ils ne déméritent pas : il a y le 180°, un shooting de 21 photos, le Grand Angle fait de 9 photos, et le Vertical, avec 3 photos.
La nouveauté, c’est le panorama Libre !
Si vous ne trouvez pas votre bonheur avec les panoramas automatiques, vous pouvez choisir le mode Libre. Vous indiquez la position en haut à gauche avec la touche C1 de la radiocommande, puis la position bas droite encore avec la touche C1, et vous lancez le panorama. Le Air 3S s’occupe de réaliser les clichés et de produire une image haute définition en respectant les limites que vous lui avez indiqué. Simple et très efficace ! Le panorama Libre est utilisable avec les deux caméras.
Notez que vous pouvez télécharger ici des exemples de photos Jpeg et Raw, 12 et 48 mégapixels, de photos AEB et des différents panoramas, dans le but de les étudier pour vous faire votre propre idée.
Et le GPS ?
Le positionnement GPS sur le Air 3S repose sur le GPS (américain), sur Galileo (européen) et BeiDou (chinois). Le « fix » GPS est rapide, même en environnements difficiles, et l’appareil capte rapidement suffisamment de signaux satellites.
Il est possible de décoller sans que le GPS soit opérationnel, mais cela signifie que l’appareil ne sera pas capable de revenir tout seul au point de départ, ni de proposer les fonctions Quickshot, Mastershots, Hyperlapse, Waypoints, etc.
AirSense ?
DJI avait promis d’équiper tous ses appareils de plus de 250 grammes de la fonction AirSense. Promesse tenue avec le Air 3S, puisqu’il dispose de cette fonction ! Pour mémoire, AirSense est un récepteur qui permet de détecter la présence d’aéronefs habités (avions, hélicoptères) équipés en ADS-B, d’être prévenu par un message à l’écran et d’une indication de la position sur une carte. Notez bien que AirSense est uniquement un récepteur de la proximité d’aéronefs habités : ce n’est pas une balise qui diffuse la position du Air 3S.
La hauteur de vol ?
La réglementation impose au pilote de voler à 120 au plus du point le plus proche de la surface de la Terre. Vous le savez si vous lisez Helicomicro (voir ici), cela permet des vols à plus de 120 de hauteur par rapport au point de décollage ou à la verticale du drone – dans certaines conditions comme en montagne par exemple. La hauteur, par défaut, est fixée à 120 mètres au-dessus du point de décollage.
C’est la raison pour laquelle DJI autorise à dépasser 120 mètres de hauteur dans les réglages. Il permet de grimper jusqu’à… 1000 mètres au-dessus du point de décollage, sauf à certains endroits où le constructeur limite la hauteur à 500 mètres.
Les NFZ ?
La géovigilance est une fonction obligatoire pour prétendre à la classe C1 : le constructeur doit s’assurer que le drone prévient son pilote à l’approche d’une zone interdite. Le Air 3S est équipé de cette fonction, donc conforme aux requis européens. Il y a deux méthodes pour que la base des données de géovigilance soit à jour : laisser DJI Fly s’en occupe avec la mise à jour Flysafe, ou importer vous-mêmes les données Json du pays où vous volez (voir la méthode ici pour un Air 3, elle est semblable avec un Air 3S).
Notez que DJI a abandonné la géobarrière qui interdit le décollage dans une zone interdite (voir ici). Plus de NFZ, donc : le constructeur se cantonne au requis réglementaire : la géovigilance. Mais les messages de géovigilance, souvent répétés et à valider, sont parfois perçus comme une géobarrière. Ce n’est pas le cas : le Air 3S décolle même dans une zone interdite, il suffit de valider le (ou les) message(s) d’avertissement.
Signalement électronique et identification à distance
Pour mémoire, parce qu’on finit par s’y perdre : ce sont deux requis réglementaires qui permettent aux forces de l’ordre de détecter et identifier votre drone lorsqu’il est en vol.
L’identification à distance est le requis européen, indispensable pour la classe C1… il faut donc impérativement aller indiquer votre numéro d’exploitant UAS dans les réglages de DJI Fly pour être en conformité avec la réglementation européenne. La procédure pour le faire avec le Air 3S est décrite dans le paragraphe « La minute réglementaire ».
Le signalement électronique à distance est le requis franco-français pour les drones de plus de 800 grammes opérés en France. Puisque le Air 3S est sous la barre des 800 grammes, vous n’avez pas besoin d’activer le signalement électronique à distance – de toutes manières le Air 3S ne vous le propose pas du tout. Et c’est tant mieux !
