DroneContrast présente Loic Bruni – Night Chase !
Night Chase est une impressionnante vidéo de poursuite d’un rider VTT de nuit, avec pour seul guide un drone-éclaireur. Le VTTiste n’est autre que Loïc Bruni, champion du monde de VTT de descente. Les scènes ont été tournées sur une piste privée, à Mandelieu dans le sud de la France, avec Red Bull. Les images sont étonnantes, avec des jeux d’ombres mouvantes qui n’ont pas dû faciliter la tâche du cycliste, et une visibilité qui ne dépassait pas 15 mètres. Nous avons posé quelques questions à Antoine Lagarde de DroneContrast, la société qui a mis au point le drone-éclaireur… Si vous suivez régulièrement Helicomicro, vous aviez déjà croisé le chemin de DroneContrast ici et là !
La vidéo
Helicomicro : Comment est venue cette idée d’une descente avec un drone ?
Antoine Lagarde : Hadrien Picard avait vu la vidéo d’un drone-éclaireur, « 1000W LED on a drone » de RCTestFlight. Ca lui a tout de suite donné l’idée d’adapter ça pour un usage sportif. Comme à la base c’est un réalisateur qui vient du monde du vélo, il s’est dit qu’il y aurait sûrement quelque chose d’intéressant à faire.
HM : Et comment avez-vous été entrainés dans ce projet ?
AL : On avait déjà travaillé avec Hadrien sur un autre projet, il y a quelques années, pour une vidéo sur le champion de BMX Matthias Dandois. Il nous a contacté, et on a réfléchi ensemble à une manière de monter le projet pour que ce soit le plus sûr possible pour le rider, et le plus spectaculaire également.
HM : Qui est DroneContrast ?
AL : J’ai cofondé DroneContrast avec Antoine Machon, c’est une société spécialisée dans la prise de vues en drones pour l’événementiel, le cinéma, l’industrie, la télévision. Nous avons aussi créé Lift, une identité que l’on utilise quand on fait des tournages un peu plus qualitatifs, comme celui ci. DroneContrast est axé sur des choses plus techniques. Dans le cas de ce challenge, c’était un peu un mix des deux vu qu’on a fait un peu de conception et beaucoup d’adaptation.
HM : Il va falloir nous en dire plus !
AL : Sur ce projet, il y a eu trois gros challenges. Le premier, c’était d’arriver à construire un accessoire qui éclaire suffisamment pour que le rider puisse faire sa descente de nuit sans risque. Il fallait aussi qu’il soit suffisamment petit pour pouvoir l’embarquer sur une nacelle 3 axes.
HM : Vous vous êtes inspirés de ce qu’avait fait RCTestFlight ?
AL : Sur la vidéo de RCTestFlight, la finalité était purement cosmétique. Donc la vitesse ou l’orientation de la lumière n’avait pas vraiment d’importance. Là, on pouvait pas se permettre de perdre Loïc, parce que quand il descend à 50 km/h, il suffit d’une seconde dans le noir pour ce que ce soit la chute assurée. Il avait la première manche des championnats du monde deux semaines après, pas question de risquer un accident.
HM : Comment avez-vous installé les LEDs à bord d’un drone ?
AL : On a réfléchi à la meilleure manière de construire le système. Le principal souci, c’est que les LEDs génèrent 100 Watts de puissance électrique. C’est l’équivalent d’un processeur de PC pour chaque LED ! Comme chaleur à dissiper, c’est assez énorme, surtout fois huit. On ne pouvait pas se permettre d’utiliser des radiateurs classiques avec des ventilateurs parce qu’on aurait tout de suite été KO au niveau poids et encombrement.
HM : Quelle solution a été retenue ?
AL : On est tombés sur une vidéo de quelqu’un qui utilisait ces LEDs avec des petits waterblocks et qui avait bricolé un système de watercooling. On a fait des calculs de poids et d’encombrement, et on s’est rendus compte que ce serait potentiellement possible. A ma connaissance, c’est le seul système à refroidissement liquide sur un drone !
