Epson Moverio BT-200, prise en mains

On vous l’avait présentée ici il y a quelques temps, la paire de lunettes avec écrans intégrés d’Epson est arrivée. Nous avons pu la prendre en mains quelques heures, le temps d’évaluer un peu son potentiel. Alors, ça vaut le coup ? Dsc_0030-600Notez qu’il s’agit d’une version « sample » de la Moverio BT200, avec un package limité et sans mode d’emploi.

Tour du propriétaire

La paire de lunettes est assez imposante – par rapport à des lunettes classiques s’entend. Sur la balance, la partie que l’on porte pèse 94 grammes environ (le « environ » est dû au fil, qui rend difficile une pesée exacte). Mais les lunettes ne fonctionnent pas toutes seules : elles sont solidaires, par un fil assez épais, d’un boîtier qui prend la forme et l’encombrement d’un téléphone mobile. C’est là que réside toute l’intelligence de la Moverio BT-200. Le processeur est un Omap 4460 de Texas Instruments. On y trouve un système embarqué qui repose sur Android, dans sa version 4.0.4 (sur la version qui nous a été confiée). Le tout, en ordre de marche, pèse tout de même 253 grammes. Le boîtier ressemble comme deux gouttes d’eau à un mobile Android, avec les mêmes boutons et leurs icônes en bas, avec des touches de contrôle du son, un bouton allumage-extinction, un bouton de fonction. En bas du boîtier se trouve la prise qui permet de brancher le câble vers la paire de lunettes, sur le côté gauche figure une trappe pour placer une carte mémoire MicroSD, et sur la droite une prise USB. Avec cette dernière, il est possible de recharger la batterie du boîtier – qui alimente la paire de lunettes – et d’accéder au contenu de la mémoire interne de 6 Go. Le boîtier est équipé de modules Wifi (compatible avec Miracast pour les flux vidéo), Bluetooth et GPS.

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A-t-on l’air ridicule avec les Moverio BT-200 ? Oui. Mais moins qu’avec des lunettes d’immersion classiques. Notez que j’ai donné de ma personne pour les besoins de cette chronique…

Chausser les lunettes

Le principe de la Moverio BT-200, c’est de laisser l’utilisateur voir à travers les verres de la paire de lunettes. Comme pour les Google Glasses, mais à la différence des lunettes pour les vols en immersion, de type FatShark, qui sont opaques. L’affichage est donc de type OSD ou « tête haute », c’est-à-dire qu’il vient s’afficher en surimpression de la vue normale, comme si un écran apparaissait dans les airs, flottant à quelques mètres. La sensation est la même que celle expérimentée avec les Google Glasses (pour ceux qui ont eu la chance de les porter) : on est totalement décontenancé pendant les premières 30 secondes. Car il faut effectuer une gymnastique pour « faire le point » entre la vue classique et celle de l’écran. Regarder l’écran sans qu’il soit flou, c’est faire l’effort de le regarder comme s’il était à quelques centimètres de soi seulement. Passées les 2 minutes d’accoutumance, il n’y a plus d’effort à produire, la vue s’adapte toute seule. C’est un peu comme les premières minutes avec des lunettes à verres progressifs, là encore pour ceux qui ont expérimenté, sans toutefois l’éventuelle impression de flottement ou de déformation de l’environnement. Le poids ? Avoir presque 100 grammes sur le bout du nez, ça se sent. La paire de lunettes a tendance à glisser un peu vers l’avant. Et à la longue ? Difficile à dire, nous avons expérimenté la Moverio BT-200 par des séances de moins de 10 minutes chacune…

Mais encore ?

