Etats-Unis : l’initiative Green UAS de l’AUVSI pour des drones « américains et sécurisés »
Green UAS est une initiative de l’Association for Uncrewed Vehicle Systems International (AUVSI) aux Etats-Unis. Elle vise à mettre en place des règles de certification des drones et de leurs composants dans une volonté de souveraineté qui vise à s’affranchir de la dépendance à des pays comme la Chine.
Cette fièvre protectionniste a donné naissance au programme Blue UAS, pour la fourniture de drones aux administrations américaines. Nourrie par les conflits en Ukraine et au moyen-orient, elle vise désormais le marché des drones professionnels et grand public, et notamment le constructeur leader du marché, DJI (voir ici).
Qu’est-ce que Green UAS ?
C’est le pendant civil de Blue UAS, mais le projet est porté par un regroupement d’industriels nord-américains, et non pas par l’état fédéral. Ce n’est pas un requis pour disposer d’une autorisation de vente sur le territoire américain, mais l’AUVSI entend imposer la certification Green UAS comme outil indispensable pour rassurer les utilisateurs.
Voici comment l’AUVSI le définit : c’est « un contrôle accéléré et rationalisé des technologies de drones commerciaux et non militaires afin de renforcer la confiance des utilisateurs finaux lors de l’achat de systèmes et de renforcer la base de fabrication de drones et de composants pour systèmes de drones sécurisés ».
Civil ou militaire ?
Green UAS vise le civil, mais la filiation avec le domaine militaire est assumée : « La certification Green UAS s’appuie sur le programme Blue UAS pour servir spécifiquement la communauté des drones commerciaux et non militaires avec accès au même niveau de vérification et de certification pour la cybersécurité et la conformité de la chaîne d’approvisionnement NDAA ».
Par ailleurs, la certification est une porte d’accès aux programmes militaires : « Les drones conformes à Green UAS qui ont un client ou sponsor du Departement of Defense (DoD) disposé à parrainer et à financer une autorité d’exploitation du DoD peuvent avoir la possibilité de passer de la liste Green UAS à la liste Blue UAS ».
Quels sont les domaines concernés ?
La certification Green UAS vise les drones assemblés, bien sûr, mais aussi les composants des drones et les logiciels associés.
Quelles sociétés sont certifiées Green UAS ?
A ce jour (13 juin 2024), il n’y a que Skyfront. D’autres certifications sont en cours, comme celles de Skyfish, American Robotics, Workhorse Aero, Rapidflight, Brinc, Quantum Systems, Microdrones, Hoverfly, Draganfly…
Les critiques ?
Le projet Green UAS suscite de nombreuses critiques de la part de l’industrie du drone aux Etats-Unis, principalement du côté des petits constructeurs, des distributeurs et des revendeurs. Car la certification Green UAS a un coût élevé, qui peut atteindre $55.000 pour une mise sur le marché.
Avec l’éventualité d’une interdiction de la mise sur le marché de nouveaux produits de DJI, et la possibilité d’une interdiction rétroactive des produits de DJI déjà vendus via la puissante Federal Communications Commission (FCC), les revendeurs de matériels craignent une contraction sérieuse du marché des drones, de leurs composants et de leurs logiciels. Avec pour conséquence la disparition de revendeurs spécialisés et de matériel accessible au grand public et aux professionnels, au profit des industriels et du militaire.
Pour l’anecdote, la FAQ de Green UAS pose la question « Comment les UAS verts vont-ils soutenir l’industrie nationale des drones commerciaux ? »… mais n’apporte pas de réponse. Pas plus qu’à la question « Pourquoi est-ce nécessaire ? » ni « Qui profite de Green UAS ? »…