Freeway Prod a filmé les 1350 drones du spectacle de Groupe F à Genève

A l’occasion de l’événement Feu Ô Lac sur la pointe du Léman à Genève en mai 2023, 1350 drones ont volé en simultané ! Il s’agissait d’un spectacle pyrotechnique et drones d’une envergure inédite en Europe, et ce 3 soirs de suite. L’événement était proposé par Groupe F, un spécialiste des spectacles pyrotechniques qui a intégré très tôt les drones dans sa scénographie. Etienne Compain, Drone Coordinator chez Groupe F, m’avait décrit sa vision de l’usage des drones (voir ici), avec les petits modèles utilisés pour produire des lumières colorées et les gros porteurs déclencheurs de pyrotechnie.

Et pour filmer la prestation ?

Freeway Prod, que vous connaissez bien si vous êtes un lecteur fidèle de Helicomicro, s’est occupé des prises de vues pendant l’événement. Le résultat est absolument magnifique ! Michael Gisselere, fondateur de Freeway Prod, a accepté de répondre à mes questions !

La vidéo

Helicomicro : Comment Freeway a-t-il été impliqué sur le projet de Groupe F ?
Michael Gisselere : Nous connaissons Groupe F depuis notre tournage pour France TV au château de Versailles à l’occasion de l’émission spéciale du 31 décembre 2020 sur France 2. Nous avions été engagés par Electron Libre pour filmer toutes les images du château de Versailles, pour les habillages de l’émission, mais aussi pour assurer la captation du feu d’artifice tiré par Groupe F. Nous avions mis en place 3 équipes avec des drones Inspire 2 de DJI et caméras X7. J’ai proposé mes axes caméra à Véronique et Christophe Berthonneau de Groupe F. Je me suis basé sur la vidéo 3D du feu que j’avais en ma possession pour bien préparer notre tournage. Notre captation à été la hauteur de leur spectacle et nous avons réussi à fournir de belles images du feu. A partir de là, nous avons bien sympathisé et nous sommes restés en contact avec Groupe F sur d’autres projets.

HM : Comment prépare-t-on ce type de tournage ?
MG : Nous avons participé à beaucoup de réunions préparatoires avec Etienne Compain et Nicolas Chavance de Groupe F. Le but était de bien coordonner les survols des drones Freeway et ceux du Groupe F. Il fallait bien connaitre nos zones de survol autorisées, mais aussi les axes caméra et les objectifs choisis. 

HM : Le partage des tâches aériennes n’a pas été trop complexe ?
MG : L’équipe de Groupe F est vraiment super et c’était un plaisir de travailler avec eux sur un tel projet. Ils savaient précisément ce qu’ils voulaient et ils nous ont fait confiance pour capter la magie et la beauté de leur spectacle. Il est vrai que c’était une première pour nous d’être sur un tournage avec plus de 1300 drones ! C’était une expérience inoubliable pour nous et nous avons été très heureux de pouvoir collaborer avec les magiciens des airs de Groupe F.

HM : Avec quelles machines avez-vous réalisé les images ?
MG : Nous avons fait voler plusieurs drones sur ce projet. Tout d’abord il y avait 3 Inspire 2 de DJI avec des caméra X7 sur des axes bien précis. Il y avait aussi un Mavic 3 Pro Cine de DJI pour un plan général. Il était positionné 500 mètres de hauteur et 900 mètres de distance horizontale. J’ai également proposé à Groupe F de mettre en place un drone racer à l’intérieur de la chorégraphie de drone, une proposition qui a du être réfléchie et validée de leur côté ! car pour faire voler un drone racer au milieu de 1350 drones nano et pyro, 10 DJI M600 et 10 DJI M300, il a fallu bien caler notre plan de vol !

HM: Est-ce que tu as employé des pilotes spécialisés dans un domaine ? Par exemple pour les Inspire, le racer, etc. ?
MG: Je travaille avec les mêmes pilotes depuis plusieurs années, j’ai confiance en mon équipe.