Dsc_0003-600La résolution des deux écrans, un pour chaque œil, est correcte (960 x 540 pixels), suffisamment en tous cas pour que l’impression de finesse des images et des textes à l’écran soit satisfaisante – plus qu’avec des Google Glasses. Dans son communiqué de presse, Epson assurait que l’affichage donnait « l’impression d’être face à un écran de 320 pouces (8 mètres de diagonale) ». Tout dépend de la distance à laquelle on situe l’écran virtuel. A titre d’exemple, avec un recul de 1 mètre, la taille de l’écran affiché dans la paire de lunettes est celle d’un moniteur de 21 pouces. Ce n’est pas gigantesque, mais c’est tout de même assez confortable. La luminosité est assez forte, et il est possible de l’augmenter. Le décor vers lequel vous projetez l’image influence énormément la visibilité. Si l’arrière-plan est noir, l’image est bien visible. Mais si l’arrière-plan est fait de couleurs claires, l’écran devient très difficile à à discerner…

A l’usage

Dsc_0001-600L’interface est celle d’un appareil mobile Android, avec les mêmes icônes, la même « philosophie ». Bref, si vous utilisez au quotidien un smartphone Samsung, HTC, LG, Acer, Archos, Haier, Lenovo, Huawei, Sony, Meizu, ZTE, vous ne serez pas dépaysé. Ce qui manque dans la version du Moverio BT-200 que nous avons eue entre les mains ? L’accès à Google Play pour télécharger des applications. Passer par l’interface web de Google Play n’a pas été couronné de succès, mais l’installation des APK (les logiciels à télécharger sous forme de binaires) a fonctionné parfaitement. Pour piloter l’interface, la paire de lunettes affiche un curseur que vous déplacez en glissant le doigt sur le boîtier : sa surface est tactile, à la manière d’un trackpad d’ordinateur portable. Une pression courte : vous simulez un toucher à l’écran. Une pression longue : vous pouvez faire défiler l’écran. C’est efficace ? Pas vraiment, en tous cas cela demande beaucoup plus d’efforts qu’avec un écran tactile classique.

Quelques plus ?

Dsc_0047-600La paire de lunettes Moverio BT-200 est dotée d’un capteur photonumérique qui permet de prendre des photos et des vidéos. N’en attendez pas des miracles : les photos sont en VGA (640 x 480 pixels) et d’une qualité assez médiocre. Les vidéos sont un peu plus sympas : elles souffrent de la même résolution, mais sont animées à 30 images par seconde. Une diode verte clignotante témoigne de l’activité de la caméra : les personnes en face de vous sont averties qu’elles sont potentiellement filmées (la diode n’indique pas si la caméra est simplement active ou si elle est en train d’enregistrer). Dans les branches de la paire de lunettes se trouvent des capteurs qui permettent à Android de savoir si vous inclinez la tête. On suppose que certaines applications sauront tirer parti de ces capteurs. L’autonomie annoncée par Epson est de 6 heures avec une batterie intégrée et non amovible de 2720 mAh – nous n’avons pas eu le temps de mesurer cette autonomie nous-même. Peut-on utiliser des lunettes correctrices avec la Moverio BT-200 ? C’est possible, mais ce n’est pas agréable. Epson prévoit de produire des verres correcteurs pour la paire de lunettes.

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Photo 640 x 480 pixels prise avec l’appareil photonumérique intégré

Et les vols en immersion ?

En théorie, cette paire de lunettes représente l’avenir des vols en immersion, ni plus ni moins. Imaginez : vous voyez votre engin « à vue » puisque les verres des lunettes sont transparents, mais vous voyez aussi l’image telle qu’elle est filmée à bord de votre multirotor. Voilà un moyen légal de s’affranchir des requis de l’arrêté du 11 avril 2012 concernant les vols en immersion… puisqu’il s’agit en fait de vols en vue directe ! Dans la pratique, ça donne quoi ? Disons… que l’expérience est étonnante, mais pas forcément totalement convaincante. Des explications sont nécessaires pour bien comprendre. Il n’y a aucune entrée vidéo, ni analogique ni numérique, sur le boîtier du Moverio BT-200. Ce qui interdit l’usage de ces lunettes avec les solutions classiques de vols en immersion puisqu’on ne peut pas « récupérer le signal en provenance du récepteur vidéo. La seule source d’image possible est ce qu’Android peut afficher à l’écran. Mais ça tombe bien, puisque certains multirotors du moment sont compatibles avec Android !

