Dronavia Fly ID : le test d’une balise d’identification directe à distance
Le boitier Fly ID de Dronavia est une balise qui diffuse l’identification directe à distance. Pour mémoire, l’identification directe à distance est une requis imposé par la réglementation européenne dans certains cas d’usage.
Quels sont ces cas d’usage ?
L’obligation de diffuser l’identification directe à distance est préciser en préambule, puisqu’elle préside à l’achat, au réglage, à l’installation et à l’usage d’une balise externe comme le Fly ID de Dronavia. Alors, quand faut-il qu’un drone diffuse l’identification directe à distance ?
- En catégorie Ouverte, pour les appareils de classes C1, C2, C3 :
Pas besoin de balise externe, puisque dans les caractéristiques des classes C1 à C3 imposées aux constructeurs, il y a l’obligation d’un système de diffusion de l’identification directe à distance. - En catégorie Spécifique, en scénarios européens STS-01 et STS-02 :
Pas besoin de balise externe, puisque dans les caractéristiques des classes STS-01 et STS-02 imposées aux constructeurs, il y a l’obligation d’un système de diffusion de l’identification directe à distance. - En catégorie Spécifique, en scénarios français S-1, S-2, S-3 :
C’est le principal cas pour lequel il est nécessaire (voir les explications ici) d’ajouter une balise d’identification directe à distance, puisque la plupart des drones utilisés en scénarios nationaux sont dépourvus de cette fonction. - Dans certaines zones géographiques UAS définies par les Etats membres :
Le principe ? Vous ne pourrez voler dans certaines zones géographiques qu’en satisfaisant à des conditions particulières, comme par exemple la diffusion de l’identification directe à distance. Cette disposition de l’article 15 du règlement 2019/947 n’est à ma connaissance pas encore utilisée par un Etat membre de l’Union Européenne. Mais il est possible que ce soit le cas dans les mois à venir.
En résumé ?
Le principal usage d’un balise d’identification directe à distance, c’est la pratique en catégorie Spécifique sous scénarios nationaux français, avec un drone qui n’est pas de classe C1, ni C2, ni C3, ni C5, ni C6.
Ce sont par exemple les anciens Mavic, Inspire, Phantom, certains Air et Mini de DJI, les drones FPV, les anciens drones Autel Robotics, de Yuneec, de Parrot, de Skydio, etc.
Comment fonctionne une balise d’identification directe à distance ?
Elle a pour but de diffuser en temps réel, pendant toute la durée du vol, le numéro d’exploitant UAS, le numéro de série de la balise, la date et l’heure, la position géographique du drone, sa hauteur par rapport à la surface ou au point de décollage, son cap, sa vitesse, le point de décollage du drone, et des indications complémentaires (non obligatoires).
Notez que ce ne sont pas exactement les mêmes données que celles diffusées par l’identification directe à distance intégrée dans un drone par son constructeur (notamment parce qu’il n’y a pas de lien informatique entre la balise et le contrôleur de vol du drone, et que la balise peut potentiellement être placée sur plusieurs drones différents opérés par le même exploitant UAS).
« Identification directe à distance » VS « signalement électronique » ?
J’ai très souvent constaté qu’il y a confusion entre l’« identification directe à distance » et le « signalement électronique ». Même si les deux semblent fournir le même service, les outils sont différents ! Un petit rappel est sans doute important…
- L’identification directe à distance est un requis réglementaire européen pour tous les drones de classes C1, C2, C3, et ceux utilisés en catégorie Spécifique comme nous l’avons vu au début de cette chronique.
- Le signalement électronique est un requis réglementaire français pour tous les drones de plus de 800 grammes, quelle que soit leur classe (ou leur absence de classe) et leur usage.
Comme les deux requis sont différents et que l’administration française (principalement le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale – SGDSN) n’a pas réussi à s’entendre avec l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA), il faut parfois que les drones diffusent les deux simultanément.
C’est idiot et contreproductif ? Oui. Mais c’est ainsi. Par exemple, un Phantom 4 de DJI, un DJI FPV équipé d’une caméra HD, un Evo II d’Autel Robotics ou un drone FPV de plus de 800 grammes en ordre de vol, utilisés en scénarios nationaux, ont besoin d’émettre les deux simultanément !