La fonction Localiser ?
Elle permet de récupérer les dernières coordonnées connues du drone, et de faire « sonner » ses ESC. Le son est faible, mais il peut tout de même s’avérer salutaire pour retrouver un Air 3S crashé dans un champ – si sa batterie n’a pas été éjectée.
L’autonomie ?
Avec la batterie du Air 3S, DJI promet jusqu’à 45 minutes de vol dans des conditions optimales, et 41 minutes en stationnaire. Le constructeur est-il un peu trop optimiste ? Oui, comme souvent, mais les résultats sont tout de même très corrects.
En mode stationnaire, le Air 3S tient 30 minutes avant d’indiquer que la batterie est faible et qu’il est temps de se poser. Il continue à voler pendant 7 minutes encore, mais il faut surpiloter en poussant les gaz pour éviter qu’il ne se pose automatiquement. Au bout de 37 minutes environ, il se pose définitivement. En mode Sport et gaz à fond, l’autonomie chute beaucoup, bien évidemment. La charge de la batterie prend environ 1h20 en USB-C avec un chargeur de 65W ou plus. Tout cela est plutôt satisfaisant !
Et avec la batterie du Air 3 ?
Le test est pertinent puisque la batterie du Air 3 est compatible avec le Air 3S. Excellente surprise : le Air 3S gagne environ 3 minutes d’autonomie ! Et ce malgré un surpoids de 20 grammes environ.
La mauvaise nouvelle ? Le manuel indique une MTOM (masse maximale au décollage) de 740 grammes, alors que le Air 3S pèse 743 grammes avec la batterie du Air 3. Cela signifie, au regard de la réglementation, que le Air 3S équipé de la batterie du Air 3 perd sa classe C1 et n’est pas autorisé à voler en catégorie Ouverte… Les forces de l’ordre iraient-elles chasser les quelques grammes en trop ? Probablement pas. Mais une assurance, elle, le ferait très probablement…
Le chargeur du pack Fly More
Dans le pack Fly More, DJI fournit un bloc de charge pour 3 batteries. Comme d’habitude, il n’y a qu’une seule batterie qui charge à la fois, même s’il y en a plusieurs dans le bloc, en commençant par la plus chargée (pour être opérationnel au plus vite). Ce bloc charge les batteries du Air 3S, mais aussi celles du Air 3.
Le plus de ce chargeur ?
C’est la « fonction d’accumulation d’énergie », très efficace sur le terrain. Le principe ? Vous pouvez transférer le contenu d’une ou plusieurs batteries pas tout-à-fait vides pour en recharger une autre. Il suffit pour cela d’une pression longue sur le bouton du bloc de charge (lorsqu’il n’est pas alimenté en USB).
Ca sert à quoi ?
Un exemple permet de mieux comprendre. Si vous avez volé sans aller jusqu’au bout de vos batteries, par sécurité, il reste encore un peu d’énergie dedans. Lancez cette fonction de charge : le bloc cherche la batterie la plus chargée, et la recharge en allant puiser dans les autres batteries. Avec un peu de chance, cette mutualisation des « restes » de chaque batterie vous permet d’obtenir une pleine charge et de voler encore ! En pratique, cette fonction est parfaitement opérationnelle, surtout si vous poussez rarement vos batteries dans leurs derniers retranchements. Dans ce cas, une fois 3 vols effectués, le résidu de charge des 3 batteries permet d’en charger une à bloc, ou quasiment à bloc. Ce qui permet de réaliser un 4ème vol !
Batterie et trappe
La batterie est solidement fixée, et se retire en pinçant deux boutons sur les côtés. Elle dispose de 4 LED pour indiquer l’état de la charge, et d’un bouton pour les allumer. Juste en-dessous de la batterie se trouve un cache qui protège la trappe pour une carte mémoire microSD, pour la prise USB-C destinée à la charge de la batterie et à accéder aux données de la carte mémoire et de la mémoire interne.
Cette mémoire interne offre une capacité de 47 Go selon DJI, mais de 42,2 Go après formatage par DJI Fly. C’est moins que ce qu’annonce le constructeur, mais c’est bien pratique si vous avez oublié de prendre une carte mémoire – car cela représente environ 1 heure de vidéo 4K à 60 fps !
Le MSDK ?