Parrot et DJI

Dsc_0024-600Nous avons fait nos essais avec les deux marques qui tiennent le haut de pavé dans le monde des multirotors : le français Parrot avec son AR.Drone 2, et le chinois DJI avec le Phantom 2 Vision. La particularité de ces deux appareils : ils proposent le retour de l’image filmée à bord en temps réel vers un smartphone Android. Voilà qui tombe à point nommé avec la Moverio BT-200 ! Nous avons donc installé les logiciels AR.Freeflight et DJI Vision. La puce Wifi détecte aussi bien le point d’accès créé par l’AR.Drone que celui de l’extendeur 2,4 GHz du Phantom 2 Vision. Les logiciels fonctionnent correctement, même si celui de DJI se place en mode portrait au lancement – les premières manipulations, notamment la saisie de l’email et du mot de passe, ne sont pas faciles mais le logiciel rétablit la bonne orientation dès que l’interface principale est affichée. Le retour vidéo est opérationnel pour les deux logiciels. Et le résultat est vraiment sympa, puisqu’on voit à la fois l’appareil en vue directe et la vidéo immersive en surimpression. Nous n’avons pas réussi à utiliser correctement l’interface de pilotage de l’AR.Drone 2 avec la surface tactile : nous sommes restés au sol pour ne pas risquer un crash. Avec le Phantom 2 Vision, le pilotage est assuré par la radiocommande, l’écran ne sert à qu’à visualiser le retour vidéo. Bonne surprise : la fonction gyroscope de l’interface DJI Vision qui sert à piloter le tilt (l’inclinaison) de la caméra est compatible avec les capteurs de la paire de lunettes ! Dsc_0005-600D’une manière un peu bizarre, d’ailleurs : il faut pencher la tête vers la droite ou vers la gauche pour descendre ou relever la caméra. Mais ça marche parfaitement !

Notre conclusion ?

La Moverio BT-200 est, cela ne fait aucun doute, une fenêtre ouverte sur ce que nous allons utiliser demain. Pour l’instant, elle est encore un peu lourde, un peu encombrante aussi. Mais elle se révèle fonctionnelle même si l’interface est à l’évidence perfectible. Nous avons piloté un Phantom 2 Vision pendant quelques dizaines de minutes avec le retour vidéo dans la paire de lunettes : l’expérience est tout simplement étonnante. Et vraiment encourageante pour ce type d’accessoire. Faut-il l’acheter ? Dans le cas précis du pilotage d’un Phantom 2 Vision, avec cadrage vidéo en simultané, pourquoi pas ! Mais il faut pouvoir dépenser les 700 € qui sont demandés par Epson pour la Moverio BT-200… Peut-être faut-il attendre que le poids de la paire de lunettes soit encore réduit…

Le site officiel d’Epson se trouve ici.

La vidéo

Elle est courte : elle montre d’abord une séquence vidéo 640 x 480 à 30 images par seconde filmée avec la caméra intégrée à la Moverio BT-200,  puis les mouvements de la tête qui permettent de piloter le tilt (l’inclinaison) de la caméra du Phantom 2 Vision.

 

Des photos supplémentaires

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Sur un fond foncé, le contraste de l’image est optimal.
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Sur un fond clair, on ne voit presque rien de l’écran…

 

8 commentaires sur “Epson Moverio BT-200, prise en mains

  1. Bonjour ^^

    Merci FRED d’avoir donné une nouvelle fois de votre personne 😉 (attention au cervicale)

    Honnêtement …. par un beau dimanche d’été …. on vois ni le retour vidéo ni le multi dans le ciel à plus de 10m ….

    700 euro le bout … peut être utile dans certains métiers ou pour certaines applications … le principe d’avoir les info de l’OSD tout en pilotant à vus me plais bien par contre … mais nous ne sommes que à l’âge de pierre des lunettes numérique 😉

    par contre se qui me fait peur c’est le troupeau d’inconscient qui vont acheté sa et conduire avec …. mais c’est un autre sujet et un autre débat !

    Bien amicalement

  2. bonne nouvel pour moi je dispose des lunette BT-100 de chez epson (plus grosse plus moche plus lourde mais beaucoup moins cher….)qui sont l’ancienne version des BT-200 je vais testé ca j’espère que sa va marché

  3. J’avais acheté ça pour une caméra (c’est le même modèle)… mais j’ai tout remisé à la cave. Ca tient mal, ça glisse et ça finit de travers au mieux, par terre au pire 🙁
    Je ne le conseille pas, par expérience…

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