Faut-il installer 2 balises dans ce cas ?
Vous pouvez ! mais le surpoids est important. Dronavia propose une solution plus efficace : la balise Fly ID est disponible en version Europe (avec uniquement l’identification). Mais elle peut être modifiée pour devenir une version France & Europe (avec l’identification et le signalement).
Cette modification est simple : il suffit de télécharger un fichier de mise à jour depuis l’interface de la balise. Ce fichier de mise à jour se trouve sur la page produit de la balise. Simple et efficace ! Dronavia propose aussi un pas à pas pour installer cette mise à jour.
Vous pouvez repasser depuis la version France & Europe vers la version initiale Europe, avec la même procédure, mais avec le fichier de mise à jour correspondant.
Attention : les versions Europe et France & Europe ne se comportent pas exactement de la même manière, comme l’indique le tableau proposé par Dronavia.
Pour résumer…
La version Europe :
- émet l’identification directe à distance en Bluetooth 4 Legacy.
- promet une autonomie de 5 heures.
- est détectée par un smartphone ou une tablette avec les applications OpenDroneID et Drone Scanner (Android) ou Drone Scanner (iOS).
La version France & Europe :
- émet l’identification directe à distance et le signalement électronique en wifi.
- promet une autonomie de 4 heures.
- n’est détectée par un smartphone ou une tablette avec les applications OpenDroneID ni Drone Scanner.
- permet de se transformer en récepteur pour détecter d’autres balises.
Note : lors de mes essais, j’ai testé une balise Fly ID en version Europe. Elle émettait donc en Bluetooth 4 Legacy, , uniquement l’identification directe à distance, et pouvait être détectée par un smartphone. Notez cette balise Fly ID m’a été prêtée par Dronavia. Comme d’habitude, dites-moi si vous pensez que la pratique a influencé mon jugement.
La balise Fly ID, les caractéristiques ?
C’est un petit boitier de 3,6 (L) x 2,7 (l) x 2,5 (h) cm, qui pèse 22,8 grammes. Il est autonome : il dispose de sa propre batterie, de son GPS, de son émetteur et de son électronique.
Il n’a donc aucun besoin d’être relié au contrôleur de vol à bord du drone. Sur le drone, il y a un interrupteur on/off et un connecteur miniUSB pour la recharge de la batterie.
Installer Fly ID sur un drone ?
Dronavia fournit 3 morceaux de Dual Lock 3M pour fixer le Fly ID sur la coque ou la structure de votre drone. C’est à vous de déterminer l’endroit le plus approprié pour placer la balise. Il faut une surface lisse pour le fixer avec du Dual Lock ou de l’adhésif double face, ou trouver des points d’accrochage pour utiliser un Rilsan.
Il faut aussi et surtout veiller à ne pas bloquer le fonctionnement des capteurs importants du drone ! Ni devant les capteurs ni dans le champ des caméras de détection des obstacles et de la hauteur. Il ne faut pas non plus positionner la balise devant l’antenne GPS…
Comment savoir où se trouve le GPS sur les drones du marché ? Cherchez « teardown » sur Google en ajoutant le modèle de votre drone, cela permet généralement de voir l’intérieur des machines et l’emplacement du GPS sous la coque. Attention à bien éviter de perturber les signaux GPS, sous peine de mauvaises surprises pendant les vols.
Sur un petit appareil, il faut aussi veiller à ce que le boitier ne déplace pas trop le centre de gravité. Si vous l’installez sur un bras du drone, par exemple, l’appareil décollera, mais son fonctionnement sera perturbé : les moteurs vont chauffer, l’autonomie diminuer et l’appareil sera moins bien stabilisé.
Comment régler la balise ?
La procédure est assez simple ! Allumez la balise, attendez quelques secondes. Avec votre smartphone (ou un PC Windows, un Mac ou tout autre appareil doté de wifi et d’un navigateur web), connectez-vous au point d’accès wifi créé par la balise. Le nom du point d’accès reprend l’ID de la balise. Le mot de passe est 12345678.
Pointez votre navigateur sur l’url 192.168.1.1. Vous voilà dans l’interface de réglage de la balise. Touchez Configurations. Là, vous pouvez indiquer le type de drone, la catégorie, la classe… ou ne pas le faire : ces données sont facultatives.
