Lethal Conception : l’interview de Petit Soldat

Les représentants du freestyle en France n’ont pas à rougir sur une échelle planétaire, ils sont capables de rivaliser avec les meilleurs pilotes de FPV racing. Nicolas Forestier, alias Petit Soldat, fait partie de ces pilotes impressionnants dont les vols sont inspirants. Il est aussi membre du collectif Superloop, que vous aviez pu découvrir ici. Il m’a parlé de Lethal Conception, la structure sous laquelle il va commercialiser bientôt ses propres frames, en collaboration avec Drone-FPV-Racer. Voici le déroulé de notre conversation…

Helicomicro : Nicolas, tu pilotes depuis combien de temps ?
Nicolas Forestier : Ca fait 3 ans que je pilote des drones, 2 ans et demi que je vole en FPV. J’ai commencé avec un clone de Nighthawk, un 250. Un vrai parpaing, avec des bras super épais de 6 mm. Je suis vite passé à des appareils réalisés en impression 3D !

HM : Tu as donc créé tes propres frames ?
NF : Non, pas tout de suite. Comme je voyais qu’il n’y avait rien qui me convenait, j’ai essayé les frames d’un gars qui s’appelle Alpinedrones. Elles ressemblent un peu à un QAV210, mais je les trouvais mieux conçues. Je les ai faites imprimer du côté de la porte de Clignancourt à Paris.

HM : Ca tient le coup, des structures imprimées ?
NF : J’avais de la colle Cyanolite avec moi ! Je crashais, je recollais, je recrashais, je recollais. Ensuite je suis passé à un QAV210, à un Kraken, un Shrike. « Show me what you got » ! L’une des meilleures marques, pour moi, qui peine à percer en France. Ensuite je suis passé sur mes châssis personnels…

HM : Tu les réalisés tout seul ?
NF : Non, je me suis associé à Drone-FPV-Racer (DFR) pour créer une marque appelée Lethal Conception. DFR est une boutique qui se trouve dans l’est de la France, Lethal Conception est une entité fabricant de châssis. A titre personnel, je suis sponsorisé par DFR et pilote d’essai de Lethal Conception.

HM : Parle-moi de la première frame
NF : C’est la « X5RR », une structure destinée à la course. C’est une version 5 pouces, elle sera déclinée en version 3 pouces pour les vols en intérieur et en 6 pouces pour les courses Enduro, qui sont une nouvelle déclinaison très intéressante de la discipline.

HM : Ce qui les distingue de la concurrence, c’est cet aileron ! D’ailleurs, tu l’appelles comment ?
NF : Aileron, c’est bien. On peut aussi dire un spoiler, ou un becquet pour parler français. Toutes les déclinaisons de la frame destinée à la race sont équipées de ce système. C’est quelque chose auquel je crois beaucoup, et on a beaucoup travaillé dessus. On aussi essayé d’autres outils comme des winglets ou des extensions en carbone. Mais c’est l’aileron qui nous a donné satisfaction !

HM : Ca a un réel impact ?
NF : Oui ! Pendant l’Open Drone Festival, on a passé une machine équipée au pilote 2Sek. Il a fait de très bons temps, qu’il n’aurait pas pu faire avec sa machine, c’est lui qui le dit. Il a fini 12e de la compétition ! Julien Leteve nous a dit avoir aussi ressenti la différence…

HM : Ca va jusqu’à se piloter différemment ?
NF : Oui ! Pablo Sotes, qui l’a pris en main, s’est crashé. La raison, c’est que le pilotage se fait un peu comme celui d’un avion, avec du pitch et du roll, pas avec les gaz. Donc les virages ne se négocient pas avec du yaw !

HM : Vraiment ?
NF : Ce qu’on voulait, c’est gérer la hauteur de la trajectoire avec le pitch, la profondeur, plutôt que les gaz. Donc quand tu es sur une longue ligne droite, tu peux mettre les gaz à fond et tu contrôles la hauteur avec la profondeur. A l’approche d’un virage, tu relèves un peu le nez en dépitchant, tu mets du roll et ça tourne tout seul.

HM : C’est intéressant, il est souvent dit que l’aérodynamique des racers n’est pas importante…
NF : Peut-être parce qu’aux débuts, on volait trop lentement ? Parce que clairement, plus la machine va vite, plus l’effet est important. Ce n’est pas forcément évident à maîtriser, on doit se débarrasser de réflexes, mais le gain est très intéressant sur des parcours rapides.

HM : Est-ce pertinent de placer le spoiler sur un appareil destiné au freestyle ?
NF : On a y pensé. Mais on se dit que c’est un peu fragile pour du freestyle. Pourtant ça a un réel intérêt, parce qu’en freestyle on cherche à avoir de belles images même quand la machine est à la verticale, en vol rapide.

HM : L’aileron est fixe. Comment as-tu choisi son angle ?
NF : Il est positionné à 35°. C’est ce qui a donné les meilleurs résultats par rapport à mon pilotage. 2sek vole un peu plus incliné, on va voir s’il faut augmenter l’angle.

HM : Tu as pensé à le rendre dynamique ?
NF : Oui, on a des pistes pour des servos-moteurs capables de l’incliner. Ce serait plus fragile, évidemment, mais si on considère qu’en course, quand tu crashes tu as perdu, ce n’est pas très gênant.

