Anzu Robotics est accusée de déguiser des drones de DJI pour les commercialiser aux Etats-Unis
Anzu Robotics est une société créée par Randall Warnas, un ancien collaborateur de DJI, de FLIR et de Autel Robotics. Elle commercialise la gamme de drones Raptor, présentée en avril 2024, qu’elle assure être fabriquée en Malaisie et dont la partie logicielle est conçue aux Etats-Unis.
L’air de famille avec des drones de DJI est évident, et Randall Warnas le concède : « C’est une technologie sous licence »… de DJI, bien sûr.
L’intérêt de la gamme Raptor ?
C’est pouvoir commercialiser des drones aux Etats-Unis sans tomber sous les restrictions et surtaxes imposées au matériel informatique et radio en provenance de Chine. La grande question, c’est de savoir à quel point les Raptor sont proches de Mavic 3E et 3T DJI…
Une réponse proposée par un rapport de hackers
Il a été publié en mai 2024 par Andreas Makris alias Bin4ry de thinkAwesome, épaulé par Kevin Finisterre alias d0tslash et Jon Sawyer alias jcase. Les conclusions du rapport sont assez claires : les Raptor sont des Mavic 3 avec un minimum de modifications et un nouveau logiciel en remplacement de DJI Pilot 2.
La portée de ce rapport n’avait pas dépassé le petit monde des drones professionnels aux Etats-Unis… mais cela risque de changer.
« The Select Committee on the CCP » (SCCCP) à l’attaque
Le « The Select Committee on the CCP » est un groupe au sein du congrès des Etats-Unis qui entend surveiller l’influence du parti communiste chinois aux Etats-Unis. Sa force est d’être bipartite, c’est-à-dire de porter la voix de membres républicains et démocrates.
Deux membres de la Chambre de représentants, John Moolenaar (Républicain) et Raja Krishnamoorthi (Démocrate) se sont emparés de l’étude des hackers pour alerter de la collusion possible entre Anzu Robotics et DJI, et poser plusieurs questions à Randall Warnas.
Dans un courrier qui lui est adressé, et bien sûr diffusé publiquement, les membres du SCCCP ont déclaré « Des chercheurs en sécurité ont confirmé que le Raptor T d’Anzu est essentiellement un DJI Mavic 3 peint en vert, avec sa télécommande et son application fonctionnant toutes sur la technologie DJI ». L’accusation est décrite de manière très directe : « En se basant en partie sur vos propres déclarations, il semble que DJI utilise Anzu comme un intermédiaire pour tenter d’éviter les restrictions américaines actuelles et prévues sur les produits DJI ».
Dans le courrier, il est également avancé que « La nature de la relation DJI-Anzu semble défier les pratiques commerciales habituelles. […] il est difficile de comprendre la logique commerciale qui a poussé DJI à établir cette relation avec Anzu, à part pour l’utiliser comme un moyen de contourner les restrictions légales (actuelles et futures) imposées sur ses produits ».
Ce courrier s’achève par une série de questions posées à Randall Warnas, assorties d’une obligation de réponse au 6 septembre 2024. Ce sont des questions plutôt pertinentes, qui permettraient de mieux comprendre la relation entre Anzu Robotics et DJI et ses implications dans la gamme Raptor. Elles concernent des domaines techniques intéressants : les pratiques commerciales, le chiffrement des données, l’origine des composants…
L’impact de ce courrier ?
Les publications du SCCCP sont très suivies par les élus américains, en raison de son caractère bipartite, et parce qu’ils sont sensibles aux questions de sûreté et de réindustrialisation nationales dans un contexte géopolitique très tendu.
Si les questions à Randall Warnas n’obtiennent pas de réponses convaincantes, il est probable que les membres du « The Select Committee on the CCP » passent à la vitesse supérieure en proposant d’imposer réglementairement les mêmes interdictions et restrictions à Anzu Robotics qu’à DJI. Dans ce cas, l’initiative (un peu trop ?) audacieuse de Anzu Robotics risque de tourner court…
Source : The Select Committee on the CCP
Merci à Armand pour le lien !