Phantom 2 Vision, les interrogations

La disponibilité du nouvel appareil de DJI est pour bientôt – le mois de novembre -, et ses caractéristiques sont maintenant mieux connues. Un look proche du Phantom première version, un compartiment pour accueillir une batterie en rack de capacité double pour une autonomie supérieure à 20 minutes, des diodes indicatrices de l’état de la batterie, des hélices autobloquantes, des moteurs plus puissants, un interrupteur on/off, une caméra Full HD de 14 mégapixels montée sur des amortisseurs, pilotable depuis la radiocommande sur le tilt (orientation vertical) – mais non stabilisée -, une trappe pour une carte mémoire microSD destinée à l’enregistrement des vidéos. Comme son nom l’indique, le Phantom 2 Vision est destiné à la prise de vues. Selon un point de vue strictement légal en France, premier écueil : il ne dispose pas des requis exprimés par les arrêtés du 11 avril 2012 (les explications sont là). Bref, voler avec le Phantom 2 Vision en France, c’est être hors-la-loi. Bien bien bien. Bah, il suffit d’un brin de mauvaise foi pour assurer juré craché que nous avons prévu de ne voler qu’à l’étranger, hein…

Le principe du Phantom 2 Vision ?

C’est celui des engins prévus pour les vols en immersion (comme le Phantom que nous avions équipé ici, ou le Hoten X, ou un Ladybird). Comment ça marche ? La caméra à bord filme en continu, envoie la vidéo via un émetteur vers un récepteur qui se trouve au sol, lequel transmet l’image en temps réel sur un écran (ou des lunettes spéciales). Cela permet de visualiser l’image telle qu’on la verrait si on se trouvait à bord du Phantom 2 Vision. Pratique pour gérer les cadrages vidéo, pour continuer à piloter même lorsque l’appareil n’est plus en vue directe, soit parce qu’il est trop loin, soit parce qu’il est caché par un obstacle. Jusque-là, tout va bien, les technologies sont connues. Sauf que… Sauf que le Phantom 2 Vision prend les habitudes du radiomodélisme à contre-pied ! Attention, il faut un peu vous accrocher pour lire ce qui suit si vous n’avez aucune notion de radiomodélisme. Mais promis, on a fait tout ce qu’on a pu pour simplifier les explications…

5,8 GHz

Habituellement, les radiocommandes exploitent les bandes de fréquences en 2,4 GHz, et les émetteurs vidéo fonctionnent en 5,8 GHz. Changement de programme chez DJI avec le Phantom 2 Vision, puisque sa radiocommande est équipée d’un système en 5,8 GHz. Une décision étonnante, d’abord parce que la radio du Phantom et du Phantom 2 Vision ne sont plus compatibles… mais ce n’est pas bien gênant. Le 5,8 GHz, en revanche, souffre d’une portée inférieure à celle du 2,4 GHz, et se révèle très sensible aux obstacles. Murs, arbres (feuillus) risquent de provoquer des pertes de signal. Or perdre la liaison radio avec un appareil volant est un gros souci, forcément. Même si les paquets émis et reçus pour les ordres radio sont moins volumineux que les paquets pour la vidéo vidéo (qui sont diffusés en masse et en continu), la technologie risque de peiner à atteindre les 300 mètres de distance promis par DJI. Sans oublier qu’en France, les émissions en 5,8 GHz sont limitées à 25 mW. Ce qui risque d’être un peu juste. DJI vont-ils communiquer la puissance de leur usage 5,8 GHz ? Ce n’est pas certain. Ce n’est pas obligatoire pour la vente en France, mais ça l’est pour l’utilisation. Ce serait une deuxième entorse aux lois française… Avec en prime, pour corser les choses, un petit flou sur l’exploitation du 5,8 GHz : il est permis mais limité à 25 mW sur les plages de 5725 à 5875 MHz (5,725 à 5,875 GHz), mais sans restriction clairement exprimée sur les plages de 5880 à 5945 MHz… que certains émetteurs savent parfaitement exploiter. Comprenez par là qu’utiliser un émetteur 5,8 GHz sur la plage 5945 MHz (peu importe la puissance) n’est pas autorisé… mais ce n’est pas non plus interdit ! Hop, avec encore un tout petit peu de mauvaise foi, ça passe tout seul !

Houston, we have a problem!

