Studio Nature, les images d’en haut

randonnée cheval Lozère - Bondons © studionature.comBruno Calendini nous a contacté il y a quelques semaines pour nous présenter un film sur une randonnée équestre qu’il venait d’achever. Les séquences en drone y ont une belle place. Certains travaux aériens marquent plus les esprits que d’autres, celui-ci nous a particulièrement séduit. Nous avons voulu en savoir plus…

Helicomicro : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bruno Calendini : Je suis photographe depuis 25 ans et j’exerce dans plusieurs domaines qui vont de la publicité à la photographie animalière, en passant par le reportage, le portrait, l’architecture ou le sport. Je teste aussi du matériel, j’écris et je photographie pour Le Monde de la Photo, un plurimédia spécialisé dans les outils et les techniques de prise de vues.

HM : Vous êtes basé à Paris ?
BC : Non, j’ai passé 15 ans à Paris, puis j’ai créé Studio Nature en 2004, une société de production basée près de Mende, en Lozère. Nous proposons de la photo, de la vidéo, ainsi que de la prise de vues par drone depuis bientôt 3 ans.

Chateau de la CazeHM : Devenir télépilote, c’est venu naturellement ? Ce sont vos clients qui faisaient des demandes pour des images aériennes ?
BC : J’ai découvert le drone sur un tournage de pub. J’ai eu un énorme coup de cœur en voyant les possibilités de cet engin. J’ai eu très envie de rajouter cet outil à ma panoplie de cadreur. J’ai commencé à me renseigner et à en parler autour de moi. Certains de mes clients se sont intéressés et j’ai franchi le pas.

HM : Vous aviez des bases de radiomodélisme ? Suivi une formation ?
BC : Non, en fait je n’avais jamais touché une radiocommande ! Je me suis donné 3 mois pour passer l’examen théorique ULM, me former au pilotage, acheter une machine homologuée S1-S3, prendre une assurance professionnelle, déposer un Manuel d’Activité Particulière et obtenir mes autorisations préfectorales…. C’est très court ! Heureusement, un ami m’a accompagné dans l’aventure et il m’a beaucoup aidé dans ces démarches.

IMG_5384HM : Combien de temps vous a-t-il fallu pour vous sentir opérationnel ?
BC : Je me suis entrainé chaque jour pendant des mois. Au début, je me contentais de décoller, de garder mon drone loin des obstacles, en m’appliquant à faire des translations simples. Dès le départ, et même si le GPS est très utile, j’ai compris l’intérêt de savoir évoluer en manuel, ne serait-ce que pour rentrer et poser sans assistance en cas de problème. Aujourd’hui, je suis plus à l’aise pour m’approcher d’un clocher, passer entre la cime des arbres, ou suivre un VTT par exemple. Mais je reste prudent, concentré sur la procédure et très attentif aux surprises.

HM : Quel est le temps que vous consacrez aux démarches administratives pour les autorisations de vols ?
BC : C’est souvent long, compliqué, et les clients pressés ont du mal à comprendre ces lenteurs. Certaines préfectures sont débordées, mais elles nous demandent parfois des dossiers remplis de pièces administratives qui ont déjà été exigées, vérifiées et validées par la DGAC. _Travail Drone2D’autres services font de même lorsqu’il s’agit de voler dans des zones contrôlées. Selon le lieu et la personne que j’ai en face de moi, je constate des écarts de 3 jours à 3 mois pour obtenir le même document. Quand la météo s’en mêle, ça devient vraiment compliqué de caler une prestation.

HM : Les réflexes du photographe et du vidéaste servent-ils pour les prises de vues aériennes, ou faut-il tout réapprendre ?
BC : L’expérience acquise durant des années derrière un viseur resurgit dès qu’il s’agit de composer dans un cadre ! Je dirais même que lorsque la finalité d’un vol est de ramener des photos ou des vidéos, une certaine culture de l’image me semble indispensable. Mieux vaut connaître le menu de son appareil et savoir le paramétrer, hiérarchiser ses plans et composer harmonieusement une scène, jongler entre vitesse d’obturation, ouverture et sensibilité ISO, savoir comment et pourquoi appliquer des corrections d’exposition, maîtriser les perspectives, optimiser ses photos et vidéos sous logiciels, … Je pense que sur ce marché très concurrentiel, seuls ceux qui maîtrisent la technologie drone, le pilotage ET la prise de vues ont leurs chances.

studionature-10HM : Pensez-vous que les fonctions de pilotage automatisées, comme les waypoints ou les cablecams vont vous aider dans vos shootings, ou le pilotage à la main reste-t-il indispensable ?
BC : J’ai du mal à faire une totale confiance aux automatismes, autant en pilotage qu’en prises de vues d’ailleurs. J’ai souvent constaté qu’il fallait plusieurs générations avant qu’une nouvelle technologie, vendue comme révolutionnaire, soit fiable à 100%. Donc, je fais tout « à la main » et j’aime bien ça. En revanche, je suis l’actualité foisonnante et passionnante autant que je le peux, car certaines innovations laissent entrevoir des possibilités qui font rêver.

