Sale temps pour DJI aux USA

Vous avez sans doute vu à maintes reprises Colin Guinn, le charismatique CEO de DJI North America, faire la promotion des Phantom et du matériel de DJI. La suite des événements risque d’être un peu compliquée. Colin Guinn poursuit DJI et interdit aux 31 revendeurs américains d’acheter du matériel DJI. La société de Colin Guinn, Dajiang North America, a pour cela demandé le 16 décembre 2013 une injonction provisoire à la 200ème cour du district du comté de Travis au Texas. Le motif ? Pratique commerciale trompeuse.

Traduction ?

Colin Guinn a demandé l’interdiction temporaire de revente de tout matériel volant et périphériques associés par DJI Innovations (ou plutôt Daijiang Innovation Technologies), en l’attente d’un procès. La demande a été modifiée le 6 janvier 2014, puis le 8 et enfin le 10, après des discussions avec des représentants de DJI Innovation. La décision a été prise par la cour le 22 janvier 2014 en faveur de Colin Guinn et Daijiang North America, aux dépends de DJI Innovations qui a fait savoir, via DJI Hong Kong (oui, c’est un peu compliqué, leur business), qu’ils prenaient acte de l’injonction et donc de l’interdiction de vente. La liste des 31 revendeurs nord-américains est toujours présente sur le site de DJI. Notez que la vente de matériel DJI par les revendeurs à leurs clients n’est pas interdite par cette injonction, c’est l’achat qui est prohibé. Les stocks de matériel DJI vont donc s’écouler, sans réapprovisionnement.

L’envers du décor ?

On ne saura pas tout, tout de suite, vous vous en doutez bien. Voici ce qui filtre parmi les milieux bien informés des revendeurs nord-américains. Colin Guinn a monté sa propre structure aux Etats-Unis, sous le même nom que la société chinoise DJI fondée par Frank Wang en 2006. Il semble avoir récemment déposé aux Etats-Unis des noms de marques appartenant à DJI. Pour renforcer sa politique commerciale ? Pour avoir plus de poids face à la « maison-mère » ? La riposte de DJI Innovation n’a pas été dévoilée, mais on suppose que le ton est monté entre les deux parties, jusqu’à aboutir à cette injonction demandée par Colin Guinn. Est-ce que le tout va affecter la disponibilité de matériel en Europe et en France ? Probablement pas. Les documents diffusés par la cour du district du comté de Travis au Texas se trouvent ici et là. Source : LightSoundImagination.

L’effet Kiss Cool n°2 !

Vous vous souvenez de cette superbe vidéo d’un décollage de la fusée d’essai Grasshopper de SpaceX, voulue par le milliardaire Elon Musk (voir ici). Saviez-vous que cette vidéo a été tournée avec un S800 de DJI, piloté par… Colin Guinn ! Il faisait partie d’une brochette d’invités triés sur le volet pour assister à ce vol d’essai, en voisin puisqu’il a eu lieu à Waco, au Texas. La suite est pour le moins bizarre. Colin Guinn était accompagné par son Creative Producer chez DJI NA, Lon Breedlove, qui a géré la caméra pendant le vol, et par deux amis. Lorsque les 4 sont partis, la sécurité leur a demandé leur badge. Ce a quoi Colin Guinn a répondu qu’ils les avaient déjà rendus. Mais les vidéos de surveillance ont montré que Colin Guinn avait encore les badges à l’extérieur, et qu’il les a rangés dans sa voiture. L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais lorsque les équipes de sécurité de SpaceX ont enquêté, elles se sont aperçues que Colin Guinn avait dupliqué la vidéo brute du vol avant de la donner aux responsables médias de SpaceX – ce qu’il n’était pas autorisé à faire, de manière contractuelle. Dernier détail troublant : la sécurité de SpaceX a déclaré que l’un des deux amis accompagnant Colin Guinn était un citoyen russe, alors qu’il s’était présenté comme américain. Ce qui n’était, là encore, pas autorisé par SpaceX. Il est peu probable que Colin Guinn filme les prochains décollages du Grasshopper de SpaceX. Source : Wendell Adkins de Perfect Perspectives Aerial Imaging. Vrai ? Faux ? Difficile à vérifier. Edit : contacté à ce sujet, le service de presse de SpaceX n’a pas validé ces informations, mais a confirmé « un différent avec le CEO de DJI NA ».

Et dire que Colin Guinn, vendeur en téléphonie, est aussi apparu à plusieurs reprises dans des films de… télé-réalité. Mais nous allons nous arrêter là, notre propos n’est pas le journalisme d’investigation. Ou trash. Le reste, ce sera dans Closer…