HM : Une solution faite « maison » !
AL : Oui. C’est du bricolage, mais pour être en mesure de l’orienter sur 3 axes avec une telle puissance, ça nous a paru être la seule solution. A partir de là, on a passé pas mal de temps à fabriquer le système, à le tester pour valider sa fiabilité. On l’a laissé tourner pendant plusieurs heures pour valider la stabilité thermique. Une fois validé, on a aussi construit un deuxième système identique pour avoir un backup. Le tournage n’étant que sur trois nuits, on ne pouvait pas perdre de temps à réparer.
HM : Les vols de nuit et la réglementation ?
AL : Les autorisations de vol de nuit ont constitué le second challenge. On a mis un peu de temps à les obtenir, mais on a réussi juste à temps. Ca nous a permit de faire un test avec un ami de Loïc quelques jours avant pour valider que l’éclairage était suffisant donc sécurisant pour lui, et également que le rendu visuel était celui recherché.
HM : Le tournage a été effectué en une seule fois ?
AL : Non, il a duré trois nuits, de 21h à 3h du matin à chaque fois. Le plus compliqué, ça a été de trimbaler tout le matériel sur les pentes qui sont assez abruptes et surtout très poussiéreuses. On a utilisé un Alta 6 de Freefly et un S1000 de DJI. Côté batterie, on a utilisé des paires de Tattu 10000 mAh 15C. De quoi avoir une autonomie de 12 minutes à peu près sur l’Alta sachant que le rig LED pèse 2,7 kg, et d’à peu près 15 minutes sur le S1000. C’était suffisant car les prises étaient courtes, avec un maximum de 70 à 100 mètres de descente.
HM : Filmer presque dans le noir, c’est un challenge aussi ?
AL : Pour filmer de nuit, le seul boitier qu’on ait trouvé qui soit assez performant, à part l’A7S, c’est l’A7S II de Sony. Tout a été tourné aux environs de 20000 ISO et il n’y a presque pas de bruit même sans « denoiser ». On a du rajouter des lumières sur le S1000 et l’Alta pour pouvoir les identifier correctement.
HM : Comment avez-vous orienté les LEDs vers Loïc Bruni ?
AL : Au lieu d’utiliser un système de cadrage habituel avec une radio, on s’est dit qu’on avait besoin de quelque chose d’intuitif, qui permette aussi de pivoter extrêmement rapidement la nacelle. On a contacté le fabricant Gremsy, qui nous a permis de tester leur contrôleur de nacelle SYNC. Il reproduit les mouvements faits au sol par celui qui pilote la nacelle du drone. Si on a besoin de tourner rapidement, on bouge simplement plus vite et la nacelle suit ! Avec la petite caméra FPV qu’on a fixé sur les LEDs, on voyait toujours très bien ou était Loïc, même sous les arbres. Ca a permis d’effectuer le tournage en toute sécurité…
HM : C’était un one-shot, ou l’expérience pourrait être renouvelée ?
AL : On a construit le système pour ce projet, mais on a maintenant une bonne expérience de son utilisation et de sa maniabilité. On sait aussi qu’il peut être applicable à pas mal de situations différentes. Ce qui est sûr, c’est qu’il est agréable de faire des choses différentes et tenter de nouveaux paris de temps en temps. C’est génial que Red Bull puisse s’investir dans ce genre de projet !
Crédits photos : Hadrien Picard et DroneContrast
Woooaaaa … rencontre du troisième type 🙂
Dans ce cas on a bien intérêt à reconnaître le terrain en plein jour avant, car une branche qui traîne hors du champ des LEDs et Boum t’es au tapis 🙂
Dommage que l’autonomie soit trop courte pour un match de Beach_Volley nocturne improvisé ..:)
@ FPV_67 : et aussi reconnaître le terrain de nuit, avec le drone, pour les répétitions et les montages. 🙂 ♥
autonomie satisfaisante pour surveiller la cuisson du barbec’ 😎