DJI a indiqué sur son site destiné aux développeurs que le Mobile SDK (MSDK) serait désormais proposé en priorité pour ses drones à vocation professionnelle ou industrielle. Le Air 3S n’en fait pas partie, il est donc fort probable que le MSDK ne soit pas disponible avant fort longtemps, voire… jamais. C’est dommage, vraiment dommage, puisque l’appareil serait parfait pour des missions de photogrammétrie, des vols avec waypoints avancés, etc.
Portée radio et vidéo ?
Le Air 3S s’appuie sur O(cuSync)4. La promesse de O4 ? Ce sont des liaisons radio et vidéo à grande distance (10 km théoriques en Europe), une excellelte stabilité, un retour vidéo en 1080p à 60 images par seconde.
Et puis une particularité permise par une modification réglementaire européenne validée par la France (que je vous avais présentée ici) : la possibilité d’émettre en 5,1 GHz en plus des bandes 2,4 et 5,8 GHz ! A noter que le réglage manuel en 5.1 GHz n’est pas proposé par DJI Fly. DJI précise que le Air 3S, comme le Air 3, est plus efficace avec ses 6 antennes (2 pour l’émission et 4 pour la réception) par rapport aux 4 antennes des Air 2S, Mavic 3 Pro, Mini 3 Pro…
Portée en 4G ?
Le Air 3S est compatible avec le Dongle 2 cellulaire (voir le test ici) pour profiter de la fonction Transmission améliorée. Sa trappe, sur le dessus, se déclipse facilement une fois la batterie retirée. Une fois équipé de cet accessoire et d’une carte SIM avec un abonnement 4G, lorsque la liaison O4 est défaillante, elle est remplacée par une liaison 4G.
Cela permet des vols derrière des obstacles comme des bâtiments, des collines, et d’aller très loin (bien plus que ne permet la réglementation), tant que le Dongle 2 cellulaire capte la 4G…
Ce qu’il faut garder en tête : le décollage du drone doit s’effectuer avec la liaison O4, c’est-à-dire à proximité physique de la radiocommande. Ensuite le Air 3S peut partir loin, hors de portée O4, pourvu qu’il y ait une couverture 4G – et c’est donc l’autonomie du drone qui dicte la portée réelle !
Attention tout de même en cas d’incident ou d’accident, la réglementation ne permet pas encore de piloter avec une liaison 4G d’une part, et vous serez très probablement hors de la vue directe : tout cela pourra vous être reproché.
Et à l’usage ?
Le retour vidéo O4 profite de la définition de 1080p : c’est très agréable et cela permet de voir des détails à l’écran. Les 60 images par seconde sont moins convaincants, il y a souvent des saccades à l’écran. Mais ce retour vidéo reste d’une qualité impressionnante et d’une stabilité très agréable.
Je n’ai pas testé la portée radio maximale en vol : la réglementation limite l’enveloppe de vol à la vue directe du télépilote. Au sol (sans décoller), à une distance de 2,6 km sans obstacle, la liaison était robuste… même en orientant la radiocommande dans le mauvais sens. Lors de mes essais en vol, la liaison a particulièrement bien tenu y compris en présence de perturbations probables, et à côté d’une tour téléphonique que je sais être source d’ennuis !
Faut-il l’acheter ?
Le Air 3S est un drone de gamme intermédiaire. Il permet aux amateurs de belles images de profiter d’un capteur de 1 pouces, d’un zoom 3x optique et des fonctions avancées comme les Waypoints. Il dispose de capteurs multidirectionnels qui permettent de voler avec sérénité – avec une mention excellente pour la détection des obstacles à l’avant, même s’il ne faut jamais se reposer totalement sur la détection automatique du drone pour éviter les ennuis. Enfin la transmission radio et vidéo O4 est très satisfaisante en stabilité et en portée. Donc si vous envisagez l’achat d’un drone pour de belles prises de vues, le Air 3S est un excellent choix. Ces voyants au vert sont rassurants.
En résumé ? Si vous désirez acheter un drone compact tout en restant exigeant sur la qualité des images, le Air 3S est un excellent choix.
Mais si vous disposez déjà d’un Air 3 ou même d’un Air 2S, les nouveautés du Air 3S ne justifient pas son achat, à moins de désirer des fonctions particulières à cet appareil comme le Panorama Libre ou la détection des obstacles la nuit.
Le prix du DJI Air 3S?
En pack avec la radiocommande RC-N3, le Air 3S est positionné à 1099 € (soir le même prix que le Air 3 à sa sortie). Comptez 1399 € pour la version avec radiocommande DJI RC-N3 et Fly More Combo (avec son chargeur avec fonction d’accumulation d’énergie, des hélices de rechange et une sacoche de transport). Ou 1599 € pour la version Fly More avec radiocommande RC 2 avec son écran intégré (c’est cette configuration que j’ai testée).
