La Grande-Bretagne étudie les « near-miss »

On ne compte plus le nombre de « near-miss » signalés par des pilotes d’avions de ligne, en France et à l’étranger. Les « near-miss », si vous n’êtes pas familier avec le terme, sont des « quasi-collisions ». Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) français a d’ailleurs publié un rapport au sujet des « near-miss », notamment celui dont nous nous avions parlé ici. Ce que révèle ce rapport, c’est l’absence d’informations qui permettent de conclure à un croisement avéré entre en Airbus et un appareil radiocommandé. ronevsplaneLes conclusions du rapport renvoient, en revanche, vers les préconisations de l’EASA… qui ne sont pas très encourageantes pour l’aéromodélisme. Ce qu’il faut retenir de ce rapport ? Que l’on ne sait rien sur la réalité des « near-miss » et encore moins sur les conséquences d’une collision… L’Academy of Model Aeronautics (AMA), l’équivalent nord-américain de la FFAM, a publié un rapport reprenant les chiffres publiés par la FAA (équivalent de la DGAC), qui apportent un éclairage un peu moins alarmant sur les « near-miss ». Sur les 764 cas signalés à la FAA, seuls 27 ont été finalement catégorisés comme « near-miss », soit 3,5 %. Sans pour autant que les faits soient avérés. On se souvient aussi de la déclaration du ministre des transports britannique Robert Goodwill. Il avait indiqué que les « drones » des « near-miss » pouvaient avoir été confondus avec des sacs plastique !

La CAA à la rescousse

airmap
Crédit photo : https://app.airmap.io

Malgré l’absence d’expérimentations, sur la base de suppositions, les diverses administrations sur la planète s’accordent à préconiser un durcissement de la réglementation, à ajouter des règles de « geofencing » pour avoir le droit de voler. Le « geofencing », c’est le fait de contraindre un appareil de telle manière qu’il ne puisse pas décoller dans une zone interdite ou y pénétrer, avec l’aide du GPS de bord et de bases de données comprenant les coordonnées d’aéroports, d’aérodromes, d’héliports, etc. C’est le cas de la France, qui avec la nouvelle loi sur les « drones » sur le point d’être promulguée, va imposer un « geofencing » à tous les appareils de plus de 800 grammes… alors que les solutions techniques n’existent pas encore. La carte de toutes les zones interdites reste à créer. Et on se demande bien comment imposer cette règle, par exemple, à un planeur sans électronique à bord. Toutes les administrations ? Non, la Civil Aviation Authority britannique (CAA), a décidé d’en savoir plus avant de produire ses recommandations !

Des tests (presque) réels

Plutôt que se reposer sur des études impliquant des réacteurs et des poulets congelés pour se persuader de la dangerosité des drones (c’est la méthode « Loué »), la CAA a décidé de procéder à de vrais tests de collisions avec des appareils. airlingus2Selon The Verge, ces expérimentations sont financées par le ministère des transports britannique, et conduites par le prestataire Qinetiq, une entreprise spécialiste des questions militaires issue d’un département du ministère de la défense de Grande-Bretagne privatisé en 2001. Le calendrier imposé par la CAA est serré : les spécialistes doivent rendre leur copie avant la fin de l’année 2016. Les tests seront menés avec des multirotors face à des avions de l’armée. The Verge indique que, contrairement à un article paru sur le Daily Mail, les tests n’impliqueront pas de jets commerciaux et ne seront pas réalisés en vol. Tant pis. Cette initiative de la Grande-Bretagne permettra à la CAA de produire des recommandations sur foi de tests, enfin, contrairement à toutes les autres administrations qui se contentent de faire appel au principe de précaution sur une base de suppositions.

Source : The Verge (et merci à Thierry B. pour le lien vers le rapport du BEA).

10 commentaires sur “La Grande-Bretagne étudie les « near-miss »

  1. « c’est la méthode « Loué » »… « alors que les solutions techniques n’existent pas encore », « la Civil Aviation Authority britannique (CAA), a décidé d’en savoir plus avant de produire ses recommandations ! », « les autres administrations qui se contentent de faire appel au principe de précaution sur une base de suppositions. »

    Je sens comme une petite pointe d’ironie dans tes propos, Fred 😉 Me gourre-je ?

