Interview de Henri Seydoux, PDG de Parrot : l’Anafi est bio inspiré !

HM : Anafi, ça veut dire quoi ?
HS : C’est l’anagramme de A New Astonishing Flying… Le « i »,  je ne sais plus trop. Mais en fait, il faut savoir que tous nos produits ont un nom de code d’ile pendant le développement. Là, c’est un ingénieur qui est parti en vacances en Grèce qui lui a donné ce nom, il a plu à tout le monde et il est resté.

HM : Durant les semaines qui ont suivi le premier teaser de l’Anafi, les geeks étaient à l’affût de dépôts de brevets avec un nom de musique…
HS : Oui, évidemment, on avait pour habitude d’utiliser des noms de musique. Mais pas cette fois !

HM : Pas de Heavy Metal, donc ?
HS : Ah non, pas de Heavy Metal, l’Anafi est justement à l’opposé.

HM : Expliquez-nous ! Comment avez-vous imaginé l’Anafi ?
HS : Nous avons recherché une formule, c’est-à-dire un principe de construction. A force d’essais, nous nous sommes éloignés de la forme simple en croix d’un drone. Nous avons intégré le fait d’être pliable pour faciliter le transport. On a aussi réfléchi à un endroit où placer la caméra pour ne pas qu’elle soit reléguée en-dessous ou qu’on puisse voir les hélices. On a aussi beaucoup travaillé sur l’équilibre des masses pour éviter d’obtenir un empilement au centre.

HM : Quelles ont été les bases technologiques pour ce travail ?
HS : Ce ne sont pas des bases technologiques ! Notre inspiration provient de l’étude de la biologie animale. Il y a des règles dont on s’est inspirés, comme un poids de 300 grammes, la position de la tête à l’avant. Mon obsession, et je parle là de plusieurs années de réflexion, a été de trouver une formule qui soit inspirée de celles des oiseaux. J’ai dessiné des tas de croquis sur mes cahiers. On s’est aussi permis de s’en amuser, comme avec la pochette de l’Anafi qui ressemble à une chrysalide.

HM : L’Anafi ressemble plus à un insecte qu’à un oiseau !
HS : Le principe, c’est de s’inspirer de ce qui fonctionne dans la nature. L’abeille a la tête en avant pour bien voir, le coléoptère a 4 ailes qui se déplient et l’abdomen fait contrepoids. L’Anafi respecte ces règles, c’est ce qui permet plus d’efficacité.

HM: D’autres inspirations ?
HS : Nous avons cherché à faire un produit le moins Apple possible, le plus possible… disons, Microsoft ou Google. C’est-à-dire que nous avons voulu un outil qui s’intègre le plus facilement au monde technologique et à sa variété. Le premier résultat, c’est l’adoption du l’USB-C, et la facilité d’emploi qu’il apporte. Ca permet de charger avec un connecteur USB, un ordinateur, une PowerBank. Ca nous permet de livrer l’Anafi sans chargeur. Un autre point important, c’est que l’augmentation de la durée de vol et de la définition des vidéos ont fait grossir la taille des vidéos. Cela a nécessité l’adoption d’une carte microSD amovible. On en fournit un exemplaire de 16 Go.

HM : Parlons de la qualité des images, puisque c’est une caméra volante…
HS : On a équipé l’Anafi d’une caméra 4K qui repose sur un processeur vidéo Ambarella et un capteur Sony de 21 mégapixels en HDR.

HM : La stabilisation de l’image n’est la même que sur les anciens appareils ?
HS : Non, les Bebop et le Disco reposaient sur une stabilisation numérique, sur cette idée que tout peut être fait sans mécanique. Mais avec la 4K, ce n’est pas possible.

HM : Il faudrait une caméra 8K ?
HS : Beaucoup plus ! Il y a eu des tentatives, par des constructeurs de téléphones mobiles, mais ça n’a pas fonctionné.

