Maduro : l’usage de drones est suspecté

Vous l’avez sans doute vu passer dans les news, le discours du président vénézuelien Nicolas Maduro, lors d’une manifestation militaire, a été interrompu par le bruit de deux explosions. Certaines personnes sur la tribune ont pointé le regard vers le ciel, tandis que la sécurité a déployé des protections devant le président. « Deux drones chargés d’explosifs ont explosé à proximité de la tribune du président », a indiqué le ministre de la communication vénézuélien Jorge Rodriguez. Le président Maduro a ensuite affirmé qu’il n’avait aucun doute sur le fait que le président colombien Juan Manuel Santos était « derrière cette attaque ».

La confusion

Rien n’est clair au sujet de cet incident. Il n’existe aucune image permettant de prouver que des drones sont à l’origine des explosions. Un groupuscule appelé « Soldiers in T-Shirts » a revendiqué l’attentat sur Twitter, indiquant que avoir planifié l’attaque avec l’aide de deux drones qui ont été abattus par les militaires vénézuéliens. Des témoins affirment avoir vu un drone passer au-dessus d’une rue adjacente au défilé militaire. Il existerait une vidéo de cet appareil, qui ne mettrait pas en évidence son explosion. Les militaires vénézuéliens affirment avoir arrêté le pilote du drone. Les pompiers présents ont affirmé à Associated Press que l’une des explosions avait été causée par un réservoir d’essence…

Comment savoir ?

La réponse est assez simple pour le moment : on ne peut pas savoir. Les journalistes ne peuvent pas travailler correctement au Vénézuéla. Les quelques images proposées par la télévision vénézuélienne montrent un grand soupirail avec des marques noires, qui semblent indiquer que l’explosion a eu lieu à l’intérieur d’un bâtiment, rendant la thèse d’un drone peu crédible. Rien ne permet pour le moment d’affirmer que des drones sont à l’origine de l’incident. Rien ne permet d’ailleurs d’être certain que l’incident est réel, puisqu’aucune des affirmations, que ce soit celles du gouvernement vénézuélien, de ses militaires, de ses opposants, ne sont vérifiées ! En revanche, les drones ont une fois de plus été montrés du doigt… La dernière fois ? C’était à l’occasion de l’évasion de Redoine Faïd (voir ici).

Edit : Selon le ministre vénézuélien de l’intérieur Nestor Reverol, ce sont deux DJI M600 qui ont été utilisés pour l’attentat, avec une charge de C4. Deux vidéos ont été publiées (voir dans les commentaires), montrant un appareil exploser en l’air, et un autre se crasher près du bâtiment en photo ci-dessus mais sans exploser. Difficile de localiser la première, et de savoir si la seconde précède une autre explosion. Le gouvernement vénézuélien indique que 7 militaires ont été blessés lors des explosions. 

Edit 2 : Le site Bellingcat propose une étude de tous les documents photo et vidéo qui sont disponibles, assez intéressante, qui conclut à la présence effective de Matrice 600 de DJI le jour de l’incident. Cette étude indique que les commanditaires et les raisons de l’attaque ne sont pas connus (terrorisme d’état, terrorisme de groupe opposant, attaque montée par le gouvernement, etc.), en raison de l’opacité de la communication de l’état vénézuélien.

Sources : la BBC et le New York Times

5 commentaires sur “Maduro : l’usage de drones est suspecté

  1. Faut arreter avec la paranoia des drones. Une simple grenade lancée avec un lance pierre sera beacoup plus efficace…

  2. @ Elie : Un drone est autrement plus marquant qu’un lance-pierres. Le sujet est complexe, puisque le risque existe, et qu’il est difficile à maîtriser.
    Dans le cas d’actions terroristes, le but est de susciter la peur, et ça fonctionne bien. Le souci, c’est un gouvernement est capable de faire la même chose pour servir sa propagande. Dans le cas de cet incident, il est difficile de faire la part des choses.
    Une association environnementale, comme Greenpeace récemment, fonctionne de la même manière, de manière pacifique bien sûr, mais en suivant une logique similaire.

  3. Ça continue : Enquête ouverte après le survol par un drone du fort de Brégançon où séjourne Emmanuel Macron

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