  2. @ Jean Louis: Un peu 🙂 Ca date d’une commission à l’Assemblée nationale suite aux survols de centrales nucléaires. Même les militaires étaient sidérés par les méthodes employées par les responsables d’administrations pour produire des recommandations en se basant sur des suppositions… pour la plupart infirmées par des spécialistes. Là-dessus les politiques se jettent sur le sujet pour servir leurs propres intérêts. Je résume la genèse des récentes lois françaises 🙂

  3. Tu prêches un convaincu, sur ce coup. J’habite à Cognac, base des drones français, par la force des choses, j’ai affaire aux militaires à chaque fois que je décolle le drone pour tester une hélice.. ça m’a permis d’avoir des échanges assez « constructifs » à ce sujet avec eux. ça recoupe assez bien le ton de ta publication. 😉

  4. Je suis plutôt étonné de ce chiffre : 764 cas reportés, ça me parait énorme… Au débotté, j’aurais tendance à penser qu’un avion de ligne a beaucoup plus de chances de croiser un oiseau sur sa trajectoire. Je me demande si il y a des statistiques la dessus aussi, et si finalement cela n’expliquerait pas certains cas.

    Un truc qui me surprend aussi : avec la technologie actuelle, est-ce qu’il ne serait pas possible de détecter la présence de drone ? Entre les radars, scanners, etc… Il n’y a pas tant de fréquences que ça allouées aux retours vidéos par exemple…

  5. @TB250 : Cas rapportés oui … Mais c’est surtout une expression fourre tout car à mon sens dès qu’on entrevoie ou aperçois quelque chose de plus ou moins distinct qui volerait à moyenne altitude proche d’un aéroport, on le qualifie de « DRONE » … 🙁
    Quand j’étais gosse on voyait des « OVNI » partout (j’en avais même photographier un dans les Vosges 🙂 .. si , si ! )
    … Autre époque autres termes : Dans l’antiquité cela s’appelait des « Chariot de Feu » 🙂 🙂 …

  6. Quand on connais le prix d’un missile SOL-AIR, et le prix d’un simple drone, je demande pourquoi l’armée n’achète pas que des drones jouet pour pour le défense aérienne, si ils sont aussi efficace pour abattre un gros avion de ligne…

  7. @ FPV_67 : J’ai lu le rapport du BEA hier justement juste avant la parution de l’article de Fred.
    Effectivement le terme « drone » est utilisé sans que celui ci ait été réellement vérifié formellement par enquête.
    A croire qu’aujourd’hui tous les OVNI sont des drones!… Les pilotes eux mêmes par leur métier très au fait de l’actualité de l’aero et des rapports du BEA ont sans doute tendance à expliquer un OVNI (Objet volant non identifié loin de moi l’idée des ET) par un petit drone DJI. Et c’est naturel vu l’explosion des ventes de multis et la « mousse » que produit les médias autour de notre passion depuis un certain temps…
    Pour ma part je suis pour plus de contrôle autour des Aeroport (car il y a toujours des petits ou gros C@# pour faire n’importe quoi) mais surtout de la pédagogie et du bon sens comme tu le fait ici Fred. J’attend également le vrai rapport de qualif de test de collision avec moteurs ou structure qui pourrait à mon humble avis faire progresser la technique et les réglementations…

  8. Faudrait aussi songer à interdire les ballons de Mickey à Disneyland : combien de petits Hans ou Kevin ont gravement mis en danger la vie des passagers d’un 747 arrivant sur Roissy en laissant échapper le fil du ballon gonflé à l’hélium de leurs mains assassines.
    Et puis, le ballon Mickey est-il plus dangereux que le ballon Donald ?
    En attendant le retour des experts, il est indispensable d’appliquer le principe de précaution….

  9. Pourquoi pas plutôt un permis drone. Une sorte de tests de bonnes pratiques pour s’assurer que les détenteurs de drones ayant des capacités de vols pouvant mettre en danger des aéronefs, des personnes plutôt qu’une loi écrite une fois de plus par des non connaisseurs et bla bla … Vélo en contre sens, feux rouges grillé c’est étrange mais il y’a plus de mort en bicyclettes que de mort causé par des drones.
    Etrangement on n’impose rien aux cyclistes… Comme c’est Bizzare.

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