Pour ce projet, j’ai engagé Michael Dickson que j’ai connu grâce à un article sur Helicomicro lors de son film « Genesis » que j’ai trouvé superbe. Il est rentré en contact avec moi après que j’ai liké sa vidéo. On a parlé et je l’ai engagé sur un projet à Notre-Dame de Paris où il a réussi à tourner les plans que je voulais. Je lui ai proposé de venir rejoindre l’équipe de Freeway à Genève. C’est une belle rencontre car Michael est très polyvalent, à la fois à l’aise sur cinewhoop et sur racer, et pour étalonner les images. Il est monteur, il a le sens de l’image et je suis très content du travail qu’il a effectué sur le projet de Genève.

HM : Quelles étaient les contraintes dues à la présence des drones du show ?
MG : Il y avait plusieurs contraintes liées à ce projet. La première était importante, nous ne connaissions pas le comportement de nos 5 drones face à une telle jungle de fréquences. Le premier soir, nous avons expérimenté des RTH avec quasiment tous les drones. Il y a eu des interférences sur les 3 DJI Inspire 2 et un petit peu sur le DJI Mavic 3 Pro Cine. Notre inquiétude concernait surtout le racer, principalement pour le retour vidéo. En effet, il devait se faufiler au milieu des drones de Groupe F ! Après plusieurs tests sur site et en constatant que le drone répondait bien, Michael a évolué petit à petit au milieu du show en accord avec Etienne Compain. Nous avons aussi tourné avec un Inspire 2 équipé d’une X7 et un objectif 50mm afin d’être éloigné physiquement mais proche visuellement.

HM : Et filmer de nuit ?
MG : Oui, l’une des autres difficultés a été de filmer en basse lumière. D’ailleurs nous sommes encore en test pour faire évoluer nos techniques de captation de nuit.

HM : L’endroit était segmenté pour séparer les activités aériennes ? 
MG : Absolument, et une autre des contraintes était que nous avions des plans de vol pour chaque drone. Il fallait un strict respect des espaces aériens réservés aux drones lumières et aux gros porteurs de Groupe F, et des zones de vols qui étaient réservées aux drones de Freeway pour la captation. Nous devions impérativement nous tenir à nos plans de vol. Il faut préciser que la rade de Genève a été partiellement fermée par les bateaux de la police pour l’événement. Idem pour l’espace aérien, réservé jusqu’à 500 mètres de hauteur et presque 1600 mètres de distance horizontale. 

HM : D’autres difficultés à surmonter ?
MG : Pas de difficulté particulière en dehors des RTH de nos drones, nous savions précisément ce que nous devions faire après nos briefs journaliers avec Groupe F. Nous étions aussi inquiets au sujet de vols sauvages pendant et jusque dans le show ! La police de Genève connaissait nos drones et arrivait à les identifier en l’air grâce au système Aeroscope de DJI. Les forces de l’ordre ont tout de même saisi presque 30 drones illégaux autour du show et sont intervenus chez un pilote de racer qui a fait voler son drone au coeur du show et mettant en danger le public, les drones de Groupe F et ceux de Freeway.

HM : Les autorisations ont-elles été compliquées à obtenir ?
MG : Toutes les autorisations ont été gérées par Cédric Schaller et Etienne Compain de Groupe F, les drones de Freeway ont été ajoutés à la flotte de drones de Groupe F. Il faut savoir que Groupe F détient le record européen du nombre de drones lumineux dans les airs, il y avait 1350 appareils en vol simultanément !

HM : Quels sont les futurs projets de Freeway ?
MG : Nous sommes en plein tournage pour ASO et France TV Sport dans le but d’illustrer le prochain Tour de France homme et femme. Soit plus de 50 étapes patrimoine à travers la France ! Ensuite il y aura notre voyage annuel à Hawaï pour ASO en octobre sur le championnat du monde Ironman. Nous sommes en tournage ces jours-ci pour la prochaine fiction policière de TF1. Et puis nous travaillons en ce moment sur les prochains Jeux Olympiques avec France TV Sport pour proposer du direct sur les épreuves et fournir les images de tous les sites emblématiques de Paris pour les habillages de France TV. En parallèle, nous suivons toute l’année l’évolution des travaux à Notre-Dame pour un prime time qui sera diffusé sur France 2… Bref, on s’ennuie pas !