HM : C’est une stabilisation sur 3 axes ?
HS : Oui. Mais 2 axes mécaniquement, parce que ce sont les axes sur lesquels il y a le plus de mouvement. Ce sont le pitch et le roll. Le dernier axe, le yaw, n’est qu’un ajustement, il est réalisé de manière numérique.

HM : Le HDR sera disponible ?
HS : Oui, le HDR qui permet de déboucher une image, principalement celles à contrejour, est présent, puisque le capteur de la caméra en est équipé. Le gros débat, c’est si on l’active par défaut. Il faut savoir aussi que l’activation de plusieurs technologies de traitement de l’image coûte en temps processeur à bord de l’Anafi.

HM : Parlons du zoom…
HS : Comme la caméra repose sur un capteur de 21 mégapixels, et que la 4K prend 8 mégapixels, on a la possibilité de zoomer en 2x en 4K, en 4x en 1080p, en 8x en 720p. On peut lui ajouter un zoom digital avec de la perte. On s’est aperçus que la fonction était très appréciée.

HM : Et le retour vidéo, c’est toujours du wifi ?
HS : Oui, nous persévérons dans cette direction. Si on le rend robuste, le wifi est très efficace. C’est ce que nous avons fait. Le spectre radio est libre partout. Nous avons optimisé l’usage radio, par exemple en plaçant des antennes directionnelles dans chaque pied du drone, 4 en tout, et en pratiquant un switch d’antennes à grande vitesse pour en utiliser 2 à la fois. On a aussi amélioré l’utilisation du spectre pour profiter du 5 GHz et réduire la largeur de la bande du signal. Cela nous a permis d’augmenter la portée.

HM : L’autonomie ?
HS : L’adoption de notre formule s’est révélée payante ! Nous annonçons 25 minutes d’autonomie. Ce ne sont pas 25 minutes théoriques et dans certains cas précis, ce sont 25 minutes dont tout le monde pourra profiter. On a adopté un nouveau système d’hélices faites de 2 pales indépendantes, qui permet d’augmenter leur dimension.

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21 commentaires sur “Interview de Henri Seydoux, PDG de Parrot : l’Anafi est bio inspiré !

  1. Je suis triste d’apprendre que l’aile Disco est abandonnée. Certes, elle était vendue bien trop cher (au lancement). Mais elle avait beaucoup de potentiel. J’aurais adoré une mini-Disco par exemple.

  2. Je suis vraiment curieux de voir que ce que apporter le modèle, et s’il arrivera à concurrencer le géant d’en face. En générale les situations de monopoles ne sont jamais bonnes pour le consommateur, on va donc croiser les doigts…

    Remarque sur le titre de l’article : le terme « bio inspiré », là, j’ai vraiment du mal… Ça sent surtout la com’ à mon avis. Parce qu’en dehors d’un xième quad avec nacelle, qui reprend vaguement la config des modèles skyhero en « K » pour se donner un air différenciant, je ne vois vraiment pas ce qui a été inspiré par un quelconque système biologique…

  3. @ TB250 : Il est évident qu’il y a une large part de marketing dans la formulation, Parrot ne s’en cache pas notamment avec des visuels mi-insecte mi-Anafi.
    Cela dit Henri Seydoux m’a semblé sincère lorsqu’il m’a expliqué avoir passé du temps à étudier les modèles de la nature et cherché à en tirer parti.

  4. Super entrevue, trop courte, mais bon. On sent que le gars maitrise son sujet, il a du s’impliquer a fond dans la conception. Dommage pour la disco, c’etait vraiment une bonne machine, quel regal de voler avec. En faite plus j’y pence plus je le trouve pas mal cet anal-fi. Qq fonctions interressantes, les moteurs qui s’arrete par exemple, l’appareil tres leger, la charge sans chargeur, la taille et le poids, franchement soyons honnete, ca a l’air franchement bien.