Que se passe-t-il lorsque la liaison radio est coupée avec le Phantom 2 Vision ? Comme pour son petit frère le Phantom, il entre en mode « Failsafe ». Qui peut être paramétré de deux manières différentes : soit le Phantom entame une descente là où il se trouve et se pose tout seul, soit il entreprend de revenir à son point de départ, en adoptant une altitude de 20 mètres environ, puis il se pose tout seul. Sur le papier, c’est parfait et très sécurisant. Mais dans la pratique, cela peut se révéler un peu plus compliqué. Imaginez que l’appareil se pose là où il a perdu la connexion, juste au-dessus d’un étang (parce que vous étiez parti à la chasse aux canards – la chasse vidéo, bien sûr). La tasse est assurée ! Maintenant imaginez que vous soyez passé derrière une belle rangée de peupliers et que la connexion se soit coupée. Le Phantom tente de revenir tout seul à son point de décollage, il monte à 20 mètres, et percute le peuplier (le plus haut bien sûr, et il y reste coincé, sinon ce n’est pas marrant). Voilà deux exemples volontairement caricaturaux qui montrent que la portée de la radio est un critère important, critique pour la survie de l’appareil. Et en adoptant la bande du 5,8 GHz, DJI a tout à prouver !

2,4 GHz

Pourquoi le 5,8 GHz a-t-il été préféré au 2,4 GHz ? Parce que c’est la transmission de la vidéo en temps réel qui a adopté et s’est accaparée la bande fréquence de 2,4 Ghz ! Difficile d’utiliser le 5,8 GHz puisque l’usage simultané et à courte distance physique de plusieurs matériels à des fréquences proches est susceptible de générer des interférences. Le cheminement des images est le suivant. La caméra placée à bord filme en Full HD et enregistre les images en haute qualité sur une carte microSD, à bord elle-aussi. Les images sont prises en charge par un émetteur 2,4 GHz qui les transmet au sol. Plus exactement vers un récepteur 2,4 GHz qui a été greffé à la radiocommande du Phantom 2 Vision.

2,4 GHz bis

Pour visualiser la vidéo en temps réel, DJI s’appuie (comme Parrot avec son AR.Drone 2) sur un smartphone de type iOS (iPhone, iPad) ou Android (Samsung, LG, HTC, Acer, Google).  Le récepteur greffé se double d’un point d’accès Wifi 2,4 GHz, qui établit la liaison avec le smartphone et envoie les images vers une application. Pourquoi du Wifi ? Parce que le 2,4 GHz longue distance entre le Phantom et son boîtier de réception n’est pas à la même norme que le Wifi, bien que ce dernier fonctionne… aussi en 2,4 GHz. Comment ça, c’est un peu compliqué ? L’avantage de cette solution ? La distance entre le boîtier et le smartphone est très courte, quelques centimètres : elle est par conséquent de qualité optimale. On résume ? Le Phantom filme, la vidéo est transmise en 2,4 GHz vers le boîtier sur la radiocommande, qui lui-même transmet en Wifi 2,4 GHz vers un smartphone. En plus de la vidéo, le téléphone mobile permet de gérer les réglages avant et pendant le vol : orientation de la caméra, démarrage et arrêt de l’enregistrement, zoom, réglages du comportement du Phantom. L’application, appelée DJI Vision (déjà dispo sur l’App Store et Google Play), permet aussi de voir en temps réel les paramètres de vol, des sortes d’instruments : altitude, vitesse, position, cap, horizon artificiel, etc. Top !

Vivement la prise en mains !

Il va sans dire que les solutions techniques choisies par DJI pour le Phantom 2 Vision sont intéressantes – malgré un petit côté bidouille, tout de même –. Nous sommes impatients de mettre la main sur un exemplaire pour tester le comportement de la radiocommande et de la liaison vidéo, histoire de mettre à l’épreuve la distance de fonctionnement… Un dernier détail : nous avions annoncé un prix de 1300 € environ. La bonne surprise, c’est qu’il est finalement beaucoup plus léger : ce sera 999 €. Enfin, plus léger, tout se discute, hein… N’oubliez pas qu’il faut aussi un smartphone. Ou une tablette, mais vous ne pourrez pas l’accrocher à la radiocommande (à moins de vouloir à tout prix pratiquer la muscu).