No Fly Zone ?

noflyzone-05Les survols illégaux se multiplient un peu partout sur la planète. Rien d’étonnant à cela, c’est une question de mathématiques : plus il y a de multirotors en l’air, plus il y a de chances que certains évoluent dans des endroits où ce n’est pas autorisé. Comment interdire aux pilotes de drones de loisirs d’aller voler à proximité d’un aéroport, d’une centrale nucléaire ou d’une base militaire ?

C’est simple !

En théorie, il y a une réglementation pour ça en France. Mais son existence ne garantit évidemment pas les actes illégaux, par ignorance ou en toute connaissance de cause. Dans certains pays – dans la plupart des pays, à vrai dire -, il n’y a pas encore de réglementation ! Plusieurs constructeurs ont choisi d’intégrer une liste de zones dans lesquelles leurs appareils ne peuvent pas décoller. C’est le cas de DJI et de Yuneec, par exemple, qui incluent dans le firmware de leurs appareils récents des zones où le décollage est impossible. Ce sont les constructeurs qui déterminent ces zones, selon leurs propres critères. DJI, par exemple, avait interdit le survol de la Cité… yuneec-djiInterdite (ben oui, forcément) à Pékin et ajouté des restrictions à proximité de nombreux aéroports de la planète. Suite au crash d’un Phantom dans les jardins de la Maison Blanche, la liste s’est enrichie d’une interdiction de survol de Washington. Plus d’autres aéroports signalés à DJI.

Ce n’est que le début…

Parfait pour empêcher les « pilotes du dimanche » de faire des âneries sans même s’en apercevoir ? Un insupportable outil de restriction de la vie privée qui nous est imposé ? Une fonction qui se contourne bien trop facilement ? Une épine dans le pied supplémentaire pour les professionnels qui ne volent qu’avec des autorisations ? Sans doute un peu tout cela à la fois ! Et ce n’est que le début. Car le site No Fly Zone, un nouveau venu dans le monde des multirotors, tente de s’imposer comme la référence mondiale pour la détermination des zones interdites de vol. Les premiers constructeurs de multirotors qui ont adopté les services de No Fly Zone sont Hexo+, Yuneec, Drone Deploy et Ehang… L’outil va-t-il séduire d’autres constructeurs ?

Comment ça fonctionne ?

noflyzone-06No Fly Zone s’adresse en priorité aux « drone haters », en français « ceux qui détestent les drones ». Vous n’avez pas du tout envie que des appareils viennent survoler votre maison ? Qu’à cela ne tienne, marquez votre position comme « no fly zone », elle sera ajoutée à la liste ! C’est aussi simple que ça ? Oui. Et le résultat, c’est donc qu’on est protégé des intrusions de tous les drones ? Non, bien évidemment. Il faut que la liste soit prise en charge par No Fly Zone, puis communiquée aux constructeurs de multirotors (sur une base mensuelle, dixit la FAQ du site). Ensuite que ces derniers l’intègrent dans leur base de données, et enfin l’envoient vers les appareils de leurs clients à l’occasion d’une mise à jour. Autant dire que les modifications apportées à la base de données ne seront pas opérationnelles avant de longs mois. Ce sera plus rapide lorsque les multirotors seront directement connectés à Internet. Qui plus est, seuls les drones qui adoptent les services de No Fly Zone éviteront de vous survoler. Pour l’instant, il n’y a pas vraiment lieu de s’inquiéter, mais il faut rester attentif…

Ajouter une zone ?

noflyzone-01Tout le monde peut déclarer une adresse sur le site No Fly Zone. Nous avons fait l’essai, en déclarant habiter le 131 du boulevard Mortier, à Paris. C’est là que se trouve la DGSE, une zone sous contrôle du ministère de la Défense (la fameuse « piscine » des écoutes téléphoniques). Pas question de la survoler. Mais quelle légitimité a Helicomicro pour déclarer cet endroit « no fly zone » ? Aucune. Le souci, c’est que tout le monde peut faire la même chose, avec n’importe quelle adresse… Même si elle ne se trouve pas dans la base de données de Google, utilisée pour la saisie de l’adresse, car il est possible de déplacer le curseur pour le mettre à un endroit précis. Le seul garde-fou pour l’instant ? On ne peut déclarer qu’une adresse par email. Mais rien n’empêche des esprits tordus (ou avec une idée derrière la tête) d’utiliser des adresses temporaires pour déclarer des zones interdites à tour de bras.