  5. Je trouve tres bien, pour le marché en general et pour nous qu’un acteur francais sorte un model competitif.
    en ce qui me concerne je suis convaincus et si avant j’hesitais entre DJS Spark ou Air, je me tourne dorénavant vers l’Anafi.
    Pour autant DJI ne sera pas concurencé sur le segment du semi pro (Mavic Pro, Phantome pro, etc) mais ceux la ne s’adressent pas à tous le monde quoi qu’il arrive.
    et la reflection de Mr Seydoux est exacte, il est etonnant qu’aucun acteur Americain ne soit present dans cette course.

  6. @ Fred :
    A aucun moment je ne vois dans l’interview quoi que ce soit qui indique la moindre inspiration tiré d’un être vivant. On est de toute façon sur une voilure tournante, qui n’a grossièrement aucun équivalent dans le monde animal. Ce qui n’empêche sans doute pas la machine d’avoir ses qualités, mais il serait sans doute préférable de communiquer sur ses qualités réelles…

  7. @ TB250 : Seydoux explique qu’il est parti de l’observation d’oiseaux et d’insectes pour concevoir sa machine. C’est son discours, je l’ai repris tel quel. Je pense qu’il est sincère dans sa démarche, qui me semble avoir été utilisée par le marketing, et pas l’inverse. Mais évidemment je peux me tromper, et surtout on peut ne pas être d’accord avec lui…

  8. On ne peut que souhaiter que l’Anafi tienne toutes ses promesses. Si je devais choisir entre le Mavic Air et l’Anafi pour faire de la vidéo, sans aucune hésitation, je prendrais ce Parrot.

  9. A un moment, il faut être factuel : à aucun moment il n’argumente pour expliquer cette inspiration. Pour une raison simple, il n’y a pas le moindre commun entre un insecte et ce quad, hormis le fait qu’ils volent tous les deux.

    Il aurait pu prétendre qu’il a beaucoup observé les tartes aux fraises pour créer sa machine que ce serait aussi crédible… Mais surement moins vendeur tu me diras…

  10. @ Fred :
    Désolé de le présenter comme ça, m’enfin là, ça fait plus publireportage déguisé qu’autre chose…

  11. @ TB250 : Ca fait publireportage parce que tu n’es pas d’accord avec sa vision de la bio-inspiration (ou je ne sais quelle appellation) ? Je pose des questions, il répond avec son discours. Tu achètes ou tu n’achètes pas ses réponses, tu as le libre-arbitre.
    A titre personnel, je vois un insecte en vol quand je regarde l’Anafi. Que ce soit du marketing pur, une étude sur la nature, ou un mix des deux, je ne sais pas. Je ne suis pas biologiste, je n’ai pas les clés pour répondre (je m’y connais plus en tartes aux fraises). Son discours m’a semblé honnête, mais c’est mon point de vue, et je ne le donne pas dans l’interview.

  12. Je te mets au défit de trouver le moindre point commun entre un insecte et l’anafi. Le mode de vol est évidemment totalement différent. Au delà de ça, faire des montages avec un scarabée atlas, ça fait certes de belles images, genre album de massive attack, mais encore faut-il savoir que ces bestioles font pratiquement la taille d’une main, et que leur aptitude au vol doit être très limitée. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse appeler ça voler d’ailleurs…
    Je passe sur les comparaisons du type « le coléoptère à 4 ailes » (sous entendu, comme 4 moteurs ?) pas forcément heureuses. Les coléoptères n’utilisent en effet qu’une paire d’aile pour voler. La deuxième, ce sont les élytres qui forment une sorte de carapace au repos, mais ne sont pas du tout utilisées pour le vol.