Le Air 3S est disponible chez DJI, dans les DJI Stores de Paris, Lyon et Marseille, et chez des revendeurs spécialisés comme StudioSPORT.
La minute réglementaire…
Le DJI Air 3S est un drone de classe C1. Voilà un résumé de ce qu’il faut savoir :
- Il est opéré en catégorie Ouverte, sous-catégorie A1.
- Il faut lire le manuel du Air 3S (ça n’a l’air de rien, mais n’oubliez pas que c’est un requis imposé par la réglementation !)
- Il faut s’enregistrer en tant qu’exploitant UAS sur AlphaTango
- Il faut apposer votre numéro d’exploitant UAS sur le Air 3S avec une étiquette (sans les 3 caractères de contrôle).
- Vous devez renseigner la fonction Remote ID, c’est-à-dire l’identification à distance européenne. Ca se passe dans DJI Fly avec un smartphone branché au casque. Touchez les 3 points en haut à droite de l’écran, puis choisissez l’onglet Sécurité, puis Identification à distance du drone. Dans la ligne Operator Registration Number, indiquez votre numéro d’exploitant UAS (avec les 3 caractères de contrôle). La validation est indiquée par Saisie correcte en vert. Voir les captures d’écran pour mieux comprendre…
- Le numéro d’exploitant UAS et son code de contrôle à 3 caractères, à récupérer sur AlphaTango.
- Le numéro d’identifiant UAS et son code de contrôle à 3 caractères sont à insérer dans DJI Fly, sur un smartphone relié au casque Goggles 3.
- Il faut suivre la formation A1/A3 en ligne, puis passer et réussir l’examen en ligne.
- Vous pouvez voler à 120 mètres de distance par rapport au point le plus proche de la surface de la Terre (ce qui est différent de 120 mètres de hauteur par rapport au point de décollage). Voir ici pour plus d’explications.
- Il faut voler en vue directe du pilote. Dans le cas des vols FPV avec le casque d’immersion, vous devez être assisté d’un observateur qui conserve le drone en vue directe et vous donne des indications pour qu’il le reste pendant toute la durée du vol. L’observateur n’a pas besoin d’être formé au pilotage, sa tâche se cantonne à son rôle d’observation et d’indication.
- Il est interdit de voler de nuit.
- Il autorise à voler au-dessus des zones résidentielles, commerciales, industrielles et récréatives en Europe.
- MAIS attention, vous ne pouvez PAS voler en agglomération au-dessus de l’espace public en France.
- Il est possible de voler en agglomération au-dessus de l’espace privé, avec l’autorisation de l’occupant des lieux et s’il n’existe pas d’autres interdictions à cet endroit (attention, Geoportail ne permet pas de statuer).
- Vous ne pouvez pas survoler de personnes ne participant pas à l’exploitation (sauf si c’est involontaire et que le survol est stoppé rapidement). Une personne est dite participante à l’exploitation lorsqu’elle a donné son consentement explicite au pilote ou à l’opérateur de l’UAS et qu’elle a reçu de sa part des instructions claires de précautions de sécurité en cas de comportement imprévu du drone.
- Le survol d’un rassemblement de personnes est interdit (on parle de rassemblement lorsque la densité des personnes présentes empêche ces dernières de s’éloigner)
- Le largage de charge est interdit.
- Vous ne devez pas dépasser le masse (MTOM) de 740 grammes indiquée dans le manuel.
- Il faut respecter les restrictions ou interdictions de vol dans les espaces aériens à statut particulier (zones R, D, P et temporaires ZRT, ZDT, ZIT), à consulter sur le Service de l’Information Aéronautique (SIA).
- Il faut respecter les zones interdites de vol à basse hauteur, comme les parcs nationaux, certaines réserves naturelles, certains biotopes, les hôpitaux, prisons, sites industriels protégés, etc.
- Il faut respecter les interdictions ou restrictions de vol dans les emprises des aérodromes.
- Il est interdit de voler dans les zones d’évolution de services de secours.
- Vous devez télécharger les données de géovigilance les plus récentes de l’endroit où vous volez, et les installer sur le drone pour assurer la conformité à la réglementation.
