Freeway Drone : au-dessus de Notre-Dame de Paris

Pour illustrer une émission Des Racines et des Ailes sur France 3 consacrée aux chefs d’œuvre en renaissance après des sinistres majeurs, Freeway Drone est allé filmer le cœur du chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris. Ce n’est pas la première fois que leurs drones volent au-dessus de la cathédrale ! L’émission sera diffusée mercredi 2 décembre 2020 à 21h05 sur France 3 et France.tv en replay. Michael Gisselere, le cofondateur de Freeway Drone, a accepté de me parler de ces tournages un peu particuliers…

Helicomicro : Les missions au-dessus de Notre-Dame de Paris, ce sont des missions qui se préparent très en amont ?
Michael Gisselere : Oui, ce sont des missions qui se préparent à l’avance, surtout pour nos demandes d’autorisations. Mais là, en l’occurrence nous avons pu obtenir les sésame une semaine avant notre tournage. Notre-Dame de Paris, c’est un lieu que nous connaissons très bien car nous y avions tourné pendant un an et demi avant l’incendie ! Et même trois jours avant le drame, car nous tournions des images aériennes pour un sujet de 52 minutes pour Des Racines et des Ailes. Nous avons ensuite tourné deux mois après l’incendie, et tout dernièrement pour montrer le démontage des échafaudages.

HM : Côté réglementation et autorisations nécessaires, a-t-il fallu à gérer des contraintes supplémentaires à celles habituelles ?
MG : Christelle Bozzer connait ses dossiers sur le bout des doigts ! Elle a l’habitude de faire des demandes d’autorisations de survol sur Paris, donc cela n’a pas été un défi pour elle. Bien entendu, le plus important, c’est d’obtenir le feu vert de Notre-Dame, sans cela rien ne peut se faire. L’avantage d’y avoir tourné à maintes reprises, c’est que je connais parfaitement mes zones de décollage, c’est indispensable pour un travail d’équipe.

HM : Quelles ont été les règles sanitaires que l’équipe a du respecter sur le tournage ? En extérieur ? En intérieur ?
MG : Les règles sont très strictes, elles sont à vrai dire les mêmes à l’extérieur et en intérieur. Avant de pouvoir pénétrer dans la zone du chantier de Notre-Dame, nous avons du suivre un stage « Plombs » où sont expliqués les gestes à connaitre dans la zone dite « contaminée ». Ils concernent aussi les risques liés au plomb. Une fois ce stage finalisé et validé, il est possible d’évoluer dans la zone contaminée. Ses limites sont très précisément décrites sur une carte. Pour y pénétrer, nous avons du nous changer intégralement et nous harnacher avec des équipements de protection individuelle (EPI), mais aussi des combinaisons. Une fois installés dans la zone contaminée, nous avons pu tourner sans problème et presque partout. L’intérieur de Notre-Dame est une zone chantier encore extrêmement sensible en raison de la présence de plomb sous forme de poussière. Pour réduire le souffle et donc éviter que trop de poussière ne soit soulevée, j’ai privilégié les petits drones avec un décollage à la main.

HM : Il y avait des précautions particulières à respecter en intérieur ?
MG : Oui, il y avait beaucoup de précautions à prendre en intérieur. Nous ne pouvions pas décoller au sol d’une part, et d’autre part il fallait se faufiler avec le drone avant de pouvoir atteindre un endroit intéressant à filmer. Nous avons du aussi travailler en collaboration avec les personnes présentes sur le chantier, de telle sorte que nos drones ne perturbent pas leur travail.

HM : Y avait-il un risque de complication avec les dispositifs de protection installés dans la nef, comme les immenses bâches ? Des échafaudages ?
MG : Les échafaudages ne causent aucune perturbation magnétique car ils sont en aluminium, d’ailleurs ils sont à l’image. Ce qui pouvait nous perturber, c’étaient tous les capteurs lasers placés un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur de Notre-Dame pour vérifier si les éléments de la bâtisse bougent, et de combien de millimètres par jour. La difficulté était de voler au milieu des filets et des câbles mais aussi de tout ce qui pouvait évoluer à l’intérieur de la nef.

HM : Quels appareils et matériels vidéo as-tu utilisé, en extérieur et en intérieur ?
MG : Pour l’extérieur, nous avons utilisé nos Inspire 2 de DJI avec caméra X7 et les 4 objectifs. Pour l’intérieur, j’ai choisi des petits drones afin de ne pas trop soulever la poussière de plomb encore présente au sol. Notre partenaire Studiosport nous a mis à disposition le nouveau Pack Insta360 One R Aerial Add-On adaptable sur le Mavic de DJI pour réaliser des tests. Nous avons donc fait plusieurs vols à l’intérieur à différentes hauteurs. Nous avons géré nos plans en post-production avec du reframe, mais le système n’est pas encore assez optimisé pour de la diffusion TV. Lorsqu’il le sera, ce sera formidable ! Puis nous avons utilisé un Anafi de Parrot pour les plans en contre-plongée, même si la qualité de l’image est tout juste acceptable. En amont, j’avais prévu d’utiliser notre Freefly Alta 8 avec la Movipro pour shooter les séquences en contre-plongée. Mais l’appareil est trop imposant, son souffle aurait soulevé trop de poussière…

HM : Quel est le format des séquences que tu livres ?
MG : Nous livrons les images brutes à la société Tournez S’il Vous Plait (TSVP), qui produit des films pour Des Racines et des Ailes. Les images sont en UHD Prores 422Hq en 25 images par seconde. La qualité est vraiment bien avec la caméra Full Frame X7. Ils étalonnent nos images avec les raccords de leurs autres caméras au sol.

