BetaFPV Air75, le test d’un tinywhoop analogique ultra léger
La gamme Air de BetaFPV ne compte à ce jour que deux modèles, le Air65 et le Air75. C’est ce dernier que j’ai acheté. Il s’agit sans doute de l’un des derniers drones en analogique que j’ai décidé d’acquérir.
Le Air75, comme son nom l’indique, mesure 7,5 cm de diagonale de moteur ) moteur. C’est un poids plume : il ne pèse que 21 grammes sans sa batterie ! Cette particularité devrait lui permettre d’être réactif en vol et très résistant. Est-ce vrai en pratique ?
La vidéo
Tour du propriétaire
Le Air75 repose sur une structure en plastique assez souple, comprenant les protections d’hélices. Le contrôleur de vol est le Air Brushless Flight Controller, un 4 en 1 basé sur le processeur G473 (supérieur au F411 selon BetaFPV).
Il comprend aussi un ESC 4 en 1 de 5A en Bluejay 96 KHz, un émetteur vidéo analogique 5,8 GHz de 25 à 400 mW en SmartAudio. Il offre 4 UART dont un est occupé pour le récepteur radio et un autre pour l’émetteur vidéo.
Les moteurs sont des brushless 0802SE à 23000KV pour des hélices bipales Gemfan de 40 mm. Ils sont soudés sur le contrôleur de vol – il faudra donc dégainer le fer à souder s’il faut un remplacement.
Il n’y a pas de connecteur USB sur le contrôleur de vol, mais un connecteur propriétaire plus petit. Il est facile d’accès lorsque la batterie n’est pas en place, mais il doit être utilisé avec un adaptateur USB-C, fort heureusement fourni dans la boite par BetaFPV.
Sur le contrôleur de vol est branché un récepteur radio ExpressLRS 2,4 GHz, le ELRS Lite Receiver de BetaFPV. C’est un modèle minuscule de 0,53 gramme équipé d’une antenne céramique plate.
Le carénage central est un pièce de plastique courbée, particulièrement légère et qui absorbe les vibrations. Il maintient la caméra, une CO3 analogique de BetaFPV et l’antenne dipôle de l’émetteur vidéo, branchée en u.FL.
L’alimentation ?
Le Air75 est équipé d’un connecteur au format BT2.0 et d’un panier destiné à accueillir une batterie 1S en BT2.0. BetaFPV recommande l’usage d’une Lava LiHV 1S 450 mAh 75C… de BetaFPV, évidemment.
Cette batterie pèse 12,5 grammes, le Air75 s’affiche donc à 33,5 grammes sur la balance, en ordre de vol. A noter que Ovonic propose des batteries compatibles, mais en 35C (voir ici). Pour charger les batteries, j’ai utilisé le chargeur Whoopstor de ViFly, compatible BT2.0 (voir le test ici).
Les réglages ?
Le Air75 est flashé avec Betaflight en version 4.5.0. Les réglages sont déjà effectués, notamment les plus importants : les PID, les rates et les autres paramètres qui influencent le vol. Il ne vous reste plus qu’à configurer la réception radio, les boutons et leurs fonctions. Si vous perdez la configuration d’usine, voici le dump du Air75.
Côté ExpressLRS, le récepteur est flashé en v3.3.0. Si votre émetteur est compatible, il vous suffit d’utiliser les méthodes habituelles. Il y a celle qui consiste à brancher-débrancher 3 fois le récepteur pour déclencher l’appairage.
Ou, plus efficace, celle permettant se connecter en wifi pour indiquer la Bind phrase qui automatise l’appairage. Il suffit pour cela d’attendre une minute que la LED bleue clignote rapidement, signe que le récepteur a mis en place le point d’accès wifi (mot de passe : expresslrs). S’il faut flasher le récepteur, il faut passer par le ExpressLRS Configurator avec comme target BETAFPV 2.4 GHz (category) et BETAFPV Lite 2400 RX (device).
Premier décollage ?
Le premier vol, à vue, permet de constater que le Air75 est assez nerveux sur les gaz. C’est une bonne nouvelle pour un appareil si petit !
BetaFPV a soigné ses réglages : il est très stable, aussi bien en modes stabilisés (Angle, Horizon) qu’en vol sans remise à plat (Acro). Suffisamment, d’ailleurs, pour constituer un excellent outil d’entrainement aux vols en Acro !
Le retour vidéo ?
L’émetteur est très classique, avec sa table de fréquences et de puissances renseignée d’usine dans Betaflight. Il est possible de le régler en 25 mW (le maximum autorisé en Europe), 100, 200 et 400 mW, ainsi qu’en Pitmode pour effectuer des réglages sans gêner les appareils à proximité.
Les réglages de la puissance et la fréquence passent par les menus de Betaflight dans l’OSD, accessibles par la combinaison de touches habituelle sur la radiocommande.
La qualité du retour vidéo est celle d’un système analogique. Il n’y a pas de latence, mais le retour est de faible définition, avec des glitches et de la neige qui apparait quand la liaison faiblit.
L’angle de la caméra est de 35° par défaut. C’est parfait en extérieur, mais un peu élevé pour des vols en intérieur à basse vitesse. Le carénage central offre 3 autres positions, la plus haute positionnant l’angle à 50°, de quoi satisfaire les amateurs de freestyle.