En revanche, la dernière ligne est indispensable : elle permet d’indiquer votre numéro d’exploitant UAS. C’est le numéro que vous trouvez sur AlphaTango, dans l’onglet Mon activité d’exploitant, Numéro d’enregistrement.
Touchez le drapeau français pour passer l’interface en français, et touchez Enregistrer pour valider le réglage. C’est tout ? Oui, c’est tout !
Dommage : je n’ai pas trouvé de moyen de changer le mot de passe wifi. Ce qui permet potentiellement à une personne proche de la balise lors de son allumage de modifier ses réglages.
Comment savoir si la balise fonctionne ?
Mais pourquoi donc vouloir absolument vérifier que la balise est opérationnelle ? Parce que la réglementation l’exige !
En effet le règlement 2019/947 impose au pilote d’un drone opéré en catégories Ouverte et Spécifique de vérifier avant de décoller « si l’identification directe à distance est active et actualisée ».
Il y a trois moyens pour effectuer cette vérification.
- Lorsque la LED du boitier clignote en vert. Cela indique que la position est fixée. Elle clignote en jaune tant que la position GPS n’est pas déterminée. La documentation du Fly ID décrit les autre codes couleur de la LED.
- Lorsque l’interface des réglages indique Beacon opérationnel en vert. Elle indique Initialisation tant que la position GPS n’est pas déterminée. La balise coupe la liaison wifi pour les réglages après quelques minutes.
- Lorsqu’un logiciel de détection d’identification directe à distance montre la présence de la balise.
Que « voient » les logiciels de détection ?
J’ai utilisé les outils OpenDroneID sur Android, et Drone Scanner sur Android et iOS. Les deux détectent la balise qui émet en Bluetooth 4 Legacy, et affichent les données. Les données sont mises à jour toutes les secondes environ lorsque la balise est proche. Elles sont plus espacées lorsque la distance augmente. C’est un souci ?
Non, le but est de savoir quel drone est en vol, et d’obtenir ses données de vol. Le contrat est rempli : la balise est fonctionnelle puisqu’elle affiche les informations concernant le drone, sa position, son point de décollage – et elle permet ainsi d’être conforme à la réglementation.
En revanche, la balise ne permet pas d’obtenir un tracé précis de vos vols. Au-delà de 50 mètres, le taux de rafraichissement est trop faible. Le tracé des vols est fait de droites plutôt que de courbes. La portée théorique est de 1 kilomètre. En pratique, même loin des sources de potentielles perturbation radio, j’ai perdu le signal à environ 400 mètres. Parfois plus près encore.
L’autonomie réelle ?
Dronavia promet 5 heures d’autonomie. En pratique, j’ai constaté que la balise était capable de fonctionner sans discontinuer pendant 6 heures… Pas mal !
Faut-il l’acheter ?
Si l’identification directe à distance n’est pas intégrée dans votre drone et que vous l’opérez dans un environnement qui nécessite de la diffuser, alors vous ne couperez pas à l’achat d’une balise. Le boitier Fly ID de Dronavia fait exactement ce qui lui est demandé côté réglementaire… et même un peu plus. Son prix est tout de même assez élevé : comptez 159 € (taxes comprises), directement chez Dronavia ou chez studioSPORT, en version Europe (uniquement l’identification en Bluetooth). Elle peut être passée en version France & Europe (identification wifi et signalement wifi) par une mise à jour logicielle. 159 €, c’est cher ? Sans doute, mais c’est le prix de la conformité à la réglementation…
Les autres versions de Fly ID sont la Fly ID Pro (équipée d’une antenne externe pour augmenter sa portée, et la Fly ID Light (plus légère, sans boitier ni batterie, à alimenter en 1S ou 2S).
A noter que la balise Zephyr Beacon de précédente génération destinée à diffuser le signalement électronique peut être modifiée pour émettre l’identification directe à distance et le signalement électronique simultanément, également pour 29 € et moyennant un retour en atelier.
Bonjour Fred; il me semble que la belgique s’appuie sur les dispositions de l’article 15 du règlement 2019/947 pour imposer l’identification directe à distance pour les vols en CTR quelle que soit la classe du drone (donc C0 inclus)
@ Blaignan : Oh, intéressant, Georges. Il y a des belges dans la salle pour des détails ?