Multinnov : le drone Stereo2 est destiné aux inspections en espaces confinés, pour un coût réduit

Le drone Stereo2 est destiné aux inspections en milieux confinés. Une réalisation française de la société Multinnov, spécialisée dans ce domaine. Maxime Bignard de Multinnov a accepté de répondre à quelques questions au sujet de ce drone capable d’évoluer là où l’humain n’a pas vraiment envie d’aller…

Helicomicro : Qui est Multinnov ?
Maxime Bignard : Multinnov est une SAS comprenant deux associés qui sont amis d’enfance, Cyril Gest et moi-même. La société a été créée en 2017, d’abord fabricante de solutions de systèmes d’homologation de drones, puis de cages DJI pour l’inspection en milieu confiné. Enfin elle s’est tournée vers des solutions complètes d’inspection en espace confiné. 

HM : Uniquement en aérien ?
MB : Aujourd’hui, nous proposons deux produits techniques. Le Stereo2 est un drone aérien prévu pour tous les environnements clos. Le ROView est quant à lui spécifique aux réseaux enterrés, tels que réseaux d’assainissement, collecteurs d’eau pluviale…

HM : Quels sont vos effectifs ?
MB : La société est basée en Normandie, à Néville, avec 4 employés à temps plein et bientôt 5. La société a une croissance de 100 %, malgré l’apparition du COVID.

HM : Etes-vous un constructeur ? Un prestataire de services ?
MB : La société fait un peu de prestation de service, mais dans le but de « tester » nos solutions en situation réelle. Ceci a aussi pour objectif de connaitre les nouveaux besoins des clients. Au final, Multinnov génère plus de 90 % de son chiffre d’affaire grâce à la vente de ses solutions techniques.

HM : Comment est né le Stereo2 ?
MB : Nous avions tout d’abord sorti l’UAView, un drone sans stabilisation dans l’espace avec une cage tournante pour bien gérer les collisions. Puis l’UAView Optical Flow, qui avait une cage fixe mais beaucoup plus solide avec un capteur optique vertical permettant d’améliorer la stabilité du drone sans GPS. Il y a aussi eu l’UAView HD, le même drone mais doté d’une liaison vidéo numérique. Enfin l’UAView Stereo avait une réelle stabilisation optique permettant de faire voler le drone grâce à un capteur odométrique. Cela permet de piloter réellement le drone comme un DJI et son GPS en extérieur, mais en intérieur. La précision de positionnement est hallucinante, de l’ordre du centimètre. C’est ainsi qu’est né le Stereo2 en 2022, une itération de l’UAView Stereo.

HM : Quels ont été les axes de développement du Stereo2 ?
MB : Nous avons travaillé sur une stabilisation améliorée, une résistance aux collisions impressionnante dûe à la structure tout carbone, un nouveau design, des systèmes d’évitement d’obstacles améliorés et enrichis, une nouvelle interface Homme-Machine épurée. Nous avons aussi gagné 2 minutes d’autonomie. Mais, surtout, nous avons pensé la solution pour que la production du drone soit compacte, simple et sans faille.

HM : Quel est le diamètre des conduits où l’appareil peut passer ?
MB : Le Stereo 2 peut passer dans un trou de 40 cm de diamètre au minimum. Mais pour un vol longue distance, nous recommandons de voler doucement dans un réseau qui fait un mètre de diamètre. Le drone est capable de voler dans un diamètre de 60 cm, mais nous ne conseillons pas cela, car ce n’est pas forcément optimal pour la gestion du stress du télépilote.

HM : La cage de protection est-elle facile à remplacer ? 
MB : Littéralement, on peut changer la cage complète en une minute montre en main. Les arceaux s’encastrent dans la structure principale, on l’enclenche dans l’élastique en partie haute et bas, et le tour est joué.

HM : Quelle orientation peut prendre la caméra ? Voit-on la cage à l’image ?
MB : La caméra d’inspection s’oriente sur 180°. On ne voit pas la cage du drone, sauf quand la caméra est orientée complètement en bas. On voit les haubans de carbone sur les côtés, ce qui n’empêche pas du tout l’inspection et le pilotage du drone !