En vol ?
Je m’attendais à un tinywhoop très réactif et plutôt pêchu… et je n’ai pas été déçu ! Le Air75 est capable de voler doucement, mais aussi de partir dans de belles accélérations, des montées rapides.
Il peut accompagner les pilotes expérimentés dans des vols engagés, en passant quelques figures de freestyle : il a suffisamment de ressources pour cela (mais pour ma part je n’ai pas les compétences pour le pousser).
Attention tout de même aux limites de l’appareil : son autonomie souffre des gaz poussés trop fort et trop longtemps, et il est sujet au yaw washout si vous n’anticipez pas les remises de gaz. Mais il m’a accompagné dans des dives sympas sans gigoter pendant la descente et sans déraper au moment de redresser et remettre les gaz.
L’appareil vole parfaitement en intérieur, mais il est également capable de s’exprimer en outdoor – si bien sûr il n’y a pas trop de vent. Malgré des moteurs assez puissants, ses 33 grammes ne feraient pas le poids face à des bourrasques. A noter que le contrôleur de vol comprend un Blackbox de 16 Mo, parfaite si vous désirez améliorer les réglages.
Le point fort du Air75 ?
C’est sans doute sa résistance aux chocs ! Je l’ai envoyé de face sur du béton à pleine vitesse, il a foncé sur des troncs arbres, il s’est pris des séries de branches scélérates. J’ai réussi à le faire redécoller immédiatement, ou après un Flip Over After Crash s’il était à l’envers, parfois après une petite marche pour le récupérer quand il était coincé.
Ce qui j’en retiens : la structure ne montre aucun dommage, ni même aucun signe de faiblesse (pas de plastique blanchi). La caméra est un peu en retrait, sans doute suffisamment pour être protégée. C’est sans doute son poids plume qui assure sa protection ! A noter que BetaFPV fournit un jeu d’hélices supplémentaires dans la boite et un canopy de rechange.
L’autonomie ?
BetaFPV promet 6 minutes 30 de vol… mais la réalité est plus sévère. Avec des vols doux, j’ai atteint 4 minutes 30 avant d’être invité à me poser par l’OSD. Avec des vols plus rapides, il faut compter 4 minutes environ.
Dans le cas de vols très engagés, l’autonomie chute à 3 minutes. Certes la promesse des 6 minutes 30 n’est pas tenue, mais ce n’est pas si mal pour un tinywhoop !
La portée ?
Avec l’émetteur vidéo réglé en 25 mW, on perd la vidéo à une cinquantaine de mètres, sans obstacles. En poussant à 100 ou 200 voire 400 mW (c’est illégal et vous serez potentiellement pendu par les orteils si vous le faites), la portée vidéo est bien supérieure. Et dans ce cas, ce n’est plus elle qui limite l’enveloppe de vol : c’est la réception radio.
Il m’est arrivé à de nombreuses reprises de voir la qualité de la liaison faiblir sérieusement, jusqu’à afficher RXLOSS dans l’OSD. A vrai dire, je n’ai perdu le contrôle que rarement, même avec RXLOSS affiché à l’écran, mais l’avertissement invite à revenir rapidement.
Quelques défauts ?
Le panier support de batterie est de dimensions pile poil pour la Lava 1S 450 mAh de BetaFPV. Attention à prendre soin de cette batterie, notamment à ne jamais la laisser en pleine charge pendant plusieurs jours : si elle gonfle, elle n’entre plus dans le panier !
J’ai noté que la prise u.FL de l’antenne vidéo avait tendance à se soulever jusqu’à se débrancher. Il est recommandé de la vérifier avant chaque vol (ou de la sécuriser avec une goutte de colle chaude).
Attention à ne pas perdre l’adaptateur USB-C et son câble, sous peine de ne plus pouvoir effectuer de réglages avec Betaflight.
Faut-il l’acheter ?
Si vous avez envie d’un tinywhoop en analogique pour vous entrainer, pour pratiquer des vols engagés, pour vous tenter quelques figures de freestyle, le Air75 est vraiment sympa ! Il est plutôt puissant (pour un drone FPV en 1S), avec une autonomie correcte, et surtout une résistance aux mauvais traitements.
Il autorise les erreurs de pilotage, une excellente caractéristique pour les vols d’entrainement. Si vous volez au-dessus de l’herbe, il est probable qu’il soit quasi indestructible. Sur des surfaces plus dures, il finira par souffrir, mais sa tolérance est impressionnante.
Si vous n’avez plus la foi pour piloter en analogique, passez votre chemin : il ne peut pas être équipé avec les outils numériques du moment (HDZero, DJI, Walksnail).
Le prix ?
Le Air75 tel que je l’ai utilisé, en ExpressLRS, est proposé à 87 € directement chez BetaFPV (hors port, hors taxes), ou à 115 € en Crossfire. Il est aussi commercialisé en France par Drone-FPV-Racer en ExpressLRS à 114 € (taxes comprises).
La minute réglementaire
Le Air75 de BetaFPV est un drone mis sur le marché après le 1er janvier 2024 et sans indication de classe. En Europe, il n’est donc pas autorisé à un usage en catégorie Ouverte en extérieur ! mais vous pouvez l’utiliser en intérieur clos…
Fin de la minute réglementaire (qui est pour le moins expéditive !)