HM : Pouvez-vous nous parler de votre film « La grande randonnée équestre en Lozère » ?
BC : Cette vidéo a été commandée à des fins promotionnelles, mais nous voulions nous éloigner des standards du film institutionnel classique. Chaque plan a demandé un repérage des sites de tournages et des moments à privilégier pour y trouver les belles lumières. Nous avons aussi surveillé les diverses floraisons au fil des saisons.

randonnée cheval Lozère © studionature.comHM : Il est difficile de faire les raccords lorsque les tournages durent !
BC : Oui, il a fallu synchroniser tous ces paramètres avec des cavaliers, mais aussi avec la météo qui nous a parfois obligé à annuler ou à précipiter des tournages prévus depuis des semaines. Ensuite, nos choix de montage se sont portés vers un traitement particulier dans la gestion des couleurs, de la netteté, de la saturation et des contrastes, afin de créer une atmosphère particulière, très axée sur l’esthétique.

HM : Quel équipement avez-vous utilisé en vol sur ce projet ?
BC : J’ai utilisé un Mikrokopter Hexa XL avec une nacelle servo 2 axes qui est une machine fiable, mais plutôt dédiée à l’inspection ou à la photo qu’à la vidéo. Cette configuration serait inutilisable sans un super stabilisateur intégré à la caméra Full HD, un cadreur qui retouche le roll en permanence et de la postproduction derrière. Mais c’est une très bonne école qui exige de piloter et de cadrer « très fin ». Après ça, filmer avec une nacelle brushless 3 axes parait presque trop facile !

studionature-09HM : Était-ce difficile de tourner avec des chevaux ? Un fait-divers en Grande-Bretagne semble indiquer qu’un petit multirotor a entraîné la mort d’un cheval.
BC : Lorsque qu’un hexa vrombissant s’approche au-dessus d’un cheval, il manifeste généralement de l’inquiétude qui peut se transformer en panique. Pour éviter ces réactions, nous avons présenté le drone aux chevaux. D’abord à la main, puis avec de petits décollages brefs à distance, et enfin en volant à quelques mètres dans le meilleur des cas. Dans l’ensemble, ils ont plutôt bien réagi. Dans certaines situations, lors de tournages près de falaises par exemple, j’ai augmenté la distance de sécurité par précaution. Concernant votre lien, je pense qu’un racer qui passe plein gaz peut terroriser un animal. Ce cheval qui court s’empaler sur la clôture le démontre plutôt clairement. OLYMPUS DIGITAL CAMERAIl faut croire que certaines personnes manquent cruellement de bon sens…

HM : Avez-vous d’autres actualités ou projets ?
BC : J’étais en Zambie cet été pour Le Monde de la Photo. Nous y testions le boîtier Nikon D7200 et l’objectif 150-600 mm de Tamron pour le magazine. J’espère y retourner rapidement car l’Afrique est un continent avec lequel j’ai beaucoup d’affinités. Mais mon prochain grand projet, avec la même équipe, nous mènera sur le continent américain. Il démarrera en 2016 et il sera question de photo, de vidéo, de littérature, de personnages truculents, de grands espaces sauvages… et je l’espère de drones ! Cette commande demande un gros travail de recherches, d’écriture, avec plusieurs voyages et une logistique musclée. Le tournage au sol se fera avec des boîtiers reflex et je suis actuellement en recherche du multirotor idéal pour des vues aériennes. studionature-03L’aspect nomade et transportable sera une priorité. Pour cette mission, l’Inspire 1 Pro avec une caméra X5 ou X5R me tente bien… Sinon, et même si j’aime beaucoup piloter, j’envisage de consacrer plus de temps au cadrage. D’ailleurs, si un pilote sympa lit cette interview et cherche un cadreur à qui confier une 3 axes, je suis prêt à offrir mes deux mains et du temps pour quelques collaborations !

Le site web de Bruno Calendini, où il peut être contacté, est www.studionature.com.
Crédits pour toutes les photos : Studio Nature.

Deux vidéos

10 commentaires sur “Studio Nature, les images d’en haut

  1. Travail en amont, idées, cadrages, postproduction, faut avouer que le gars ne manque pas de talent, merci pour cet article et ces images un dimanche matin

  2. Bonjour je voudrais offrir un petit quadricoptere avec ou sans caméra à moins de 60€ à mon frère, il a déjà eue un hubsan mais il la perdue en vol. Je ne mis connait pas en terme de drone et je n’ai pas beaucoup de temps c’est pour cette raison que je vous demande vos conseille.
    Merçi d’avance.

  3. Au-delà de la belle photographie (y a du boulot derrière tout ça…Merci red giant !), c’est le développement du récit en images qui est particulièrement réussi…A mi-chemin entre reportage et fiction ciné ! Chapeau au monteur, ça le fait vraiment, on s’y croirait totalement.***

  4. Merci à tous pour vos commentaires enthousiastes !
    Planchon, je transfère immédiatement le votre au monteur, il va apprécier 🙂

  5. Vraiment splendide! Paysages naturels enchanteurs. Cela donne envie d’y aller. Les couleurs d’automne rajoutent beaucoup de charme.
    Merci.

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