Nokia Drone Networks : les drones destinés à des usages professionnels et industriels

Vous connaissez les drones de Nokia ? Ils font partie d’une solution complète sous la bannière Nokia Drone Networks. Vous l’aurez compris, ce ne sont pas des appareils destinés au grand public.

Pour qui ?

La société finlandaise les destine à des usages de secours lors de situations d’urgence, à la sécurité et à la surveillance, aux travaux du bâtiment, en appui de la prévention des incendies, aux transport de marchandises et aux missions de mesures environnementales depuis les airs. En quoi la solution de Nokia se distingue de celles des autres constructeurs ? J’ai posé la question – et quelques autres – à Thomas Eder, responsable de la division Embedded Wireless Solutions chez Nokia Cloud Network Services.

Thomas Eder, responsable de la division Embedded Wireless Solutions chez Nokia Cloud Network Services.

Helicomicro : En quoi consiste Nokia Drone Networks ?
Thomas Eder : C’est une solution complète destinée aux travaux aériens réalisés avec des drones. Elle est phase avec la ligne directrice B2B de la marque Nokia. 

HM : En quoi la solution de Nokia se distingue-t-elle de celles des autres constructeurs ?
TA : Le point le plus important, c’est qu’elle est conçue et fabriquée par Nokia, que ce soient les drones, la station d’accueil, la batterie ou la charge utile. Lors de nos réunions ou de discussions publiques, j’entends parfois que les drones Nokia sont des appareils de marque blanche. Mais non, ce n’est pas le cas.

HM : La conception est entièrement réalisée par Nokia ?
TA : Depuis la première ligne de code, la première esquisse, tout est conçu chez Nokia à Oulu en Finlande, et ce jusqu’à la production et la chaîne d’approvisionnement. C’est quelque chose dont nous, chez Nokia, sommes extrêmement fiers. En regardant le marché en ce moment et en gardant à l’esprit les situations géopolitiques, savoir d’où vient votre appareil, d’où viennent vos composants, est plus important que jamais. Et nous savons exactement d’où viennent les modems 5G, ce sont les nôtres !

HM : Des composants sont-ils encore importés de Chine ?
TA : La Chine est importante dans l’industrie des drones. Le leader du marché vient de cette région. Mais nous savons que pour nos clients existants, il est particulièrement très important que nous assurions la transparence quant à la provenance de nos produits. Je pense qu’avec l’écosystème actuel autour des drones, il est difficile de produire un drone entièrement fabriqué sans composants en provenance de Chine. Mais lors d’une certification d’un produit, il faut faire la différence entre les composants principaux et les composants non critiques. Les dispositifs de communication, le cryptage sont tous considérés comme des composants principaux. 

HM : Quels sont vos clients ?
TA : Nous visons des marchés verticaux comme la construction, l’énergie, la sûreté et la sécurité et les télécommunications. 

HM : Vous avez des exemples ?
TA : Fin d’année 2022, nous avons rendu publique une collaboration avec Rodhe & Schwarz. Notre drone est utilisé pour des mesures lors d’inspections de tours de télécommunications. Pour ce projet, nous avons intégré une brique logicielle de mesure de réseau dans notre drone, ce qui fait de notre drone un outil de mesure de réseau. Il n’y a pas d’ajout d’un téléphone portable ou de matériel de mesure, tout est intégré dans le drone. Nous avons aussi intégré une solution LiDAR d’une société tierce pour réaliser des modélisations de tours télécoms.

HM : D’autres marchés ?
TA : Vous pouvez considérer notre drone comme une caméra vidéo volante connectée en 4G ou 5G. Et c’est là où nous nous différencions des concurrents sur le marché. Car notre drone est piloté en 4G et 5G.

HM : C’est historiquement un savoir-faire de Nokia. Mais les drones de la marque sont également pilotés avec d’autres technologies ? 
TA : Non, c’est en 4G et 5G, et uniquement ainsi. Il n’y a pas de radiocommande de secours, pas de technologie de sauts de fréquences, pas de liaison wifi. Il faut bien évidemment qu’il y ait accès à la 4G sur le lieu de vol. 