- Comme le drone pèse moins de 800 grammes, vous n’avez pas besoin de l’enregistrer sur Alphatango ni d’apposer ce numéro d’enregistrement sur le drone (ne confondez pas avec l’enregistrement du numéro d’exploitant UAS, requis, et l’apposition de ce numéro d’exploitant UAS sur le drone, requise aussi).
- A noter que la classe C1 impose une limitation de vitesse à 19 m/s, ce qui explique que le Air 3S en Europe ne soit pas en mesure de dépasser 68,4 km/h (sauf conditions particulières comme un fort vent dans le dos).
- A noter aussi que la classe C1 impose un feu à éclats verts, pourtant le Air 3S en est dépourvu. Si vous désirez voler de nuit dans les autres pays de l’Union européenne (ou la France si un jour les vols de nuit sont autorisés en catégorie Ouverte), il faudra ajouter une LED à éclats verts vous-même.
Et si vous êtes perdu dans la réglementation, direction cette page pour tout comprendre !
Le fait de ne pas pouvoir faire des plans de vols automatisés au nadir me refroidit un peu.
Merci pour le test
Bonjour Fred,
Merci pour cet excellent test comme d’habitude.
As-tu vu ou entendu parler d’un Beacon permettant le suivi sans la rc ?
Pilou
Pas de révolution concernant la machine mais encore un super test exhaustif.
J’espère que tu as pu te reposer un peu 😉 mais ça valait le coup, merci.
@ Pilou : yes, mais je ne l’ai pas eu l’opportunité de l’essayer 🙁
En termes de qualité photo et vidéo, est-il justifié de remplacer un Air 2S par ce nouveau modèle ?
@ Rirido : Je ne suis pas assez pertinent en photo et vidéo pour bien répondre à la question. Il me semble que le Air 3S est plus efficace en réglages automatiques que le Air 2S. Mais pour profiter efficacement d’appareils de ce type, il ne faut surtout pas rester en réglages manuels. Et dans ce cas, le Air 2S reste très correct…
La principale différence technologique vient surtout de la détection des obstacles vers l’avant avec le LiDAR, sans rapport avec la photo et la vidéo.
J’ajoute que la qualité photo et vidéo se jugent sur pièce, c’est à dire au terme de tests rigoureux et exhaustifs. La fiche technique ne permet pas de réellement apprécier ce que donne un appareil photo ou vidéo (fût-il monté sur un drone) « in real life ».
j’attends impatiemment des essais sérieux (du type de l’excellent « Paladrone », ça serait top qu’il se saisisse de l’engin ;-).
reportage et réalisation super complets et très explicites comme d’habitude, merci. une fois la maîtrise quasi parfaite des possibilités du R2S acquise, l’acquisition du R3S et son autonomie complétée par la technique du LiDAR et de la R.A. pourra être envisagée.
@ Olivier : Oui, il faudrait aussi des tests labo pour une mise à l’épreuve théorique mais couvrant un maximum de situations…
Merci et bravo pour ce test. Vraiment mille fois plus instructifs que les autres tests.
On frise le drone parfait pour le voyage. Sauf qu’il devient vraiment compliqué de survoler qqch sans être hors la loi ou en zone affichée comme interdite.
Concernant la qualité photo, il y a effectivement la « vraie vie », mais quelques photos de décor reproductible pourraient être intéressantes. Par exemple un décor +/-coloré, +/- contrasté et +/- éclairé par la même source de lumière, le tout au fond d’un local/garage.
Une photo en tout auto et une autre en raw de base donnera déjà de très grandes indications sur la qualité générale.
Mais encore toute mon admiration pour la qualité du boulot sur ce site!
@Fred, oui, façon Chasseurs d’Images (enfin, à la grande époque, je ne sais ce qu’ils deviennent maintenant).
@ Olivier : Oui, de l’époque de Guy-Michel Cogné, qui avait été le premier à me demander un dossier sur les drones, il y a une tripotée d’année…
@ riton : Yes, j’essayerai d’en refaire avec de la couleur dedans (pas facile avec la météo du moment 🙂 )
Merci en tous cas 🙂 🙂
@Fred : Tu as fait un dossier drone dans C.I … alors là, respect Monsieur Fred !!!
Si tu retrouves ton article et que tu veux bien le diffuser, j’en suis preneur 🙂
Merci, toujours aussi agréable et technique !
@ Dark_Saiyens : Thxxx 🙂
@ Olivier : Malheureusement je n’ai conservé les différents magazines auxquels j’ai contribué, en interne ou en piges, je m’en suis débarrassé au fil des déménagements 🙁