HM : Quelle est la configuration de vol, un pilote et un cadreur ?
MG : Le donneur d’ordres sur nos tournages est le cadreur, mais ça reste un binôme avec un vrai dialogue entre les deux corps de métier. Chez Freeway, nous essayons de systématiquement proposer ce binôme cadreur et pilote, et non pas un cadreur-pilote seul à s’occuper des deux tâches. Je sais que le résultat ne sera pas du tout le même ! Il sera forcement beaucoup moins qualitatif, surtout lorsqu’on commence à utiliser de la longue focale. Aujourd’hui, les productions reviennent vers nous parce qu’ils sont lassés de voir des plans en grand angle en élévation et avancé. C’était l’effet wahoooo il y a 5 ans, mais maintenant elles recherchent autre chose, avec un vrai chef opérateur visuel derrière les manettes, et c’est plutôt rassurant.

HM : Qui décide des plans ? Tu as eu un peu de liberté et de possibilité de propositions dans les prises de vues ?
MG : Je sais ce que le réalisateur veut ! Lorsqu’il est sur place avec nous, bien entendu, on prévoit les plans ensemble. On voit ce qui est possible ou pas et je propose des alternatives. Mais j’ai été réalisateur et chef opérateur avant de travailler avec des drones, il y a fort longtemps… Alors j’ai une culture et des mécanismes de l’image qui me servent au quotidien sur mes tournages. Tous les pilotes chez Freeway savent comment je travaille et respectent mes choix. Mais j’aime travailler avec des pilotes qui sont chefs opérateurs car ils savent de suite ce que je cherche à obtenir. En pratique, je choisis les plans que je veux produire, je les communique à mon pilote et je le dirige sur la vitesse, la trajectoire et la hauteur.

HM : Quelles ont été les contraintes les plus complexes pour ces prises de vues sur Notre-Dame de Paris ?
MG : Il n’y a pas eu de contrainte majeure. Il est vrai que le protocole sanitaire pour pénétrer dans la zone contaminée est lourd. Il est très important de le respecter. D’ailleurs lorsqu’on sort de cette zone, il faut désinfecter tout le matériel, prendre une douche pour se débarrasser des particules de plombs que l’on peut porter sur soi. Nous avons aussi du faire très attention lors de nos survols avec tous les capteurs lasers présents à l’intérieur et l’extérieur de la cathédrale. Ce fut un tournage vraiment enrichissant et c’est vrai nous sommes arrivés sur le site avec une certaine émotion à voir l’intérieur détruit comme cela, et à sentir cette odeur de brûlé toujours omniprésente. Nous allons encore suivre le chantier de reconstruction pendant plusieurs mois, et nous avons aussi d’autres projets de vols sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, nous allons donc y retourner bientôt !

La bande annonce de l’émission

L’un des DJI Inspire 2 de Freeway Drone avec une caméra X7 au-dessus de Notre Dame

7 commentaires sur “Freeway Drone : au-dessus de Notre-Dame de Paris

  1. Reportage très sympa sur les coulisses.
    C’est quand même plus intéressant comme article qu’un drone qui se crashe en chine sans faire aucun dégâts ni blessés pendant un obscure meeting non ? 😉

  2. @ Ellie : Je me répète un peu, mais le principe du site, c’est que j’y publie ce qui m’intéresse 🙂 Quand ça n’intéresse pas, il suffit de ne pas cliquer, next! 😉

  3. Oui, c’est aussi le principe du lecteur et des commentaires associés. Quand il s’intéresse et qu’il apprécie, il peut le dire, quand il s’intéresse et qu’il a une vision différente, il peut le dire aussi. Rien de personnel. ;-).

    Si ce principe de commentaire ne plait pas à l’auteur, c’est aussi très simple, il désactive les commentaires, ou alors il écrit dans son propre journal personnel privé ce qui l’intéresse juste pour lui.

    S’il se sent attaqué pour une quelconque raison, ou qu’il ne comprend pas le point de vue du lecteur, il lui suffit juste de respirer et d’essayer de passer à autre chose sans le prendre de façon personnelle, next aussi 😉

    On a bien compris qu’un drone qui se crashe en chine sans faire aucun dégâts ni blessés pendant un obscure meeting est très intéressant pour l’auteur ;-). Pour quelle raison profonde cela le touche et le rend spécifiquement sensible, ce n’est qu’à lui d’essayer de comprendre vraiment pourquoi 😉

  4. Merci @Fred pour cet article !

    Conditions de vols plutôt exceptionnelles (Zone contaminée) , tres techniques en intérieur (Ouvriers, Filets, câbles…) Chapeau pour le professionnalisme de Freeway Drone !

    Ca fait vraiment mal au coeur de voir Notre Dame dans cet état… J’ai eu le privilège de côtoyer ce monument dans le cadre de mon Travail, un jour de Juin, fermé au public et à l’heure du déjeuner. J’étais seul ! Arpentant les coursives pour démonter du matériel audiovisuel au dessus de l’autel. Souvenir mémorable. Notre Dame à moi tout seul !!

  5. @ Ellie : Tu auras remarqué que je laisse toutes les sensibilités s’exprimer 🙂
    (sauf évidemment les insultantes, d’ailleurs c’est généralement un plugin de WordPress qui s’en occupe à ma place).

  6. @ CriTof : Sympa Notre-Dame pour toi ! 🙂
    Je n’ai qu’un regret, ne pas avoir vu la « forêt » avant qu’elle ne disparaisse…

  7. Résultat j’ai regardé l’émission hier. Je ne sais pas si Freeway a aussi fait ceux de Chartres et de la basilique de Nantes. Je ne sais quel était le rendu sur une tv; mais sur vp en extérieur c’était top; par contre en intérieur, en effet; juste acceptable

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