HM : Et quand ce n’est pas le cas ?
TA : Quand ce n’est pas le cas, notre client apporte son propre réseau 4G ou 5G, car il existe des solutions de Nokia déployables. C’est d’ailleurs aussi un différenciateur majeur. Nous prenons en charge à la fois les réseaux sans fil privés, donc les réseaux industriels, mais aussi les réseaux sans fil publics.

HM : L’usage de la 4G et 5G a d’autres avantages ?
TA : Oui, elle seule rend possible les vols hors de portée visuelle. Une seule tour avec une tête radio est capable d’assurer une portée de plusieurs dizaines de kilomètres. 

HM : Et côté sécurité ?
TA : Avec un mot de passe, n’importe qui peut se connecter à un réseau wifi. Avec un réseau 4G ou 5G, il existe une couche de chiffrage matérielle, c’est la carte SIM. Sans carte SIM valide, approuvée par le fournisseur du réseau, il n’y a pas d’accès possible. De plus, les algorithmes de chiffrage sur les réseaux 4G et 5G sont normalisés 3GPP. Aucune technologie wifi, qu’il s’agisse du wifi 6 ou du wifi 7 qui a été annoncé, ne peut prétendre au niveau de sécurité et de chiffrage des réseaux basés sur 3GPP.

HM : Vous utilisez aussi les réseaux pour externaliser les calculs lourds hors du drone ?
TA : Non, les drones de Nokia disposent de leur propre GPU, et nous faisons tourner les applications sur le drone lui-même. Nous ouvrons, et c’est très unique sur le marché des drones actuel, notre ordinateur de bord à des applications tierces par un système d’API qui permettent une automatisation complète. C’est ce que nous avons fait pour le projet de Rodhe & Schwarz. 

HM : Pourtant des concurrents le font aussi…
TA : Sur les drones de Nokia, quel que soit le composant de la solution, qu’il s’agisse de la station d’accueil, du boîtier, du drone, de la charge utile ou du logiciel des contrôleurs, il peut être entièrement piloté avec des API ouvertes.

HM : D’autres points forts face à la concurrence ?
TA : Le fait que nous maîtrisons l’intégralité des composants de notre solution drones nous permet de nous positionner comme un fournisseur clés en main. Nos clients obtiennent une solution complète de bout en bout, plus le réseau. Les concurrents doivent s’adresser à un constructeur chinois pour obtenir un drone, un autre pour la station d’accueil, encore un autre pour le contrôleur de vol, pour la groundstation, pour les liaisons radio, pour le parachute. 

HM : Et les réglementations ?
TA : Les certifications CE et FCC sont maîtrisées chez Nokia, et nous contrôlons l’intégralité du produit. Je suis moi-même membre du groupe de travail GSMA ACJA, qui travaille sur l’intégration des réseaux cellulaires dans l’aviation. Nous sommes donc au fait des exigences réglementaires et prêts à prendre en charge celles qui devront l’être. Il ne faut pas oublier que nous sommes historiquement une entreprise dédiée aux réseaux. Concernant les réglementations, notre priorité va à notre principal marché, l’Europe, mais les Etats-Unis et le Canada sont en seconde position. Pour la certification, nous utilisons les services d’un organisme notifié externe, nous ne travaillons pas en auto-certification.

HM : Pouvez-vous fournir une aide à vos clients lorsqu’il s’agit de gérer des processus complexes comme SORA ?
TA : Nous suivons de très près la normalisation mise en place par l’EASA, notamment les méthodes SORA 2 et SORA 2.5. Donc oui, nous préférons accompagner nos clients avec les méthodes SORA avec tous les documents nécessaires. Mais il existe des sociétés de conseil spécialisées qui guident les clients tout au long du processus d’approbation, lequel n’est pas le cœur de métier de Nokia.

Crédits photos : Nokia Drone Networks
Merci à Pierre pour son aide !

 

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