  13. @ TB250 : Bon, hé, ce n’est pas la peine de me lancer des défis, je te dis simplement que je rapporte le discours de Seydoux tel qu’il me l’a livré, et que pour moi l’Anafi en vol ressemble à un insecte. Le reste, c’est ton avis et je le respecte, tu es forcément plus calé que moi sur le biomimétisme puisque je n’y connais rien. Et que par conséquent je n’ai pas opposé un « je vous mets au défi de trouver le moindre point commun entre l’Anafi et un insecte » à Seydoux en intw. Tu joues le rôle de la contre-analyse, et c’est très bien. Moi je ne suis pas armé dans le domaine, tu me permettras de ne pas aller au-delà de ce que je peux analsyer…

  14. Le « bio inspiré », c’est surtout pour faire oublier que c’est avant tout du « Mavic inspiré ». Il n’a simplement pas envie que l’on dise qu’il a copié DJI (car c’est bien connu, il n’y a que les chinois qui copient)…

    En plus, c’est amusant cette référence animale, et notamment au scarabée, car c’est justement comme ça que certains ont décrit le Mavic Pro. Par exemple sur Focus Numérique :

    « En outre on apprécie avec plaisir la silhouette très animale de ce drone, sorte d’hybride entre un requin, un scarabée et un profilage très racé. »

    Source: https://www.focus-numerique.com/drone/tests/dji-mavic-pro-2890.html

  15. Franchement ? Quand quelqu’un t’affirme que si son nouveau quad a 4 moteurs, c’est parce qu’il a observé les coléoptères, ou que si la caméra est devant, c’est parce qu’il vu des insectes… Tu as besoin d’être un spécialiste en biomécanique pour comprendre que ce n’est qu’une jolie histoire marketing ? 100 % des quads de ce gabarit ont cette configuration, tu n’avais pas repéré cette coïncidence ?? Le lady bird de walkera est sans doute plus « bio-inspiré » que cet anafi…

    Pour autant, je peux comprendre l’intérêt que tu as pour la machine. Sans doute renforcé par le côté David contre Goliath et le fait que ce soit une boite française (on ne va pas se le cacher, bien sûr que cela joue sur leur capital sympathie). Mais de là à relayer avec enthousiasme des comparaisons à dormir debout, il y a tout de même un pas.

  16. @ TB250 : Bon, tu as tes opinions, je te laisse tout loisir de les exprimer, ça permet d’enrichir la discussion.
    Maintenant permets-moi de ne pas les partager, en tous cas pas entièrement, et de me sentir moins protectionniste sur la production française que me réjouir de voir une concurrence, peu importe sa provenance géographique, se placer en face de DJI. Je peux ?

  17. @ David : La question est souvent posée dans le domaine du FPV racing, quand un appareil est-il une copie d’un autre ? Le Mavic s’est-il inspiré du Bebop pour rompre avec la série Phantom ? L’Anafi est-il inspiré du Mavic ? Le Tello est-il inspiré du Mambo ? On trouvera toujours des détails similaires, et puis autant qui diffèrent.

  18. @ Fred :
    Quel est le rapport avec du protectionnisme ?!?
    Évidemment que l’on va parler avec plus d’attention de parrot en France, du fait que ce soit une boite française (ce que tu fais toi même… je n’ai jamais vu nouveau modèle de yuneec avoir droit à 10 articles par exemple…). Maintenant, ce n’est pas pour autant que tout le monde (toi y compris) va acheter un anafi…

  19. Très belle interview (visiblement impartiale mais pratiquée par un passionné qui questionne un autre passionné ).
    J’attends de voir plus de tests après la sortie de la ‘bête’ (sans vouloir relancer de polémique sur le bio-mimétisme, la chrysalide que constitue le petit sac de transport me fait autant penser à une brioche qu’à un cocon… mais je suis Lyonnais)
    En tout cas, la sortie de l’Anafi m’a stoppé net dans mon élan… j’allais acheter un Mavic Air… mais le bruit me rebutait !
    Je suis super intéressé par la fonction de navigation par missions pré-paramétrées sur une carte, et je viens de comprendre que c’est une fonction payante supplémentaire (un peu comme Litchi). Sais-tu si il y a un accord prévu avec Litchi ?

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