NEC présente SARDO, un outil pour localiser des victimes via leur téléphone mobile depuis un drone

NEC Laboratories Europe a publié un communiqué en date du 24 mars 2021 au sujet de la technologie SARDO (Search-And-Rescue DrOne), faisant suite à un article publié dans IEEE Explore. SARDO avait déjà été dévoilé en mars 2020, dans un document preprint assez complet publié par l’équipe de NEC sur ResearchGate.

Comment ça fonctionne ?

L’outil de recherche de SARDO repose sur le téléphone mobile, l’objet technologique le plus répandu dans la population. Pour faire simple, le drone transporte un IMSI-Catcher, autrement dit un outil capable d’identifier un téléphone mobile par son numéro unique IMSI. Le principe ? L’IMSI-Catcher s’intercale entre le mobile et une antenne-relais d’opérateur téléphonique, en se faisant passer pour une antenne-relais. L’intérêt de cette solution, c’est que le mobile n’a pas besoin de capter le réseau GSM pour qu’elle fonctionne.

Pourquoi un drone ?

Parce que le drone permet de s’approcher du mobile d’une victime même si l’environnement est difficile, jusqu’à entrer en connexion réseau. La suite du processus de localisation repose sur des mesures en trilatération pour établir une position en 2 dimensions, ou multilatération pour 3 dimensions. Le drone se déplace sur la zone, en cercles, pour obtenir plusieurs mesures et déterminer une position. L’équipe de NEC assure qu’il ne faut que 3 minutes pour déterminer une position avec une précision de quelques dizaines de mètres. Les algorithmes développés pour SARDO s’appuient sur des modèles prédictifs et de l’intelligence artificielle pour s’accommoder de l’éventuel déplacement de la victime et de son téléphone mobile.

Les avantages de la solution SARDO ?

Le mobile d’une victime n’a pas besoin d’être connecté au réseau GSM. S’il est allumé, pas en mode Avion, il est prêt à se connecter (automatiquement) à une antenne-relais, en l’occurrence celle portée par le drone. SARDO fonctionne par conséquent même si la victime se trouve dans une zone GSM blanche par son éloignement des antennes-relais ou hors-service suite à une catastrophe. La bonne pénétration des signaux GSM permet la localisation dans un bâtiment, en sous-bois, sous des gravats, des coulées de boue, etc. Le système est capable de détecter plusieurs IMSI et donc d’effectuer une recherche de position pour chacun d’entre eux. Si le drone est assez costaud, il peut embarquer des outils complémentaires comme une caméra thermique ou un haut-parleur.

L’équipement ?

Lors des essais menés mi-2020, le drone utilisé était un imposant Matrice 600 Pro de DJI. Car il y a un peu de matériel à embarquer à bord. La solution SARDO repose sur un code open source (qui devrait être publié bientôt par NEC) déployé sur un cœur Intel NUC7i7DNBE interfacé avec un FPGA de National Instruments (Ettus Research USRP B210), le tout associé à des amplificateurs et deux antennes directionnelles 2 x 10 dBi. Cela représente une charge de 1 kilo environ. NEC utilise SARDO avec une application iOS qui pilote le contrôleur de vol du Matrice 600, développée avec l’aide du Mobile SDK de DJI.

Pour en savoir plus ?

Impact du temps passé en vol et de la hauteur sur les erreurs de positionnement.

La lecture du document de présentation de SARDO, publiée en 2020 et mise à jour en janvier 2021, est passionnante même comme moi si vous ne disposez pas du bagage technique pour tout comprendre. Elle montre des études sur l’optimisation de la détection en fonction de la hauteur et du rayon de vol, sur l’impact de la hauteur de vol sur l’autonomie en vol…

Et en France ?

En France, il va falloir batailler pour autoriser l’usage d’un IMSI-Catcher…

Source : NEC

9 commentaires sur “NEC présente SARDO, un outil pour localiser des victimes via leur téléphone mobile depuis un drone

  1. Ce n’est même pas qu’il va falloir batailler …….. c’est qu’il faudra surtout s’armer de dizaines d’avocats après le sauvetage pour faire face aux plaintes des « naufragés » qui ne manqueront pas de s’émouvoir, après coup, que l’on ai pu les localiser ainsi …….. Ne rigolez pas cela m’est arrivé dans une opération de sauvetage maritime (certes sans ce genre d’outil mais avec la fonction AIS de leur radio …. les marins comprendront)……. hallucinant la connerie humaine.

  2. @ Laurentr2008 : Oui, c’est ce qui pend au nez des services de secours qui voudraient innover maintenant. En ces temps de remodelage de la loi Sécurité Globale, j’imagine que des propositions de dérogation à l’usage de l’IMSI-Catcher seront mal accueillies. Même pour sauver des vies.

  3. Franchement c’est une idée, , maintenant y a d’autre système possible ,notamment en vhf , (l’ais est un exemple ,l’arva ect … y en as des dizaine) ,qui sont beaucoup plus simple à mettre en œuvre sous réserve d’avoir un émetteur.

  4. @bud UAV, c’est tout l’intéret de la méthode présenté ici : pas besoin d’équipement supplémentaire car la majorité des gens ont un téléphone portable !

    @Fred : Tu as une source sur le fait que ce soit interdit sur des opérations SAR ? Les opérateurs Télécom, comme les vendeur OS (Android, IOS, Windows) utilise déjà ces techniques tant en GSM qu’avec le WIFI et bluetooth. Il peux y avoir un problème avec la CNIL et un problème d’usage en masse. Mais dans le cadre d’opération de secours, je doute que ce soit un problème. Les téléphones Android moderne ont d’ailleurs tous un système de localisation de secours basé sur le même principe et les voitures aussi

  5. Après lecture du trucs avec le peu de détail , si cela marche que sur de la 2G , je vois pas le problème technique ,ni au point de vue de confidentialité ,sachant que cela reste de l’open source est trouvable dans le commerce moyenant finance .Je suis pas contre l’open source mais faut que cela soit un minimum contrôlé dans c’est domaine là (j’ai mis 1h30 a répondre ) .

    @khancyr Faut pas attaquer ça par l’axe du WIFI ou Bluetooth , c’est d’autre problématique ,c’est différent ,c’est de l’ISM . Autant les bagnoles ok ,mais je suis pas au courant sur le système android ? Si tu as des liens ? je rechercherais ,j’ai jamais piocher dans ce domaine là .

  6. Le pire du pire par contre ,en France ,on n’a quelques thésard qui ont fait des trucs sur le sujet mais cela perce pas !!

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