HM : Quels sont les capteurs présents à bord ? 
MB : Nous avons le capteur odométrique, naturellement, et 6 LiDAR mono-faisceaux permettant de réaliser plusieurs modes. « Align Yaw » est une mise à la perpendiculaire d’une paroi, idéale pour inspecter une cuve de stockage, le lacet n’est pas à gérer. « Distance » est un évitement d’obstacles paramétrable sur 180° à l’avant du drone, ce qui permet de se placer à une distance fixe d’un mur. « Align Yaw + Distance » permet véritablement d’inspecter une paroi avec une extrême homogénéité. « Roof » utilise le LiDAR du haut pour faire du suivi de surface par le haut, l’inspection d’un tuyau qui descend ou monte permet d’être faite sans toucher à l’altitude, elle est gérée automatiquement. Avec « Roof + Distance », dans un tuyau, vous avez juste à pousser sur le pitch…

HM : Quelle est la radiocommande utilisée avec le Stereo2 ? 
MB : C’est la Herelink, la radio qui à la meilleure portée du marché, 12 km en norme CE et 20 km en norme FCC. En milieu clos on y perd beaucoup, donc il faut un maximum de portée, c’est ce qu’offre la Herelink..

HM : Le pilotage est-il assisté pour permettre d’utiliser le drone sans être pilote expert ? Peut-on lâcher les commandes ?
MB : L’odométrie, nous sommes les seuls à la faire par rapport à nos concurrents. Pourquoi ? Nous n’avons pas la réponse ! Ce système simule du GPS en intérieur. Le pilotage se fait comme un vol aux GPS RTK, mais en intérieur. La facilité de prise en main est absolument déconcertante. Aux premiers vols, on vous fait aller dans un tuyau d’un mètre de diamètre. Vous vous arrêtez et vous lâchez les commandes, le drone ne bouge pas !

HM : Si l’appareil chute et se renverse ou reste coincé dans un angle ? 
MB : Il n’y a pas de solution miracle malheureusement, et pour personne. Ce sont les risques inhérents à ce type de mission. C’est pour ça qu’on demande aux clients de faire des missions en fonction de leur expérience et de leur apprentissage de la machine. Voler dans un égout est bien plus risqué que dans une cuve de stockage…

HM : Proposez-vous des outils pour faciliter l’orientation et la compréhension du positionnement du drone dans un environnement complexe ?
MB : Un peu comme pour le vol IFR, un vol aux instruments pour les avions, nous avons les informations de base que sont l’horizon artificiel et le compas. Mais là où on se démarque de la concurrence, c’est que nous avons le trajet du drone sur une carte. C’est un atout majeur.

HM : L’interface de pilotage est-elle un développement « maison » ?
MB : Oui, l’IHM est une interface 100 % Multinnov.

HM : Comment est géré l’éclairage pour les vols dans le noir ?
MB : Le drone est équipé de 12000 lumens d’éclairage, ce qui permet amplement de voir dans les grands endroits sans lumière.

HM : Comment la poussière est-elle prise en compte, pour les moteurs et pour la caméra ?
MB : Nous avons un mode « Dust Proof » pour voler en milieu extrêmement poussiéreux. Il permet de faire en sorte que le capteur de stabilisation et la caméra d’inspection ne voient quasiment pas la poussière. Dans le cas des moteurs, il faut mettre un coup de bombe d’air après chaque vol pour évacuer la poussière. Mais les moteurs sont très résistants à la poussière, et heureusement !

HM : Quelle est la technologie pour le retour vidéo ?
MB : La technologie est le Herelink, on invente rien à ce niveau-là. Mais on espère un jour faire notre propre radiocommande avec retour video, qui sait…

HM : Comment fonctionne le Range extender, que permet-il ?
MB : Le Range extender, c’est très simple, c’est une antenne déportée de 10 mètres de longueur. C’est rigolo, vous êtes sur un trottoir assis sur la flight case, votre drone est sous une route, 10 mètres plus bas, et à 150 mètres de distance !