Les points de détail

noflyzone-03Ils sont issus de la FAQ publiée sur le site ! Combien coûte la déclaration d’une zone ? Rien, c’est gratuit, mais No Fly Zone se réserve la possibilité de proposer des services Premium par la suite. Quel est le diamètre bloqué par une zone ? Chaque constructeur est libre de fixer cette valeur, No Fly Zone fournit simplement le point central. Que faire si sa propriété est déclarée comme une « no fly zone » ? Il faut fournir un titre de propriété à No Fly Zone pour que la zone soit débloquée, uniquement pour le propriétaire. On imagine la complexité de cette manière de procéder : comment vérifier les informations, surtout lorsqu’elles sont dans des langues étrangères ? Peut-on se plaindre quand une zone a été faussement déclarée ? Oui, il y a un formulaire pour cela sur le site. Des passe-droits pourront être acquis par les professionnels munis d’autorisations. La manière de procéder semble trop permissive pour être efficace.

Ce qu’il faut en penser ?

noflyzone-04On peut comprendre et accepter que les administrations des différents pays puissent déclarer des zones interdites de survol, elles ont en théorie la légitimité pour le faire… Mais cela ne prévient pas pour autant les abus, loin s’en faut. Mais surtout, que des particuliers puissent interdire l’espace aérien au-dessus d’eux – sachant qu’il ne leur appartient pas ! – est une autre histoire. Un tel service est-il légal en France ? La question est ouverte. Notre avis ? Ce service risque fort de devenir un capharnaüm ingérable, avec des délais de mises à jour qui le rendent inutilisable. En attendant, nous avons envoyé un mail pour débloquer le survol de la « piscine ». Sait-on jamais. Le site nous a répondu (automatiquement) que nous serions contactés sous 72 heures…

Le site No Fly Zone se trouve ici.

11 commentaires sur “No Fly Zone ?

  1. Après les « No Go Zone », les « No Fly Zone »…. Plus sérieusement, je trouve cette initiative plutôt intéressante mais comme souligné dans l’article, ça va être un sacré bordel à gérer entre les fausses NFZ, les constructeurs etc etc J’ai l’impression que ce système ne durera que quelques mois ! Fiabilité à suivre…

  2. Curieux de mettre des No Fly Zone dans un rayon indéfini autour de chez DJI et Yuneec pour voir leur tete !

  3. Je considère cela plutôt comme un grand …… qui ne réglera en rien ce qu’il ne sait régler et les solutions pour « contourner » le problème existeront de toutes façons alors Buz / Buz / Buz !
    On assiste de plus en plus à tout et n’importe quoi dans ce domaine, c’est lassant et dommageable voulant réduire les gens à des assistés !

  4. OUI 🙂 Mais certains tu ne les calmeras jamais 🙂 même en les bâillonnant 🙁
    Mais certains de ceux là, sont aussi ceux qui font progresser notre loisir …
    Je pense surtout que tout ce tapage est du lobbying constructeur histoire de se mettre en poche les autorités 🙁 qui aujourd’hui sont dans l’incapacité de prendre une quelconque mesure intelligente et constructive devant un phénomène qui leur échappe presque totalement 🙂

  5. Il faudrait faire une petite vidéo montrant un DJI Inspire ou Phantom 2 décollant dans une No Fly Zone. Il suffit de passer en mode manuel. Autant pour la confiance des les autorités… 😉

  6. Je n’ai plus de P2 (ni d’Inspire, snif) pour essayer avec une mise à jour récente, mais la restriction était aussi active en mode manuel quand j’ai essayé à l’été dernier. Ca a été modifié ?

  7. Ah flûte alors ! Même en manuel il bloque ? Mon dieu mon dieu mon dieu ce que je préfère Arducopter (APM/Pixhawk) !

  8. A ma connaissance il est toujours bloqué en manuel, mais je n’ai pas essayé depuis plusieurs mises à jour… Ah ben oui, l’APM est plus permissif 😉 Mais d’un autre côté, ne vaut-il mieux pas des protections comme ça sur des appareils ultra grand public ?

  9. Tant que l’on fait dans l’informatif plutôt que dans le directif je suis pour. Sur Mission Planner par exemple les zones d’aéroport sont entourées d’un cercle rouge. C’est informatif, pas limitatif.

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