HM : Ce serait une voie de plus à contrôler en pilotage ?
NF : Non, ce serait Betaflight qui s’occuperait automatiquement de la gestion de l’angle. Le calcul tiendrait compte du pitch et des gaz. Il y a un excellent développeur chez DFR, qui est contributeur à Betaflight, et qui pourrait nous aider à réaliser la partie logicielle d’un aileron dynamique. Mais on n’en est pas là…

HM : En parlant de fragilité, ça donne quoi ?
NF : Au championnat de France, on a laissé une vingtaine de personnes essayer de casser un modèle de test, à la main, en promettant un kit à ceux qui réussiraient. Le seul à y être parvenu, c’est Benjamin LaVayssière, en faisant appui avec le genou. Il est donc reparti avec un kit ! Je suis donc assez confiant sur la solidité de la frame…

HM : Ce sont tes idées, tout ça ?
NF : En fait, j’ai été aidé dans la conception par Joe de chez DFR, qui vient du monde de la compétition dans les sports mécaniques. Le « RR » de X5RR, c’est pour « Racing Replica », ça vient de la moto. C’est lui qui m’a présenté un châssis avec l’aileron et un carénage moulé. Même les moteurs sont spéciaux, c’est une commande que nous a réalisé BrotherHobby.

HM : L’idée derrière la tête, c’est d’en faire un vrai sport mécanique ?
NF : Oui. On imagine facilement, avec ce carénage, l’ajout de logos de sponsors à côté de belles LEDs. Joe se sert de son expérience dans la moto, mais aussi dans le planeur, notamment pour la maîtrise du Kevlar, pour apporter de belles contributions au FPV racing.

HM : Il y a une autre frame en préparation…
NF : Oui, le « PS235 » ! « PS «  pour « Petit Soldat » et 235 pour sa taille. C’est un châssis destiné au freestyle. C’est celui que j’utilise pour tous mes vols. L’idée est de pouvoir placer la batterie derrière la caméra, inclinée. Ca permet d’avoir un centre de gravité qui fait en sorte que la machine ne va pas se déporter pendant un roll. En gros, la batterie est dans l’axe de la caméra…

HM : Ca change vraiment la sensation au pilotage ?
NF : Oui, ça donne une impression différente. Ce que je n’aime pas du tout ressentir, c’est cette impression « d’airflow », ou que la machine gigote sur une ligne droite. Quand je fais un roll, ça me permet d’éviter de rajouter trop de yaw.

HM : Il y a un carénage livré avec l’appareil ?
NF : Oui, c’est de la fibre de verre et du Kevlar pour rigidifier les trous des vis et passages de strates, plus deux barres en carbone pour encore plus de rigidité. Il peut passer d’une frame pure X à du stretch X ou stretch X race.

HM : On veut évidemment savoir quand les frames seront disponibles ? Et à combien ?
NF : On aimerait bien sortir les frames avant les fêtes, en pleine saison freestyle et en préparation de la prochaine saison race. Pour le prix, ca sera variable. On travaille là-dessus, justement, et on imagine différentes offres. Comme une version « Training » qui serait une version « lourde », une version « Premium » accessible et robuste, qui serait une F1…

HM : « Petit Soldat », ça vient d’où ?
NF : Oh, c’est parce que je suis fan de street-art, et qu’avec un ami je collais des figurines de petits soldats un peu partout dans la rue. On les prenait en photo en espérant que d’autres personnes les postent sur Instagram. On voulait en faire un jeu de social-war, on a bien avancé dans sa conception, mais il n’a jamais vu le jour. « Petit Soldat » est resté, en revanche ! Pour le FPV, je trouve que ça sonne mieux, comme pseudo, qu’un prénom accolé au mot FPV, genre « Nicolas FPV ».

HM : Il y aura une figurine de petit soldat sur les frames, alors ?
NF : Ce n’était pas prévu au départ. Mais on aimerait proposer avec la frame un tee-shirt et une figurine Petit Soldat.

Crédits photos portraits : Benoit Lucet
Crédits photos machines : Petit Soldat

Des vidéos de Petit Soldat à l’oeuvre !

Sa chaine YouTube se trouve ici

5 commentaires sur “Lethal Conception : l’interview de Petit Soldat

  1. Première fois que je vois la PS235 de si près et c’est exactement ce que je cherche je crois… Mais avec possibilité de monter une FC en 30×30, ce qui n’est pas le cas je crois ?

  2. De mon côté, c’est le RR5 qui me fait de l’œil depuis un bout de temps, vivement qu’il soit commercialisé !
    Je suis curieux de voir le résultat de la combinaison aileron / châssis très léger.

  3. Les frames ont vraiment l’air sympa, et probablement novatrice(s), mais déjà que l prix du X5 sur DFR pique quand même sérieusement, alors j’imagine qu’elles ne seront vraisemblablement pas abordables, faudra être déjà pas mal averti!

  4. J’adore le concept du ps235. Lipo inclinée comme sur le hyperlite evo. Et le pod en kevlar….miam.
    Le seul truc, ça serait cool si les câbles moteurs pouvaient passer par dessous les bras soit par un petit trou soit comme sur le remix.
    C super de voir La France qui bouge!
    Et petit soldat j’adore. Belle équipe chapeau!!

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