HM : Avec quels outils les images du Stereo2 peuvent-elles être exploitées ? 
MB : Nous n’avons pas de logiciel d’exploitation des données à proprement parler. Pourquoi ? Parce que les besoins clients sont assez clairs. Soit ils désirent les rushs vidéos ou les photos brutes. Soit ils demandent un rapport ITV, inspection télévisuelle, et dans ce cas nous nous en chargeons. Ou ils le font avec leur ressources et leur logiciel. Aujourd’hui en tout cas, par rapport à notre stratégie commerciale qui est de diminuer le coût, il faut faire l’impasse sur un logiciel d’exploitation. Nous avons des idées pour en développer un, mais ce n’est pas notre priorité.

HM : Le Stereo2 peut-il voler en extérieur ?
MB : Oui et non. Il est techniquement capable de voler en extérieur, d’ailleurs s’il se trouve à moins de 30 mètres du sol, il est stabilisé comme un drone avec GPS. Mais il faudrait homologuer le drone pour pouvoir voler en extérieur.

HM : Qu’est-ce qui distingue le Stereo 2 de l’Elios 2 de Flyability, ou de l’Asio de Flybotics ?
MB : Le système de positionnement est très différent chez nos concurrents ! Ils utilisent des capteurs à flux optique, qui sont des capteurs de très anciennes générations, alors que nous utilisons un capteur stéréoscopique pour faire de l’odométrie. La stabilisation aux capteurs de l’Asio et de l’Elios 2 font que le drone dérive continuellement et que ces drones ont besoin d’être trimés. Notre drone n’a pas de trims et ne dérive pas. Vous faites voler le Stereo2 sans toucher aux commandes, vous le tirez, le poussez, à la fin du vol, il n’aura pas bougé d’un centimètre ! 

HM : Et le prix ?
MB : C’est une autre différence par rapport à nos concurrents ! Tous nos clients viennent nous voir en nous demandant pourquoi nous sommes à ce point moins chers que les autres. Notre drone à 18500 € HT aujourd’hui est entre 10 et 15 000 € moins cher que nos concurrents, à package égal. Et notre coût d’entretien est 3 à 5 fois moins élevé. 

HM : C’est un argument important !
MB : Oui, le coût d’entrée pour l’inspection en milieu confiné est très élevé, tout en sachant, il ne faut pas se mentir, que le risque de crash est plus grand en intérieur qu’en extérieur. C’est pour ça que nous annonçons officiellement que le drone va passer à 9500 € HT dans les prochains jours !

HM : Pourquoi une telle réduction du prix ?
MB : Notre drone sera 3 à 4 fois moins cher que ceux de la concurrence. Nous aurons même un drone plus évolué et moins cher que le Loki 2 par exemple, qui intéresse les forces armées à travers le monde. A 18500 € HT, nos potentiels clients se posaient la question, à 9500 € ce n’est plus le cas. Notre objectif prix est donc atteint et nous en sommes fiers ! Un dernier argument ? Nous sommes français et pas suisses, ce qui explique le prix. C’est une boutade… sans en être une !

HM : Si l’aérien est impossible, vous proposez une autre solution, terrestre…  
MB : Nous avons développé le ROView qui est un rover capable d’évoluer aisément dans les tuyaux, les collecteurs d’évacuations d’eau. La demande est très forte sur ce produit aussi. A 15500 € HT, on concurrence les produits ITV classiques qui coûtent 30000 € + 120000 € de camionnette. Sa prise en main est d’une facilité déconcertante, c’est une voiture téléguidée, avec un retour d’image 3 fois supérieur à ce que proposent nos concurrents en filaire !

HM : Une dernière chose à ajouter ?
MB : Oui ! Il y a un poste de technicien montage drone à pourvoir chez nous. Si vous pensez correspondre, n’hésitez pas à postuler envoyant un mail sur [email protected]…

La page officielle du Stereo2 se trouve ici, et la chaine YouTube est là. Celle du ROView est là.

Une vidéo promotionnelle du Stereo2

Une vidéo du Range extender

Une vidéo du ROView